Intelligence artificielle et confinement… le futur cybernétique

Avec l’avènement du Covid 19 qui a fait son entrée dans le monde nous sommes face à un  tsunami terrifiant de désocialisation de la société prolongée par ces vagues répétées liées aux mesures de confinement.  Mais pour sortir du confinement  se met en place  un ensemble de réflexions devant conduire, à la régulation de la vie sociale légitimée par la crise sanitaire, mais là aussi n’allons-nous pas nous habituer à une forme de conditionnement autoritaire des esprits, une domestication et l’apprentissage de tous, puis en fin de compte à accepter demain le couronnement de la cité cybernétique, celle d’une gouvernance hyper technicisée au moyen d’algorithmes gérant toutes les activités humaines,  les pistant, autorisant ou non nos bons de sorties  …  Ne sommes-nous pas là en train d’ouvrir tout simplement la boite de Pandore ?
Eric LEMAITRE Auteur de l’essai, l’homme mécanisé paru en décembre 2019

Avec l’avènement du Covid 19 qui a fait son entrée dans le monde nous sommes face à un  tsunami terrifiant de désocialisation de la société prolongée par ces vagues répétées liées aux mesures de confinement.  Mais pour sortir du confinement  se met en place  un ensemble de réflexions devant conduire, à la régulation de la vie sociale légitimée par la crise sanitaire, mais là aussi n’allons-nous pas nous habituer à une forme de conditionnement autoritaire des esprits, une domestication et l’apprentissage de tous, puis en fin de compte à accepter demain le couronnement de la cité cybernétique, celle d’une gouvernance hyper technicisée au moyen d’algorithmes gérant toutes les activités humaines,  les pistant, autorisant ou non nos bons de sorties  …  Ne sommes-nous pas là en train d’ouvrir tout simplement la boite de Pandore ?

Eric LEMAITRE socio-économiste : Auteur de l’essai, l’homme mécanisé paru en décembre 2019

 

Devil

Patrick Joubert, CEO de Ponicode et membre fondateur de Covid-IA.

Pour lire l’article cliquez sur le lien : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-lintelligence-artificielle-au-service-du-deconfinement-1192769

Face à une pandémie inédite, l’intelligence artificielle (IA) peut nous permettre d’inventer les scénarios de déconfinement les plus efficaces. L’initiative Covid-IA, portée bénévolement par des médecins, des chercheurs et des experts en IA, propose de participer à la réflexion de modélisation des différentes sorties de crise.

Nous devons inventer de toutes pièces le modèle de déconfinement qui caractérisera la sortie de crise. L’intelligence artificielle peut nous aider à relever ce défi. Nous pouvons disposer actuellement de trois types de données : les données démographiques, les données relatives aux personnes malades ou aux patients porteurs ou suspectés (comme le propose la solution de télésuivi à domicile Covidom développée par l’AP-HP et Nouveal e-santé) et les données de localisation qui peuvent nous être fournies – de manière agrégée, donc anonyme – par les opérateurs de téléphonie mobile. Les données de localisation nous permettraient, par exemple, de savoir où les personnes se trouvaient la semaine avant le confinement, quels contacts éventuels elles ont pu avoir avec des sujets potentiellement vecteurs du virus.

Utiliser les données passées pour modéliser l’avenir

Grâce à ces données, que l’on peut qualifier d’« historiques », nous pouvons alimenter et entraîner des algorithmes de machine learning qui parviendront à créer des modèles stables et performants. Ces modèles nous expliqueront comment la pandémie s’est propagée et comment elle évoluera en fonction des plans de déconfinement.

Si nous enrichissons les modèles créés par les algorithmes de machine learning avec des informations de très haute qualité, directement fournies par les citoyens en mode « opt-in », c’est-à-dire de manière volontaire, via une application mobile, nous pourrons réaliser des prédictions encore plus fines. Les questions consisteraient à savoir quelles personnes ont été malades, où elles se trouvent actuellement et quelles sont les personnes autour d’elles. Les réponses à ces questions permettraient de dire quelles personnes peuvent, ou non, sortir du confinement .

Prenons l’exemple d’un foyer composé d’un couple et de deux enfants. Si une seule personne du foyer se soumet à un test sérologique (analyse d’une goutte de sang), on peut savoir si elle a été en contact avec le Covid-19. On peut supposer que l’ensemble des membres du foyer a été exposé. La technologie nous permet de faire des déductions (on appelle cela l’inférence) avec une grande précision. Dans tous les cas, les hypothèses de transmission sont indissociables d’ une campagne de tests massive (virologiques et/ou sérologiques selon les situations) qu’il faudrait cibler au mieux.

Dans un contexte de pénurie de tests sérologiques, il ne serait donc pas nécessaire de tester l’ensemble de la population française. Grâce à cette connaissance ultrafine, nous pourrions bâtir une stratégie de déconfinement non pas au niveau d’un département, ni d’une commune, mais au niveau d’une personne.

Remettre la vie en marche

Pour éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en désastre économique, nous pourrions appliquer la méthode aux collaborateurs des entreprises et constituer des binômes, des brigades, des équipes composées uniquement de personnes séropositives. On pense en effet, même si les données scientifiques sont encore parcellaires, que les sujets qui ont rencontré le virus développent une immunité antivirale qui pourrait les protéger d’une réinfection, une donnée qu’il faudra établir avec certitude le plus rapidement possible. A l’inverse, les salariés non immunisés (on les appelle des « naïfs ») devront respecter des précautions particulières (ateliers ou bureaux où les gens ne se croisent pas) et bénéficier en priorité de protections individuelles qui font encore cruellement défaut.

L’idée est d’organiser le retour au travail des Français de manière différenciée et de remettre la vie en route avec le Covid-19, qui, quoi qu’il arrive, est présent et restera présent pendant de nombreux mois encore. Tant qu’il n’y a pas de vaccin ni de traitement, il n’y aura pas de solution pour soigner et protéger les gens. L’objectif est donc de déconfiner de manière intelligente, en protégeant les plus fragiles et en évitant la recirculation active du virus, ce qui réexposerait notre système de soins à une nouvelle surcharge. Surtout, cela éviterait de remettre les Français en confinement, ce qui ne serait probablement pas compris.

L’IA permet de raccourcir le temps nécessaire à l’évaluation du pourcentage de la population qui a été confrontée au virus. On estime actuellement que ce pourcentage est compris entre 5 et 10 %. C’est beaucoup trop imprécis et la marge d’erreur est trop importante.

Aujourd’hui, nous nous heurtons à la question suivante : peut-on accéder à toutes ces données ? Nous sommes aujourd’hui en état d’urgence sanitaire. Qu’attendons-nous pour libérer ces données de manière anonyme, pour pouvoir établir une modélisation de la pandémie et sortir du confinement de manière optimale à tous points de vue ?

Patrick Joubert, CEO de Ponicode et membre fondateur de Covid-IA.

Le hardware et l’Intelligence Artificielle

Une conférence [que vous trouverez dans le lien : https://www.sondekla.com/user/event/9779 ] extrêmement intéressante et qui fait l’état des lieux des avancées dans le domaine des IA et des supports, des architectures hardware optimisant les capacités de calculs dans tous les domaines de la vie économique, sociale et santé.  Les avancées dans le domaine sont remarquables et ouvrent des perspectives permettant de nouvelles interactions avec des environnements multiformes, d’appréhender des représentations d’espaces  complexes. La conférence s’adresse à des experts en IA mais est accessible à tous pour comprendre les enjeux et les impacts qui vont bouleverser l’histoire humaine. L’aspect philosophique de ces recherches n’est pas abordé par ces experts, mais nous ne manquerons pas de développer nos analyses sur le sujet…

L'IA d'aujourd'hui fonctionne grâce à quatre composantes : les algorithmes, les logiciels, les données et le matériel. Celui colle au plus près des autres composantes. Ses progrès continus ouvrent la voie à de nouvelles applications et des

https://www.sondekla.com/user/event/9779

 

L’IA le réveil de la bête non humaine….

‘IA qui vient est à la fois un outil de surveillance des déplacements, activités, désirs ou pensées mais aussi un outil d’assistanat permanent dont l’objectif est de précéder les comportements de chacun, depuis son lit jusqu’à sa voiture, en passant par sa salle de bains ou son lieu de travail. Il s’agit autant de participer à la «mise en données du monde» que de réaliser l’utopie techno-économique d’une «société automatisée», selon Villani. Autrement dit, de développer des technologies à même de diriger nos conduites et nos choix quotidiens, de livrer l’humain, jugé inférieur, à une entité, l’IA, conçue sur notre modèle mais nous ayant «dépassés». Une maman non humaine, directement issue de laboratoires de recherche publics mais aussi privés. Voitures autonomes, villes pilotées par le numérique, caméras à reconnaissance faciale, maisons automatisées, puces électroniques, écrans publicitaires personnalisés dans les rues, sexualité et goûts en général, la totalité de nos existences serait vouée à dépendre de l’IA, qui n’est pas l’informatique de papa mais une sorte de fichage virtuel généralisé visant à ce que nous déléguions nos comportements à une entité supposée plus intelligente, et plus à même d’apprendre sans cesse, que nous. Le numérique avait vocation à être au service de l’humain, comme le sont tous les outils ; l’IA rêvée par LREM nourrie au lait de la Silicon Valley n’est plus à notre service mais se sert de nous afin d’orienter nos comportements et de définir des dogmes auxquels nous devrions nous plier, à commencer par celui de la «transparence» de nos existences.

Extrait d’un Article publié dans le figaro …


http://premium.lefigaro.fr/vox/politique/2018/11/29/31001-20181129ARTFIG00357–l-intelligence-artificielle-revee-par-la-silicon-valley-cherche-a-nous-aliener.php

L’IA qui vient est à la fois un outil de surveillance des déplacements, activités, désirs ou pensées mais aussi un outil d’assistanat permanent dont l’objectif est de précéder les comportements de chacun, depuis son lit jusqu’à sa voiture, en passant par sa salle de bains ou son lieu de travail. Il s’agit autant de participer à la «mise en données du monde» que de réaliser l’utopie techno-économique d’une «société automatisée», selon Villani. Autrement dit, de développer des technologies à même de diriger nos conduites et nos choix quotidiens, de livrer l’humain, jugé inférieur, à une entité, l’IA, conçue sur notre modèle mais nous ayant «dépassés». Une maman non humaine, directement issue de laboratoires de recherche publics mais aussi privés. Voitures autonomes, villes pilotées par le numérique, caméras à reconnaissance faciale, maisons automatisées, puces électroniques, écrans publicitaires personnalisés dans les rues, sexualité et goûts en général, la totalité de nos existences serait vouée à dépendre de l’IA, qui n’est pas l’informatique de papa mais une sorte de fichage virtuel généralisé visant à ce que nous déléguions nos comportements à une entité supposée plus intelligente, et plus à même d’apprendre sans cesse, que nous. Le numérique avait vocation à être au service de l’humain, comme le sont tous les outils ; l’IA rêvée par LREM nourrie au lait de la Silicon Valley n’est plus à notre service mais se sert de nous afin d’orienter nos comportements et de définir des dogmes auxquels nous devrions nous plier, à commencer par celui de la «transparence» de nos existences.

Robot vers la disparition du travail humain ?

La profession est décrite comme l’une des plus menacées par l’automatisation. Un fait qui conduit les cabinets d’expertise-comptable à se recentrer sur le conseil et la relation client…. Un article à lire : https://www.lemonde.fr/campus/article/2017/04/27/la-guerre-des-comptables-et-des-robots-aura-t-elle-lieu_5118931_4401467.html

La guerre des comptables et des robots aura-t-elle lieu ?

                                Adrien de Tricornot

« Les entreprises les plus en pointe ont pris depuis plusieurs années le virage vers le numérique, grâce à des logiciels liés à des plates-formes de gestion en ligne (technologies Software as a service), principalement proposés par de grands cabinets. « Ces solutions permettent aux entreprises de tenir elles-mêmes une comptabilité directement mise à jour, accessible sur tous les canaux, comme une tablette, par exemple. Ce sont désormais les entreprises clientes qui saisissent leurs pièces comptables, et non plus notre cabinet, et elles peuvent même automatiser cette tâche si elles disposent d’un outil de facturation et de vente intégré à leur comptabilité », explique Pierre d’Agrain, associé du cabinet ExCo A2A, à Toulouse, membre du sixième réseau d’expertise-comptable en France.

Dans ce schéma, les cabinets sont dans une nouvelle relation avec leurs clients. Ils ne facturent plus des heures de saisie des pièces comptables par leurs salariés, mais un abonnement à la plate-forme. Leurs salariés se recentrent donc sur la gestion des informations, leur analyse, ou la relation avec les clients, des tâches à plus forte valeur ajoutée et plus intéressantes : « Rien ne remplacera le fait d’écouter les clients et de les conseiller », fait valoir M. d’Agrain. Pour lui, les robots, s’ils prendront leur part, en allégeant les tâches les plus répétitives et en fluidifiant la tenue des comptes, ne remplaceront pas les experts-comptables.

Les moins qualifiés impactés

L’impact sur l’emploi est néanmoins réel : il concerne surtout les profils les moins qualifiés, de niveau bac ou inférieur, chargés de la saisie des pièces comptables. Mais aussi les métiers d’experts : détachés désormais d’une partie de leurs tâches, ils peuvent servir un portefeuille de clients plus large. « On a besoin de moins d’effectifs, on peut faire de la croissance sans recruter », témoigne Pierre d’Agrain.

Le mouvement n’en est qu’à ses débuts. D’abord parce que les solutions numériques de saisie vont gagner du terrain auprès des PME. Mais aussi parce que de nouvelles évolutions se préparent : le développement de la blockchain, chaîne de paiement sécurisée sur Internet qui est utilisée pour le bitcoin, la monnaie numérique, laisse augurer que chaque transaction effectuée soit simultanément inscrite dans les comptabilités des parties prenantes.

A la faveur de la robotisation et du développement de l’intelligence artificielle, la profession a en ligne de mire le fast closing (la clôture rapide des comptes) : alors qu’actuellement, les grandes entreprises mettent plusieurs mois à publier leurs comptes certifiés de l’année précédente, ces délais devraient considérablement se raccourcir.

Si les innovations à l’œuvre bouleversent les métiers, elles devraient permettre, selon l’Ordre des experts-comptables, d’empêcher l’irruption de nouveaux acteurs désireux de concurrencer les cabinets traditionnels ou d’imposer leurs outils. « Nous sommes menacés par l’automatisation, mais pas par l’ubérisation », assure Dominique Jourde, pour qui les tentatives d’intermédiaires Web de se glisser, sur le modèle d’Uber, entre les cabinets comptables et leurs clients restent aujourd’hui « très marginales ».

 Les Avancées et les risques de l’intelligence artificielle

Tambour Battant est une émission présentée par Antoine Spire avec deux co-animateurs : Patrick Tudoret et Marie-Christine Weiner.

Ils vous font découvrir des auteurs et des ouvrages différemment grâce à leurs invités et des chroniques littéraires. Ce programme aborde des questions sociales, philosophiques, scientifiques, historiques, littéraires ou artistiques. Un thème principal rythme l’émission.

Dans le cadre de ce programme diffusé sur la chaîne Demain TV, s’est tenue une émission spéciale sur le sujet des avancées et risques de l’intelligence artificielle.

Lire la suite sur: https://www.actuia.com/actualite/replay-de-lemission-tambour-battant-sur-les-avancees-et-risques-de-lintelligence-artificielle/

Quand les intelligences artificielles humilient les docteurs !

« Le pouvoir médical sera aux mains des concepteurs des intelligences artificielles médicales. Et l’éthique médicale ne sera plus produite par le cerveau du médecin, mais par l’IA. » Laurent Alexandre

 

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Laurent Alexandre « Vers 2030, il y aura 1000 milliards de données dans notre dossier médical du fait du développement de la génomique, des neurosciences et des nombreux capteurs électroniques connectés qui vont surveiller notre santé. Puisqu’il est exclu que le médecin analyse ces milliers de milliards d’informations, quand il n’en gère aujourd’hui que quelques poignées, nous allons assister à une transformation radicale du pouvoir médical ».

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/intelligence-artificielle-medicale-la-bataille-google-ibm_1973168.html

Il sera bientôt interdit aux médecins de soigner un malade sans l’avis et l’aval des IA. Ce sera une terrible blessure narcissique pour ma profession : nous devons nous réinventer avant que nos patients nous abandonnent pour l’IA des géants du numérique, comme j’ai abandonné mon revendeur de pellicules Kodak et mon disquaire…
Lire la suite de l’article dans l’Express

https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/quand-les-intelligences-artificielles-humilient-les-docteurs_2025277.html

Le fantasme de l’intelligence artificielle consciente

Pour Herbert Simon, la faisabilité de reproduire l’intellect humain, n’était pas impossible, dès lors que le processus cognitif de l’être humain est appréhendé, décrypté, analysé en profondeur puis maîtrisé. Pour le prix Nobel de l’économie, l’IA copiant ainsi le cerveau humain, son réseau neuronal, rend dès lors possible la modélisation de l’intelligence de l’être humain, en conséquence de l’améliorer, de corriger également la part d’irrationalité de l’esprit humain. Herbert Simon pensait même que la puissance de calcul de l’IA rendrait ainsi parfaitement capable de penser et de créer, y compris de réaliser des œuvres d’arts, de démontrer des théorèmes originaux en mathématiques, de composer de la musique, de dominer l’homme cérébralement dans des jeux ou la part d’intelligence est largement convoquée comme les échecs ou le jeu de GO.

Plusieurs génies de la littérature ont été en mesure d’ailleurs d’anticiper cet avenir dystopique, de l’imaginer comme le fit Georges Bernanos en 1945, quand l’essayiste écrivit ce livre quasi prémonitoire « La France contre les robots », ou bien Jacques Ellul, qui écrivit cet essai sur le système technicien qui fut un ouvrage référence dénonçant les interconnexions croissantes d’un monde informatique qui était seulement à ses balbutiements. Jacques Ellul, dans son analyse du monde technique, était allé au-delà de la simple critique du pouvoir des machines informatiques, il dénonçait à travers elles toutes les méthodes d’organisation de la vie sociale qui découleraient de leur usage. L’univers de l’intelligence artificielle, concept que n’appréhendait pas Jacques Ellul au moment où il écrivait ses essais sur la technique, est bien une plongée dans le monde de la vie sociale, prétendant la structurer, l’ordonnancer, l’architecturer.

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Le début de ce XXIème siècle est radicalement traversé par une double révolution numérique, celle d’une part de l’intrication de l’information et de l’organisation, et d’autre part de l’imbrication des sciences cognitives et des techniques informatiques.

La révolution numérique de l’information s’esquisse et se manifeste au travers de moyens qui avaient été à peine imaginés 50 ans plus tôt. Tant et si bien que nous avons le sentiment, « nous les simples humains » de vivre une accélération phénoménale du temps, une accélération effrayante par l’ampleur du “système technicien1 qui se dessine…

Dans à peine une décennie, serions-nous ainsi capables d’entrevoir, d’imaginer les nouvelles possibilités organisationnelles et « technoscientifiques » qui n’ont pas encore été imaginées à ce jour.

Soyons nonobstant assurés que la science et la technique déploieront dans quelques années de nouveaux prodiges qui fascineront l’homme, le submergeront au point que cette même technique est en passe demain, probablement de le dominer.

Cette domination de la technique sur l’homme est hélas et inévitablement fortement prévisible, si l’homme ne tente pas de mettre les curseurs, les limites nécessaires pour entraver le développement de technologies susceptibles de noyer ou de vampiriser son âme. Une des technologies fascinantes qui n’est pas en réalité nouvelle, puisque née dans les années 50, connaît une évolution dont l’ampleur avait déjà été pressentie dès l’origine de sa conception. En effet en 1958, Herbert Simon2 prix Nobel d’économie, fut le pionnier de l’intelligence artificielle (IA). L’économiste avait notamment appréhendé la manière dont les activités humaines peuvent être automatisées. Dès les années 50 l’homme démiurge était ainsi sur le point de donner naissance à une forme de léviathan technologique sans conscience, “une science sans conscience”.

 Reproduire l’Intellect humain

Or, lorsque l’on appréhende l’œuvre du sociologue et économiste Herbert Simon pionnier de l’intelligence artificielle, nous découvrons qu’il s’intéressait aux sociétés à leur organisation sociale et économique, aux hommes et à la façon dont ils interagissent. Nous comprenons dès lors aujourd’hui les perspectives susceptibles d’être mobilisées via l’intelligence artificielle, pour exploiter et gérer des masses de données, pour structurer et organiser le pilotage de ces mêmes data, au moyen des techniques d’intelligence artificielle qui bouleverseront l’ensemble des secteurs d’activités touchant à la vie sociale et consumériste au point de les contrôler et de superviser la totalité des être humains addictes ou assujettis aux technologies.

 La mathématisation de la pensée

Mais au-delà des avancées de cette technologie puissante en termes de capacités de calculs, c’est le fantasme des bricoleurs du génie technoscientifique qui est inquiétant et qui est ici l’objet de notre réflexion que nous souhaitons décliner dans cet article.

En effet Herbert Simon défendait la thèse d’une Intelligence artificielle capable de penser, l’économiste soutenait effectivement l’idée que l’IA dite « forte », serait capable d’imiter la raison humaine.

Herbert Simon avait une conception philosophique matérialiste de la vie, puisqu’il considérait que l’ordinateur, tout comme le cerveau humain, sont des systèmes comparables, proches, capables de manipuler des symboles physiques. De fait et de par sa capacité à gérer des symboles, la programmation informatique rendait selon lui possible, tout comme le cerveau, de manipuler des données, d’intégrer par exemple la lecture d’un texte en langages codés, de comprendre, décrypter puis d’analyser une situation, de déduire des solutions, des scenarii, ce qui a été réellement possible avec l’Alphago, le programme qui a battu l’un des meilleurs joueurs de GO au monde, un jeu pourtant intuitif et imposant une intelligence créative.

Le fantasme d’assurer « l’infaillibilité du raisonnement » avait été imaginé trois siècles plus tôt par le philosophe Leibnitz qui avait conçu un rêve incroyable, oui incroyable à l’heure des algorithmes, à l’heure de l’intelligence artificielle, celui de mathématiser la pensée et de créer une machine à raisonner (Le calculus ratiocinator). Le rêve de Leibniz philosophe du XVIIème siècle (siècle où la technique n’était pourtant pas dominante) était de transformer l’argumentation en théorème, de convertir une discussion en un système d’équations et de proposer à un débatteur en cas de difficulté argumentative, le recours à un « calculus ratiocinator »3. Leibnitz décrivait ainsi le processus de la pensée humaine comme la simple manipulation mécanique de symboles, une idée reprise plus tard par le prix Nobel d’économie Herbert Simon, quand celui-ci conçut le concept d’Intelligence artificielle.

L’au-delà de l’humain

Dans ce futur univers dystopique, l’euphorie de certains prophètes de la technoscience de la Silicon Valley prédisent l’avènement de la singularité, l’homme cyborg, l’homme augmenté connecté à des puces informatisées, lui permettant d’accroître ses capacités cognitives. L’au-delà de l’humain est même imaginé puisque l’homme serait remplacé par sa machine, capable de conscience, ces machines conscientes feraient preuve d’adaptabilité, elles seraient la suite d’une évolution darwinienne de l’humain à l’humanoïde.

Or nous y voilà, au cœur de notre sujet, le fantasme de la conscience qui serait la faculté susceptible d’être embrassée par une machine dont les pouvoirs cognitifs auraient été décuplés. Au point que rien ne distinguerait la machine dotée d’une IA forte et l’homme. Ce concept d’humanoïde doté de conscience a été mis en scène dans un film « Ex Machina »4 sorti sur nos écrans en 2015, film d’Alex Garland. Dans ce film un brillant codeur en informatique nommé Caleb va faire une expérience profondément perturbante, puisqu’il va devoir interagir avec un humanoïde apparaissant sous les traits d’une femme prénommée Ava, capable d’autonomie réflexive et émotionnelle. Pour s’assurer que cette machine est oui ou non dotée de conscience Caleb va faire subir à l’automate IA un test, le test de Turing5. L’automate va ainsi confondre, troubler et dérouter le codeur en informatique, le persuadant que seule une vraie femme est dissimulée dans la machine, car rien ne saurait distinguer l’homme et l’humanoïde en raison de leurs facultés cognitives, respectives à rentrer en dialogue.

 Le fantasme de l’IA consciente

Ce film « Ex Machina » nous renvoie à un texte fameux et prémonitoire du Philosophe Henri Bergson, texte écrit tenez-vous bien en 1888, puis énoncé lors d’une conférence à l’université de Birmingham sur la conscience en 1911. Le livre d’où est extrait le texte date de 19196. Nous publions un court extrait de cette réflexion afin de comprendre la portée prémonitoire, intuitive, démonstrative de la pensée du Philosophe.

 » Pour savoir de science certaine qu’un être est conscient, il faudrait pénétrer en lui coïncider avec lui, être lui. Je vous défie de prouver par expérience ou par raisonnement, que moi qui vous parle en ce moment, je sois un être conscient. Je pourrais être un automate ingénieusement construit par la nature, allant, venant, discourant ; les paroles mêmes par lesquelles je me déclare conscient pourraient être prononcées inconsciemment. Toutefois, si la chose n’est pas impossible, vous avouerez qu’elle n’est guère probable. Entre vous et moi il y a une ressemblance extérieure évidente ; et de cette ressemblance vous concluez, par analogie, à une similitude interne. Le raisonnement par analogie ne donne jamais, je le veux bien, qu’une probabilité ; mais il y a une foule de cas où cette probabilité est assez haute pour équivaloir pratiquement à la certitude. « 

Voilà pourquoi l’IA n’est d’après nous qu’un pantin, un automate, certes savamment programmé une forme de Golem, mais un artifice d’être inachevé dépourvu de libre arbitre émotionnel, une créature humanoïde inachevée, une figure des temps modernes de type Frankenstein mais sans aucun doute incapable de survivre à des conditions hostiles.

L’IA cette « puissance cognitive », cette pensée « calculante », cette matière de flux animée par des algorithmes, ce réseau de neurones artificiels, a la prétention d’être la copie dupliquée d’un modèle vivant, s’inspirant en tout point d’un cerveau humain.

Pourtant cette raison artificielle reste factice, et demeure en quelque sorte une contrefaçon de l’esprit, ce que j’appelle un pantin animé de manière totalement maquillée, car en réalité cette raison ne saura jamais totaliser la complexité de l’être humain et la subtilité de son esprit, être émotionnel dont justement l’âme émotive est la condition même de sa puissance créative ou réflexive. Ainsi pour reproduire Mozart, encore fallait-il un Mozart à imiter !

Quand bien même, l’homme ne serait pas un génie, l’émotion dans sa faculté de toucher, de ressentir, de vivre, d’aimer, est la condition même de la conscience, un être infiniment complexe et subtil, capable de se mouvoir et d’aller sur des champs là où il n’a pas été programmé, codé. L’être humain est aussi capable de se jouer des normes et du formatage pour lequel on aimerait le conditionner. La conscience c’est la vie, la conscience est reliée à la vie qui l’anime, la vie est une rupture avec la matière inanimée quand bien même cette dernière serait animée par un flux de matières et de programmes savants, œuvre d’un démiurge qui veut donner la vie à sa créature morte, son Golem.

Pour reprendre le propos7 de René Descartes « même si l’organisme est une machine, si l’animal est une machine, ces machines sont infiniment complexes et subtiles que toutes celles que l’homme ne sera jamais capable de construire car elles sont faites de la main de Dieu » …effectuant des gestes subtils, levant les obstacles hissés par les contingences, surmontant les difficultés posées par le monde de la matière. Cette ingéniosité de la vie naturelle nous émerveille et résulte d’un donné du libre arbitre de la vie, de l’intelligence vivante et non artificielle.

En revanche les opérations de calculs qui nous fascinent relèvent de modèles mathématiques, de l’inférence bayésienne, modèles de calculs statistiques qui autorisent la possibilité de modéliser des choix en début de processus et d’emmagasiner l’expérience apprise au fil des expériences apprises et mémorisées. Je comprends cependant les arguments adverses qui indiquent que tout cela relève bien d’une analogie avec l’esprit humain, dans sa dimension de libre arbitre et intuitive.

Mais en réalité, même si l’Intelligence artificielle introduit de facto et en apparence une dimension d’arbitraire et d’intuition, cela reste du calcul donnant l’illusion de faire face à une machine qui réfléchit. Tout ceci chers amis lecteurs, relève bien en réalité de combinaisons savamment codifiées, programmées et mémorisées au fil des expérience (voire l’IA Alphago …). L’IA est bel et bien construite autour de méthodes de calcul puis d’encodage, et non de la conscience. Une machine serait-elle ainsi capable d’inférence et de se projeter dans de nouveaux univers de connaissances ? Permettez moi d’en douter. La voit-on ainsi remettre en cause Darwin et évoquer un Dieu créateur, en fait, la machine est déjà savamment conditionnée à penser comme l’homme pense, enfermée dans des présupposés théoriques, incapables de nouvelles intuitions comme celles abordées par ces génies humains qui ne possédaient pas de visions claires de notre histoire contemporaine et de sa dimension technique, mais pourtant étaient parvenus cependant à l’esquisser, à ébaucher les contours d’un devenir, comme le fit le philosophe Henri Bergson ou le mathématicien Leibniz La conscience à l’opposé de l’IA, pense également au sens de vivre, il est donc impossible selon nous d’imposer à une conscience une autre motivation qu’elle-même à moins de la conditionner…

Contrairement à un intellect artificiel, cette sensation de soi, ce sentiment d’être, sont à la fois mystérieux et uniques, vivre en conscience, c’est vivre son altérité face au monde. La conscience ne se fabrique pas, elle est un donné de la vie, une vie qui va agir, interagir et donner du sens pour assurer au-delà de l’existentiel, cette dimension du bien-être. L’IA serait-elle en mesure d’agir pour elle-même, de se motiver pour son propre bien être ? Puis s’il fallait ajouter cet autre argument, la conscience propre à l’être humain c’est en effet la recherche d’un bien-être dans sa plénitude et sa capacité à le préserver autour de soi, ce qui revient à la dimension de l’amour et du désir qui est intrinsèquement liée selon nous à la conscience.

Aux antipodes de l’amour et de la conscience, l’Intelligence Artificielle n’est en réalité qu’une série de programmes codés. Nous le répétons à nouveau, l’IA est construite autour de méthodes bayésiennes très utilisées en statistiques et dans les sciences qui relèvent du datamining, permettent d’imaginer des hypothèses, de scenarii de mouvements, de choix. Ainsi, l’intelligence artificielle dupliquée ne serait ici qu’une série de moules, d’uniformisation des pensées, des outils industriels préconçus du raisonnement, des méthodes de réactions aux décisions fondées sur des paramètres préétablis. Mais en fin de compte le risque est bien une emprise de l’Intelligence artificielle sur les décisions réfléchies de l’homme sacrifiant sans doute la dimension réflexive relationnelle, le triomphe d’une raison froide, en fin de compte sur la raison relationnelle…

Pourtant La conscience n’est pas comparable à l’intelligence artificielle puisqu’elle est la faculté sensible de se percevoir, de s’identifier, et de penser non dans le sens de calculer, de combiner mais d’interagir avec le monde et de partager des émotions, la conscience n’est ainsi pas enfermée par le calcul,. Nonobstant, loin de nous de nier les facultés de calculs propres à notre cerveau, mais cette faculté de calculs ne se réduit, ni se résume à la conscience. Si certes l’homme peut « artificialiser » et dénaturer le sens de soi et imiter la dimension d’un esprit humain, cela restera pour autant de la mécanique calculatoire incapable de désir par elle même, de volonté auto produite et de se mettre par elle même en mouvement..

Si l’on poussait le raisonnement à l’absurde et affirmer qu’il serait possible à la machine d’être dotée de conscience, quel créateur adorera alors cette machine ? Sera-t-elle amoureuse, quel projet familial développera-t-elle ? L’IA est en réalité le résultat d’un découplement, d’une dissociation en réalité de l’intelligence et de la conscience, bien incapable dès lors d’être connectée à la transcendance et d’être reliée à l’autre dans un rapport empathique, même s’il était prouvé que deux machines reliées peuvent interagir. Une différence particulièrement sensible sur le plan strictement ontologique doit être ici soulignée : une machine est reliée à la matière, alors que l’homme est reliée à la vie et de fait à son Dieu, lui-même qui “recherche des adorateurs en esprit et en vérité”, autrement dit en conscience.

L’IA est un en réalité un vide d’esprit, une absence spirituelle, une frustration pour un objet humanoïde conçue artificiellement qui ne saurait être reliée à la transcendance. Certes l’IA sera une machine dotée de l’apparence d’un corps mais sans réelle conscience humaine sans âme, sans vie réelle, sans esprit, en supposant même qu’on parvienne à construire un robot androïde dont la complexité s’approcherait de celle de l’homme, il lui manquerait toujours cette dimension ontologique et cette ouverture à la transcendance qui ne peut jaillir spontanément que de la seule interaction des causes immanentes, qui résulte de la nature même de cet être fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. La beauté de l’homme ne réside-t-elle pas dans ses imperfections, qui en font un être complexe et d’une complexité insondable pour le simple coeur humain ?

L’IA est ainsi conçue en langage binaire, c’est le langage informatique, l’IA ne connaît que le Oui et le Non, l’homme est au-delà du binaire, la vie de l’homme est faite de nuances, d’erreurs, d’incertitudes, de sensibles, de ressentis. Pour nous, la conscience relève du monde vivant et non d’une mécanique binaire. La conscience n’est donc pas seulement l’intelligence c’est à dire le monde de la connaissance, la conscience c’est aussi une relation intériorisée qui embrasse tout l’homme capable d’interagir avec le vivant et le renvoyer à une dimension émotionnelle.

Un Ordinateur pourrait-il alors s’apparenter à une dimension biologique quelconque, la réponse est évidemment non, catégoriquement non ! Une IA sophistiquée dotée d’une dimension cognitive forte s’adosse de fait à un fonctionnement mécanique programmé par l’homme et de flux de particules et à ce jour la conscience suppose la conscience de l’autre, une forme d’attirance aimante, qui ne résulte pas de la seule aimantation de deux objets.

Ainsi cette prétendue raison qui forme l’encodage de l’Intelligence Artificielle, n’est en réalité habitée que par la seule dimension de la mathématisation de la pensée, une forme d’abstraction sans âme, dénuée d’esprit, vide de conscience, privée de l’amour, dégagé de capacité relationnelle dans un sens fort..

Heidegger pensait lui-même que “le succès des machines électroniques à penser et à calculer » conduirait à la « fin de la pensée méditative »… Nous pourrions de facto donner raison au Philosophe Heidegger, si en effet l’homme devait cesser de s’émouvoir pour emprunter le pas d’automates ne réagissant plus à la lobotomisation de la faculté de rêver, d’imaginer, de créer, de s’étreindre, de rire, d’aimer, car la conscience intense de soi c’est cela et c’est bien au-delà de penser, de cogiter, de raisonner, de traiter, d’analyser, de faire des choix.

Le « Je pense donc je suis » ne définit pas d’après moi toute la dimension de la conscience, le « je pense » est d’abord une information qui ne se résume pas un état de conscience, la conscience ne se réduit pas à la dimension du langage, de ce qui nomme. Enfant je ne maitrisais pas encore le langage, la faculté de former des phrases, mais j’avais le sentiment déjà d’être, « d’être soi », d’exister et c’était l’étreinte de ma mère qui éveilla ma conscience à la vie, son regard, son amour, son geste affectueux, les mots doux qu’elle m’adressait m’étreignant dans ses bras .

La machine peut-elle ainsi s’éveiller à la conscience sans l’étreinte de l’amour, non définitivement non, car cet objet sans filiation naturelle et passé qui n’est, pas étreint, ni embrassé, ni aimé, n’a pas été enfanté dans le mystère, conçu dans l’amour, n’a pas de faculté à s’éveiller mais à rester plutôt inerte, mécanique.

La conscience de soi relève d’un mystère et n’appartient pas à la dimension de la raison, c’est un donné de l’esprit, un donné de la transcendance qui n’est pas celle de la matière.

Il nous faut ainsi préférer les sentiers de la conscience aux autoroutes du monde des algorithmes, car la conscience ne vit toutes les dimensions de la densité que lorsqu’elle est dans les chemins de traverses et non dans les pas de l’automatisme séquencé.

La perte de conscience de l’être humain

Ce que nous avons à craindre, ce n’est pas tant la conscience factice d’une machine, mais davantage la perte de conscience de l’être humain.

Cette perte de conscience se produira le jour où l’homme abandonnera à la machine ses facultés de direction et de choix, en s’imaginant que la machine, cette intelligence virtuelle est infiniment plus perspicace, clairvoyante ou pénétrante que ne pourrait l’être son esprit. Cette perte de conscience se déclenchera lorsque une partie de l’homme bradera à la machine sa conscience afin que cette dernière effectue les comportements mécanisés d’un automate susceptible de lui faire obtenir un gain précieux de son temps,  “libérant” l’humain à d’autres tâches qui ne pas en douter seront les tâches futures, accomplies sans fin et demain par d’autres machines plus performantes  l Serons nous demain seulement des êtres passifs, “des zombies vides de substance …participant aux flux  dématérialisants et énivrants du cyberespace” comme le souligne le philosophe Jean-MicheL BESNIER dans son livre l’homme simplifié.

Mais voici déjà que des milliers et des milliers d’hommes abandonnent à la machine, à ce monde digital et numérique, la direction de leur vie en remettant la destinée de leur existence à un système, une forme de divinité virtuelle et planétaire qui choisira leur emploi, leur alter égo, leurs activités du soir. L’homme se dessaisissant peu à peu de ses tâches corvéables, devient lui même addicte de ses robots domestiques. Une forme de nonchalance docile, se profile dans cet horizon du “système technicien” où l’homme cède comme un petit poucet toutes les données de sa vie et se laisse peu à peu asservir par une créature qui lui échappe, qui prend le pouvoir au fil de l’eau . Ce monde moderne a précipité l’homme dans une multiplicité de dépendances, de jougs serviciels le liant et le subordonnant, grignotant peu à peu son autonomie. Une dictature douce est finalement en train de s’imposer.

Une entité mystérieuse se dresse au crépuscule d’une humanité qui rêve à l’enfantement d’un automate Golem ayant une assise sur la conscience humaine, pilotera ainsi leur vie, l’organisera et planifiera harmonieusement leurs activités, ne laissant ainsi rien au hasard.

La liberté est abdiquée au profit d’un pseudo confort techno numérique qui est en réalité, une servitude, d’une conscience paresseuse qui s’envole dans l’abîme privant ainsi l’homme d’une quête de sa conscience reliée à Dieu. En définitive l’IA est l’ultime système orwellien aspirant les données de nos vies sociales et comportementales contrôlant puis assujettissant l’homme au pouvoir d’une “pseudo conscience” qui réfléchit pour eux mais les ankylose en les privant de leur libre arbitre, la motivation qui les met en mouvement.. Pire demain un tel système discriminera nécessairement les rebelles, les insubordonnés, les indociles et les exclura.(Lire Ap 13.16-17 : elle fit que tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom). Au fond cela rejoint le propos de Idriss Aberkane spécialiste des neuro sciences qui indiquait que si nous donnions un levier à un fou, nous serions alors responsables du supplément de destruction que nous aurions alors su lui conférer.

De fait cette perte de conscience serait un immense gâchis, “une immense déperdition des forces humaines, qui a lieu par l’absence de direction et faute d’une conscience claire du but à atteindre” . Or dans l’épître aux Romains, nous relevons ce texte magistral qui est une invitation à s’affranchir de cette nouvelle servitude que propose notre monde moderne et donne en réalité un chemin à la conscience humaine si nous recevons favorablement cette exhortation “…vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions: Abba! Père! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». L’esprit rend ainsi témoignage à notre conscience que nous sommes en réalité enfants de Dieu et non une matière inerte qui n’aurait finalement aucun sens. .

Nous conclurons dès lors cette chronique par un message plein d’espérance en nous adressant à ceux qui nous lisent, nous les invitons dès lors à entrer en résistance en conscience, à partager autour d’eux la dimension d’une relation incarnée, l’éveil d’un esprit relié aux autres découvrant pleinement son humanité et sa conscience non dominée par la machine, ni la matière fusse-t-elle intelligente mais au demeurant sans conscience..

Eric LEMAITRE

Eric qui n’est pas une IA mais un être tout à fait imparfait remercie ses chers amis Bérengère Séries et Etienne Omnès pour leurs lectures vigilantes, l’apport de leurs idées, leurs réflexions celles de consciences libres, ni codées, ni formatées…merci à eux d’être, d’être des êtres de chair et de sang, des êtres sensibles et de relations.


1. référence à Jacques Ellul, Essayiste et théologien protestant penseur de la technique
2. Economiste et sociologue du XX°s, né en 1916 et mort en 2001. L’auteur de l’article vous renvoie à cette référence
3. Le Calculus Ratiocinator est un concept théorique du philosophe et mathématicien Leibniz décrit dans son ouvrage “De Arte Combinatoria” en 1666.
4. Le synopsis du film
5. Le test de Turing : test d’intelligence artificielle fondée sur la faculté d’une machine à imiter la conversation humaine.
6. Texte de Henri Bergson « La conscience et la vie » Editions PUF, l’extrait de ce texte est à la page 6.
7. Extrait du discours de la Méthode René Descartes

Comment des robots apprennent en observant les gestes des humains….

Mise au point du premier système d’apprentissage qui peut enseigner à un robot à accomplir une tâche en observant simplement les actions d’un humain.

 

Mise au point du premier système d’apprentissage qui peut enseigner à un robot à accomplir une tâche en observant simplement les actions d’un humain.

Ce système est ainsi capable de transmettre et d’enseigner à un robot comment reproduire les gestuelles d’un être humain. Pour en savoir plus nous vous invitons à vous reporter à l’article en cliquant sur le lien faisant référence à cette avancée de la Techno-Science.

https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/robotique-intelligence-artificielle-robots-apprennent-observant-humains-71324/

Cyborg et IA : la fusion programmée entre l’homme et la machine

Cyborg et IA : on le verra au cours de ce dossier, ces deux domaines tendent à se rapprocher, inexorablement, entre la « mécanisation » de l’homme et l’ «humanisation » des machines, tant au niveau physique que de l’ « esprit ». Nous verrons quelles sont les avancées les plus marquantes de ces deux champs de recherche, qui devraient impacter en profondeur notre mode de vie dans les prochaines décennies.

Ces deux domaines, aussi vastes que passionnants, sont des thèmes très utilisés dans les œuvres de science-fiction, passionnant les foules depuis plus d’un siècle. Si certains livres, séries ou films les ont popularisés, ces deux notions restent difficiles à définir, car elles recouvrent de nombreux champs de connaissances, souvent peu accessibles au grand public. L’imaginaire de la science-fiction a donné une certaine image de ce que l’on appelle « cyborg », ainsi que des machines dotés d’une « intelligence » très évoluée, jusqu’à surpasser l’être humain. On le verra au cours de ce dossier, ces deux domaines tendent à se rapprocher, inexorablement, entre la « mécanisation » de l’homme et l’ «humanisation » des machines, tant au niveau physique que de l’ « esprit ». Nous verrons quelles sont les avancées les plus marquantes de ces deux champs de recherche, qui devraient impacter en profondeur notre mode de vie dans les prochaines décennies.

Le Cyborg :

la frontière entre l’homme et la machine

On appelle « cyborg » tout être vivant – généralement humain – qui aurait été « augmenté » par des ajouts mécaniques au sein même de son corps. Le terme de « cyborg » est d’ailleurs la contraction de « cybertenic organism » (organisme cybernétique), apparu dans les années 60 lors des premières explorations spatiales. Les chercheurs réfléchissaient alors au concept d’un humain « amélioré » qui pourrait survivre dans des environnements extraterrestres.

Mais le concept a émergé bien avant. On peut remonter jusqu’au milieu du XIXème siècle dans les romans d’Edgar Allan Poe, qui décrivait déjà un homme doté de prothèses mécaniques dans sa nouvelle The man that was used up (L’Homme qui était refait) parue en 1839. Depuis, l’idée a fait son chemin et les cyborgs, ainsi que les robots, sont devenus très populaires avec des œuvres ou personnages tels que Terminator, Robocop, L’Homme qui valait trois milliards, les Cybermen de Dr Who ou encore le récent I, Robot. Si ces célèbres films ou séries posent la question de la limite de l’humanité, en partant de l’humain, des ouvrages tels que la série des Robots d’Isaac Asimov cherchent la limite entre l’homme et la machine en soulevant la notion de « conscience artificielle », celle du robot, avec toutes les questions philosophiques et éthiques que cela implique.

Aujourd’hui on parle de plus en plus de cyborg non plus en termes de fiction, mais d’avancées scientifiques. Avec les progrès et la miniaturisation des technologies, on réalise des prothèses de plus en plus discrètes et efficaces, capables de remplacer voire surpasser un membre disparu ou un organe défaillant. On utilise souvent le terme de « transhumanisme » en rapport avec ces évolutions techniques. Le transhumanisme est un mouvement qui fait de plus en plus d’adeptes et qui consiste à pallier les « faiblesses » de l’homme (ressources physiques, maladies, handicap, vieillesse, mort) grâce aux progrès technologiques et à des greffes mécaniques capables de rendre l’homme plus « puissant ». Certains vont jusqu’à parler de post-humanité, prévoyant la généralisation de ces pratiques sur tous les êtres humains.

Des hommes dont les capacités physiques ou mentales dépendraient de machines ? De là à parler de cyborgs, il n’y a qu’un pas.

Sommes-nous déjà des « cyborgs » ?

La question peut sembler ironique, mais tout dépend de l’angle sous lequel on la traite. Si un cyborg est un homme dont les capacités ont été augmentées par les progrès technologiques, alors une bonne partie de l’humanité peut-être définie ainsi. Selon certains chercheurs, nous sommes déjà entrés dans l’ère des cyborgs, avec la multiplication des appareils électroniques dans notre quotidien, qui envahissent nos vies jusqu’à devenir indispensables. Télévisions, téléphones, satellites, Internet : tous ces outils nous permettent d’interagir avec le monde entier et donc d’augmenter la portée de nos actions et de nos idées. Cette explication est pour la plupart des individus trop « romancée », car le progrès est le propre de l’homme et les outils technologiques qu’il utilise ne peuvent altérer sa condition primaire d’ « animal pensant ». On parlera ainsi plutôt d’homme « augmenté ».

On s’attachera donc à une définition plus terre à terre du cyborg, qui consiste à modifier le corps même de l’homme pour lui attribuer de nouvelles possibilités physiques, ou mentales. La fusion entre l’homme et la machine, via des greffes ou l’implantation de puces au sein de l’organisme. Les recherches dans le domaine sont nombreuses, et touchent plusieurs secteurs : médecine, robotique, cybernétique, nanotechnologie, biotechnologie, NTIC, sciences cognitives, etc. Et les avancées sont rapides. Les greffes mécaniques existent déjà depuis longtemps, par exemple avec les pacemakers, de même pour les membres artificiels, mais cela ne fait pas pour autant de donner des êtres différents. On pourrait même évoquer les lunettes ou les systèmes auditifs comme des cas d’améliorations techniques de l’homme. Plutôt que d’homme « augmenté », on parle plutôt ici d’homme « réparé ». Il est évident que nous ne sommes pas encore au stade de cyborg comme nous avons pu le définir, mais nombreuses sont les recherches qui vont dans ce sens.

On cherche désormais à agir sur le corps humains de l’intérieur, que ce soit au niveau génétique ou mécanique, par exemple grâce à des puces implantées.
Nous arrivons aujourd’hui à une véritable frontière entre l’homme et la machine. Nous nous sommes habitués à un monde ultra-connecté où nos appareils font partie intégrantes de nos vies, et vis-à-vis desquels nous devenons de plus en plus dépendants. Implanter directement ces appareils à l’intérieur de notre corps pourrait donc devenir une solution à l’avenir, bien que cette idée soulève d’importantes questions techniques et sociales. Quand on observe les avancées technologiques, on peut penser qu’un tel scénario pourrait se concrétiser dans un futur plus ou moins proche. De nos jours, il existe déjà le dopage chimique, les implants d’appareils électroniques (médicaux notamment), ou des prothèses perfectionnées au point d’égaler voir surpasser un membre humain.

Il est intéressant de noter qu’en parallèle, nous donnons de plus en plus de traits humains aux robots, en travaillant sur les mouvements physiques et surtout, l’intelligence artificielle, qui progresse à une vitesse fulgurante. On assiste donc à un rapprochement entre les deux mondes.

Le futur déjà à nos portes

La technique et la médecine progressent particulièrement vite, et ont radicalement changé le mode de vie de l’homme, toujours à la recherche de puissance. Le virtuel lui a permis de démultiplier ses capacités de communiquer avec autrui, avec des avantages (le partage de la connaissance et des idées, le gain de temps, l’aspiration à la créativité) et les inconvénients (dérives, manipulation des masses, violation de vie privée) que cela implique. Nous avons également amélioré la qualité de vie de l’être humain grâce aux progrès médicaux, qui nous permettent de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Tout s’enchaîne, de plus en plus vite, et la plupart des individus n’arrivent plus à suivre le rythme des avancées. Si auparavant, de nombreuses années étaient nécessaires à une technologie pour se généraliser (comme le téléphone ou la télévision), on adopte aujourd’hui les nouvelles technologies avec une rapidité déconcertante, presque machinale, compulsive. On n’a donc aucun mal à penser que l’homme pourrait accepter sans trop de résistance de se relier de l’intérieur à des appareils électroniques pour devenir, finalement, un cyborg.
Mais où en sommes-nous aujourd’hui exactement ? Quelles sont les avancées les plus marquantes ? Et que peut-on imaginer pour l’espèce humaine dans les prochaines dizaines d’années ? Sauf catastrophe planétaire, il est probable que notre évolution devrait connaître une sérieuse accélération « grâce » aux nouveaux outils technologiques.

Les prothèses bioniques

Parmi les avancées les plus marquantes, les prothèses de nouvelle génération reliées au système nerveux, et actionnées par plusieurs moteurs capables de reproduire tous les mouvements du membre original. On est aujourd’hui capable de créer des mains, pieds, bras ou jambes d’un réalisme bluffant, mais plus intéressant encore, d’une très grande efficacité, jusqu’à surpasser le membre de chair. Ces avancées annoncent de nouvelles possibilités en matière de performances et d’esthétisme. On peut ainsi prendre l’exemple d’Aimee Mullins, actrice et athlète américaine qui, née sans jambes, a percé dans le milieu du sport et du mannequinat grâce à des prothèses très perfectionnées. Elle fait d’ailleurs fréquemment la promotion de ces dernières, exposant le regard nouveau que l’on pourra porter envers les personnes handicapées.

Plus impressionnant encore, ce jeune autrichien qui, suite à un accident de travail, a perdu l’usage de son bras gauche. Il y a quelques mois, il a pris la décision de se faire amputer pour le remplacer par un bras bionique, directement relié à son cerveau. Les commandes de son bras artificiel sont activées par les signaux électriques du cerveau, et cela semble très au point. Remplacer un membre invalide par une prothèse bionique paraît être une idée tout à fait acceptable, mais cela pourrait se généraliser sur des individus parfaitement valides. Une idée qui résonne dans les mots de Aimee Mullins, au cours d’une interview, « L’amputation volontaire, je pense que ça arrivera […] Les athlètes feront n’importe quoi pour avoir les meilleurs avantages possibles ».

On a ici l’exemple de prothèses pour jambes ou bras, mais cette idée est tout à fait valable pour certains organes comme les reins, le coeur, ou encore les yeux. Il n’est pas fantaisiste de penser que notre corps pourra un jour être « réparé » comme une voiture dont on changerait les pièces. Bien évidemment, certaines parties du coup sont plus complexes que d’autres. On imagine mal par exemple pouvoir remplacer tout ou partie de notre cerveau après un grave accident. L’oeil est également un organe difficile à reproduire, et surtout à relier au cerveau humain. Les dernières avancées sont encourageantes, et prévoient le premier oeil bionique exploitable d’ici deux ans. Pour s’attaquer aux éléments les plus délicats, d’autres voies sont explorées, comme les nanotechnologies ou les puces électroniques.

Les puces implantées

En plus de « réparer » ou « augmenter » l’être humain, de nombreuses expériences ont été menées dans le but de le relier aux machines, directement par la pensée, ou de manière plus concrète, par les signaux électriques envoyés par le cerveau, puisque toutes nos actions sont commandées par notre cerveau. Les recherches se divisent en deux méthodes : la première, la plus douce, consiste à placer un bonnet recouvert d’électrodes, qui capte les ondes émises par le cerveau, et qui sont ensuite analysées par un ordinateur avant d’actionner la machine à laquelle il est relié.
La méthode progresse, mais se révèle peu précise et très lente. C’est pourquoi certains chercheurs se sont penchés sur une autre méthode, visant à implanter directement une puce sur le cerveau. Cela augmente la précision mais engendre des risques d’infection importants, les tests sur l’homme sont donc pour le moment très limités. Là encore, ces études se destinent principalement aux personnes handicapées qui ne peuvent compter sur leur corps pour effectuer des actions, d’où l’intérêt d’une interface homme-machine commandée par la pensée.

Mais d’autres études cherchent à faire de l’homme une véritable télécommande, capable d’interagir avec les machines d’un simple mouvement de bras ou, de manière plus ambitieuse, par la pensée. Parmi les chercheurs les plus influents dans le domaine, Kevin Warwick, professeur de cybernétique à l’Université de Reading au Royaume-Uni, s’est fait connaître pour avoir réalisé des implants au sein de son propre corps. En mars 2002, il s’est fait implanter une puce dans le nerf du bras afin de commander des machines simples par un simple mouvement (main robotique, lampe). Il voit le progrès technologique comme une manière d’améliorer l’être humain, et pas uniquement de le soigner. Il est même parvenu à transmettre un signal vers une main robotique de l’autre côté de la planète par le biais d’Internet.

Cette expérience a engendré un certain malaise, car on imagine alors les possibles dérives d’un tel pouvoir (diriger des objets à distance, sur commande). Kevin Warwick ambitionne d’être le premier représentant d’une « nouvelle espèce », post-humaine, un cyborg pour ainsi dire. Sa prochaine étape : implanter des puces au sein même de son cerveau afin de communiquer avec le cerveau d’un autre individu également équipé d’une puce. Une expérience qui vise ni plus ni moins que la télépathie entre êtres humains, et qui devrait, selon le chercheur, se concrétiser dans les dix prochaines années. Des expériences qui restent très hypothétiques, et qui connaitront probablement des détracteurs au vu des risques encourus.

Plus que de réparer, les recherches mènent aujourd’hui à « améliorer » l’homme, afin d’en faire un être hybride de chair et de métal. Ces recherches amènent de nombreuses polémiques car elles remettent en cause l’identité même de l’homme, jusqu’à le séparer peu à peu de son environnement naturel pour en faire un être, in fine, totalement artificiel. Il y a quelques années, des articles sont parus dans la presse annonçant l’avènement d’utérus artificiels. Sans parler des expériences de procréation assistée qui propose des bébés à la carte (couleurs des yeux, de la peau, traits physiques, sensibilités aux maladies, etc.) grâce à des manipulations génétiques. Des recherches qui se sont confrontées à de vives polémiques, de la part de groupes religieux, ou même de certains scientifiques, qui pointent du doigt les problèmes éthiques liés à ces pratiques.

La révolution des nanotechnologies

En plus des puces, la nanotechnologie pourrait avoir un grand rôle à l’avenir. Si la technique s’applique à de nombreux secteurs industriels, elle est également très en vue en médecine. De nombreuses équipes travaillent à l’élaboration de micro-robots (métalliques ou organiques) capables de scanner et réparer notre corps de l’intérieur. Mieux encore, il devrait être possible à moyen terme de remplacer des parties défaillantes de notre corps, comme la rétine. Les nanotechnologies agissent au niveau moléculaire, ce qui permet d’intervenir de manière très ciblée sur le corps humain, en délivrant des médicaments par exemple, et ainsi d’éliminer les maladies ou de retarder la vieillesse, ou de toucher au code génétique contenu dans nos chromosomes.
Les nanotechnologies intéressent beaucoup l’armée américaine, qui a investi plusieurs centaines de millions d’euros dans la recherche et l’exploitation de ces micromachines pour améliorer les performances des soldats. L’objectif est de produire des « super-soldats » capables de résister aux blessures, voire de s’auto-réparer grâce à ces nano-machines.

Couplées aux progrès de la biotechnologie et de la robotique, ces avancées pourraient donner naissance à des super-soldats génétiquement modifiés pour avoir l’avantage sur les armées ennemies. Dans le milieu militaire comme le milieu civil, ces bouleversements technologiques à venir devraient creuser un peu plus le fossé entre riches et pauvres, à la manière de la fracture numérique actuelle.

Nous vous invitons à visionner ce reportage d’Arte diffusé en juin dernier, qui illustre bien ces avancées et les problématiques qui en découlent (en quatre parties).

De même que cette bande annonce du jeu vidéo Deus Ex : Human révolution, qui nous plonge dans un futur anticipé, sur fond de transhumanisme et d’humains augmentés.

Jusqu’ici, nous avons parlé de cyborgs, des hommes augmentés donc, mais il y a un autre domaine qui mérite que l’on y porte toute notre attention : l’intelligence artificielle (IA). Cette science vise à reproduire artificiellement les capacités intellectuelles de l’être humain, et de la transposer via des programmes utilisés dans des systèmes de cryptage, des jeux vidéo, des moteurs de recherche, des logiciels (apprentissage, traduction, reconnaissance faciale, etc.), la robotique ou encore la médecine, avec des systèmes organiques autonomes. L’intelligence artificielle est source de nombreux fantasmes illustrés par la science-fiction, avec des robots dotés de conscience artificielle quasiment ou totalement indiscernable d’une conscience humaine, et qui se voient ainsi dotés d’une intelligence qui leur est propre, voire d’ « émotions ».

L’IA, ou l’indépendance des machines

L’intelligence artificielle est un domaine de recherche très vaste, qui mobilise de nombreux chercheurs et industriels de tous bords, car ses applications sont immenses. Les recherches dans le domaine visent à concevoir des programmes capables d’exécuter des tâches données, de manière partiellement ou entièrement autonome.
Le terme d’ « intelligence artificielle » fait souvent débat parmi les experts, qui remettent en question la notion d’intelligence, qui reste très floue à définir. On parle d’ « intelligence » pour désigner la capacité à comprendre et mettre en relation des concepts afin de s’adapter à une situation donnée. On y retrouve plusieurs degrés de complexité, du simple réflexe face au danger, jusqu’à l’élaboration de codes de communication pouvant aboutir à un raisonnement complexe qui, si l’on poursuit la réflexion, mène aux émotions et à la conscience de soi. Ainsi, on a souvent tendance à résumer le concept d’intelligence à la prise de conscience de son existence et de son rapport au groupe, ce qui permet de s’adapter à son environnement selon les codes (possibilités physiques, contexte social, etc.) dans lesquels l’individu évolue.

De l’IA faible à l’IA forte

On évoque ainsi deux types d’IA : l’IA faible, et l’IA forte. La première cherche à simuler une intelligence à partir d’algorithmes capables de résoudre des problèmes peu complexes. On la retrouve par exemple dans les logiciels de conversation, ces robots qui cherchent à imiter la conversation humaine, mais qui peinent encore à convaincre dans la grande majorité des tests, comme le fameux test de Turing. C’est toute la difficulté de ce type de recherche, qui veut reproduire le raisonnement humain, toujours mal compris par les scientifiques, qui ne cesse de débattre sur les mécanismes de la conscience humaine et des raisonnements complexes que l’on y retrouve.

L’IA faible est également présente dans de nombreux robots virtuels (qui scannent le web à la recherche d’informations particulières, avant de les traiter en vue d’un objectif donné), comme dans les algorithmes de Google ou les robots conversationnels. On peut également citer les robots industriels ou encore les voitures autonomes. Ce dernier domaine profite d’ailleurs d’avancées spectaculaires comme le montre cette vidéo qui a fait le tour du web il y a quelques mois lors d’une démonstration technique de Google, qui est au premier plan de nombreuses recherches sur l’IA.

De l’autre côté, l’IA forte, celle qui nourrit tous les fantasmes, implique, en plus d’un comportement intelligent, d’éprouver une réelle conscience de soi, ce qui implique la présence d’émotions et de sentiments. Bien sûr, un tel degré d’intelligence n’existe pas à l’heure actuelle sur nos machines, mais pour la pluparts des scientifiques, cela n’est qu’une question de temps. Partant du principe que notre intelligence, et par là même notre conscience est le fruit d’interactions biologiques, et donc matérielles, il pourrait être possible de créer un jour une intelligence consciente sur un support matériel autre que biologique.

Si cette idée était inimaginable durant les prémices dans l’IA dans les années 50, elle semble beaucoup plus réaliste aujourd’hui. On estime que la capacité de calcul du cerveau humain, formé de mille milliards de neurones, est équivalente à 2 x 1014 opérations logiques par seconde. Le plus puissant supercalculateur actuel peut calculer à 8 petaflops, soit 8×1015 opérations par seconde, et les progrès sont très rapides dans le domaine (record de 7 teraflops, il y a dix ans, soit 1000 fois moins).

Des applications de plus en plus ambitieuses

De nos jours, plusieurs applications usant de l’intelligence artificielle font déjà partie de notre quotidien : moteur de recherche, robots d’assistance, logiciels de traduction ou encore jeux vidéo. C’est dans ce dernier domaine que les progrès sont les plus impressionnants, alors que les développeurs cherchent à donner toujours plus de réalisme et de crédibilité à ces univers virtuels, à commencer par les personnages. En dehors du graphisme et de l’animation, le comportement des personnages joue un grand rôle dans la crédibilité que l’on peut leur donner. On utilisera le plus souvent des scripts ou des systèmes multi-agents qui s’appuient sur différentes actions possibles des personnages selon les situations.

On parvient ainsi à donner un comportement très réaliste, à défaut d’être réel, à des personnages virtuels qui profitent également d’une modélisation de plus en plus travaillée, ce qui nous rapproche petit à petit du concept d' »Uncanney Valley », qui fait beaucoup parler de lui avec les jeux de dernière génération. Une notion qui s’applique tout autant aux robots humanoïdes, parfois troublant de réalisme.

Les recherches en matière d’intelligence artificielles progressent rapidement, et ont souvent créé la surprise en développant des programmes capables de surpasser l’être humain dans certains domaines. Le cas le plus médiatisé fut celui de Deep Blue, un superordinateur spécialisé dans le jeu d’échec qui, en 1997, a vaincu le champion mondial d’échec Garry Kasparov, au bout de plusieurs partie tout de même.

Beaucoup critiqueront cette victoire de Deep Blue en évoquant la fatigue de Kasparov après six parties successives. Un point à prendre en compte, mais il est vrai qu’un des avantages de la machine sur l’homme, c’est qu’elle ne connaît pas la fatigue – physique ou psychologique – du moins si l’on parle d’IA faible. De manière plus poussée, le programme Watson, conçu par IBM, a battu deux adversaires humains lors d’un jeu télévisé américain en répondant à des questions formulées en langage naturel. Plus fort encore, Watson est envisagé pour assister les médecins en tant que « consultant » pour les services clients ou les soins médicaux.

Mais le plus impressionnant dans l’IA, c’est lorsqu’elle s’applique aux automates. Cela fait des dizaines d’années que les hommes rêvent de robots capables de mimer le comportement humain, ou de les rendre capables d’exécuter les tâches les plus pénibles. De manière plus ambitieuse, et plus rêveuse aussi, on rêve à des humanoïdes, c’est-à-dire des robots à l’apparence humaine, avec qui l’on pourrait vivre en parfaite harmonie, les mêlant à la population humaine, en leur attribuant différentes fonctions, du service à la personne jusqu’aux robots sexuels. Un scénario repris par plusieurs films comme le très réussi <a href= »http://libresavoir.org/index.php?

title=A.I._Intelligence_Artificielle_de_Steven_Spielberg » target= »_blank » rel= »noopener noreferrer »>A.I. Intelligence Artificielle, qui situe l’action dans la seconde moitié du XXIème siècle, ou les « mécas », les humanoïdes, vivent parmi les humains, et seront d’ailleurs les seuls à survivre aux bouleversements climatiques. Un scénario qui pose de nombreuses questions sur le futur de l’humanité, et qui y dévoile un futur tout à fait probable au vu des avancées que l’on connaît.

Davantage centré sur les risques de telles « machines » parmi nous, le film iRobot se base sur la série des Robots d’Asimov, et imagine, en 2035, l’achat de masse de robots humanoïdes particulièrement évolués au sein de foyers du monde entier, avec les avantages, et les dérives qu’une telle situation peut engendrer. L’un de ces robots parvient même à développer une conscience qui lui est propre, avec des sentiments qu’on imagine propres à l’homme : peur, colère, tristesse, compassion, etc.

L’intelligence artificielle et les machines

Aujourd’hui, en 2011, on est encore loin de tels robots, mais nous progressons rapidement. On pense bien sûr à la domotique et aux appareils plus ou moins utiles pour nous aider dans notre vie quotidienne, au foyer en tout cas. Des solutions qui s’intègrent progressivement dans nos maisons, au même titre que les ordinateurs et les écrans haute-définition, et qui devraient se généraliser dans une dizaine d’années. On peut également citer l’Aibo de Sony, abandonné en 2006 par manque de rentabilité.

Pour ce qui est des robots humanoïdes, on ne peut qu’être impressionné par la vitesse à laquelle les équipes de recherche progressent, dans leurs domaines respectifs. Quelques modèles particulièrement novateurs ont d’ailleurs été plusieurs fois présentés dans les médias, c’est le cas du célèbre Asimo, de Honda, aujourd’hui capable de courir à faiblesse vitesse, de reconnaître des personnes et d’avoir une « discussion » simple. La dernière version, parue en 2007, apporte la connexion Wi-Fi, qui permet à plusieurs Asimo de se répartir les tâches ou de se remplacer lorsque certains doivent recharger – d’eux-mêmes – leur batterie. Parmi les robots les plus populaires, citons également Nao, développé par une société française, Aldebaran Robotics, et qui devrait être commercialisé dès 2012 en grandes surfaces. Petit air de I, Robot. Sa palette de programmation permet un très grand nombre d’utilisation possible pour Nao : robot de compagnie, partenaire de jeux, aide à la personne, etc.

On s’en doute, l’IA intéresse beaucoup les militaires. En 2010, L’US Air Force a demandé la conception d’un programme capable de déterminer les secteurs les plus vulnérables chez l’ennemi en vue d’une attaque. Et de manière plus inquiétante, l’armée américaine, probablement suivie par d’autres nations, souhaite s’équiper d’armes autonomes, capables de repérer et attaquer l’ennemi par elles-mêmes. Ainsi, d’ici 2020, plus de mille bombardiers et chasseurs de dernière génération commenceront à être équipés de sorte que, d’ici 2040, tous les avions de guerre américains soient pilotés par intelligence artificielle, en plus des 10 000 véhicules terrestres et des 7 000 dispositifs aériens commandés d’ores et déjà à distance. Voyant cela, on ne peut s’empêcher de penser, en poussant plus loin l’idée, aux scènes apocalyptiques de certains films futuristes, comme Matrix.

La science qui n’est plus tout à fait fiction

Il est bien sûr impossible à l’heure actuelle d’avoir une vision claire de ce qui nous attends dans les dix, vingt ou cinquante prochaines années. Ce dossier a été l’occasion de présenter les différentes pistes explorées en termes de cybernétique, de biotechnologies et d’intelligence artificielle (ainsi que les nombreuses autres sciences qui gravitent autour). Il ne serait pas sérieux de trop insister sur les différents scénarios exploités par les films de science-fiction, car la réalité s’avère souvent plus complexe et donc difficile à prévoir, surtout dans des domaines aussi mouvants que ceux-ci.
Le professeur Kevin Warwick explique souvent que l’homme est appelé à évoluer en même temps que les machines pour ne pas se faire surpasser. On a un certain mal à penser que l’être humain serait assez imprudent pour donner les moyens aux machines de prendre le dessus sur notre espèce de quelque manière que ce soit. Mais la soif de puissance et de curiosité laisse place à toutes les possibilités.

Terminons ce dossier avec une citation du professeur Irving John Good, statisticien britannique réputé, et qui a notamment travaillé sur l’intelligence artificielle et la « logique robotique » ; il est mort en 2009 :

« Supposons qu’existe une machine surpassant en intelligence tout ce dont est capable un homme, aussi brillant soit-il. La conception de telles machines faisant partie des activités intellectuelles, cette machine pourrait à son tour créer des machines meilleures qu’elle-même ; cela aurait sans nul doute pour effet une réaction en chaîne de développement de l’intelligence, pendant que l’intelligence humaine resterait presque sur place. Il en résulte que la machine ultra intelligente sera la dernière invention que l’homme aura besoin de faire, à condition que ladite machine soit assez docile pour constamment lui obéir ».

Source : https://www.commentcamarche.com/contents/2208-cyborg-et-ia-la-fusion-programmee-entre-l-homme-et-la-machine#bold-les-puces-implantees-bold