Réflexions sur la 5 g, dernière vague de l’emballement techno dans le monde machine

Nos lecteurs savent que nous ne faisons pas partie de la Société des Amis du Monde, l’organe central de la technocratie. Nous ne quémandons jamais la faveur d’une tribune dans ses pages « Débats », mais nous avons accepté pour la troisième fois en vingt ans, de répondre aux questions d’un de ses journalistes. Les deux premières fois, il s’agissait des nanotechnologies et de la tyrannie technologique ; cette fois de la 5G et du monde-machine.
L’article du Monde (« Protection de la santé, lutte contre le consumérisme… Pourquoi une partie de la gauche s’oppose à la 5G », 18/08/20 – à lire ici) vise essentiellement à valoriser les parasites et récupérateurs du type Piolle et Ruffin. Il n’était pas question que notre entretien paraisse in extenso. Raison de plus pour le publier nous-mêmes en ligne.

Article extrait et à lire sur : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=1344

Nos lecteurs savent que nous ne faisons pas partie de la Société des Amis du Monde, l’organe central de la technocratie. Nous ne quémandons jamais la faveur d’une tribune dans ses pages « Débats », mais nous avons accepté pour la troisième fois en vingt ans, de répondre aux questions d’un de ses journalistes. Les deux premières fois, il s’agissait des nanotechnologies et de la tyrannie technologique ; cette fois de la 5G et du monde-machine.
L’article du Monde (« Protection de la santé, lutte contre le consumérisme… Pourquoi une partie de la gauche s’oppose à la 5G », 18/08/20 – à lire ici) vise essentiellement à valoriser les parasites et récupérateurs du type Piolle et Ruffin. Il n’était pas question que notre entretien paraisse in extenso. Raison de plus pour le publier nous-mêmes en ligne.

Le Monde : Comment expliquez vous l’opposition croissante à la 5G et que des partis de gouvernement se joignent à ce combat qui était encore marginal il y a quelques mois ?

Pièces et main d’œuvre : La 5G est la dernière vague de l’emballement technologique qui, depuis 50 ans, accélère l’incarcération de l’homme-machine dans le monde-machine. Comme à chaque étape, une minorité refuse l’injonction à « vivre avec son temps », ainsi que la déshumanisation et la dépossession par l’automatisation.
Cette minorité – méprisée par la technocratie et ses porte-paroles médiatiques – s’est fait entendre plus que d’ordinaire à l’occasion du déploiement à marche forcée des compteurs-capteurs Linky. Nous avons animé des dizaines de réunions publiques à travers la France, réunissant des publics de plus de 100 personnes (avec des pointes à 300), même dans des villages, où s’exprimait ce refus du premier objet connecté imposé (voir ici). Si la presse nationale a longtemps ignoré ce mouvement démarré en 2016, puis l’a tourné en dérision (en gros, un mouvement de « ploucs » ignorants), une revue de la presse locale entre 2016 et 2019 donne un aperçu de l’ampleur et de l’intensité de ces débats avec des « gens normaux », non militants – d’abord surtout des retraités, puis de plus en plus de jeunes.
Après des années d’enquête sur la smart city, la ville-machine et la société de contrainte , nous, Pièces et main d’œuvre, avons été les premiers surpris par ce mouvement de fond. Lequel ne s’est pas arrêté avec le déploiement de Linky, mais a élargi sa réflexion au gaspillage énergétique de la société électrique, à la société-machine et à la 5G, indispensable à l’interconnexion des milliards d’objets connectés censés fonctionner à notre place.

Cette opposition s’enracine dans des décennies de contestation de la société industrielle – au moins depuis les luttes anti-nucléaires des années 1970, lorsque des dizaines de milliers de manifestants scandaient : « société nucléaire, société policière » (cf. Malville, 31/07/1977). Défense de la nature et de la liberté : les deux sont indissociables et se conjuguent également dans le refus du monde-machine et de la 5G. C’est qu’en cinquante ans, bien des esprits ont pu mesurer les dégâts du progrès technologique sur la nature et la liberté.

Les Verts d’EELV ont méprisé cette vague, avant d’en mesurer l’ampleur et de tenter de s’y raccrocher. Eric Piolle, maire EELV de Grenoble et ingénieur, tient un discours anti-5G opportuniste, en contradiction avec le soutien de sa municipalité et de la métropole aux projets de smart city et d’Internet des Objets, ou avec l’implantation sur son territoire d’un centre de recherche de Huawei, champion chinois de la 5G, dont les élus se félicitent (voir ici) . Ils ne sont pas écologistes mais technologistes, et comptent sur la « planète intelligente » interconnectée pour rationaliser/rationner les ressources résiduelles : c’est l’Enfer Vert .
Quant à la gauche, y compris le fakir Ruffin, elle tente de surfer sur la vague verte pour mieux la dévier vers son anticapitalisme foncier. Les centrales nucléaires, la cybernétique et la 5G, d’accord, mais « entre les mains des travailleurs » et du service public. Ils n’ont jamais renoncé au projet « CyberSyn » (Synergie cybernétique) du Chili socialiste d’Allende.

Notez que la base sociale de cette gauche progressiste et d’EELV, c’est la classe technocratique (ingénieurs, chercheurs, cadres, entrepreneurs, etc), qui n’a aucun intérêt à la remise en cause de l’organisation techno-scientifique du monde. Voilà pourquoi ses critiques de la 5G se bornent aux « risques sur la santé » et à la « fracture numérique ». Elle s’accommoderait fort bien d’une 5G « saine » et accessible à tous.
Quant à nous, nous ne voulons pas seulement supprimer les nuisances (écologiques et sanitaires), encore moins les « encadrer » à l’aide de « normes », mais combattre l’expansion du techno-totalitarisme.

Malgré les différences de fond que vous soulignez, les prises de positions des Verts ou de Ruffin peuvent-elles servir un discours et une méthode plus radicale comme celle que vous prônez ?
Subsidiaire : beaucoup de cadres écolos se réclament d’Ellul, est-ce du « braconnage » ?

Les oscillations d’EELV et des partis de gauche ne servent au mieux que de baromètre et de symptômes. Quand la température monte et que l’opinion prête l’oreille à la critique radicale des anti-industriels (alias luddites, naturiens, naturistes, décroissants, etc.), les politiciens arrivistes (type Brice Lalonde, Noël Mamère, Dominique Voynet, Dufflot-Placé, etc.), et les petits appareils récupérateurs (vous avez le carnet d’adresses), s’accaparent leurs thèmes pour les détourner au profit de leurs carrières personnelles et de leur projet technocratique collectif. « Green New Deal » (EELV), « planification écologique » (France Insoumise), « alliance rouge-verte », etc.
L’histoire du mouvement écologiste – c’est-à-dire anti-industriel – est criblée de ces pillages, déjà dénoncés en leur temps par Ellul et Charbonneau. Voyez Le Feu Vert. Autocritique du mouvement écologique de Bernard Charbonneau (1980) : « Le virage écologique ne sera pas le fait d’une opposition très minoritaire, dépourvue de moyens, mais de la bourgeoisie dirigeante, le jour où elle ne pourra faire autrement. » Opinion partagée par André Gorz dans Ecologie et liberté (1977).

Les cadres Verts (Bové, Mamère ou le néo-maire de Bordeaux) qui se réclament d’Ellul le falsifient à temps plein – ne serait-ce qu’en prétendant exercer le pouvoir : « L’écologie n’a rien à gagner à se transformer en parti politique et à se livrer au combat électoral (…) Il manque aux écologistes une analyse globale du phénomène technique et de la société technicienne » (J. Ellul, P. Chastenet, A contre-courant. Entretiens (1994)).
Et encore : « Il faut radicalement refuser de participer au jeu politique, qui ne peut rien changer d’important dans notre société. Je crois que l’anarchie implique d’abord l’ »objection de conscience » (…) qui doit s’étendre à toutes les contraintes et obligations imposées par notre société. » (J. Ellul, Anarchie et christianisme (1988))
Ils sont « elluliens » comme Guy Mollet était « marxiste ».

Loin de servir nos idées – les idées écologistes – ces piratages politiciens sont un obstacle : ils brouillent les idées et embrouillent les esprits. Sur les nanotechnologies, que nous avons dès l’abord dénoncées (nous, Pièces et main d’œuvre) comme l’entrée dans le nanomonde et le transhumanisme (une rupture anthropologique, tout de même, que tout confirme à vitesse accélérée ), les Verts ont falsifié nos alertes et nos enquêtes pour les réduire aux sempiternels « risques sanitaires » et réclamer un encadrement de la pollution aux nanoparticules – tout en votant à Grenoble les délibérations pour la construction de Minatec (voir ici et ), premier pôle européen des nanotechnologies (inauguré en 2006). Ils nous expliquaient alors que « les gens seraient plus sensibles aux arguments de la santé et du coût financier ». Même calcul pour la 5G. Nous refusons ce mépris des « gens » : nous leur faisons confiance pour saisir le mouvement profond de machination de nos vies, de nos corps, du monde et de la société – dont ils se plaignent d’ailleurs chaque fois qu’on les écoute vraiment, avec patience et attention.

Quant à Ruffin, nous le connaissons assez pour jauger sa sincérité écologiste (voir ici). Après avoir défendu l’industrie du PVC (contre la fermeture de sites Arkema), productrice de cancers en masse chez les salariés et le voisinage de notre vallée du Grésivaudan, il est revenu à Grenoble soutenir l’usine Ecopla dont nous demandions la fermeture, en dépit des ravages que l’aluminium inflige aux vallées alpines et à leurs habitants depuis des décennies. Maintenant que monte la marée verte, notre surfeur tente de chevaucher la vague de la décroissance et d’embobiner les bonnes volontés au service de son fabuleux destin. Croire que sa notoriété et son chalutage médiatique serviraient la cause de la nature et de la liberté, reviendrait à confier au chasseur la défense du loup.

Voilà pourquoi nous n’avons jamais compté que sur nos propres forces, et sur celle de nos idées, pour exposer les motifs de notre insoumission au monde-machine. Et nombre de vos lecteurs le savent parce qu’ils les partagent plus ou moins : nos idées circulent de façon incomparablement large au regard de nos forces (enfin, de notre faiblesse), hors de toute organisation, de tout parti, de tout réseau d’influences, de toute connivence des mass media. C’est la vie.

Propos recueillis par Abel Mestre
août 2020

Lire aussi :

L’étrange tyrannie

Pour reprendre les mots du philosophe et physicien Etienne Klein, citant Albert Camus, « l’épidémie est une étrange tyrannie ». Une tyrannie reflet des mesures qui ont été prises, celle d’un confinement obligé, nous contraignant à prendre nos distances, à nous éloigner de cette vie en société, enfermée à nous-mêmes en quelque sorte. Etienne Klein nous éclaire sur ce sentiment de tyrannie qui résulte de cette pandémie, en soulignant une forme d’aliénation et de reconfiguration de notre vie sociale réduite à n’être recentrée qu’à une forme de repli dans un espace réduit, tandis qu’en temps normal, notre espace ne contenait en soi ou virtuellement aucune limite. Pendant ce temps : avant le confinement ; nous rappelle Etienne Klein, nous vivions socialement plusieurs espaces, celui de notre foyer, de notre bureau, de notre atelier, de l’école, du square où vont jouer nos enfants ou petits-enfants, nous étions finalement habitués à vivre dans différentes sphères qui nous ont appris la socialisation, la rencontre avec l’autre : « D’ordinaire… » nous précise Etienne Klein, « notre vie se répartit sur différents pôles – professionnel, familial, amical, social – que chacun d’entre nous pondère comme il peut ou comme il veut. Mais en période de confinement, cette pondération se trouve reconfigurée, pour le meilleur ou pour le pire. Nous nous retrouvons mariés de force, en quelque sorte, avec nous-mêmes, obligés d’inventer une nouvelle façon de nous sentir exister, d’être au monde et d’être avec les autres. Et au fur et à mesure que les semaines passent, constatant la liste interminable des bouleversements radicaux qu’induit le petit coronavirus, nous éprouvons le sentiment de ce qu’Antonin Artaud appelait une « espèce de déperdition constante du niveau normal de la réalité ». Le normal se laisse contaminer (c’est le mot !) par l’anormal qui, du même coup, devient peu à peu la norme. ».

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Auteur Eric LEMAITRE

Pour reprendre les mots du philosophe et physicien Etienne Klein, citant Albert Camus, « l’épidémie est une étrange tyrannie ». Une tyrannie reflet des mesures qui ont été prises, celle d’un confinement obligé, nous contraignant à prendre nos distances, à nous éloigner de cette vie en société, enfermée à nous-mêmes en quelque sorte. Etienne Klein nous éclaire sur ce sentiment de tyrannie qui résulte de cette pandémie, en soulignant une forme d’aliénation et de reconfiguration de notre vie sociale réduite à n’être recentrée qu’à une forme de repli dans un espace réduit, tandis qu’en temps normal, notre espace ne contenait en soi ou virtuellement aucune limite. Pendant ce temps : avant le  confinement ; nous rappelle Etienne Klein, nous vivions socialement plusieurs espaces, celui de notre foyer, de notre bureau, de notre atelier, de l’école, du square où vont jouer nos enfants ou petits-enfants, nous étions finalement habitués à vivre dans différentes sphères qui nous ont appris la socialisation, la rencontre avec l’autre : « D’ordinaire… » nous précise Etienne Klein, « notre vie se répartit sur différents pôles – professionnel, familial, amical, social – que chacun d’entre nous pondère comme il peut ou comme il veut. Mais en période de confinement, cette pondération se trouve reconfigurée, pour le meilleur ou pour le pire. Nous nous retrouvons mariés de force, en quelque sorte, avec nous-mêmes, obligés d’inventer une nouvelle façon de nous sentir exister, d’être au monde et d’être avec les autres. Et au fur et à mesure que les semaines passent, constatant la liste interminable des bouleversements radicaux qu’induit le petit coronavirus, nous éprouvons le sentiment de ce qu’Antonin Artaud appelait une « espèce de déperdition constante du niveau normal de la réalité ». Le normal se laisse contaminer (c’est le mot !) par l’anormal qui, du même coup, devient peu à peu la norme. ».

A l’heure de ce déconfinement en ce joli mois de mai, nous sommes toujours tenus à la distanciation sociale et lors de nos rassemblements condamnés à respecter un nouvel espace le quatre m², en somme une redéfinition de nos droits, une reconfiguration de l’espace vital, un nouveau territoire social pour assurer notre survie, un nouveau « Lebensraum[1]» de cette nouvelle ère civilisationnelle. Une drôle de tyrannie vient comme nous envelopper et docilement, nous nous accoutumons à ce vêtement protecteur que nous offre l’étrange tyrannie.

L’épidémie est en effet une « étrange tyrannie » conduisant également notre humanité désespérée à rechercher tous les moyens, de contrôler sa propagation quitte à renoncer à sa liberté.  J’avais ce 27 mai 2020, le sentiment étrange que nos députés convoqués pour un débat à l’Assemblée nationale, consentaient pour une grande majorité d’entre eux à ouvrir une boite de pandore, en acceptant la possibilité de rogner sur le périmètre des libertés de leurs sujets.

Le 27 mai à l’Assemblée nationale, une large majorité des députés après débat, s’est effectivement prononcée favorablement à la diffusion de l’application Stop-Covid, une application de traçage des relations sociales des individus permettant de répertorier les personnes testées positives et avertir celles qui sont entrées en contact avec elles, enfreignant la loi de l’espace vital, « le Lebensraum » ou la fameuse distanciation sociale, érigée comme une nouvelle règle salutaire. Rappelons que les députés n’avaient pas été appelés au cours de cette soirée du 27 mai à se prononcer sur une loi à proprement parler, mais bien sur une déclaration du gouvernement[2].  Même si la démarche gouvernementale était en soi consultative, celle-ci révélait une bien étrange atmosphère. La tension dans l’hémicycle du Palais Bourbon, était quasi palpable. Au sein de la chambre parlementaire, nous assistions parfois à de belles joutes oratoires, notamment à cette diatribe du tribun et député Jean-Luc Mélenchon, exprimant la méfiance, fustigeant l’applicatif. D’autres députés en revanche ont approuvé l’applicatif en la louangeant, en valorisant la souveraineté numérique européenne enfin conquise, faisant toutefois oublier que GAFAM ou non, l’applicatif n’est que le premier étage d’un monde potentiellement liberticide.

L’applicatif Stop-Covid est sans doute la première ouverture d’une boite de pandore, j’espère parvenir à vous en convaincre au fil de ces lignes. 

Dans l’après-midi de ce 27 mai, je décidais grâce à la chaine de télévision parlementaire d’assister à ces débats, de prendre note de ces échanges entre parlementaires. J’étais poussé par cette curiosité malicieuse de comprendre la façon dont l’application était argumentée pour emporter le vote des députés. Certainement, vous me classerez parmi les technophobes qui de toute façon, sont acquis à défendre une position de réfutation, d’objection contre toutes les formes de recours technologique visant à superviser, tracer et mettre en quelque sorte en filature les personnes infectées. Vous m’objecterez probablement ce paradoxe de défendre la fragilité et finalement d’accepter la circulation morbide du virus.  A cela je répondrais ceci, en reprenant approximativement la parole du philosophe André Comte-Sponville[3] cité par le député Jean-Luc Mélenchon « vaut mieux-t-il mourir en pays libre ou rester vivant dans un pays totalitaire qui m’aurait ôté, aliéné ma part d’humanité ? ».

Je notais ainsi parmi les députés prenant la parole pour partager la position de leur groupe parlementaire, des attitudes à nouveau circonspectes et pleines de pertinence indiquant cette dimension de cache-misère qui entoure l’applicatif, son inefficacité potentielle, un recours à un traçage qui en réalité s’avérera inopérant. En effet une grande majorité de la population n’adhérera sans doute pas à ce type de dispositif ou bien n’ont pas la possibilité de télécharger l’applicatif à partir d’un mobile dont ils ne sont pas équipés. Parmi cette population non-détenteurs de mobiles : les personnes potentiellement concernées par des cas d’infection liés au virus, figurent comme celles qui sont manifestement les plus âgées. Pour un nombre significatif de ces personnes selon une étude publiée par le Credoc, elles ne sont pas équipées de smartphone[1], en conséquence non concernée par l’applicatif.


[1] Source Etude Crédoc : Le taux d’équipement en téléphone mobile est corrélé principalement à l’âge quasiment tous les 18-39 ans possèdent un téléphone mobile (98%), et cette proportion décroit très fortement chez les 70 ans et plus (71%).

Toujours à l’écoute de ce débat vif et tendu, je souriais en entendant ces députés vantant l’applicatif. Parmi eux, des députés qui se prêtent à rêver l’humanisme du XXIe siècle. Ce rêve de nouvel humanisme, omet nonobstant que toute nouvelle solution technologique peut conduire subrepticement à des souhaits de totalisation pour maitriser la létalité d’un phénomène, quitte demain à priver le citoyen de sa liberté, en conséquence une partie de son humanisme[5] comme de son humanité. C’est en ce sens que j’appréciais la colère de Jean-Luc Mélenchon qui évoquait l’intrusion et l’indiscrétion d’une solution technologique de traçage qui l’aurait surpris d’embrasser une femme croisée sur son chemin.

Ainsi les outils numériques cachent des usages sûrement totalitaires même s’il faut en convenir que tous ces outils ne sont pas en soi mauvais, mais peuvent aussi s’avérer efficaces pour améliorer des chaines de solidarité. Mais croire qu’un applicatif suffit pour tirer l’humanité d’un péril n’est en réalité qu’une forme de dissimulation d’une tout autre réalité qui voile « l’étrange tyrannie » qui se dessine ingénieusement au sein même de notre société. Car gageons ceci, l’applicatif Stop-Covid sera sans efficacité, mais il s’intègre malgré tout, comme un cheval de Troie, nous faisant entrer dans une forme subtile d’habituation à ces technologies de plus en présentes. Des technologies qui tracent, mais ne trackent pas encore, qui se veulent consentantes, mais non rendues obligatoires pour tous.  Nous assistons cependant à une forme de développement des bras et de déploiement tentaculaire de la pieuvre numérique, qui s’installe dans le quotidien de nos usages, de nos vécus. Lorsque le ministre Olivier Veran martèle à l’Assemblée nationale qu’« Il nous faut contrôler par tous les moyens les résurgences de l’épidémie par une identification des personnes contaminées », indiquant que « L’épidémie n’est pas terminée »,  ajoutant que « le numérique peut nous aider encore davantage ». Le ministre de la Santé nous confesse ainsi sa confiance dans ce nouvel allié virtuel à des fins de déjouer la diffusion de la pandémie. Ce ministre croit-il cependant et sérieusement aux nouvelles vertus de cette technologie pour déjouer les plans de la Reine Corona. Le gouvernement semble pourtant mettre son espoir dans ce moyen de remonter finalement le chainage de la pandémie tout en nous rassurant, répétant inlassablement qu’il n’y a ni tracking, ni géolocalisation. Oui, mais tout cela, tous ces discours autour de ces applicatifs révèlent une forme d’expertise quasi totalitaire pour installer au sein de notre monde « l’étrange tyrannie ». Imagine-t-on ainsi le téléchargement de l’applicatif en milieu rural comme ce fut évoqué lors des débats à l’Assemblée nationale et des conséquences induites de cette application qui serait alors susceptible de concourir à la stigmatisation des personnes atteintes par l’infection liée au Covid. Assurément l’applicatif est voué à un quasi-échec. Cette consultation organisée par le gouvernement simultanément auprès des deux chambres, l’Assemblée nationale et le sénat ; est l’annonce d’un coup d’épée dans l’eau. L’application « Stop-Covid », est en effet pareille à l’épée, une forme de prétendue arme intelligente qui symbolise la toute-puissance de l’état régalien, sa force, pour combattre notre ennemi. Mais nous parions que cet applicatif sera comme un coup d’épée dans l’eau qui ne détruira pas la chaine de contamination et s’avérera comme déjà écrit plus haut, un cache misère de l’impuissance jacobine à combattre le fléau envoyé par le messager de la Reine Corona. 

Pour le député Charles de Courson, avec cet applicatif, « nous sommes face à un véritable pacte faustien ». Nous sommes sur le point de consentir et d’accepter d’être tracés pour échapper à la mort afin de vaquer à une vie quasi artificielle, embrigadés, une vie quasi régulée, orientée au gré de nos déplacements, de nos occupations.  

Sommes-nous cependant prêts à nous abandonner entre les mains d’une tyrannie douce pour notre seule sécurité sanitaire ou confort existentiel, « Sommes prêts à vouloir plus d’État protecteur et moins finalement de responsabilité individuelle ? [6]», sommes-nous prêts à renoncer à une partie de ces libertés cardinales au profit d’un traçage de nos déplacements ? L’étrange tyrannie s’installe, nous serions tentés d’évoquer l’émergence d’une tyrannie moderne fondée sur un triptyque : la science, la technologie, l’idéologie. Le philosophe de l’histoire Jacob Burckhardt, avait eu cette formule qui m’interpelle « Vivant au milieu des poètes ou des savants, le tyran se sent sur un terrain nouveau, il est presque en possession d’une nouvelle légitimité ». Le président Emmanuel Macron n’est pas à mes yeux un nouveau tyran, mais confier le destin politique de la France entre les mains de la seule science et de la technologie avec cette foi dans la dimension idéologique du progrès pourrait manifestement le conduire à cette tyrannie qu’il ne désirait pas en début de son mandat. Cependant jamais depuis une décennie, nous n’avons autant assisté subrepticement à une entame sérieuse de la liberté d’exprimer une opinion même si celle-ci est entachée d’erreur. Mais qui peut prétendre détenir le ministère de la vérité ? Le ministère de la vérité, ce fameux ministère de la propagande dans le roman 1984 de George Orwell. Mais à force d’interdire, d’encadrer la parole et de la soumettre à la seule autorité des experts, nous sommes en passe d’accepter la tyrannie de l’expertise technique, administrative et scientifique. La crise sanitaire sans oublier la crise sociale ou climatique nous contraignent aujourd’hui à accepter comme une nécessité, cette perversion de la vie sociale liée à l’émergence d’un haut conseil scientifique instrumentalisé. Le haut conseil qui dit ce qui est vrai et ce qu’il ne l’est pas. La science ne devrait pas accepter d’être l’instrument du pouvoir, elle devrait exprimer un droit de réserve, elle devrait être consulté, tout en restant d’une extrême humilité en promouvant autant que possible « le je ne sais pas ».

Revenons à l’applicatif du fameux Stop-Covid et nul besoin d’être prophète pour indiquer que cela ne fonctionnera pas. Cependant face à une deuxième vague pandémique qui n’est pas à ce jour exclue, il n’est pas inenvisageable de rechercher des moyens coercitifs d’imposer à la population non seulement un nouveau confinement qui s’imposera par la peur[7], mais éventuellement d’imposer à la population de se faire vacciner si un nouveau vaccin était identifié. Navré cher lecteur de vous faire sursauter, mais si vous connaissez la fenêtre d’Overton[8], une forme de parabole qui désigne toutes les idées inacceptables au départ et qui finirent par gagner l’opinion au point de devenir populaires, passant ainsi de l’impensable au radical.  Le pacte faustien évoqué par le député de la Marne Charles de Courson, c’est finalement, consentir à être privé de sa liberté, consentir l’inacceptable, l’impensable, le radical, du fait d’une menace qui pèse et met en joue la survie même de l’espèce humaine. La tyrannie moderne ne s’embarrassera pas de faire appel à la science, la technique et l’idéologie pour imposer son étrange absolutisme, une vision plus coercitive pour imposer à l’humanité la solution technologique qui pourrait non plus tracer les populations, mais bien de les tracker, de les géolocaliser et de les soumettre à son pouvoir pour imposer de nouveaux codes sociaux, empêchant via le « solutionnisme technologique [9]» sans doute l’effondrement de son système économique et sanitaire. La technologie toute puissance, la gestion des algorithmes, les avancées dans les domaines du tatouage quantique autorisent à ce jour des possibilités de contrôle des populations qui seraient éventuellement protégées par le vaccin et celles qui n’accepteraient pas la vaccination.  Ces moyens coercitifs existent et ils seront appliqués sans peine, ne l’avons-nous pas expérimenté au cours de ces derniers mois avec l’obligation de montrer patte blanche, d’indiquer l’origine de son domicile avec présence d’un QR Code sur son smartphone.

L’œuvre de Evgeny Morozv chercheur et écrivain américain nous permet d’appréhender dans ces contextes avec un esprit critique, le solutionnisme technologique une autre forme idéologique du transhumanisme comme étant une parfaite impasse en regard de nos aspirations à vivre intégralement notre liberté de conscience qui est celle de consentir ou non à un mode de vie, un choix de vie. Le solutionnisme pourrait bien être embrassé aujourd’hui par cette forme de tyrannie moderne, puisque ce courant de pensée technologique se déclare capable de résoudre l’ensemble des problèmes de l’humanité : sanitaires, climatiques, terroristes et également crises sociales. Le développement ainsi de l’intelligence artificielle, des nouveaux modèles statistiques, des nouveaux applicatifs quantiques seraient en mesure à elle seule, d’apporter des réponses efficientes aux défis suscités par les crises et notamment pandémiques autorisant ainsi l’avancée d’une société totalement sous contrôle, surveillée. Cette société convertie au solutionnisme technologique existe bel et bien. L’archétype, l’étalon le représentant du solutionnisme technologique est l’état chinois.  La chine tyrannique soumet ainsi son peuple à ces trois lois autocratiques : la science, la technique et l’idéologie. Ainsi le climat sanitaire particulièrement mortifère pourrait conduire l’Europe via le modèle chinois à infantiliser la population, ce qui pourrait inévitablement nous conduire à des lois liberticides imposant peut-être à celles et ceux qui ne les auraient pas acceptés, de ni vendre, ni d’acheter. Le solutionnisme technologique rend possible par tout moyen biométrique d’identifier ceux qui se sont conformés ou non aux mesures déclinées par cette nouvelle de tyrannie qui appréhendant ou redoutant les effets de cette contagion serait dès lors contrainte d’aller vers des dispositifs extrêmes.

Je conclus donc cette chronique avec la pensée de Jacques ELLUL[10] immense auteur : 


« … chaque progrès technique est destiné à résoudre un certain nombre de problèmes. Ou, plus exactement : en face d’un danger, d’une difficulté précise, limités, on trouve forcément la réponse technique adéquate. Ceci provient de ce que c’est le mouvement même de la technique, mais répond aussi à notre conviction profonde, générale dans les pays développés, que tout peut être ramené à des problèmes techniques. Le mouvement est alors le suivant : en présence d’un problème social, politique, humain, économique, il faut l’analyser de telle façon qu’il devienne un problème technique (ou un ensemble de problèmes techniques) et à partir de ce moment-là, la technique est l’instrument adéquat pour trouver la solution. »

[1] Lebensraum : L’autre nom donné à l’espace vital, un concept géopolitique inventé par des géographes allemands au XIXe siècle, puis adopté par le régime Nazi.

[2] Déclaration du gouvernement : « relative aux innovations numériques dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 », conformément à l’article 50-1 de la Constitution

[3] André Comte-Sponville: « J’aime mieux attraper le Covid-19 dans un pays libre qu’y échapper dans un État totalitaire »

[4] Source Etude Crédoc : Le taux d’équipement en téléphone mobile est corrélé principalement à l’âge quasiment tous les 18-39 ans possèdent un téléphone mobile (98%), et cette proportion décroit très fortement chez les 70 ans et plus (71%).

[5] Au sens de civilisation, ce qui fait en partie la civilisation, c’est notre capacité à rejoindre l’autre, faisant société avec lui.

[6] Citation reprise lors de l’intervention du député Charles de Courson le 27 mai 2020 lors de son intervention à l’assemblée nationale au moment de la présentation par le gouvernement de l’application Stop-Covid.

[7] Le gouvernement le décrétera sans problèmes si cette deuxième vague venait à saturer les services médicaux.

[8] Lire le livre la déconstruction de l’homme parue aux éditions Lumière en 2018 où le principe touchant à la fenêtre d’Overton est très largement décrit.

[9] Référence à : L’aberration du solutionnisme technologique de Evgeny Morozo

[10] Jacques Ellul, Le Bluff Technologique page 112 aux Éditions Pluriel publié en 2012.

Intelligence artificielle et confinement… le futur cybernétique

Avec l’avènement du Covid 19 qui a fait son entrée dans le monde nous sommes face à un  tsunami terrifiant de désocialisation de la société prolongée par ces vagues répétées liées aux mesures de confinement.  Mais pour sortir du confinement  se met en place  un ensemble de réflexions devant conduire, à la régulation de la vie sociale légitimée par la crise sanitaire, mais là aussi n’allons-nous pas nous habituer à une forme de conditionnement autoritaire des esprits, une domestication et l’apprentissage de tous, puis en fin de compte à accepter demain le couronnement de la cité cybernétique, celle d’une gouvernance hyper technicisée au moyen d’algorithmes gérant toutes les activités humaines,  les pistant, autorisant ou non nos bons de sorties  …  Ne sommes-nous pas là en train d’ouvrir tout simplement la boite de Pandore ?
Eric LEMAITRE Auteur de l’essai, l’homme mécanisé paru en décembre 2019

Avec l’avènement du Covid 19 qui a fait son entrée dans le monde nous sommes face à un  tsunami terrifiant de désocialisation de la société prolongée par ces vagues répétées liées aux mesures de confinement.  Mais pour sortir du confinement  se met en place  un ensemble de réflexions devant conduire, à la régulation de la vie sociale légitimée par la crise sanitaire, mais là aussi n’allons-nous pas nous habituer à une forme de conditionnement autoritaire des esprits, une domestication et l’apprentissage de tous, puis en fin de compte à accepter demain le couronnement de la cité cybernétique, celle d’une gouvernance hyper technicisée au moyen d’algorithmes gérant toutes les activités humaines,  les pistant, autorisant ou non nos bons de sorties  …  Ne sommes-nous pas là en train d’ouvrir tout simplement la boite de Pandore ?

Eric LEMAITRE socio-économiste : Auteur de l’essai, l’homme mécanisé paru en décembre 2019

 

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Patrick Joubert, CEO de Ponicode et membre fondateur de Covid-IA.

Pour lire l’article cliquez sur le lien : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-lintelligence-artificielle-au-service-du-deconfinement-1192769

Face à une pandémie inédite, l’intelligence artificielle (IA) peut nous permettre d’inventer les scénarios de déconfinement les plus efficaces. L’initiative Covid-IA, portée bénévolement par des médecins, des chercheurs et des experts en IA, propose de participer à la réflexion de modélisation des différentes sorties de crise.

Nous devons inventer de toutes pièces le modèle de déconfinement qui caractérisera la sortie de crise. L’intelligence artificielle peut nous aider à relever ce défi. Nous pouvons disposer actuellement de trois types de données : les données démographiques, les données relatives aux personnes malades ou aux patients porteurs ou suspectés (comme le propose la solution de télésuivi à domicile Covidom développée par l’AP-HP et Nouveal e-santé) et les données de localisation qui peuvent nous être fournies – de manière agrégée, donc anonyme – par les opérateurs de téléphonie mobile. Les données de localisation nous permettraient, par exemple, de savoir où les personnes se trouvaient la semaine avant le confinement, quels contacts éventuels elles ont pu avoir avec des sujets potentiellement vecteurs du virus.

Utiliser les données passées pour modéliser l’avenir

Grâce à ces données, que l’on peut qualifier d’« historiques », nous pouvons alimenter et entraîner des algorithmes de machine learning qui parviendront à créer des modèles stables et performants. Ces modèles nous expliqueront comment la pandémie s’est propagée et comment elle évoluera en fonction des plans de déconfinement.

Si nous enrichissons les modèles créés par les algorithmes de machine learning avec des informations de très haute qualité, directement fournies par les citoyens en mode « opt-in », c’est-à-dire de manière volontaire, via une application mobile, nous pourrons réaliser des prédictions encore plus fines. Les questions consisteraient à savoir quelles personnes ont été malades, où elles se trouvent actuellement et quelles sont les personnes autour d’elles. Les réponses à ces questions permettraient de dire quelles personnes peuvent, ou non, sortir du confinement .

Prenons l’exemple d’un foyer composé d’un couple et de deux enfants. Si une seule personne du foyer se soumet à un test sérologique (analyse d’une goutte de sang), on peut savoir si elle a été en contact avec le Covid-19. On peut supposer que l’ensemble des membres du foyer a été exposé. La technologie nous permet de faire des déductions (on appelle cela l’inférence) avec une grande précision. Dans tous les cas, les hypothèses de transmission sont indissociables d’ une campagne de tests massive (virologiques et/ou sérologiques selon les situations) qu’il faudrait cibler au mieux.

Dans un contexte de pénurie de tests sérologiques, il ne serait donc pas nécessaire de tester l’ensemble de la population française. Grâce à cette connaissance ultrafine, nous pourrions bâtir une stratégie de déconfinement non pas au niveau d’un département, ni d’une commune, mais au niveau d’une personne.

Remettre la vie en marche

Pour éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en désastre économique, nous pourrions appliquer la méthode aux collaborateurs des entreprises et constituer des binômes, des brigades, des équipes composées uniquement de personnes séropositives. On pense en effet, même si les données scientifiques sont encore parcellaires, que les sujets qui ont rencontré le virus développent une immunité antivirale qui pourrait les protéger d’une réinfection, une donnée qu’il faudra établir avec certitude le plus rapidement possible. A l’inverse, les salariés non immunisés (on les appelle des « naïfs ») devront respecter des précautions particulières (ateliers ou bureaux où les gens ne se croisent pas) et bénéficier en priorité de protections individuelles qui font encore cruellement défaut.

L’idée est d’organiser le retour au travail des Français de manière différenciée et de remettre la vie en route avec le Covid-19, qui, quoi qu’il arrive, est présent et restera présent pendant de nombreux mois encore. Tant qu’il n’y a pas de vaccin ni de traitement, il n’y aura pas de solution pour soigner et protéger les gens. L’objectif est donc de déconfiner de manière intelligente, en protégeant les plus fragiles et en évitant la recirculation active du virus, ce qui réexposerait notre système de soins à une nouvelle surcharge. Surtout, cela éviterait de remettre les Français en confinement, ce qui ne serait probablement pas compris.

L’IA permet de raccourcir le temps nécessaire à l’évaluation du pourcentage de la population qui a été confrontée au virus. On estime actuellement que ce pourcentage est compris entre 5 et 10 %. C’est beaucoup trop imprécis et la marge d’erreur est trop importante.

Aujourd’hui, nous nous heurtons à la question suivante : peut-on accéder à toutes ces données ? Nous sommes aujourd’hui en état d’urgence sanitaire. Qu’attendons-nous pour libérer ces données de manière anonyme, pour pouvoir établir une modélisation de la pandémie et sortir du confinement de manière optimale à tous points de vue ?

Patrick Joubert, CEO de Ponicode et membre fondateur de Covid-IA.

Coronavirus : les Français favorables à une application mobile pour combattre la pandémie

Une nette majorité de Français seraient favorables à l’utilisation d’une application enregistrant leurs interactions sociales et les avertissant s’ils ont été en contact avec une personne malade du Covid-19, ou prévenant ceux qu’ils ont côtoyés s’ils sont eux-mêmes infectés. C’est l’enseignement d’un sondage publié mardi 31 mars, réalisé auprès d’un échantillon représentatif de plus de 1 000 Français possédant un téléphone mobile les 26 et 27 mars. Cette étude a été commandée par une équipe de recherche de l’université britannique d’Oxford qui travaille justement sur ce type d’application pour lutter contre la pandémie.

Ces chercheurs ont modélisé mathématiquement l’effet d’une application de pistage permettant d’identifier immédiatement les personnes risquant d’être infectées avant même qu’elles présentent des symptômes du Covid-19 et ont estimé qu’une telle application était de nature à « contrôler l’épidémie sans avoir besoin de recourir à des mesures prolongées et très coûteuses de confinement général ». Leurs recherches viennent de faire l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue Science.

Le Monde :

Article mis à jour le 02 avril 2020

Une nette majorité de Français seraient favorables à l’utilisation d’une application enregistrant leurs interactions sociales et les avertissant s’ils ont été en contact avec une personne malade du Covid-19, ou prévenant ceux qu’ils ont côtoyés s’ils sont eux-mêmes infectés. C’est l’enseignement d’un sondage publié mardi 31 mars, réalisé auprès d’un échantillon représentatif de plus de 1 000 Français possédant un téléphone mobile les 26 et 27 mars. Cette étude a été commandée par une équipe de recherche de l’université britannique d’Oxford qui travaille justement sur ce type d’application pour lutter contre la pandémie.

Ces chercheurs ont modélisé mathématiquement l’effet d’une application de pistage permettant d’identifier immédiatement les personnes risquant d’être infectées avant même qu’elles présentent des symptômes du Covid-19 et ont estimé qu’une telle application était de nature à « contrôler l’épidémie sans avoir besoin de recourir à des mesures prolongées et très coûteuses de confinement général ». Leurs recherches viennent de faire l’objet d’une publication dans la prestigieuse revue Science.

Une application utilisant le Bluetooth

Les chercheurs ont présenté aux sondés le dispositif qu’ils ont imaginé : une application, installée sur un smartphone et utilisant la technologie sans fil Bluetooth, capable de détecter si un autre téléphone mobile équipé de cette même application se trouve à proximité immédiate.

L’application envisagée n’accède à rien d’autre qu’au Bluetooth (pas d’accès au répertoire, aux messages…) et ne permet pas de géolocalisation : elle se contente d’enregistrer les appareils munis de la même application ayant été dans son environnement immédiat pendant au moins 15 minutes, une situation présentant un risque d’infection au nouveau coronavirus.

Dans le système présenté aux sondés, lorsque le possesseur d’une telle application est diagnostiqué positif au Covid-19, ceux que le malade a côtoyés sont avertis immédiatement et il leur est demandé, par les autorités sanitaires, de se mettre en quarantaine stricte. Les personnes ainsi alertées ne savent pas qui leur a fait courir le risque d’être contaminé, ni où. Les plus de 1 000 Français sondés dont les réponses ont été prises en compte ont d’abord dû répondre correctement à plusieurs questions pour s’assurer de leur bonne compréhension du dispositif imaginé par les chercheurs.

Lire aussi  Contre la pandémie due au coronavirus, de nombreux pays misent sur la surveillance permise par le « big data »

Dans ce contexte, ils seraient près de 48 % des personnes interrogées à l’installer « sans aucun doute » et 31 % à le faire « probablement », un pourcentage qui n’évolue guère avec l’âge. Huit personnes sur dix envisagent donc directement d’installer une telle application. Cette probabilité augmente au cas où une infection se déclarerait dans son entourage : ils seraient alors presque deux tiers à l’installer « sans aucun doute ». Paradoxalement, plus de 93 % des personnes interrogées respecteraient la consigne de quarantaine reçue de l’application – soit davantage que de personnes qui installeraient l’application en premier lieu. Une part qui augmente si, à cette quarantaine, est assortie la possibilité d’être testé au Covid-19.

Des chiffres à mettre en perspective, selon les auteurs de l’étude. « Nous n’avons pu discuter le mode de fonctionnement et l’installation de l’application qu’en termes très généraux, alors que les détails précis de mise en œuvre pourraient grandement affecter les décisions d’installation », écrivent-ils, tout en concluant que « même si 80 % de nos répondants ont exprimé une volonté d’installer une telle application si elle était disponible, le taux d’installation pourrait être beaucoup plus faible en réalité ».

Des sondés favorables à une installation « automatique »

Près de deux personnes interrogées sur trois seraient favorables à ce que l’installation de cette application soit automatique, par les opérateurs téléphoniques – un mode de fonctionnement qui ne semble cependant pas être techniquement réalisable. Un pourcentage similaire garderait « probablement » ou « sans aucun doute » l’application sur leur téléphone si elle y était installée automatiquement.

L’étude identifie trois principaux freins à l’adoption large de cette application, condition sine qua non de son efficacité : les risques d’un piratage du téléphone sur lequel l’application est installée ainsi que la possibilité que cette surveillance puisse être prolongée même après la pandémie (un quart des sondés respectivement) et le risque d’une augmentation de l’anxiété liée à l’utilisation de cette application (un cinquième des personnes interrogées). Les difficultés techniques d’installation ou d’activation restent marginales.

Par ailleurs, plus de la moitié des sondés seraient favorables à ce que les données récoltées par l’application soient mises à disposition des chercheurs après la fin de l’épidémie. Enfin, les chercheurs notent qu’en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie, où les chercheurs ont également réalisé un sondage, les résultats sont « très similaires » à ceux observés en France. « L’application n’étant utile que s’il y a un nombre suffisant d’utilisateurs, nous jugeons nos résultats comme étant porteurs d’espoir quant à la viabilité d’une telle approche », se félicitent ainsi les chercheurs.

La société digitalisée après le Coronavirus

Par la digitalisation, le phénomène informationnel a explosé depuis la mise en place du confinement.  Ainsi, à l’heure actuelle, la quasi totalité des activités a été transformée en… information. Nous devrions plutôt dire qu’elle est transformée en bit, unité de l’unité de mesure de base de l’information en informatique.

 

Auteur 

Liliane Held-Khawam 

 Créer une Nouvelle Société digitalisée sous surveillance permanente.  

 

https://campus.hesge.ch/blog-master-is/wp-content/uploads/2018/12/Digital_information_simulation.png

Source image: ICI

Le confinement que nous avons commencé à expérimenter pourrait bien être le départ d’une nouvelle forme de société entièrement digitalisée.

Vers un post-humanisme

Les concepteurs du Nouveau monde prône d’ailleurs le post-humanisme. « Selon cette conception, la science aurait modifié la condition humaine et serait capable de la modifier encore (par le génie génétique par exemple) au point que l’humanité serait à un tournant radical de son histoire3, voire à la fin de son histoire4. Elle devrait aussi « s’élargir au non humain (cyborgs, clones, robots, tous les objets intelligents), l’espèce humaine perdant son privilège au profit d’individus inédits, façonnés par les technologies »2.  » (Wikipédia)

Pour l’heure, le cher coronavirus pourrait être le catalyseur qui permettrait de faire basculer l’humanité vers cette nouvelle société, constituée d’êtres ou d’objets dont le dénominateur commun est d’être connectés à la machine. Comment? Par le confinement qui progressivement amènerait l’individu à être coupé relationnellement, affectivement, et socialement de tout contact choisi, librement décidé.

https://lilianeheldkhawam.com/2018/10/28/etes-vous-daccord-davoir-un-clone-numerique-vous-laurez-quand-meme-lhk/

Suprématie de la machine informationnelle

Cette nouvelle société totalement digitalisée est centrée sur le mariage de tous les instants de la technologie et de l’information. L’idée est que vous ne puissiez communiquer hors de la surveillance et du contrôle d’une plateforme dédiée à la technologie de l’information et de la communication. Nous appellerons une telle plateforme qui engloberait l’ensemble de la technologie de l’information et de la communication: machine informationnelle. Un super ordinateur qui récupèrerait l’ensemble des informations émises. Mais pas seulement.

Cette machine est alimentée dans l’autre sens, en direction des « membres » qui la constituent. Elle émet elle-même des informations sous contrôle de la superstructure. Le but étant de corriger les perceptions et croyances de la masse de ses ressources humaines. Dans ce sens, l’envoi d’information est vital afin de changer les valeurs individuelles et collectives, d’admettre la fin des  libertés, et générer la conviction que hors du système en place point de salut.

L’importance de la machine informationnelle est donc stratégique pour arriver à accompagner la révolution sociétale, et maintenir ses actions durablement. C’est pourquoi, les ambassadeurs de la très haute finance planétaire ont mis la main sur l’industrie du divertissement, les principaux médias (sous toutes leurs formes), et ce que ceux-ci soient de droite ou de gauche, religieux ou athées, destinés aux petits/ados/adultes/vieux, etc.  Aucune importance.

Un confinement, oui mais… digitalisé

Par la digitalisation, le phénomène informationnel a explosé depuis la mise en place du confinement.  Ainsi, à l’heure actuelle, la quasi totalité des activités a été transformée en… information. Nous devrions plutôt dire qu’elle est transformée en bit, unité de l’unité de mesure de base de l’information en informatique.

Chaque fois que vous traitez quelque chose avec votre smartphone, vous échangez automatiquement de l’information informatisée. Ce faisant, vous n’êtes jamais à 2 avec l’interlocuteur, mais au moins à 3 avec le gestionnaire de la plateforme technologique.

Ce qui précède est très important pour les concepteurs de la Nouvelle Société. C’est si vrai que  « selon certaines idées au confluent de l’informatique et de la physique, l’information immatérielle donnerait naissance à la matière. » Le physicien John Wheeler a été jusqu’à présenter en 1989 « l’idée que l’information soit première et que la matière et les lois de la physique émergent dans un monde d’information, ce qu’il a résumé avec l’expression it from bit.«

Lire la suite de l’article passionnant … https://lilianeheldkhawam.com/2020/03/31/creer-une-nouvelle-societe-digitalisee-sous-surveillance-permanente-lhk/

L’ennemi ?

Étonnant de ne pas découvrir de vraies méditations et réflexions philosophiques sur ce Covid 19, ce nouveau fléau mondial qui finalement n’a rien de nouveau sous le soleil. La peste en son temps fut perçue comme un véritable cataclysme, la peur gagna alors l’Europe face à cette destruction massive liée à l’épidémie dévastatrice. L’époque, cette période appelée moyen-âge fut marquée comme vous le savez « par le sauve qui peut », un sentiment de frayeur, d’insécurité face à la brutalité de l’épidémie due au bacille de Yersin. Quand la peste se répandait en véritable pandémie, ce sont des foules qui tentèrent de prendre la fuite n’empêchant pas le virus de migrer également, Des processions avaient aussi été organisées partout en Europe, pour invoquer le secours de Dieu.

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Auteur Éric LEMAITRE

Socio économiste

auteur de l’Essai la conscience mécanisée

Le Covid 19, ce nouveau fléau mondial n’a finalement rien de nouveau sous le soleil. La peste en son temps fut perçue comme un véritable cataclysme, la peur gagna alors l’Europe face à cette destruction massive liée à l’épidémie dévastatrice. L’époque, cette période appelée moyen-âge fut marquée comme vous le savez « par le sauve-qui-peut », un sentiment de frayeur, d’insécurité face à la brutalité de l’épidémie due au bacille de Yersin. Quand la peste se répandait en véritable pandémie, ce sont des foules qui tentèrent de prendre la fuite n’empêchant pas le virus de migrer également, Des processions avaient aussi été organisées partout en Europe, pour invoquer le secours de Dieu. Mais notre monde a refoulé Dieu et s’emploie à imaginer que les distanciations et les barrières humaines suffiront à endiguer le mal.

Le monde est de ce fait secoué par une crise qui ressemble à l’expression d’une forme de terreur quasi mondiale propagée par une entité biologique qui ne choisit ni ses proies, ni ses victimes, qui n’a pas de visa et s’invite ou voyage incognito [nous sommes si nous sommes affectés le véhicule corporel, transportant le virus], invisible, pour frapper l’innocent comme le coupable, le riche et le pauvre, ne discrimine ni la couleur, ni l’orientation, pas même la religion de ses victimes, c’est l’humanité dans sa totalité qui est visée. L’appétit de ce virus semble insatiable et il met en péril tous les écosystèmes relationnels, sociaux, économiques. Ce virus est devenu le fléau de ce siècle. Il vient frapper la conscience humaine et nous interroge sur le modèle de société universaliste et consumériste, que nous avons bâti.

L’émotion (surtout pour soi) est en train de gagner aujourd’hui le globe dans son ensemble, notre monde. Avec l’endémie suscitée par ce germe dévastateur, ce que j’observe, est bien l’émergence d’une forme de repli sur soi associé aux mesures de confinement prises par les états : la fin des rassemblements, de toute forme de convivialité, l’évitement de tous les lieux de rendez-vous, l’isolement claquemuré de préférence. Pourtant toutes les mesures de prévention n’ont pas anéanti la fulgurance de la diffusion de ce virus, ce virus ne semble pas craindre les mesures d’endiguement et nous fait prendre conscience de notre finitude, de notre vulnérabilité que nous redécouvrons. Notre société a tellement refoulé la mort, la maladie que leurs spectres se sont finalement tapis, incrustés sur les paliers de nos maisons.

Dans ces contextes d’appréhension et même de terreur planétaire, une matinée, je suis allé chez le boulanger. Habituellement cette boulangerie fait le plein de clients et je remarquais que j’étais étrangement seul dans le magasin, absence de mondes, absence de contacts. J’ai fait rire l’aimable vendeuse, en lui proposant de payer le pain « sans contact ». Ce « sans contact », ce mode de paiement qui est finalement à l’image d’une société qui se dessine, évitons de nous toucher, de nous embrasser, de tendre la main, d’échanger un sourire des fois que ce sourire ne transpire le visage de cette calamité et qu’à mon tour je ne croise le virus assassin. Je me suis également rendu dans une école d’ingénieurs pour surveiller un examen le 13 mars 2020, trois jours avant le confinement décidé par les autorités du pays, et je fus frappé par le regard inquiet chez quelques élèves s’interrogeant sur leur avenir après que leur fussent annoncées les mesures de fermeture des frontières alors que certains devaient se rendre à l’étranger pour effectuer un stage devant valider leur futur diplôme d’ingénieur.

Pourtant il faut en convenir, prenons soin des uns et des autres et ne nous prêtons pas inutilement à cette folie de croire que l’on est protégé et insubmersible ; que l’on ne transmettra pas le virus autour de nous. Une proche travaillant dans un établissement a été la première à s’appliquer les consignes, saluer aimablement ses collègues, mais sans embrassades et serrages de mains. Quand elle fit ce choix, gentiment ses collègues ne se sont pas souciés de cette prévention et continuèrent leurs aimables pratiques. Un soir, un message d’alerte fut partagé par la direction de l’entreprise, un cas de coronavirus [suspecté puis démenti] a été signalé, une collègue en était atteinte, ce fut le vent de panique, le chacun pour soi, le repli, la stratégie de calfeutrage. Lorsque le virus était loin de chez soi, nous avons tendance parfois à en rire, à jouer aux braves, à nous moquer gentiment des autres, mais voilà, c’est arrivé à la porte de l’entreprise [démenti par la suite] de cette proche, qui fut l’une des rares employé(e)s, à retourner pourtant dans son entreprise, mais une entreprise quasi désertée. Le coronavirus est un agent antisocial, et sans doute cette épidémie à l’heure où ces lignes ont été écrites (le 16 mars 2020) va s’aggraver, n’épargnera aucune ville, aucune commune, aucun village, îlot, aucun quartier, aucune rue, aucun voisinage. Ce virus antisocial est aussi mondialiste [métaphore], il ne connait pas de frontières et même si le président Trump ferme les frontières US, barricade l’Amérique, il n’empêchera pas la propagation de cette peste nouvelle, car il faut bien que les Américains séjournant en Europe reviennent dans leurs pays. D’ailleurs la Californie, état américain a déclaré récemment l’État d’urgence, dans la région de Seattle, siège des géants de la technologie digitale qui dominent le marché mondial du numérique, plusieurs cas de coronavirus ont été signalés, multipliant les mesures de protection, encourageant les salariés à se terrer chez eux, à une forme de burrowing. J’entends ici là que le monde numérique va finalement sauver le monde en réinventant les conditions d’une vie sociale sécurisée, grâce à l’intelligence artificielle, au télétravail, aux mails, aux robots qui viendront nous apporter les colis, à Skype ou autres supports pour continuer le lien social avec nos aînés privés de relations vivantes susceptibles de les mettre en danger. Mais hélas, nous créons chez ces derniers de l’insécurité affective et un sentiment de repli, d’abandon qui pourrait les gagner du fait du délitement des interactions sociales. Ces aînés seront aussi les victimes directes ou collatérales de la pandémie.

Nous allons, avec la propagation du virus, entrer dans un monde d’hyperconnectivité accélérée, l’esclavagisme virtuel des temps modernes et sans doute les mesures de confinement vont amplifier et précipiter un mouvement d’inventions numériques [géolocalisation du virus : lieux à ne plus fréquenter, rues à éviter et qui sait voisins à éviter] et d’applicatifs à télécharger pour mieux nous divertir, nous tenir en laisse, tracer les mouvements des populations,  mais c’est un leurre, le numérique ne sauvera pas le monde, le numérique ne nous sauvera pas de cette pandémie. Je crains que d’autres mesures ne soient aussi prises afin de mieux gouverner et tracer les populations, de les traquer, de contrôler leurs ventes et leurs achats.

Pourtant dans ces contextes, nous devrions absolument lire les recommandations de ceux qui nous ont précédés au cours de notre histoire, Je m’en tiendrais ainsi  à la lettre de Luther qui lui-même a été confronté à la peste, il écrivait ces mots[1] pleins de sagesses qui peuvent nous éclairer sur la façon dont nous abordons les événements qui se passent dans les contextes d’une époque angoissée.

« Je demanderai à Dieu par miséricorde de nous protéger. Ensuite, je vais enfumer, pour aider à purifier l’air, donner des médicaments et les prendre. J’éviterai les lieux, et les personnes, où ma présence n’est pas nécessaire pour ne pas être contaminée et aussi infliger et affecter les autres, pour ne pas causer leur mort par suite de ma négligence. Si Dieu veut me prendre, il me trouvera sûrement et j’aurai fait ce qu’il attendait de moi, sans être responsable ni de ma propre mort ni de la mort des autres. Si mon voisin a besoin de moi, je n’éviterai ni lieu ni personne, mais j’irai librement comme indiqué ci-dessus. Voyez, c’est une telle foi qui craint Dieu parce qu’elle n’est ni impétueuse ni téméraire et ne tente pas Dieu. »

 Alors mes chers amis, c’est le moment de redoubler de compassion, d’amour pour vos nos prochains, ne craignons pas le virus, mais ce mal anti relationnel, ne craignons pas la rencontre avec l’autre [Sans le mettre en danger], mais notre isolement, le repli chez soi… Dieu nous appelle à sortir de nos murs, et d’ouvrir nos maisons pour accueillir le prochain, à prier pour les malades à tendre justement la main [le geste de la main est une métaphore, nous n’incitons pas les gens à braver les recommandations]. Ne nous laissons pas intimider par celui que l’on a coutume d’appeler le malin.  Aussi je lance cet appel à la prière pour notre pays, pour ses autorités, pour ses médecins, ses personnels soignants et pour la conscience de tous, de revenir à l’essentiel de la vie, l’amour du prochain. Malheur à nous si nous n’écoutons pas l’exhortation véritable qui nous invite à un changement de modèle de vie, à un changement complet de nos habitudes et notre souhait de rester dans notre salière. Soyons le sel et la lumière du monde, soyons l’espérance dans une ambiance profondément mortifère…

[1] Source: Œuvres de Luther Volume 43 p. 132 la lettre « Que l’on puisse fuir une peste mortelle » écrite au révérend Dr. John Hess.

La mécanisation de l’humanité est en cours…

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Des scientifiques

viennent de créer les premiers neurones bioniques au monde

Derrière les prouesses technologiques, il est nécessaire d’avoir toujours une lecture circonspecte….

Pour la toute première fois, des chercheurs ont réussi à créer des neurones artificiels sur des puces de silicium qui agissent comme si c’était la réalité. Il s’agit d’une réalisation majeure qui laisse beaucoup de place aux dispositifs médicaux qui peuvent guérir les maladies chroniques. Elles sont très petites et nécessitent incroyablement peu d’énergie pour fonctionner, elles sont donc adaptées aux implants médicaux. Le potentiel est énorme.

Les neurones artificiels sont quelque chose qui était attendu depuis longtemps et maintenant qu’ils sont enfin là, les possibilités sont infinies ! Elle ouvre d’énormes possibilités pour toutes sortes de dispositifs médicaux qui pourraient changer des vies à jamais, voire les sauver. Nous entrons dans une nouvelle ère de la médecine.

Lire la suite de l’article…..

Des scientifiques viennent de créer les premiers neurones bioniques au monde

Jürgen Habermas ; La technique et la science comme « idéologie » ..

« La technique et la science comme idéologie » est un livre passionnant que nous vous recommandons … Le livre est écrit par l’un des plus grands sociologue de notre temps Jürgen Habermas… l’auteur voit dans la technique une forme de projet métaphysique échappant à l’homme, une créature autonome qui le dépossédera. A la suite de Jacques ELLUL, l’auteur pressent à moyen terme la fusion entre la technique et le cadre institutionnel de la société. Pour J.Habermas nous assistons à une forme d’industrialisation de la vie sociale « avec cette conséquence que les critères de l’activité instrumentale pénètrent aussi dans d’autres domaines de l’existence (urbanisation du mode de vie, technicisation des échanges et des communications »…De fait nous assistons à la lente planification d’une « rationalisation croissante de la société« .

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« La technique et la science comme idéologie » est un livre passionnant que nous vous recommandons … Le livre est écrit par l’un des plus grands sociologue de notre temps Jürgen Habermas… l’auteur voit dans la technique une forme de projet et de cheminement « métaphysique » (Terme utilisé par Heidegger) échappant peu à peu à l’homme, une créature autonome qui le dépossédera.  Un projet métaphysique appliqué non seulement au domaine industriel, mais aussi dans les services, la distribution et même dans les usages du divertissement, des loisirs et de toutes  les formes de consommation .

A la suite de Jacques ELLUL, qui analysait le système technicien comme un ensemble de mécanismes qui répondent à la recherche de l’efficacité dans toutes les sphères de la vie sociale et économique, l’auteur J.Habermas pressent à moyen terme la fusion entre la technique et le cadre institutionnel de la société. Pour J.Habermas nous assistons finalement  à une forme, d’industrialisation de la vie sociale du fait de la recherche même de la performance « avec cette conséquence que les critères de l’activité instrumentale pénètrent aussi dans d’autres domaines de l’existence (urbanisation du mode de vie, technicisation des échanges et des communications »…De fait nous assistons à la lente planification d’une « rationalisation croissante de la société« . L’industrialisation de la vie sociale s’accompagnera nécessairement d’une dépolitisation des populations afin comme l’écrit le philosophe, de prévenir toute contestation sociale, de « s’immuniser contre la remise en question de son idéologie ». Jürgen Habermas ajoute qu’ « a fortiori des interventions au niveau de la transmission génétique des informations pourraient permettre demain un contrôle encore plus profond des comportements, alors les anciennes  zones de conscience ne pourraient se trouver  qu’entièrement asséchées » .  Il s’en suivrait une auto régulation de l’être humain ou plutôt de l’homme machinisé soumis aux normes d’une société rationalisant nos systèmes de pensées et contrôlant les actes qui en découlent.

La vision de J.Habermas n’est-elle pas confirmée par la recherche de l’efficience puis par la dimension normative qui s’est imposée, n’est-elle pas entérinée par le poids de la réglementation. La société déjà dominée voire engluée par la complexité et la rationalisation scientifique est sur le point ainsi de basculer vers la singularité  (le point hypothétique de l’évolution technologique) et finalement, le despotisme éclairé de l’intelligence technique régulé par les algorithmes. Toutes les sphères touchant le comportement s’en remettront demain à la mathématisation de la vie sociale…Nous glissons ainsi vers un nouveau modèle politique qui prend la forme d’une technocratie, où la machine numérique colonisera l’ensemble des activités humaines, puis supplantera bel et bien l’homme.

Ainsi la technique exclura l’interférence de l’humain dans les processus de décision, ce qui est déjà la cas dans les salles de marchés où les algorithmes ont fait main basse dans les processus de transactions à haute fréquence qui caractérise le monde boursier. Le monde de la distribution via la multiplication des transactions numériques n’est pas en reste, organisant ses réseaux pour tracer, influencer, orienter les choix des consommateurs. Il semble dès lors important en consultant l’oeuvre réflexive de J.Habermas de prendre la mesure de ce changement de paradigme concernant l’accélération des changements technologiques qui envahissent l’environnement humain.

Petite précision au passage le livre La technique et la science comme « idéologie » a été écrit en 1990. Là encore une anticipation quasi prémonitoire qui devrait nous conduite à réfléchir.. :

Aussi un conseil, cet été lisez puis pensez et enfin transmettez ….

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tel/La-Technique-et-la-science-comme-ideologie

La tentation cybernétique

La cybernétique qui a pris ses racines au cours de la seconde guerre mondiale grâce aux travaux du Mathématicien  Norbert Wiener est la première science physique ayant pour objet l’organisation sociale. Le type de société qui émerge aujourd’hui dans les pays industrialisés découle directement des applications de la cybernétique : processus de robotisation de la production, interconnexions via les réseaux Internet, les réseaux boursiers, les réseaux financiers, les nouvelles méthodes de management et d’organisation de l’entreprise, réseaux de communication et réseaux informatiques, nouveaux systèmes d’armes intelligentes. La cybernétique est appelée à prendre une nouvelle ampleur en raison des effets conjugués entre les sciences cognitives de l’information et l’intelligence artificielle. C’est une nouvelle arme qui s’étale sous nos yeux, qui me semble avoir une dimension semblable au déploiement de l’arme atomique. La nation qui maitrisera la science cybernétique assujettira les peuples en raison de cette nouvelle capacité massive d’engranger les informations, les datas puis de mathématiser l’ensemble de la société pour mieux la superviser, c’est l’émergence de la cité rationnelle, la cité de Babel.

Auteur Eric LEMAITRE

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Toute notre humanité est aujourd’hui bousculée par le phénomène technique, le phénomène technicien largement décrit et commenté par le sociologue et théologien Jacques Ellul, est en passe de dominer l’humain mais le plus inquiétant est à venir, celui de ces machines capables non seulement de remplir les tâches exercées par des êtres humains, mais au-delà de ces tâches d’avoir cette fonction supplémentaire de remplacer l’homme, puis dans un proche avenir de contrôler toutes les sphères de la vie humaine du fait même des interconnexions et des usages internet. Cette fonction technique sera non seulement de réguler l’activité sociale mais également d’avoir ce pouvoir intrusif de pister socialement l’être humain, d’agir sur les comportements sociaux déviants comme c’est déjà le cas en Chine. La Chine qui préfigure en effet le mieux les conséquences d’un développement de la technique au service d’un pouvoir totalitaire, étend le totalitarisme numérique en intriquant des dispositifs de reconnaissance faciale et d’Intelligence Artificielle[1]. C’est cette totalisation du monde embrassant l’ensemble de ses citoyens dans l’optique de les superviser qui est l’enjeu d’une société ultra connectée. C’est l’implication de la machine dans la vie sociale dont les capacités augmentées, constitue aujourd’hui le point d’alerte et qui devient en quelque sorte le nouveau gouvernail de notre monde qu’exprime le terme grec « kubernêtikê » signifiant à la fois le gouvernail ou le gouvernement. Le mathématicien Norbert Wiener pourtant le « père » de la cybernétique une science qui étudie les mécanismes de régulation et d’interaction dans les machines et les êtres vivants, esquissait comme une forme d’avertissement dès ses premiers essais écrits dans les années cinquante la nécessité de s’inquiéter des potentiels de développements de la cybernétique, qu’il considérait comme une arme capable de se retourner contre une nation qui aurait utilisé cette arme pour gouverner, ce qui lui a valu d’être surveillé en pleine période de maccarthysme[2].

Le monde cybernétique[3] qui exprime l’idée d’une totalisation et la volonté de contrôler l’ensemble de l’activité humaine, n’est pourtant pas en soi une idée nouvelle. Le terme cybernétique est un mot grec emprunté au Philosophe Platon qui l’employait pour indiquer le pilotage d’un navire. Platon avait recours à ce terme pour évoquer, « l’art véritable de gouverner, l’art efficace pour agir ». L’art de gouverner est l’obsession de l’humanité, et son histoire est traversée depuis des millénaires par les tentatives multiples d’exercer l’emprise efficace. L’empire romain qui avait une vaste étendue fut marquée par une organisation incroyable qui s’étendait sur l’ensemble et une grande partie des deux continents englobant un territoire allant géographiquement du Maroc jusqu’à la Mésopotamie, et de l’Angleterre jusqu’à l’Égypte, créant ainsi l’une des plus vastes entités politiques de l’Histoire, qui influença profondément le bassin méditerranéen.  L’organisation de l’empire avait été marquée par l’empreinte technique de Rome, son système politique et administratif, ses réseaux routiers, cette capacité militaire comme communicante de maitriser les peuples des nations conquises par l’empire. Toutefois au sein de cet immense empire Romain, c’est bien l’homme qui avait la main sur l’empire, or avec le rêve formulé par le mathématicien Norbert Wiener, ce n’est plus l’humain qui exerce son contrôle sur la matière ou la domine comme ce fut la mission d’Adam dans le livre de la Genèse[4] « remplissez la terre et soumettez-la », mais c’est bien la création de l’homme qui est bien sur le point de le dominer. Fasciné par ses objets, l’homme caresse le rêve démiurgique de créer son équivalent, comme Dieu le fit avec Adam « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre ». L’homme crée ainsi son équivalent, lui conférant des capacités de calculs et une puissance cognitive qu’il ne peut égaler, cette puissance de calculs pourrait être ingéré par une machine cybernétique capable de dominer, de réguler, d’anticiper, d’ajuster en fonction des paramètres de données « digérées » puis de contrôler l’ensemble des activités humaines comme la Chine est capable à ce jour de créer un véritable système de surveillance avancée et personnalisée de tous ses citoyens en relation avec les données emmagasinées.

La cybernétique qui a pris ses racines au cours de la seconde guerre mondiale grâce aux travaux du Mathématicien  Norbert Wiener est la première science physique ayant pour objet l’organisation sociale. Le type de société qui émerge aujourd’hui dans les pays industrialisés découle directement des applications de la cybernétique : processus de robotisation de la production, interconnexions via les réseaux Internet, les réseaux boursiers, les réseaux financiers, les nouvelles méthodes de management et d’organisation de l’entreprise, réseaux de communication et réseaux informatiques, nouveaux systèmes d’armes intelligentes. La cybernétique est appelée à prendre une nouvelle ampleur en raison des effets conjugués entre les sciences cognitives de l’information et l’intelligence artificielle. C’est une nouvelle arme qui s’étale sous nos yeux, qui me semble avoir une dimension semblable au déploiement de l’arme atomique. La nation qui maitrisera la science cybernétique assujettira les peuples en raison de cette nouvelle capacité massive d’engranger les informations, les datas puis de mathématiser l’ensemble de la société pour mieux la superviser, c’est l’émergence de la cité rationnelle, la cité de Babel.

La cité de Babel modernisée et rêvée par la nouvelle « civilisation » transhumaniste concentre toutes les envies de bien-être faisant vivre en harmonie une organisation sociale singulière fondée sur le progrès dont la matrice pourrait s’achever dans un système imaginé par le mathématicien Norbert Wiener, la cybernétique et dont la reine mère serait le léviathan, l’homme artificiel ou « l’intelligence artificielle ». La cybernétique comme nous le rappelions dans le premier chapitre de ce livre, est cette science des contrôles, une science qui contrôle les hommes, les systèmes, les écosystèmes, cette science qui surveille [ra] l’ensemble de nos écosystèmes dans ces contextes de crises notamment climatique, régulera les harmonies planétaires, ce sera la bonne déesse, la déesse Maïa assurant la fertilité et le « printemps de l’humanité » enfin son âge d’or.

Mais afin que toute ceci fonctionne, il faudra non pas s’en remettre à une organisation humaine dépassée par la complexité, l’enchevêtrement des galaxies qui touchent à toutes les formes de fonctionnement de la vie sociale mais à une organisation sophistiquée dominée par la mathématisation et le pouvoir des algorithmes. Ce changement de paradigme concernant la gestion des pouvoirs, résulte de toute cette complexité qu’il conviendra en effet de gérer, d’arbitrer, d’orienter, de réguler. Cette complexité ne pourra être gérée que par l’entremise d’un « homme artificiel » plutôt d’une « intelligence artificielle », laquelle sera chargée d’assurer l’harmonie, la sécurité des humains en échange de leur domestication, de leur soumission, de leur obéissance, formant ainsi un pacte social et politique, harmonisant la totalité des rapports sociaux.

Nous brossons là, le portrait de la « singularité technique[5] », celle d’un monde qui aura basculé entre les mains de la puissance technique, la puissance technique qui se verra déléguer bien entendu notre incapacité de gérer nos relations conflictuelles. Le léviathan technologique n’a-t-il pas le meilleur profil pour réguler le tempérament humain, et puisque aucun humain n’est franchement à sa hauteur, il prendra alors le relais, l’humanité se « machinisera » docilement, cela pourra se construire du fait d’un vide concernant la vie intérieure qui forge ce que l’on appelle la conscience, et « c’est dans ce vide que s’inscrit le mal »[6] comme le souligne la philosophe Hannah Arendt penseuse du totalitarisme et militante anti nazie. Le léviathan technologique et ses instruments de navigation préviendront et anticiperont les risques, établiront ou imposeront sous forme d’injonctions, l’itinéraire que nous devrons emprunter afin de ne pas déroger aux règles qui présideront l’harmonie établie, de ne pas enfreindre les principes normatifs qui guideront la vie quotidienne, la vie des citoyens seront ainsi assujettis au pouvoir de la « machine mathématisée ».  La mathématisation de la société, est une expression que j’avais déjà utilisé dans le premier essai « la déconstruction de l’homme » pour évoquer ce monde qui se métamorphose en formules algorithmiques.  Ces formules qui exprimeront dans la matrice cybernétique les liaisons causales générales, et les lois garantissant l’harmonie, celles qui préviendront les dérives et les conflits.

[1] https://www.scmp.com/business/companies/article/2135713/increasing-use-artificial-intelligence-stoking-privacy-concerns

[2] Période en pleine guerre froide 1953-1954 où l’on traqua de présumés agents américains travaillant pour l’état soviétique menant à des investigations et des répressions virulentes contre ces supposés agents.

[3] Le mathématicien Norbert Wiener va concevoir dès 1947 ainsi que dans l’ouvrage du même nom paru en 1948, la cybernétique comme une science qui étudie exclusivement les communications et leurs régulations dans les systèmes naturels et artificiels.  La cybernétique prend ses racines dans les développements techniques de la seconde guerre mondiale et de la nécessité de développer des dispositifs plus performants pour orienter plus efficacement les tirs des canons en fonction du tracé des trajectoires des avions visés.

[4] Livre de la Genèse 1 : 28

[5] Source Wikipédia : La singularité technologique (ou simplement la singularité) est l’hypothèse selon laquelle l’invention de l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique qui induirait des changements imprévisibles sur la société humaine

[6] Hannah Arendt : « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal »

Bernanos et la technique

Extrait du Livre la France contre les Robots : Texte de Bernanos , un texte vigoureux ! La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c’est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l’ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l’Efficience, au Rendement, n’importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? La Technique ne peut être discutée, les solutions qu’elle impose étant par définition les plus pratiques. Une solution pratique n’est pas esthétique ou morale. Imbéciles ! La Technique ne se reconnaît-elle pas déjà le droit, par exemple, d’orienter les jeunes enfants vers telle ou telle profession ? N’attendez pas qu’elle se contente toujours de les orienter, elle les désignera. Ainsi, à l’idée morale, et même surnaturelle, de la vocation s’oppose peu à peu celle d’une simple disposition physique et mentale, facilement contrôlable par les Techniciens.

Les Amis de Bartleby

Version imprimable de Bernanos et la technique

Georges Bernanos

La France contre les robots
(1947)
extrait du chapitre VII

Quand la société impose à l’homme des sacrifices supérieurs aux services qu’elle lui rend, on a le droit de dire qu’elle cesse d’être humaine, qu’elle n’est plus faite pour l’homme, mais contre l’homme. Dans ces conditions, s’il arrive qu’elle se maintienne, ce ne peut être qu’aux dépens des citoyens ou de leur liberté ! Imbéciles, ne voyez-vous pas que la civilisation des machines exige en effet de vous une discipline chaque jour plus stricte ? Elle l’exige au nom du Progrès, c’est-à-dire au nom d’une conception nouvelle de la vie, imposée aux esprits par son énorme machinerie de propagande et de publicité. Imbéciles ! comprenez donc que la civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés ! Une récolte exceptionnelle de café au Brésil…

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