La barbarie moderne

En 2014, je publiais sur le site d’Éthiques Chrétiennes, sous un pseudonyme un texte qui était une réflexion sur la barbarie, je décidais de l’exhumer et de l’intégrer à mon nouvel essai, car de façon intuitive il évoquait déjà la trame d’un monde en passe de se déchirer, broyé par les exactions, les outrances, les violences, mais aussi par des lois iniques qui deviennent de véritables abominations comme celles qui ont recueilli un premier assentiment favorable lors d’un premier vote de l’Assemblée nationale[1] et qui concernait selon mes termes l’autorisation de l’infanticide au terme de l’accouchement sous prétexte que la femme en souffrance psychologique ne pourrait assurer sa maternité. L’humanisme de la loi vient en l’état, légitimer le crime d’un enfant innocent qui lui n’a pas demandé qu’une telle peine lui soit infligée. On s’étonne qu’en pleine pandémie, le gouvernement et les élus de la nation veuillent s’attarder à voter de nouvelles mesures bioéthiques. Ces lois bioéthiques qui forment comme beaucoup l’ont auparavant écrit avant moi, une antiphrase, une loi qui n’est ni bio, ni éthique. Ni bio, car cette loi promeut le recours à des techniques artificielles et contre nature pour répondre aux désirs de femmes ne pouvant enfanter, de leur accorder cette possibilité, d’être elles-mêmes enceintes. Ni éthique, car aucune limite n’est en réalité donnée à des « expérimentations invraisemblables [2]» notamment en autorisant la recherche à des fins médicales sur les chimères mêlant le génome humain et le génome animal.

Texte de Eric LEMAITRE

En 2014, je publiais sur le site d’Éthiques Chrétiennes, sous un pseudonyme un texte qui était une réflexion sur la barbarie, je décidais de l’exhumer et de l’intégrer à mon nouvel essai, car de façon intuitive il évoquait déjà la trame d’un monde en passe de se déchirer, broyé par les exactions, les outrances, les violences, mais aussi par des lois iniques qui deviennent de véritables abominations comme celles qui ont recueilli un premier assentiment favorable lors d’un premier vote de l’Assemblée nationale[1] et qui concernait selon mes termes l’autorisation de l’infanticide au terme de l’accouchement sous prétexte que la femme en souffrance psychologique ne pourrait assurer sa maternité. L’humanisme de la loi vient en l’état, légitimer le crime d’un enfant innocent qui lui n’a pas demandé qu’une telle peine lui soit infligée. On s’étonne qu’en pleine pandémie, le gouvernement et les élus de la nation veuillent s’attarder à voter de nouvelles mesures bioéthiques. Ces lois bioéthiques qui forment comme beaucoup l’ont auparavant écrit avant moi, une antiphrase, une loi qui n’est ni bio, ni éthique. Ni bio, car cette loi promeut le recours à des techniques artificielles et contre nature pour répondre aux désirs de femmes ne pouvant enfanter, de leur accorder cette possibilité, d’être elles-mêmes enceintes. Ni éthique, car aucune limite n’est en réalité donnée à des « expérimentations invraisemblables [2]» notamment en autorisant la recherche à des fins médicales sur les chimères mêlant le génome humain et le génome animal. Ainsi il sera plausible avec l’aval du législateur d’introduire des cellules souches humaines dans un embryon animal. En implantant L’embryon dans l’utérus d’un animal, les chercheurs espèrent ainsi développer des organes humains chez des animaux en vue d’une transplantation dans un corps malade. Ces organes pourraient être, en effet, prélevés pour être à nouveau greffés sur des patients humains malades. Il y invariablement dans l’avancée des progrès scientifiques encouragés par la loi, une coloration très humaniste pour nous faire avaler la pilule puis reléguer les opposants à ces lois mortifères, dans le camp de radicaux malfaisants, empêchant la marche du progrès transhumaniste.  

Notre époque assiste à une forme d’accélération de la déconstruction de l’homme ; le pire est le rapprochement d’une dissolution totale de ces civilisations, civilisations qui fuient vers le consumérisme, le nihilisme, l’eugénisme, le technicisme, ou le fondamentalisme. Il est frappant que dans ces périodes de crise, de relever la propagation de la violence, de l’empilement des maux qui viennent submerger les nations. Ouvrons le journal et c’est l’étalement de l’horreur qui se répand sur la terre. Même l’Europe à ses portes est en proie à des exactions et à des déchirements qui lui font craindre le pire. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 2020 à Reims, un quartier Rémois a été confronté à des violences urbaines, à des tirs de mortiers et à une série d’incendies, il n’y a pas eu de blessés, mais on relève comme une forme « d’ensauvagement[3] » généralisée de la société, une jeunesse qui transgresse tous les interdits et ne se prive pas de braver les lois, d’enfreindre la tranquillité des quartiers. Dans le même département et quelques jours plus tôt précédant les événements vécus à Reims, la ville de Saint-Dizier était également en proie à des tensions urbaines. L’année 2020 est ainsi traversée par des épisodes de brutalités, d’exactions parfois communautaires comme nous si nous vivions à une forme de dérèglement de la planète impactant toutes les dimensions sociales, comme climatiques ou sanitaires. Le monde en délogeant le Dieu du ciel et toutes ses lois a finalement engendré le lit de la « barbarie » en abandonnant les valeurs prétendues civilisationnelles et morales, les repères, les attaches, les piliers qui nous faisaient discerner le Bien et le Mal. L’occident au cours de son histoire s’est longuement, fait le chantre de la civilisation, en s’identifiant à ce processus des nations civilisatrices, considérant les autres nations comme primitives rassemblant des barbares, dans le sens d’êtres attachés à une vie archaïque, de personnes qui ne connaissent pas ou sont demeurées dans l’ignorance des références qui qualifient la civilisation. Le mot même de barbare était entaché par une notion d’inculture avant d’embrasser plus tard celui de cruauté, pendant longtemps le corollaire de la cruauté fut ainsi associé à celui de barbarie.   

Cette époque de relativisation qui caractérise les dernières décennies précédant le XXIe siècle, a accouché les idéologies les plus extrêmes, celles de déconstruire l’homme, en enfantant les lois les plus radicales, l’aliénant. Ce constat contemporain nous renvoie plusieurs millénaires en arrière à ce récit de la Genèse qui depuis la chute de l’homme, cette rupture avec Dieu est entrée dans un cycle de violence. Cycle qui commença avec Caïn : ce dernier assassine son frère. Pourtant, Dieu entend casser ce cycle pour ne pas engendrer des générations de meurtriers ; Il protège Caïn comme la manifestation d’un premier signe de sa grâce. La violence telle qu’elle est décrite dans le livre de la Genèse, est devenue l’un des maux qui couronne les autres calamités traversant l’humanité. Mais qui en est responsable ? La Bible déclare que toute chair porte cette responsabilité : c’est le commentaire extrait du livre de la Genèse au chapitre 6, verset 11. « Toute chair est corrompue, la terre s’est remplie de violence ». La violence ne résulte pas ainsi et en soi d’une catégorie d’hommes. Intrinsèquement et structurellement toute chair porte en elle cette dimension de corruption et de violence qui en représente l’aboutissement. La violence est quelque part destructrice et les traumatismes l’accompagnant, dévastateurs. La violence est autant du fait d’individus que d’organisations ou d’états. Avortements, crimes, terrorisme, génocide constituent les illustrations de la violence menée à son paroxysme, et ce à différentes échelles, de l’individu à l’état. La violence demeure une forme de corollaire de la barbarie. Les sociétés violentes sont imprégnées d’une forme de nihilisme de la pitié, une contre-humanité. La violence, est-elle lors la traduction de la barbarie ou le retour à la barbarie primitive ? La dimension même de la barbarie est devenue une expression qui a été au cours des dernières années, utilisée à de nombreuses reprises par les médias et sur réseaux sociaux, pour évoquer la cruauté de l’Etat Islamique (L’EI), la monstruosité, l’inhumanité d’hommes qui sous couvert d’une idéologie s’emploie à imposer une conception religieuse et ultra-légaliste de leur monde au mépris des cultures, des valeurs, des croyances d’autres peuples, d’autres humains.

L’expression de cette barbarie brutale, atroce secoue l’entendement et les consciences à l’aune d’un XXIe siècle en proie à de profondes mutations culturelles, sociétales, écologiques, politiques. Siècle soudainement secoué par des images féroces qui traduisent l’insensibilité et la bestialité d’hommes qui s’excluent du coup du genre humain, tant les actes commis nous font horreur, abîment et blessent l’image même de l’homme lui-même image de Dieu, d’un Dieu compassionnel. Le mot barbare ou d’autres mots similaires reviennent sur toutes les lèvres, mais les mots mêmes sont impuissants et révèlent parfois leurs limites. L’emploi du mot barbare couvre comme nous l’avions déjà rappelé deux notions que déclinent la cruauté et l’archaïsme. Cette cruauté est devenue une forme même d’inculture poussée à son paroxysme, mais associée le plus souvent à l’archaïsme. Pourtant, l’absence de culture n’a pas toujours caractérisé ceux que l’on qualifiait de barbares. Contrairement à l’idée reçue la Barbarie n’est pas systématiquement l’inculture L’histoire récente, nous renvoie ainsi et pour mémoire à l’idéologie nazie, où certaines figures cruelles de cette idéologie inhumaine ont été éprises de cultures. Ces mêmes nazis ont porté au pinacle des œuvres qui ont marqué l’humanité, voire jusqu’à les protéger. Le savoir civilisé, soi-disant policé de l’Europe n’engendra-t-il pas d’une certaine manière un monstre, le monstre lui-même célébré par le philosophe Heidegger qui ne se dissimula pas, de partager les thèses nazies. Montaigne, dans le chapitre de ses Essais intitulé « les cannibales » nous évoque avec stupeur un paradoxe sur la culture anthropologique : Le plus barbare n’est pas nécessairement celui que l’on se figure. Ainsi le plus sauvage n’est pas nécessairement celui que l’on a coutume de caractériser à l’aune de nos constructions culturelles et des représentations de notre civilisation qui impactent et influent ces mêmes représentations. Le cannibalisme n’est pas ainsi l’exclusivité ou l’apanage des hommes que l’on qualifie habituellement de primitifs, une forme de « cannibalisme » peut aussi caractériser les civilisations dites les plus avancées. Dans sa vision critique, Montaigne juge en évoquant sa propre civilisation que les cannibales du royaume s’avèrent bien plus barbares que ceux du royaume des cannibales. « Les cannibales du royaume sont spécialistes en trahison, tyrannie, cruauté et déloyauté, accusant les « barbares » d’attitudes qui se révèlent pourtant moins graves que les leurs, et ceci sans démarche d’introspection. » Pour poursuivre son analyse Montaigne juge les guerres de religion notamment l’inquisition et fait valoir qu’elles ne sont pas plus civilisées que les rituels d’anthropophagie des cannibales, « mangeurs de chairs humaines ». La barbarie participe d’une forme d’aliénation de l’être humain comme différence. Nous osons en effet aborder la notion de barbarie comme l’expression même de la violence, une violence qui est le mépris de l’autre, de l’humain, le mépris de la différence, une violence qui est tout simplement la négation de l’autre, l’aliénation de l’être humain comme l’expression de la diversité. La barbarie qui est une forme de puissance aliénante est une façon de gommer les disparités, d’imposer une forme de totalitarisme nivelant les autres au nom même d’une croyance, d’une idéologie. Il faut alors exécuter le bouc émissaire qui porte en lui ce que je hais comme symbole de l’altérité ou de la dissemblance. L’eugénisme est en soi une forme de barbarie, quand elle dicte qui doit vivre ou est digne d’être. La barbarie se traduit ainsi par une forme totalitaire de rejet absolu, une stigmatisation des populations voire même des êtres parmi les plus vulnérables, les plus fragiles, une exclusion violente de l’être humain dans ce qu’il peut incarner à travers son histoire, son identité, sa croyance, sa naissance, ses infirmités, son handicap. Comme l’exprime Fabrice Hadjad dans le livre la foi des démons, cette forme de barbarie atroce « gît dans le mal et a l’angoisse du bien ».

Le monde occidental a coutume de pointer la barbarie des autres civilisations, mais sa civilisation n’est pas en soi exempte d’en porter également les germes ou même de manifester les symptômes d’une société mortifère. Je reprends ici l’intégralité d’un texte écrit par Fabrice Hadjadj  : « Après Auschwitz et Hiroshima : le pire de notre époque est l’imminence de la destruction totale. Peut-on encore parler d’un Dieu bon et puissant ? S’il est bon, il est faible, vu qu’il n’a pas pu empêcher la catastrophe (position de philosophe juif Hans Jonas). Mais dans ce cas, si Dieu n’est plus celui qui intervient dans l’Histoire, Hitler n’a-t-il pas détruit le Dieu de la Bible ? Si la religion de David est invalidée, il ne reste plus que le culte de la Shoah. C’est ce que reproche Benny Lévy à ses frères lorsqu’il les accuse d’avoir fait une idole d’Auschwitz. Ce qui interroge avec la Shoah et le Goulag, c’est la forme prise par le mal, sa banalité comme dit Hannah Arendt.Ces destructions ne sont pas le fruit d’un accès de rage barbare, mais d’une froide planification pour obéir à de prétendues lois de l’Histoire ou de la nature. Ceci démontre que l’idéologie du progrès mène à la catastrophe et que le libéralisme a engendré d’une manière indéniable le totalitarisme, ils éprouvent la même volonté d’exploitation de l’homme. A cela s’ajoute la possibilité pour l’homme d’anéantir l’espèce humaine. La spécificité de la crise actuelle et notamment de la pandémie est la conscience de notre disparition probable, pas seulement en tant qu’individu, mais surtout en tant qu’espèce. « L’humanisme a fait long feu et les lendemains ne chanteront pas ».La barbarie occidentale de la prétendue civilisation, est de la sorte un anti prochain une forme de contre idéologie de l’amourLa Barbarie est en soi la manifestation possible d’une puissance démoniaque en ce sens qu’elle est une haine de l’autre, le contraire de « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il est parfaitement concevable de supposer une volonté démoniaque d’être le contre-pied de l’amour du prochain : L’amour du prochain dans toute sa dimension relationnelle est à combattre dans la pensée qui incarne « le monde de demain », il ne saurait faire sens. Combien de religions se sont finalement fourvoyées y compris celles d’inspiration chrétienne en occultant le message fondamental qui est l’amour de l’autre, un amour de l’autre qui est sans condition. L’amour de l’autre est en effet sans dogmatisme, sans hypocrisie, c’est un amour christique. « Tu aimes ton prochain » dans ce qu’il a de différent. Ce qui ne plait pas en lui y compris sa vulnérabilité insupportable, ne doit pas nous conduire l’avorter[4] ou à le supprimer, même sous prétexte même d’humanisme.Le livre d’Ézéchiel évoque la violence du Prince de Tyr rappelant qu’initialement il siégeait auprès de Dieu « Tu as été intègre dans tes voies, depuis le jour où tu fus créé jusqu’à celui où l’iniquité a été trouvée chez toi. Par la grandeur de ton commerce, tu as été rempli de violence, et tu as péché ; Je te précipite de la montagne de Dieu, Et, je te fais disparaître, chérubin protecteur, Du milieu des pierres étincelantes. » Ezéchiel 28 : 11-15 ». L’expression « tu as été rempli de violence », d’une certaine manière orchestre l’influence qu’exerce Satan dans le monde faisant de l’humanité empreinte divine, l’ennemi à abattre.Ce constat de cette violence envers la notion du prochain a été décrit par le philosophe espagnol Ortega qui dépeint un autre trait de la barbarie à travers la haine, « La haine sécrète un suc virulent et corrosif. […] La haine est annulation et assassinat virtuel – non pas un assassinat qui se fait d’un coup ; haïr, c’est assassiner sans relâche, effacer l’être haï de l’existence ».Un étudiant posa un jour cette question à Hannah Arendt « pourquoi appelez-vous « crime contre l’humanité un crime contre le peuple juif ? », elle répondit : « parce que les Juifs sont d’abord des hommes ». Je crois tout simplement que Hannah Arendt résumait parfaitement le propos que nous souhaitons défendre : la Barbarie ne s’inscrit pas comme un crime contre un groupe, une entité ou une catégorie d’hommes, c’est avant tout un crime contre l’homme. Les barbaries que nous dénonçons, en témoignant au cours de nos veillées, sur les places publiques où nous nous rassemblons, sont la manifestation de notre attachement à l’être humain, à tout l’être humain. C’est pourquoi nous sommes aussi solidaires à nos frères non seulement chrétiens, mais tous ceux qui doivent souffrir au nom de leur foi, de leurs croyances. Cette expression de l’amour est aussi pour les plus vulnérables, les plus fragiles, les enfants, ceux qui sont à naître également, les plus âgés également, les plus dépendants parmi eux.Dans cette revue de l’humanité haïe pour des raisons d’identité, Hannah Arendt inscrit le problème du mal radical advenu avec la Shoah dans la perspective de l’universalisme humain.

La nouvelle Barbarie occidentale est un habillage humaniste. Le barbare n’est pas seulement l’expression d’une violence d’un individu, ou d’un groupe d’individus, elle peut résulter d’une organisation qui peut habiller sa barbarie en la justifiant de concepts humanistes. Comme nous l’avons par ailleurs rappelé, la notion même de barbarie n’est pas nécessairement l’antithèse de la civilisation. La barbarie peut être le produit de la civilisation, Montaigne ne dit pas autre chose. Notre civilisation, n’est-elle pas entrée dans une crise profonde. Cette crise qui annonce une forme de délitement des valeurs morales peut générer comme le décrit Montaigne « le cannibalisme du Royaume » de nouvelles violences non nécessairement produit par les fanatismes religieux, mais par des dogmatismes idéologiques, comme ce fut d’ailleurs le cas avec le marxisme-léniniste, le nazisme. Il est étrange que l’Europe démocrate qui a combattu les idéologies barbares caresse aujourd’hui les idéologies mortifères, malthusiennes qu’elle voulait combattre jadis.  Comme me le partageait un ami « Nous, dénonçons, à juste titre, la barbarie de certains fondamentalistes musulmans, mais que leur répondre quand, à leur tour, ils dénoncent la barbarie de certaines pratiques occidentales comme celle consistant à aspirer l’enfant dans le ventre de sa mère, comme c’est le cas lors d’un avortement ? Cet acte est-il plus « digne » que l’excision que nous dénonçons chez eux… ». Mais nous le réécrivons : rien ne vient gommer ou légitimer tout acte de violence, et ce, quelle que soit la culture qui la promeut, occidentale ou non. Cette civilisation occidentale puisqu’il faut aussi parler d’elle, sombre en réalité et subrepticement dans la barbarie. Nous devons être prudents sur les leçons données par l’Occident laïque et démocrate qui s’arroge, s’accommode de donner des « leçons de civilisation à l’ensemble de la Planète ». Notre civilisation occidentale a développé des concepts normatifs pour évoquer la barbarie (Génocide, camps de concentration, Euthanasie, Eugénisme, les Lebensborn …), mais est sur le point de réintroduire, de reproduire, de répliquer les lois mortifères du Nazisme, ceux qu’elle considérait comme une atteinte à l’humain et n’ose qualifier par exemple de barbarie l’atteinte à l’enfant conçu dans le ventre d’une mère ou l’eugénisme en sélectionnant l’enfant à naître si ce dernier correspond aux dimensions normatives de la société occidentale. La GPA qui tôt ou tard sera adoptée après la PMA (commençons par habituer l’opinion) réintroduira une forme de darwinisme social. D’ailleurs l’actualité ne l’a-t-elle pas démontrée ? Cette même GPA est susceptible de détruire la notion de filiation, de créer des troubles identitaires comme ce fut le cas avec les Lebensborn qui ont été dévastateurs pour des enfants qui n’ont pas connu l’affection paternel et maternel. L’actualité n’a-t-elle pas mis à jour ces nouvelles formes de Lebensborn, ces cliniques et maternités ou des femmes pauvres accueillies, marchandent leurs corps au profit de couples en manque d’enfants ? La GPA, si ce dispositif est mis en œuvre, violera demain le droit des enfants à avoir un père et une mère biologique et exploitera les femmes sans ressource et dans le besoin pour donner satisfaction aux désirs de deux adultes, lesquels pourront rejeter cet enfant s’il n’est pas « conforme » aux normes en vigueur, comme on l’a déjà vu par le passé.

Faut-il également évoquer dans les arcanes des pouvoirs publics, ces réflexions menées sur l’euthanasie pour abréger les souffrances, l’incurabilité au lieu d’accompagner le mourant au travers des soins palliatifs. L’euthanasie dont les pratiques humanistes pourraient bien couvrir des raisons purement « économiques ». L’avortement (quoi de plus barbare qu’un tel acte, même si on peut excuser la femme qui le commet et qui, bien souvent, n’a pas le choix ?), la GPA, la théorie du genre dans sa version extrême le « queer » (qui conduira comme nous le développons plus loin à une sexualisation de l’enfance s’il est vrai que l’identité sexuelle est déconnectée de tout rapport au « corps sexué »), tout cela témoigne alors d’une plongée dans la barbarie. Ainsi la « Queer theory » de Judith Butler, fait du travesti la norme moderne venant se substituer à l’hétérosexualité, déconstruite comme pure convention sociale, et dont on peut craindre qu’elle ne conduise, à terme, à cautionner des pratiques comme celles de la pédophilie puisque si le « corps sexué » ne signifie plus rien, il ne faudra bientôt plus attendre la puberté pour admettre une forme de « sexualité » aux enfants et abuser d’eux sous couvert d’un consentement qu’il leur sera bien difficile de refuser aux adultes, comme l’a illustré une affaire récente en Italie ». C’est sûr que c’est assez crû, mais mieux vaut prévenir et alerter que guérir ! Comme nous l’avons écrit à propos et à l’instar de Montaigne, la barbarie n’est pas l’apanage des seuls extrémistes, la barbarie des civilisés, des cols blancs peut s’avérer aussi abject que la barbarie des fondamentalistes qu’elle condamne. Nous condamnons explicitement ces deux barbaries, ces deux tyrannies qui aliènent l’être humain. Sans oublier que les incivilités les plus insignifiantes sont les premiers pas vers la barbarie. Or, qui parmi nous pourrait affirmer qu’il est exempt de toute ignominie, qu’aucune flétrissure ne l’a jamais atteint ? Les Écritures (la Bible) évoquent que toute chair est corrompue et que nous portons tous des germes de barbarie.

Mais face à la barbarie occidentale, faut-il encourager la bienveillance ou dénoncer l’iniquité de ces lois mortifères ? Face à la barbarie, la prière évoquée dans le Psaume 63 respectivement aux versets 10-12 : « Qu’ils aillent à la ruine ceux qui en veulent à ma vie ! Qu’ils rentrent dans les profondeurs de la terre ! Qu’on les passe au fil de l’épée… » ne revêt-elle pas une forme de légitimité ? N’y-a-t-il pas une forme d’imprécation angélique que d’en appeler à aimer malgré tout, ses ennemis ? Mais ne serions-nous pas les reflets, les miroirs des barbares que nous accusons ? Mettons fin cependant au cycle de la violence ! Face à la barbarie, la vengeance (se faire justice) est d’emblée totalement inadaptée ; elle serait même amplificatrice de la cruauté. La réponse adaptée est celle de la justice (rendre justice), une réponse pour mettre fin au cycle de la violence. La justice est un principe moral qui relève même d’une dimension de transcendance ; elle fait appel à des valeurs universelles. Enclencher la guerre, déclarer la guerre pour mettre fin à la guerre, à la barbarie, nous comprenons que cela fut légitime au cours de notre histoire ; c’est la tentation de toujours, c’est cette logique de pensée qui a amené le déluge. Le déluge est décidé par Dieu, mais il ne résout en réalité rien. La pédagogie du déluge, s’est avérée inadaptée, inefficace, le mal est sans doute beaucoup plus grave et nécessite une transformation volontaire et non une destruction subie de l’homme. Lisons cette déclaration étonnante dans le livre de Genèse « Je ne recommencerai plus à maudire le sol à cause de l’homme, car le produit du cœur de l’homme est le mal, dès sa jeunesse. Plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait ! ». Dieu décide d’abolir à jamais le déluge et envoie le signe d’un arc-en-ciel qui annonce la fin de toute destruction. L’arc en ciel préfigure la croix qui annonce le pardon et par son pardon, la transformation de l’homme. Voilà la justice de Dieu, le choix de Dieu de sauver l’homme, malgré la barbarie, le cœur corrompu, la violence de son âme. Dieu choisit le salut de quiconque afin que celui qui croit ne périsse pas (Jean 3 : 16). Pour conclure, comment ne pourrais-je pas penser à cette conclusion de ce texte admirable écrit en 2014 par Natalia TROUILLER « Frère de France, sœur d’ici, allume une bougie et veille pour l’enfant que j’ai vu en Irak, et pour le salut de celui qui l’a tué…. » « L’enfant que j’ai vu en Irak, je l’ai revu quelques jours après être rentrée, sur une photo entourée de roses envoyée par ses parents : c’était sa dernière image vivant, souriant, beau, endimanché. Il avait été coupé en deux par un tir de mortier lors de la prise de Qaraqosh. L’enfant que j’ai vu en Irak, je l’ai cherché, pleine d’angoisse, parmi les centaines de photos prises là-bas pour savoir s’il était de ceux qui ont ri avec moi – la réponse importe peu. L’enfant que j’ai vu en Irak, j’ai reçu la photo de lui, coupé en deux avec du sang partout, envoyée par un djihadiste sur mon compte Twitter. Frère de France, sœur d’ici, allume une bougie et veille pour l’enfant que j’ai vu en Irak, et pour le salut de celui qui l’a tué. »

Cette prière qui semble insignifiante est finalement celle qui a le pouvoir de mettre fin au cycle de la barbarie. Et si nous osions finalement répondre à l’appel de Jésus, aimer nos ennemis.  Matthieu 5.43-45 « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.… »


[1] En des termes édulcorés Les députés ont adopté un amendement pour clarifier le fait que la « détresse psychosociale » peut être une cause de « péril grave », justifiant une interruption médicale de grossesse.

[2] Expression reprise de l’archevêque de Paris, Michel Aupetit lors d’une interview accordée à France Info.

[3] Ensauvagement : Terme utilisé par Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, « l’ensauvagement » est devenu le nouveau concept au cœur du débat sur l’insécurité.  

[4] Une grossesse sur cinq environ aboutit à une IVG. Source : L’avortement en chiffres [FRED DUFOUR / AFP]

Diffuser à l’école la pensée post humaniste

Diffuser à l’école la pensée post humaniste

 

C’est dans l’ignorance que se construit enfin le lit occulte des pires idéologies. Il est ainsi tellement plus aisé de manipuler les consciences, d’attenter à l’esprit, qui est dépossédé des armes nécessaires pour freiner ces tentatives obscures de fausser, puis d’orienter les croyances des citoyens. Pour l’ex ministre de François Hollande Vincent Peillon [1]   « Toute l’opération consiste bien, avec le progrès et cette post humanité qu’il appelait finalement d’une certaine manière de ses vœux, de changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église. » (Une rhétorique de l’homme nouveau est ainsi annoncée, prêchée par ses idéologues qui entendent partager à la société entière et sans aucune précaution, les nouvelles idéologies issues des études sur le genre qui nie comme la théorie queer[2] la différence sexuée de la société, l’altérité des êtres. Il sera d’autant plus facile de distiller l’idéologie autour de cette nouvelle conception de l’homme, qu’il y a ce constat patent de familles morcelées qui ne sont plus dans la transmission de l’éducatif. Il est alors aisé pour l’état de transférer à l’enfant ce que la famille ne transmet plus, constat d’une véritable porosité qui en soi ne protège plus l’enfant contre cette tentative d’aliéner la conscience épurée de l’héritage familial, des stéréotypes comme nous l’avions entendu dans l’hémicycle de l’assemblée nationale. Sans aucune précaution, cette conception de l’homme libérée d’images préconçues justement culturelles, entend conditionner l’enfant sur de nouveaux stéréotypes adossés à l’interchangeabilité des identités détachées du sexe biologique, une nouvelle théorie du genre. Le texte de Victor Hugo auquel nous faisons ici référence, s’avère être d’une rare acuité, d’une grande clairvoyance, prend une dimension quasi prémonitoire dans le contexte d’une nouvelle laïcité qui entend s’imposer aux esprits.

« Eh ! Quel est, en effet, j’en appelle à vos consciences, j’en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes… »

Ces idéologues veulent frapper les consciences sous des idéaux séduisants de non-discrimination, d’égalité, de vision libertaire et imposer à la conscience de nouvelles lectures sur une anthropologie soi-disant débarrassée de ses oripeaux. Ces idéologues qui vantent la laïcité et citent volontiers Jules Ferry omettent cette célèbre consigne recommandée aux enseignants : « Ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas que votre sagesse, c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. Si étroit que vous semble peut-être un cercle d’action ainsi tracé, faites-vous un devoir d’honneur de n’en jamais sortir. Restez-en deçà de cette limite plutôt que de vous exposer à la franchir ; vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée qu’est la conscience de l’enfant »…

Toutes ces dimensions de nivellement de la culture, de divertissement, de crise, d’idéologie s’intriquent, s’entremêlent et interagissent comme autant de composantes qui affaiblissent toutes les facultés cognitives de l’homme. Ces dimensions participent d’un affaissement du libre arbitre, de la libre conscience. Les sociétés totalitaires savent fabriquer des individus amorphes, confinés au retrait.

Dans les origines du totalitarisme, la philosophe Allemande Hannah Arendt met en évidence l’aliénation d’une forme de conscience de soi qui résulterait d’une dimension d’isolement, d’éloignement de soi de la communauté, une rupture relationnelle, la déconstruction en quelque sorte des liens de solidarité. Les sociétés totalitaires savent fabriquer des individus amorphes, confinés au retrait, sans liens entre eux.

Pour les régimes totalitaires, afin de régner sur les masses, il faut s’assurer de la déconstruction des liens de solidarité au sein même de la communauté des hommes. C’est en poussant une forme d’isolement relationnel jusqu’à ses limites les plus extrêmes que les régimes totalitaires ont su créer des sociétés totalement aliénantes. Hannah Arendt « Les mouvements totalitaires sont des mouvements de masse d’individus atomisés et isolés. Par rapport à tous les autres partis et mouvements, leur caractéristique la plus apparente est leur exigence d’une loyauté totale, illimitée, inconditionnelle et inaltérable de la part de l’individu qui en est membre. (…) On ne peut attendre une telle loyauté que de l’être humain complètement isolé qui, sans autres liens sociaux avec la famille, les amis, les camarades ou de simples connaissances, ne tire le sentiment de posséder une place dans le monde que de son appartenance à un mouvement, à un parti. Ni le national-socialisme ni le bolchevisme ne proclamèrent jamais qu’ils avaient établi un nouveau genre de régime, ni ne déclarèrent que leurs objectifs étaient atteints avec la prise du pouvoir et le contrôle de l’appareil étatique. Leur idée de la domination ne pouvait être réalisée, ni par un État, ni par un simple appareil de violence, mais seulement par un mouvement animé d’un mouvement constant. L’objectif pratique du mouvement consiste à encadrer autant de gens que possible dans son organisation et à les mettre et à les maintenir en mouvement ; quant à l’objectif politique qui constituerait la fin du mouvement, il n’existe tout simplement pas. ». Des hommes et des femmes au destin exemplaire, qui ont décidé d’agir en regard de leur liberté de conscience. Un ami me rappelait que quand César m’enjoint d’enfreindre les lois divines, je suis contraint de désobéir à César, car « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5 : 29). Ainsi des hommes comme Saint Paul, ont eu ce rare courage de le mentionner, de faire ce choix, se soumettre à Dieu et à ses lois divines.

Des hommes et des femmes ont ainsi jalonné l’histoire de notre pays. Ils ont obéi à leur conscience pour éviter des carnages ou des tortures inutiles en temps de guerre comme ce geste exemplaire du « général Jacques Pâris de Bollardière, responsable du secteur de l’Atlas blidéen, [qui] fait sensation en annonçant par voie de presse en quelles circonstances il a été amené à renoncer à son commandement. Ancien des Forces françaises libres, parachuté dans le maquis en 1944, il acquiert la conviction, au spectacle des atrocités nazies, que la torture est le propre des régimes totalitaires ».  Il faut du courage à ces médecins, à ces maires ; il faudra du courage demain à ces instituteurs de refuser l’application de lois qui enfreignent « la conscience délicate et sacrée de l’enfant ».

[1] Vincent Peillon, Une religion pour la République : La foi laïque de Ferdinand Buisson », Éd. du Seuil, 2010, page 277

[2] La théorie queer est une idéologie qui postule que la sexualité, mais aussi le genre — masculin, féminin ou autre — d’un individu ne sont pas déterminés exclusivement par son sexe biologique (mâle ou femelle), mais également par son environnement socio-culturel, par son histoire de vie et par ses choix personnels

 

 

Vers une éducation sexuelle précoce à l’école ? Comment s’y retrouver ?

Initialement publié sur PEP'S CAFE ! :
« Éduquer », c’est « prendre soin ». Et donc respecter le rythme de développement affectif de l’enfant et de l’adolescent…Enfant par Alejandro Lizardo A quelques jours de la rentrée scolaire, et ce, depuis l’été 2018, la polémique enfle autour des déclarations récentes de la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et…

Voilà un article de notre partenaire très documenté, sérieux, étayé obligeant cependant à une très grande forme de vigilance, de prudence, de circonspection, car les contre attaques de la ministre plutôt secrétaire d’état n’occultent en rien et au-delà des polémiques, les suspicions, les défiances et les craintes légitimes des parents… mais pourquoi donc s’occuper se préoccuper de vie sociétale à l’école alors que la fonction de l’école est bien de transmettre de la connaissance…Bientôt il sera plus important de connaitre le sexe genré que de savoir calculer et compter, ce qui est une aberration sans nom et je pèse ici avec beaucoup de nuances mes mots…. Laissons aux Parents le soin de transmettre le respect de l’autre plutôt que d’arracher leurs enfants à je ne sais quel stéréotype pour en imposer d’autres via le totalitarisme des idéologies issues des études sur le genre…

PEP'S CAFE !

« Éduquer », c’est « prendre soin ». Et donc respecter le rythme de développement affectif de l’enfant et de l’adolescent…
Enfant par Alejandro Lizardo

A quelques jours de la rentrée scolaire, et ce, depuis l’été 2018, la polémique enfle autour des déclarations récentes de la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Cette dernière avait annoncé, le 18 juillet sur RMC (1), l’envoi à la rentrée (en collaboration avec le ministre de l’Education nationale) d’une nouvelle circulaire à tous les recteurs d’académie afin d’appliquer la « loi [de 2001] qui existe déjà et qui n’est pas mise en œuvre », dans le but, notamment, de lutter contre le sexisme, le harcèlement de rue et la culture du viol. Cette loi dispose qu’« une information et une éducation à la sexualité (soient) dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et…

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« Gender Egalité » et « Création Différences » : Deux visions qui s’opposent

Cette volonté d’atteindre l’égalité à tout prix peut être source en réalité de souffrances et de disharmonie. Ainsi, dans cette revendication du mariage pour tous, pourquoi dénier le droit à tout enfant d’avoir une figure maternelle et paternelle ? Or, c’est justement ce que l’idéologie GENDER entend déconstruire pour annihiler ce droit.  En m’inspirant de René Girard, on peut dire que l’on parvient au totalitarisme lorsque le désir d’égalité poussé à son paroxysme parvient à anéantir le désir de différence.

Je crains que, dans l’identité des genres portée par une idéologie égalitaire, ce n’est ni plus moins que l’être sexué qui soit aboli. L’abolition de l’être dans sa dimension biologique le sera par la force de la loi. Le mouvement Gender est un mouvement idéologique qui porte en lui, disons-le, les germes d’un despotisme  qui finira par codifier, légiférer, décréter. Donnons-nous rendez-vous sur un horizon de temps court pour l’observer, et non quelques décennies pour apprécier les changements qui interviendront au sein de la civilisation.

Un article d’Eric LEMAITRE

« Les solutions totalitaires peuvent fort bien survivre à la chute des régimes totalitaires, sous la forme de tentations fortes qui surgiront chaque fois qu’il semblera impossible de soulager la misère politique, sociale et économique d’une manière qui soit digne de l’homme. »
Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951.

Une forme d’obsession, de prérogatives  exacerbées traversent le monde depuis l’origine des temps et touchant à la dimension de l’égalité. Cette revendication teintée d’équité peut également renvoyer à  une forme de justice dévoyée et paradoxalement de pensée totalitaire.

A partir de la citation du texte d’Hannah Arendt reproduite plus haut, je souhaitais une nouvelle fois aborder les idéologies issues des « gender studies » dans cette perspective, évoquer la tentation forte qui est d’imposer une conception de la civilisation.

Par simplification de langage, le idéologies issues des « gender studies » seront désignées, dans ce qui suit, par le terme « idéologie Gender ».

La philosophe allemande Hannah Arendt définit l’idéologie comme la « logique d’une idée » ; elle enseigne qu’à partir d’un postulat (par extension, je ferai référence aux prémices du Gender « Une femme ne nait pas femme, mais elle le devient »), le totalitarisme se fera toujours fort de donner un sens aux événements et de re-codifier de nouvelles règles pour penser la société dans cette nouvelle dimension de l’égalité pour tous.

Le projet divin associé à la création n’est pas l’uniformité

Cette volonté d’atteindre l’égalité à tout prix peut être source en réalité de souffrances et de disharmonie. Ainsi, dans cette revendication du mariage pour tous, pourquoi dénier le droit à tout enfant d’avoir une figure maternelle et paternelle ? Or, c’est justement ce que l’idéologie GENDER entend déconstruire pour annihiler ce droit.  En m’inspirant de René Girard, on peut dire que l’on parvient au totalitarisme lorsque le désir d’égalité poussé à son paroxysme parvient à anéantir le désir de différence.

Je crains que, dans l’identité des genres portée par une idéologie égalitaire, ce n’est ni plus moins que l’être sexué qui soit aboli. L’abolition de l’être dans sa dimension biologique le sera par la force de la loi. Le mouvement Gender est un mouvement idéologique qui porte en lui, disons-le, les germes d’un despotisme  qui finira par codifier, légiférer, décréter. Donnons-nous rendez-vous sur un horizon de temps court pour l’observer, et non quelques décennies pour apprécier les changements qui interviendront au sein de la civilisation.

Force est ainsi d’observer qu’en Allemagne, des lois liberticides ont été promulguées. Ainsi, « une mère de douze enfants a été condamnée à 43 jours d’incarcération pour avoir refusé d’inscrire trois de ses enfants dans le programme d’éducation sexuelle dans une école primaire locale. »

http://www.christianophobie.fr/breves/allemagne-une-mere-de-famille-nombreuse-chretienne-condamne-a-de-la-prison-ferme-pour-avoir-refuse-les-cours-deducation-sexuelle

Or, à travers l’idéologie Gender, c’est l’être en réalité qui régressera, et je crains qu’il ne s’agisse pas d’une renaissance mais bien d’un déclin absurde du fait d’une transgression des lois divines.

Si une renaissance aberrante de l’homme est ainsi en cours (promesse du Gender), cette renaissance connaitra un effet accélérateur par la biotechnique, susceptible de faire émerger l’individu à multiples identités sexuelles du fait des modifications génétiques qui sont devenues aujourd’hui possibles, altérant, déconstruisant l’origine même de l’identité.

La pensée moderniste et les chantres de la renaissance de l’être dans l’apologie du genre, louent paradoxalement le multiculturalisme, la diversité, tout en appelant à l’égalité. En réalité, c’est l’uniformisation humaine qui se dessine, une nouvelle civilisation du genre qui se construit subrepticement.

D’une certaine manière nous assistons par couches superposées à une forme subtile de processus de sédimentation, à la lente édification des briques de Babel… Nous assistons finalement à un projet de dé- création du projet divin qui fut de créer l’homme et la femme à la fois dans leurs différences et leurs complémentarités.

Pour insuffler l’idéologie du Genre, il me paraît évident qu’au delà de la loi qui décrétera et codifiera les changements sociaux devant intervenir, il faudra bien entendu s’adosser sur l’action publicitaire et faire du Gender Marketing pour modifier les balanciers et les codes sociaux, objets de nos représentations actuelles. Je tiens ici à souligner que, bien entendu, je ne valide nullement la marchandisation du corps féminin que je trouve abject et parfaitement dégradant pour l’image même de la femme.

L’idéologie du Genre finira par s’adosser aux fantasmes d’un marketing totalitaire (eh oui, j’y reviens au mot totalitaire) qui surfera sur les vagues de nouvelles représentations à insuffler à l’ensemble du corps social.

En imposant de nouveaux codes et de nouvelles lectures de la société, le marketing Gender s’est déjà engagé à travers la marchandisation des corps.  Après la femme objet, voici l’homme devenu objet, l’homme androgyne, juste retour du balancier mais forcément dépravant une certaine image de l’être humain en abaissant l’homme à une dimension purement consumériste et narcissique. Narcisse, dans la mythologie grecque, est ainsi fasciné par l’image qu’il renvoie de lui-même, il se désire lui-même, il est tout à la fois le propre sujet de son amour, « l’amant » et « l’objet aimé ». Le marketing Gender est ainsi la promotion d’une forme d’idolâtrie de soi à l’envers d’une relation de deux amants s’attirant dans leurs différences sexuelles.

Force est de reconnaitre que le genre, déstructuration de la civilisation, est une construction philosophique à l’opposé de l’enseignement que nous puisons dans les Ecritures…

En effet, dès la genèse, Dieu sépare les éléments (les eaux/ la terre, la lumière/ la nuit). Dieu crée l’altérité et la diversité, la différence et la complémentarité, en tirant de la cote d’Adam son vis-à-vis à la fois différent et complémentaire, la femme.

Mais l’homme, dans sa séparation comme dans son éloignement avec le Créateur, déconstruit pour uniformiser peu à peu dans le déni définitif de Dieu. L’humanité est viscéralement entrainée sur le principe de l’égalité que le Serpent a soufflé dans les oreilles dès les débuts de la Genèse (ce texte de Genèse ici est particulièrement interpellant).

Le genre est fondamentalement contraire au projet divin qui n’est justement pas l’uniformité. Dieu veut la différence, la diversité et non la monotonie des éléments, l’écologie et l’harmonie, l’interaction des éléments et non l’imbrication qui ne conduiraient à aucune fécondité, aucune fertilité, aucune créativité…

Babel est finalement un univers d’égalités. A son propos, le théologien Steiner partage une intuition intéressante : « Les différences de langue peuvent être interprétées comme une rébellion contre les contraintes de l’universalité non différenciée, une lutte de la diversité contre l’universalité. » Je trouve l’approche particulièrement profonde et nous renvoie aux textes de l’Apocalypse (je fais également référence à la lecture du livre de Philippe PLET Babel ou le culte du bonheur : la modernité décryptée par l’Apocalypse)…

« Vous serez comme des dieux » – Genèse 3.5

Rappelons que le Serpent, tel que le rapporte le livre de la Genèse, voulait l’égalité et le suggérait à Adam et sa Femme Eve dans son programme de déconstruction : « Vous serez comme des dieux… »

« Vous serez comme des dieux » nous renvoie inévitablement au mythe de Prométhée, la folle tentation de l’homme de se mesurer à Dieu, la recherche de l’équivalence, une course effrénée vers l’égalité, un déchainement vers la ressemblance.

Il y a, dans cette poursuite de l’équivalence, une forme de mimétisme exacerbé, une façon de considérer l’altérité comme insupportable, comme injuste. René Girard, penseur et philosophe chrétien, met en évidence une vision conflictuelle de l’imitation qui conduit à voir la différence comme discriminante et profondément injuste.

L’idéologie du genre, adossée à une vision dénaturant la réalité anthropologique de l’humanité, se veut en quelque sorte légitime et réparatrice de cette injustice.

Le programme « gender » fonde en quelque sorte une nouvelle religion, celle de la relativisation qui est une réécriture de l’histoire de l’humanité en imposant et décrétant une vision dénaturant la sexualité homme et femme en la transformant en genre. Le genre remplace le sexe, nous assistons ici à un processus d’évolution sémantique, une NOVLANGUE.

Cette idéologie, selon ses penseurs, se fonde sur une théorie (« études ») qui ne saurait être, bien entendu, contestée, une forme de Ministère de la vérité dans laquelle la science est abusivement sollicitée et que rapporte prophétiquement Georges Orwell, auteur de ce concept de NOVLANGUE.

Le « Vous serez comme des dieux » est ainsi une volonté de dénaturer l’ordre, la dimension écologique de la nature, la réalité des écosystèmes rapportée dans le livre de Job : « La connaissance ultime de la Création, son origine et son point de départ, appartient à Dieu. » (Job 38-39)

Le programme « gender » est, d’une certaine façon, la volonté de transgresser, d’annihiler la différence avec Dieu. L‘idéologie vise ni plus ni moins la déconstruction des rôles de l’homme et de la femme, la modification de l’ordre même de la nature. Ce programme de déconstruction  a débuté dès les origines de l’humanité, dès lors que l’égalité avec Dieu a été insufflée.

Je trouve matière à réfléchir dans les textes de l’apôtre Paul qui ont fait couler beaucoup d’encre. Il est assez étrange de faire ce constat : dès que l’apôtre parle de la femme, beaucoup entendent réfuter l’apôtre sur ce point, lui contestant d’avoir été inspiré.

Aujourd’hui, vu les contextes et en regard des épitres écrits par l’apôtre, je pense que nous ferions peut-être bien de réfléchir à nouveau, non sur une codification à imposer à nos églises, mais sur nos rapports « Homme et Femme ».

De l’Eden à la refonte de l’homme ! Gender et transhumanisme, une vision totalitaire de l’homme

artificial-intelligence-3382507_1920 (1).jpgDe l’Eden à la refonte de l’homme ! Gender et transhumanisme, une vision totalitaire de l’homme

10 février 2014

La conquête contemporaine de l’Eden « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». Le récit du livre de la genèse relate un événement qui semblerait bien à ce jour transcender la dimension de la légende ou du mythe dans laquelle, la bien-pensance matérialiste et conformiste aimerait enfermer ce passage qui fait sans doute partie d’une des dramaturgies mémorables et liée à la culture de l’humanité.

« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que le SEIGNEUR Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. »
Livre de la Genèse chapitre 3.

Nous sommes frappés à l’aune des changements, des bouleversements traversés par l’humanité, d’un changement radical de paradigme, d’une conquête effrénée, accentuée de l’éden perdue. L’homme vit une forme de soif inexorable de ce paradis perdu, cherchant à atténuer sa souffrance, à gommer une forme de fêlure associée à cette rupture avec son créateur. Comment ne pas être frappé à la lecture des transformations sociétales, comment ne pas être étonné à l’aune des mutations technologiques, de cet appétit de l’homme à devenir Dieu.

Fabrice Hadjadj mentionne dans son livre la foi des démons ou l’athéisme dépassé que « Changer de nature fût-ce pour une nature supérieure, équivaut à une destruction de soi » ajoutant que le péché n’est pas de convoiter une absurde égalité avec Dieu, mais de vouloir une certaine similitude avec lui de manière désordonnée ».

La chute de l’homme s’exprime ainsi et également à travers ce comportement déraisonnable de transgresser tous les interdits en consommant jusqu’à la lie ce fruit de la connaissance du Bien et du Mal, de rechercher avec vanité la mémoire de cette éternité, de ce paradis dont l’accès lui a été fermé.

Toutes les idéologies se sont fondées sur ce besoin obsessionnel d’égalité, d’accès absurde à un bonheur sans douleur, en repoussant autant que possible les injustices insupportables ou celles qui même dans l’aberrante méprise pourraient être jugées comme telles, touchant la vie sociale, le corps, le milieu de l’homme.

L’homme a été créé fini, sexué, vulnérable. La chute précipite l’homme hors de l’éden, hors de cette identité qui l’avait conduit dans cette union avec Dieu. Le voici séparé depuis la chute, le voici éloigné en distance à la conquête d’un désir de similitude avec son créateur mais tout en feignant de l’ignorer, de le mettre en distance.

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