Ce blog associe des hommes et des femmes issus des sciences sociales et sciences dures alertés par les changements sociétaux et technologiques en cours.
L’homme mutant préfigurant le post-humain sera-t-il le prochain stade de notre évolution ? La profusion de produits technologiques de ces nouveaux artefacts, familiarise et conditionne l’homme sur l’avènement d’une suprématie de la technologie qui embrassera le monde ou l’embrasera. La promesse de se façonner, en s’appuyant sur les convergences technologiques de l’informatique, de l’information cognitive, de la génétique et de la bio technologie afin de rendre possible la greffe l’homme avec de nouveaux attributs décuplant une puissance démiurgique se fait réalité. Pourtant l’homme mutant, l’homo cyborg ou l’homme « machinisé » est bien ancré lui aussi dans la mémoire de notre humanité, l’androïde comme nous pouvons le concevoir aujourd’hui appartient lui aussi à l’imaginaire des grands mythes qui ont façonné la civilisation antique grecque et romaine. Un des visages qui préfigure l’homme « machinisé » est cette création en ivoire qui représente la nymphe Galatée dont le sculpteur Pygmalion fut éperdument amoureux. La statue reçut le souffle de vie qui lui avait été donné par la déesse de l’amour Aphrodite. Ce rêve d’embrasser l’objet de ses désirs ou de fantasmer la reprogrammation de notre cerveau dans un robot, est finalement celui des transhumanistes. Ces transhumanistes comme le sculpteur Pygmalion qui caressent le désir eux aussi de se laisser fasciner par un objet pensant et interactif, également implantable à notre cerveau qui devient pour le coup un objet vivant ou un supplétif hybridé qui renforce nos capacités cognitives. Toute la littérature qui traverse l’histoire de notre humanité et précède cette fameuse « singularité technologique »[1] est tout simplement fascinante ! Que dire également de ce géant de Bronze Talos forme d’automate forgé par Héphaïstos le Dieu du Feu, gardien de l’île de Crête. L’imagination de l’homme bien au-delà d’un environnement qui serait celui des machines, transcende toute la dimension technique. Cette imagination devance les plus grandes innovations technologiques que nous connaissons à ce jour. De l’androïde humanisé à l’homme machinisé, bien plus tôt qu’Isaac Asimov qui imagina le personnage de Andrew le robot, le romancier Edgar Allan Poe nous dépeint le personnage d’un général rafistolé, rebricolé à partir de prothèses. En 1879 le journaliste Edward Page Mitchell publia lui aussi une nouvelle tout à fait remarquable « L’Homme le plus doué du monde », l’écrivain qui baignait dans le monde paranormal et surnaturel fut le premier à imaginer un ordinateur “pensant” trois quarts de siècle avant que l’idée ne germe elle aussi chez les romanciers de science-fiction. En se basant sur les travaux du mathématicien Charles Babbage qui fut le premier inventeur à concevoir une machine analytique, une calculatrice mécanique, appelée machine à différences destinée au calcul et à l’impression de tables arithmétiques, et d’Ada Lovelace une des grandes pionnières de la science informatique, Edward Page Mitchell imagina également la pensée artificielle, mais aussi le cyborg, en effet dans une nouvelle, il conçut que le cerveau d’un simple d’esprit pouvait être remplacé par celui d’un ordinateur.
L’homme cyborg ne relève plus seulement de l’imaginaire d’Homère et les poèmes d’Hésiode, ou des romanciers de science-fiction contemporains ou non mais bien d’une réalité qui est aujourd’hui aux portes de notre humanité.
[1] Source Wikipédia : La singularité technologique est l’hypothèse selon laquelle l’invention de l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique qui induirait des changements imprévisibles sur la société humaine.
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant ».
Le post-humain sera-t-il le prochain stade de notre évolution ? La profusion en masse de produits technologiques de ces nouveaux artefacts, familiarise et conditionne l’homme sur l’avènement d’une suprématie de la technologie qui embrassera le monde ou l’embrasera. La promesse de se façonner en s’appuyant sur les convergences technologiques dans les quatre domaines de l’informatique, de l’information cognitive, de la génétique et de la bio technologie afin de rendre possible la greffe l’homme avec de nouveaux attributs décuplant une puissance démiurgique. L’homme cyborg ne relève plus de l’imaginaire de romanciers de science-fiction mais bien d’une réalité qui est bientôt aux portes de notre humanité.
Passer de l’homo sapiens à l’homo cyborg, c’est passer finalement à une autre nature, celle du « glébeux » comme l’entonne le cantique « comme l’argile entre les mains du potier », à celle d’un être qui le transcende biologiquement. Ce cantique spirituel nous rappelle que nous avons été façonnés par le potier, pétris par lui, autrement dit, nous avons été conçus par Dieu à partir de la poussière. Mais cette nature-là est contestée par l’homme qui ne se satisfait ni de ce corps, ni de cette faculté de penser dans les limites que lui confère la nature reçue. Comment alors ne pas songer à ce texte de Pascal :
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant ».
L’homme est ainsi et finalement « assis » entre deux infinis, lui, l’être fini, délimité mais la vanité l’emmène ou le conduit à dépasser sa finitude à reculer les frontières de ces deux infinis, il entend ici explorer au-delà de ces deux barrières, passer si possible par-dessus l’encerclement de son corps pour s’approcher de ces deux horizons de l’incalculable.
L’homme entend ainsi agir à l’échelle de l’infiniment petit, celle du nanomètre, échelle que nous avons souvent dû mal à imaginermais qui avoisinerait à titre de comparaison la proportion d’une orange à l’échelle de la terre. Ici l’homme entend exécuter ses projets pour agir au niveau le plus élémentaire de la matière et juste au-dessus de cette échelle, modifier la structure de l’ADN comme nous l’avions vu précédemment. Mais l’aspiration de l’homme est aussi son dépassement, la possibilité de se connecter et d’implémenter ou d’embarquer de nouveaux composants, des composants extra biologiques, des micro structures bardés d’intelligence. C’est l’homme intriqué, homme biologique et homme matière, l’homme génétiquement modifié. Ce combat-là devrait intéresser les écologistes, mais je doute qu’ils en fassent en réalité leur priorité.
A l’envers de ce monde naturel, le monde de la cognitique[1], cette discipline de l’ingénierie rattachée aux sciences de l’information aurait pour vocation d’interfacer l’homme, interconnecter le vivant avec le numérique et conférer de nouveaux attributs, l’homme deviendrait de fait une nouvelle forme d’entité, une entité hybride moitié homme, moitié machine, un homme cyborg. De fait l’homme appareillé ne saurait en soi choqué ou bouleversé la pensée transhumaniste, puisque l’homme est vu comme une machine biologique et non un être trinaire corps, âme, esprit. De fait modifier, interfacer l’homme d’attributs non biologiques est au fond, selon la conception transhumaniste, une dimension qui fait partie intégralement de la nature future de l’homme. L’habillage technologique de l’être humain s’articulera dès lors autour de nouvelles technologies, résultant des progrès faramineux de l’ingénierie, associés aux sciences de l’informatique, cognitives, de l’information et génétiques, de la « convergence des NBIC ». Cette confluence des NBIC est considérée comme l’ultime saut qui permettra de penser l’évolution de l’homme, centrée sur la performance à la fois physique et cognitive de l’homme, le nouvel homme. Si cela paraît être impossible pour nos lecteurs, certains qui nous lisent ont dans leur entourage ou eux-mêmes un pacemaker, une prothèse auditive ou autres dispositifs bio embarqués dans l’organisme, la possibilité d’imaginer demain que l’être humain s’inocule de microstructures ne relève pas de fait de l’impossible. Subrepticement l’ingénierie cognitique entend bien s’affranchir de ces barrières morales et rendre de facto possible la mutation de l’être humain.
La vision projetée concernant l’évolution du genre humain relève d’une conception purement matérialiste et mécaniste touchant le fonctionnement du corps biologique, il n’y avait donc plus qu’un pas à faire entre l’approche de « l’homme machine » de Julien Offroy de la Mettrie et l’homme automate de Jacques Vaucanson[2] inventeur du premier automate reproduisant les principales fonctions mécaniques de l’homme. Il suffisait d’imaginer la symbiose de l’homme et de la machine. Le rêve de greffer ou de connecter le corps humain n’appartient plus ainsi au domaine de la science-fiction, de nombreuses avancées tendent toujours et aujourd’hui démontrer la possibilité d’unir à la chair de l’homme, des pièces artificielles, d’hybrider ainsi l’homme, de connecter les prothèses et le cerveau humain. Le cyborg, une nouvelle vision anthropologique de l’homme est devenue le fruit d’un fantasme humain visant à libérer finalement l’homme du dualisme corps/esprit, c’est l’homme composite, moitié nature, moitié artifice, c’est l’homme greffé d’extensions artificielles. L’hybridation notamment à l’intelligence artificielle, pourrait à terme le dispenser de raisonner, puisqu’en un clic, la greffe lui permettra d’arbitrer rationnellement ses choix, de penser le monde, l’environnement avec une vision augmentée, une acuité accrue, une perception étendue.
Notre Faust humain entend ainsi bouleverser les paradigmes, franchir le Rubicon, passer outre les lois de la nature et les interdits, l’homme fusionne avec la matière non cette fois-ci pour réparer les dysfonctionnements de son corps (oreilles, yeux, cœur, amputation) mais bien pour l’augmenter, l’homme devient non pas l’homme appareillé mais il devient l’homme mutant.
Ainsi l’évolution continue des progrès technologiques vise bien à mettre en place les technologies de réparation et d’amélioration en proposant un dépassement progressif de notre condition humaine actuelle : prothèses contrôlées par la pensée, cœurs artificiels, yeux bioniques. Dépasser la mort biologique c’est bien s’affranchir le plus possible des limites physiques. Le rêve transhumaniste comme le décrit Laurent Alexandre dans son livre « La guerre des intelligences » c’est décupler les connaissances cognitives et corporelles, c’est dépasser les frontières, les clôtures entre le vivant et la matière. Ainsi en s’affranchissant des barrières du vivant et de la matière inerte, nous banalisons le vivant, nous transformons le vivant en jeu de lego, remplaçable, transformable à souhait, interchangeable.
Ray Kurzweil ingénieur, chercheur, et futurologue américain, directeur de recherche chez google prédit que dès les années 2030 « nous allons grâce à l’hybridation de nos cerveaux, avec des nano composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique ». Pour la neuro biologiste Catherine Vidal pondère l’enthousiasme de Ray Kurzweil « Le cerveau humain est d’abord et avant tout spécifique de la matière vivante … Si la connaissance que l’on en a est encore très sommaire, vu son immense complexité, on sait qu’il compte 100 milliards de neurones ». Chaque neurone est connecté à 10.000 autres. Elle poursuit : « L’information qui circule dans le cerveau est à la fois électrique et chimique. C’est cette combinaison absolument unique qui va permettre de nuancer à l’infini les messages qui y circulent entre les neurones ». Pourtant grâce à des interfaces cerveau machine, des résultats spectaculaires ont été obtenus. Notamment chez des patients tétraplégiques. La prédiction de Ray Kurzweil n’est pourtant pas dénuée de fondements absurdes mais on ne peut cependant faire l’impasse de la complexité du vivant jusqu’à présent inimitable comme le souligne la neuro biologiste Catherine Vidal.
Mais le cyborg sera-t-il vraiment la fin du processus de l’évolution ? Serait-il la fin de l’évolution de l’espèce humaine, ou bien l’imaginaire nous projettera-t-il vers d’autres formes possibles de l’humanité. Il ne semble pas que ce processus s’achèvera, sans doute que Dieu mettra fin à cette entreprise démente, une humanité qui se transcende elle-même. Le délire des transhumanistes est aussi de songer de dématérialiser l’humain, autrement dit de le scanner numériquement, de scanner l’ensemble de son cerveau ou bien la totalité de ses souvenirs pour le réimplanter dans un cerveau reconstitué. Mais la conscience humaine ne se réduit pas un corps et je reprends cette citation extraite d’un blog « Est-ce uniquement la conscience qui fait notre identité ou bien l’union du corps et de la conscience ? », dans les deux cas la radicalisation transhumaniste touchant à la transformation de notre être modifie la perception de l’être humain, bouscule la vision anthropologique de l’homme.
Or il est urgent pour l’homme de se raisonner et de considérer que c’est bien dans l’éphémère d’une vie si fragile soit-elle que nous puisons le vrai sens de la vie et que la beauté d’un sourire, celui d’un proche, d’une main tendue pourrait bien changer notre condition d’homme et lui conférer l’espérance parfaite, d’être aimé, car c’est bien dans l’amour que nous trouvons la dimension parfaite que nous recherchons et qu’en vain nous courrons vers un bonheur factice en investissant la matière.
[1] La cognitique est une discipline de l’ingénierie rattachée au cadre plus global des sciences de l’information
[2]Jacques Vaucanson, 1709–1782 à Paris, inventeur Il conçut plusieurs automates, il perfectionna également et entre autres les métiers à tisser.
Cyborg et IA : on le verra au cours de ce dossier, ces deux domaines tendent à se rapprocher, inexorablement, entre la « mécanisation » de l’homme et l’ «humanisation » des machines, tant au niveau physique que de l’ « esprit ». Nous verrons quelles sont les avancées les plus marquantes de ces deux champs de recherche, qui devraient impacter en profondeur notre mode de vie dans les prochaines décennies.
Ces deux domaines, aussi vastes que passionnants, sont des thèmes très utilisés dans les œuvres de science-fiction, passionnant les foules depuis plus d’un siècle. Si certains livres, séries ou films les ont popularisés, ces deux notions restent difficiles à définir, car elles recouvrent de nombreux champs de connaissances, souvent peu accessibles au grand public. L’imaginaire de la science-fiction a donné une certaine image de ce que l’on appelle « cyborg », ainsi que des machines dotés d’une « intelligence » très évoluée, jusqu’à surpasser l’être humain. On le verra au cours de ce dossier, ces deux domaines tendent à se rapprocher, inexorablement, entre la « mécanisation » de l’homme et l’ «humanisation » des machines, tant au niveau physique que de l’ « esprit ». Nous verrons quelles sont les avancées les plus marquantes de ces deux champs de recherche, qui devraient impacter en profondeur notre mode de vie dans les prochaines décennies.
Le Cyborg :
la frontière entre l’homme et la machine
On appelle « cyborg » tout être vivant – généralement humain – qui aurait été « augmenté » par des ajouts mécaniques au sein même de son corps. Le terme de « cyborg » est d’ailleurs la contraction de « cybertenic organism » (organisme cybernétique), apparu dans les années 60 lors des premières explorations spatiales. Les chercheurs réfléchissaient alors au concept d’un humain « amélioré » qui pourrait survivre dans des environnements extraterrestres.
Mais le concept a émergé bien avant. On peut remonter jusqu’au milieu du XIXème siècle dans les romans d’Edgar Allan Poe, qui décrivait déjà un homme doté de prothèses mécaniques dans sa nouvelle The man that was used up (L’Homme qui était refait) parue en 1839. Depuis, l’idée a fait son chemin et les cyborgs, ainsi que les robots, sont devenus très populaires avec des œuvres ou personnages tels que Terminator, Robocop, L’Homme qui valait trois milliards, les Cybermen de Dr Who ou encore le récent I, Robot. Si ces célèbres films ou séries posent la question de la limite de l’humanité, en partant de l’humain, des ouvrages tels que la série des Robots d’Isaac Asimov cherchent la limite entre l’homme et la machine en soulevant la notion de « conscience artificielle », celle du robot, avec toutes les questions philosophiques et éthiques que cela implique.
Aujourd’hui on parle de plus en plus de cyborg non plus en termes de fiction, mais d’avancées scientifiques. Avec les progrès et la miniaturisation des technologies, on réalise des prothèses de plus en plus discrètes et efficaces, capables de remplacer voire surpasser un membre disparu ou un organe défaillant. On utilise souvent le terme de « transhumanisme » en rapport avec ces évolutions techniques. Le transhumanisme est un mouvement qui fait de plus en plus d’adeptes et qui consiste à pallier les « faiblesses » de l’homme (ressources physiques, maladies, handicap, vieillesse, mort) grâce aux progrès technologiques et à des greffes mécaniques capables de rendre l’homme plus « puissant ». Certains vont jusqu’à parler de post-humanité, prévoyant la généralisation de ces pratiques sur tous les êtres humains.
Des hommes dont les capacités physiques ou mentales dépendraient de machines ? De là à parler de cyborgs, il n’y a qu’un pas.
Sommes-nous déjà des « cyborgs » ?
La question peut sembler ironique, mais tout dépend de l’angle sous lequel on la traite. Si un cyborg est un homme dont les capacités ont été augmentées par les progrès technologiques, alors une bonne partie de l’humanité peut-être définie ainsi. Selon certains chercheurs, nous sommes déjà entrés dans l’ère des cyborgs, avec la multiplication des appareils électroniques dans notre quotidien, qui envahissent nos vies jusqu’à devenir indispensables. Télévisions, téléphones, satellites, Internet : tous ces outils nous permettent d’interagir avec le monde entier et donc d’augmenter la portée de nos actions et de nos idées. Cette explication est pour la plupart des individus trop « romancée », car le progrès est le propre de l’homme et les outils technologiques qu’il utilise ne peuvent altérer sa condition primaire d’ « animal pensant ». On parlera ainsi plutôt d’homme « augmenté ».
On s’attachera donc à une définition plus terre à terre du cyborg, qui consiste à modifier le corps même de l’homme pour lui attribuer de nouvelles possibilités physiques, ou mentales. La fusion entre l’homme et la machine, via des greffes ou l’implantation de puces au sein de l’organisme. Les recherches dans le domaine sont nombreuses, et touchent plusieurs secteurs : médecine, robotique, cybernétique, nanotechnologie, biotechnologie, NTIC, sciences cognitives, etc. Et les avancées sont rapides. Les greffes mécaniques existent déjà depuis longtemps, par exemple avec les pacemakers, de même pour les membres artificiels, mais cela ne fait pas pour autant de donner des êtres différents. On pourrait même évoquer les lunettes ou les systèmes auditifs comme des cas d’améliorations techniques de l’homme. Plutôt que d’homme « augmenté », on parle plutôt ici d’homme « réparé ». Il est évident que nous ne sommes pas encore au stade de cyborg comme nous avons pu le définir, mais nombreuses sont les recherches qui vont dans ce sens.
On cherche désormais à agir sur le corps humains de l’intérieur, que ce soit au niveau génétique ou mécanique, par exemple grâce à des puces implantées.
Nous arrivons aujourd’hui à une véritable frontière entre l’homme et la machine. Nous nous sommes habitués à un monde ultra-connecté où nos appareils font partie intégrantes de nos vies, et vis-à-vis desquels nous devenons de plus en plus dépendants. Implanter directement ces appareils à l’intérieur de notre corps pourrait donc devenir une solution à l’avenir, bien que cette idée soulève d’importantes questions techniques et sociales. Quand on observe les avancées technologiques, on peut penser qu’un tel scénario pourrait se concrétiser dans un futur plus ou moins proche. De nos jours, il existe déjà le dopage chimique, les implants d’appareils électroniques (médicaux notamment), ou des prothèses perfectionnées au point d’égaler voir surpasser un membre humain.
Il est intéressant de noter qu’en parallèle, nous donnons de plus en plus de traits humains aux robots, en travaillant sur les mouvements physiques et surtout, l’intelligence artificielle, qui progresse à une vitesse fulgurante. On assiste donc à un rapprochement entre les deux mondes.
Le futur déjà à nos portes
La technique et la médecine progressent particulièrement vite, et ont radicalement changé le mode de vie de l’homme, toujours à la recherche de puissance. Le virtuel lui a permis de démultiplier ses capacités de communiquer avec autrui, avec des avantages (le partage de la connaissance et des idées, le gain de temps, l’aspiration à la créativité) et les inconvénients (dérives, manipulation des masses, violation de vie privée) que cela implique. Nous avons également amélioré la qualité de vie de l’être humain grâce aux progrès médicaux, qui nous permettent de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Tout s’enchaîne, de plus en plus vite, et la plupart des individus n’arrivent plus à suivre le rythme des avancées. Si auparavant, de nombreuses années étaient nécessaires à une technologie pour se généraliser (comme le téléphone ou la télévision), on adopte aujourd’hui les nouvelles technologies avec une rapidité déconcertante, presque machinale, compulsive. On n’a donc aucun mal à penser que l’homme pourrait accepter sans trop de résistance de se relier de l’intérieur à des appareils électroniques pour devenir, finalement, un cyborg.
Mais où en sommes-nous aujourd’hui exactement ? Quelles sont les avancées les plus marquantes ? Et que peut-on imaginer pour l’espèce humaine dans les prochaines dizaines d’années ? Sauf catastrophe planétaire, il est probable que notre évolution devrait connaître une sérieuse accélération « grâce » aux nouveaux outils technologiques.
Les prothèses bioniques
Parmi les avancées les plus marquantes, les prothèses de nouvelle génération reliées au système nerveux, et actionnées par plusieurs moteurs capables de reproduire tous les mouvements du membre original. On est aujourd’hui capable de créer des mains, pieds, bras ou jambes d’un réalisme bluffant, mais plus intéressant encore, d’une très grande efficacité, jusqu’à surpasser le membre de chair. Ces avancées annoncent de nouvelles possibilités en matière de performances et d’esthétisme. On peut ainsi prendre l’exemple d’Aimee Mullins, actrice et athlète américaine qui, née sans jambes, a percé dans le milieu du sport et du mannequinat grâce à des prothèses très perfectionnées. Elle fait d’ailleurs fréquemment la promotion de ces dernières, exposant le regard nouveau que l’on pourra porter envers les personnes handicapées.
Plus impressionnant encore, ce jeune autrichien qui, suite à un accident de travail, a perdu l’usage de son bras gauche. Il y a quelques mois, il a pris la décision de se faire amputer pour le remplacer par un bras bionique, directement relié à son cerveau. Les commandes de son bras artificiel sont activées par les signaux électriques du cerveau, et cela semble très au point. Remplacer un membre invalide par une prothèse bionique paraît être une idée tout à fait acceptable, mais cela pourrait se généraliser sur des individus parfaitement valides. Une idée qui résonne dans les mots de Aimee Mullins, au cours d’une interview, « L’amputation volontaire, je pense que ça arrivera […] Les athlètes feront n’importe quoi pour avoir les meilleurs avantages possibles ».
On a ici l’exemple de prothèses pour jambes ou bras, mais cette idée est tout à fait valable pour certains organes comme les reins, le coeur, ou encore les yeux. Il n’est pas fantaisiste de penser que notre corps pourra un jour être « réparé » comme une voiture dont on changerait les pièces. Bien évidemment, certaines parties du coup sont plus complexes que d’autres. On imagine mal par exemple pouvoir remplacer tout ou partie de notre cerveau après un grave accident. L’oeil est également un organe difficile à reproduire, et surtout à relier au cerveau humain. Les dernières avancées sont encourageantes, et prévoient le premier oeil bionique exploitable d’ici deux ans. Pour s’attaquer aux éléments les plus délicats, d’autres voies sont explorées, comme les nanotechnologies ou les puces électroniques.
Les puces implantées
En plus de « réparer » ou « augmenter » l’être humain, de nombreuses expériences ont été menées dans le but de le relier aux machines, directement par la pensée, ou de manière plus concrète, par les signaux électriques envoyés par le cerveau, puisque toutes nos actions sont commandées par notre cerveau. Les recherches se divisent en deux méthodes : la première, la plus douce, consiste à placer un bonnet recouvert d’électrodes, qui capte les ondes émises par le cerveau, et qui sont ensuite analysées par un ordinateur avant d’actionner la machine à laquelle il est relié.
La méthode progresse, mais se révèle peu précise et très lente. C’est pourquoi certains chercheurs se sont penchés sur une autre méthode, visant à implanter directement une puce sur le cerveau. Cela augmente la précision mais engendre des risques d’infection importants, les tests sur l’homme sont donc pour le moment très limités. Là encore, ces études se destinent principalement aux personnes handicapées qui ne peuvent compter sur leur corps pour effectuer des actions, d’où l’intérêt d’une interface homme-machine commandée par la pensée.
Mais d’autres études cherchent à faire de l’homme une véritable télécommande, capable d’interagir avec les machines d’un simple mouvement de bras ou, de manière plus ambitieuse, par la pensée. Parmi les chercheurs les plus influents dans le domaine, Kevin Warwick, professeur de cybernétique à l’Université de Reading au Royaume-Uni, s’est fait connaître pour avoir réalisé des implants au sein de son propre corps. En mars 2002, il s’est fait implanter une puce dans le nerf du bras afin de commander des machines simples par un simple mouvement (main robotique, lampe). Il voit le progrès technologique comme une manière d’améliorer l’être humain, et pas uniquement de le soigner. Il est même parvenu à transmettre un signal vers une main robotique de l’autre côté de la planète par le biais d’Internet.
Cette expérience a engendré un certain malaise, car on imagine alors les possibles dérives d’un tel pouvoir (diriger des objets à distance, sur commande). Kevin Warwick ambitionne d’être le premier représentant d’une « nouvelle espèce », post-humaine, un cyborg pour ainsi dire. Sa prochaine étape : implanter des puces au sein même de son cerveau afin de communiquer avec le cerveau d’un autre individu également équipé d’une puce. Une expérience qui vise ni plus ni moins que la télépathie entre êtres humains, et qui devrait, selon le chercheur, se concrétiser dans les dix prochaines années. Des expériences qui restent très hypothétiques, et qui connaitront probablement des détracteurs au vu des risques encourus.
Plus que de réparer, les recherches mènent aujourd’hui à « améliorer » l’homme, afin d’en faire un être hybride de chair et de métal. Ces recherches amènent de nombreuses polémiques car elles remettent en cause l’identité même de l’homme, jusqu’à le séparer peu à peu de son environnement naturel pour en faire un être, in fine, totalement artificiel. Il y a quelques années, des articles sont parus dans la presse annonçant l’avènement d’utérus artificiels. Sans parler des expériences de procréation assistée qui propose des bébés à la carte (couleurs des yeux, de la peau, traits physiques, sensibilités aux maladies, etc.) grâce à des manipulations génétiques. Des recherches qui se sont confrontées à de vives polémiques, de la part de groupes religieux, ou même de certains scientifiques, qui pointent du doigt les problèmes éthiques liés à ces pratiques.
La révolution des nanotechnologies
En plus des puces, la nanotechnologie pourrait avoir un grand rôle à l’avenir. Si la technique s’applique à de nombreux secteurs industriels, elle est également très en vue en médecine. De nombreuses équipes travaillent à l’élaboration de micro-robots (métalliques ou organiques) capables de scanner et réparer notre corps de l’intérieur. Mieux encore, il devrait être possible à moyen terme de remplacer des parties défaillantes de notre corps, comme la rétine. Les nanotechnologies agissent au niveau moléculaire, ce qui permet d’intervenir de manière très ciblée sur le corps humain, en délivrant des médicaments par exemple, et ainsi d’éliminer les maladies ou de retarder la vieillesse, ou de toucher au code génétique contenu dans nos chromosomes.
Les nanotechnologies intéressent beaucoup l’armée américaine, qui a investi plusieurs centaines de millions d’euros dans la recherche et l’exploitation de ces micromachines pour améliorer les performances des soldats. L’objectif est de produire des « super-soldats » capables de résister aux blessures, voire de s’auto-réparer grâce à ces nano-machines.
Couplées aux progrès de la biotechnologie et de la robotique, ces avancées pourraient donner naissance à des super-soldats génétiquement modifiés pour avoir l’avantage sur les armées ennemies. Dans le milieu militaire comme le milieu civil, ces bouleversements technologiques à venir devraient creuser un peu plus le fossé entre riches et pauvres, à la manière de la fracture numérique actuelle.
Nous vous invitons à visionner ce reportage d’Arte diffusé en juin dernier, qui illustre bien ces avancées et les problématiques qui en découlent (en quatre parties).
De même que cette bande annonce du jeu vidéo Deus Ex : Human révolution, qui nous plonge dans un futur anticipé, sur fond de transhumanisme et d’humains augmentés.
Jusqu’ici, nous avons parlé de cyborgs, des hommes augmentés donc, mais il y a un autre domaine qui mérite que l’on y porte toute notre attention : l’intelligence artificielle (IA). Cette science vise à reproduire artificiellement les capacités intellectuelles de l’être humain, et de la transposer via des programmes utilisés dans des systèmes de cryptage, des jeux vidéo, des moteurs de recherche, des logiciels (apprentissage, traduction, reconnaissance faciale, etc.), la robotique ou encore la médecine, avec des systèmes organiques autonomes. L’intelligence artificielle est source de nombreux fantasmes illustrés par la science-fiction, avec des robots dotés de conscience artificielle quasiment ou totalement indiscernable d’une conscience humaine, et qui se voient ainsi dotés d’une intelligence qui leur est propre, voire d’ « émotions ».
L’IA, ou l’indépendance des machines
L’intelligence artificielle est un domaine de recherche très vaste, qui mobilise de nombreux chercheurs et industriels de tous bords, car ses applications sont immenses. Les recherches dans le domaine visent à concevoir des programmes capables d’exécuter des tâches données, de manière partiellement ou entièrement autonome.
Le terme d’ « intelligence artificielle » fait souvent débat parmi les experts, qui remettent en question la notion d’intelligence, qui reste très floue à définir. On parle d’ « intelligence » pour désigner la capacité à comprendre et mettre en relation des concepts afin de s’adapter à une situation donnée. On y retrouve plusieurs degrés de complexité, du simple réflexe face au danger, jusqu’à l’élaboration de codes de communication pouvant aboutir à un raisonnement complexe qui, si l’on poursuit la réflexion, mène aux émotions et à la conscience de soi. Ainsi, on a souvent tendance à résumer le concept d’intelligence à la prise de conscience de son existence et de son rapport au groupe, ce qui permet de s’adapter à son environnement selon les codes (possibilités physiques, contexte social, etc.) dans lesquels l’individu évolue.
De l’IA faible à l’IA forte
On évoque ainsi deux types d’IA : l’IA faible, et l’IA forte. La première cherche à simuler une intelligence à partir d’algorithmes capables de résoudre des problèmes peu complexes. On la retrouve par exemple dans les logiciels de conversation, ces robots qui cherchent à imiter la conversation humaine, mais qui peinent encore à convaincre dans la grande majorité des tests, comme le fameux test de Turing. C’est toute la difficulté de ce type de recherche, qui veut reproduire le raisonnement humain, toujours mal compris par les scientifiques, qui ne cesse de débattre sur les mécanismes de la conscience humaine et des raisonnements complexes que l’on y retrouve.
L’IA faible est également présente dans de nombreux robots virtuels (qui scannent le web à la recherche d’informations particulières, avant de les traiter en vue d’un objectif donné), comme dans les algorithmes de Google ou les robots conversationnels. On peut également citer les robots industriels ou encore les voitures autonomes. Ce dernier domaine profite d’ailleurs d’avancées spectaculaires comme le montre cette vidéo qui a fait le tour du web il y a quelques mois lors d’une démonstration technique de Google, qui est au premier plan de nombreuses recherches sur l’IA.
De l’autre côté, l’IA forte, celle qui nourrit tous les fantasmes, implique, en plus d’un comportement intelligent, d’éprouver une réelle conscience de soi, ce qui implique la présence d’émotions et de sentiments. Bien sûr, un tel degré d’intelligence n’existe pas à l’heure actuelle sur nos machines, mais pour la pluparts des scientifiques, cela n’est qu’une question de temps. Partant du principe que notre intelligence, et par là même notre conscience est le fruit d’interactions biologiques, et donc matérielles, il pourrait être possible de créer un jour une intelligence consciente sur un support matériel autre que biologique.
Si cette idée était inimaginable durant les prémices dans l’IA dans les années 50, elle semble beaucoup plus réaliste aujourd’hui. On estime que la capacité de calcul du cerveau humain, formé de mille milliards de neurones, est équivalente à 2 x 1014 opérations logiques par seconde. Le plus puissant supercalculateur actuel peut calculer à 8 petaflops, soit 8×1015 opérations par seconde, et les progrès sont très rapides dans le domaine (record de 7 teraflops, il y a dix ans, soit 1000 fois moins).
Des applications de plus en plus ambitieuses
De nos jours, plusieurs applications usant de l’intelligence artificielle font déjà partie de notre quotidien : moteur de recherche, robots d’assistance, logiciels de traduction ou encore jeux vidéo. C’est dans ce dernier domaine que les progrès sont les plus impressionnants, alors que les développeurs cherchent à donner toujours plus de réalisme et de crédibilité à ces univers virtuels, à commencer par les personnages. En dehors du graphisme et de l’animation, le comportement des personnages joue un grand rôle dans la crédibilité que l’on peut leur donner. On utilisera le plus souvent des scripts ou des systèmes multi-agents qui s’appuient sur différentes actions possibles des personnages selon les situations.
On parvient ainsi à donner un comportement très réaliste, à défaut d’être réel, à des personnages virtuels qui profitent également d’une modélisation de plus en plus travaillée, ce qui nous rapproche petit à petit du concept d' »Uncanney Valley », qui fait beaucoup parler de lui avec les jeux de dernière génération. Une notion qui s’applique tout autant aux robots humanoïdes, parfois troublant de réalisme.
Les recherches en matière d’intelligence artificielles progressent rapidement, et ont souvent créé la surprise en développant des programmes capables de surpasser l’être humain dans certains domaines. Le cas le plus médiatisé fut celui de Deep Blue, un superordinateur spécialisé dans le jeu d’échec qui, en 1997, a vaincu le champion mondial d’échec Garry Kasparov, au bout de plusieurs partie tout de même.
Beaucoup critiqueront cette victoire de Deep Blue en évoquant la fatigue de Kasparov après six parties successives. Un point à prendre en compte, mais il est vrai qu’un des avantages de la machine sur l’homme, c’est qu’elle ne connaît pas la fatigue – physique ou psychologique – du moins si l’on parle d’IA faible. De manière plus poussée, le programme Watson, conçu par IBM, a battu deux adversaires humains lors d’un jeu télévisé américain en répondant à des questions formulées en langage naturel. Plus fort encore, Watson est envisagé pour assister les médecins en tant que « consultant » pour les services clients ou les soins médicaux.
Mais le plus impressionnant dans l’IA, c’est lorsqu’elle s’applique aux automates. Cela fait des dizaines d’années que les hommes rêvent de robots capables de mimer le comportement humain, ou de les rendre capables d’exécuter les tâches les plus pénibles. De manière plus ambitieuse, et plus rêveuse aussi, on rêve à des humanoïdes, c’est-à-dire des robots à l’apparence humaine, avec qui l’on pourrait vivre en parfaite harmonie, les mêlant à la population humaine, en leur attribuant différentes fonctions, du service à la personne jusqu’aux robots sexuels. Un scénario repris par plusieurs films comme le très réussi <a href= »http://libresavoir.org/index.php?
title=A.I._Intelligence_Artificielle_de_Steven_Spielberg » target= »_blank » rel= »noopener noreferrer »>A.I. Intelligence Artificielle, qui situe l’action dans la seconde moitié du XXIème siècle, ou les « mécas », les humanoïdes, vivent parmi les humains, et seront d’ailleurs les seuls à survivre aux bouleversements climatiques. Un scénario qui pose de nombreuses questions sur le futur de l’humanité, et qui y dévoile un futur tout à fait probable au vu des avancées que l’on connaît.
Davantage centré sur les risques de telles « machines » parmi nous, le film iRobot se base sur la série des Robots d’Asimov, et imagine, en 2035, l’achat de masse de robots humanoïdes particulièrement évolués au sein de foyers du monde entier, avec les avantages, et les dérives qu’une telle situation peut engendrer. L’un de ces robots parvient même à développer une conscience qui lui est propre, avec des sentiments qu’on imagine propres à l’homme : peur, colère, tristesse, compassion, etc.
L’intelligence artificielle et les machines
Aujourd’hui, en 2011, on est encore loin de tels robots, mais nous progressons rapidement. On pense bien sûr à la domotique et aux appareils plus ou moins utiles pour nous aider dans notre vie quotidienne, au foyer en tout cas. Des solutions qui s’intègrent progressivement dans nos maisons, au même titre que les ordinateurs et les écrans haute-définition, et qui devraient se généraliser dans une dizaine d’années. On peut également citer l’Aibo de Sony, abandonné en 2006 par manque de rentabilité.
Pour ce qui est des robots humanoïdes, on ne peut qu’être impressionné par la vitesse à laquelle les équipes de recherche progressent, dans leurs domaines respectifs. Quelques modèles particulièrement novateurs ont d’ailleurs été plusieurs fois présentés dans les médias, c’est le cas du célèbre Asimo, de Honda, aujourd’hui capable de courir à faiblesse vitesse, de reconnaître des personnes et d’avoir une « discussion » simple. La dernière version, parue en 2007, apporte la connexion Wi-Fi, qui permet à plusieurs Asimo de se répartir les tâches ou de se remplacer lorsque certains doivent recharger – d’eux-mêmes – leur batterie. Parmi les robots les plus populaires, citons également Nao, développé par une société française, Aldebaran Robotics, et qui devrait être commercialisé dès 2012 en grandes surfaces. Petit air de I, Robot. Sa palette de programmation permet un très grand nombre d’utilisation possible pour Nao : robot de compagnie, partenaire de jeux, aide à la personne, etc.
On s’en doute, l’IA intéresse beaucoup les militaires. En 2010, L’US Air Force a demandé la conception d’un programme capable de déterminer les secteurs les plus vulnérables chez l’ennemi en vue d’une attaque. Et de manière plus inquiétante, l’armée américaine, probablement suivie par d’autres nations, souhaite s’équiper d’armes autonomes, capables de repérer et attaquer l’ennemi par elles-mêmes. Ainsi, d’ici 2020, plus de mille bombardiers et chasseurs de dernière génération commenceront à être équipés de sorte que, d’ici 2040, tous les avions de guerre américains soient pilotés par intelligence artificielle, en plus des 10 000 véhicules terrestres et des 7 000 dispositifs aériens commandés d’ores et déjà à distance. Voyant cela, on ne peut s’empêcher de penser, en poussant plus loin l’idée, aux scènes apocalyptiques de certains films futuristes, comme Matrix.
La science qui n’est plus tout à fait fiction
Il est bien sûr impossible à l’heure actuelle d’avoir une vision claire de ce qui nous attends dans les dix, vingt ou cinquante prochaines années. Ce dossier a été l’occasion de présenter les différentes pistes explorées en termes de cybernétique, de biotechnologies et d’intelligence artificielle (ainsi que les nombreuses autres sciences qui gravitent autour). Il ne serait pas sérieux de trop insister sur les différents scénarios exploités par les films de science-fiction, car la réalité s’avère souvent plus complexe et donc difficile à prévoir, surtout dans des domaines aussi mouvants que ceux-ci.
Le professeur Kevin Warwick explique souvent que l’homme est appelé à évoluer en même temps que les machines pour ne pas se faire surpasser. On a un certain mal à penser que l’être humain serait assez imprudent pour donner les moyens aux machines de prendre le dessus sur notre espèce de quelque manière que ce soit. Mais la soif de puissance et de curiosité laisse place à toutes les possibilités.
Terminons ce dossier avec une citation du professeur Irving John Good, statisticien britannique réputé, et qui a notamment travaillé sur l’intelligence artificielle et la « logique robotique » ; il est mort en 2009 :
« Supposons qu’existe une machine surpassant en intelligence tout ce dont est capable un homme, aussi brillant soit-il. La conception de telles machines faisant partie des activités intellectuelles, cette machine pourrait à son tour créer des machines meilleures qu’elle-même ; cela aurait sans nul doute pour effet une réaction en chaîne de développement de l’intelligence, pendant que l’intelligence humaine resterait presque sur place. Il en résulte que la machine ultra intelligente sera la dernière invention que l’homme aura besoin de faire, à condition que ladite machine soit assez docile pour constamment lui obéir ».