Préface de Anna Geppert Professeure des universités

Disons-le d’emblée : le livre d’Éric Lemaître sur la ‘‘conscience mécanisée’’ est un cadeau offert à nos contemporains. Il participe au débat concernant les effets des ‘‘progrès’’ technologiques fulgurants dont nous sommes témoins. Certains s’émerveillent, se voient déjà tout puissants, universellement savants, immortels. D’autres s’inquiètent des menaces qui pèsent, sur nous, sur la nature trafiquée, sur la société hypercontrôlée, sur l’homme dit ‘‘augmenté’’, mais en réalité diminué, amputé dans son humanité.

Ces dernières années, les ouvrages se sont multipliés sur ces sujets. Mais le livre que nous avons entre les mains remet ces interrogations dans la seule perspective qui, finalement, a du sens : celle de la foi. Lorsque, dans leur orgueil, les hommes se détournent de Dieu, les ténèbres emplissent leurs cœurs. Ils font alors leur propre ruine :

« Ces soi-disant sages sont devenus fous. » (Rm 1,22).

Or, en fin de compte, c’est bien de cela qu’il s’agit : derrière les défis du soi-disant progrès se joue un combat plus profond, plus grave, ultime : celui pour la conscience de l’homme.

A propos du livre ; Transhumanisme : La conscience mécanisée 

       Couverture - Eric Lemaitre - 1

Le bon combat

Anna Geppert

Professeur des Universités en Urbanisme et Aménagement, Sorbonne Université

Avant d’aller plus loin, j’aimerais dire comment j’ai rencontré Éric Lemaître. En 2005, l’agence d’urbanisme cherchait à remettre sur le métier un sujet ancien, la collaboration entre Reims et les villes voisines. Les tentatives précédentes avaient fait long feu, faute de volonté politique. Le directeur de l’agence eût l’idée de confier une étude à la collaboration de deux personnes différentes, un consultant socioéconomiste, Éric, et une universitaire spécialiste de l’aménagement du territoire, moi-même.

Pour rencontrer les maires concernés, nous devions sillonner les routes champenoises, ardennaises, picardes. Des voyages riches d’échanges, au cours desquels naissait une complicité intellectuelle. Il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour en découvrir la source : notre foi. Il y a des différences entre celle d’Éric, protestant évangélique, et la mienne, catholique romaine. Mais, plus grand que nos différences, il y a le Christ :

« En tous, il est tout » (Col 3,11).

Par la suite, nous nous sommes croisés, de loin en loin. Le hasard, cet autre nom de la Providence, nous a réunis ces derniers jours sur un terrain plus politique. Éric m’a adressé son livre en me proposant de le préfacer. En lisant sa Conscience humanisée, j’ai retrouvé l’ancienne connivence : dans les changements accélérés qui se sont produits au cours des dix dernières années, nous avions mené des réflexions qui se faisaient, à maints égards, écho. C’est donc un réel plaisir que d’écrire les quelques mots qui suivent.

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Disons-le d’emblée : le livre d’Éric Lemaître sur la ‘‘conscience mécanisée’’ est un cadeau offert à nos contemporains. Il participe au débat concernant les effets des ‘‘progrès’’ technologiques fulgurants dont nous sommes témoins. Certains s’émerveillent, se voient déjà tout puissants, universellement savants, immortels. D’autres s’inquiètent des menaces qui pèsent, sur nous, sur la nature trafiquée, sur la société hypercontrôlée, sur l’homme dit ‘‘augmenté’’, mais en réalité diminué, amputé dans son humanité.

Ces dernières années, les ouvrages se sont multipliés sur ces sujets. Mais le livre que nous avons entre les mains remet ces interrogations dans la seule perspective qui, finalement, a du sens : celle de la foi. Lorsque, dans leur orgueil, les hommes se détournent de Dieu, les ténèbres emplissent leurs cœurs. Ils font alors leur propre ruine :

« Ces soi-disant sages sont devenus fous. » (Rm 1,22).

Or, en fin de compte, c’est bien de cela qu’il s’agit : derrière les défis du soi-disant progrès se joue un combat plus profond, plus grave, ultime : celui pour la conscience de l’homme.

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L’urbaniste que je suis est interpellée par les passages du présent ouvrage qui concernent la ville digitale. Je ne résiste pas au plaisir de rapporter ici un éditorial que j’ai publié très récemment dans la très revue nommée disP- The Planning Review, et intitulé… La tour de Babel[1]:

Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots. Au cours de leurs déplacements du côté de l’orient, les hommes découvrirent une plaine en Mésopotamie, et s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Fabriquons des briques et mettons-les à cuire ! » Les briques leur servaient de pierres, et le bitume, de mortier. Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, pour ne pas être disséminés sur toute la surface de la terre. » (Genèse 11 : 1-4).

Nous y voilà, à nouveau. Toute la terre a une même langue : le pidgin English. Peu de mots, pas de grammaire, une prononciation saccadée : une langue tout juste bonne pour les affaires, sans subtilité ni culture, ne permettant pas une communication profonde. Et, tandis qu’ils migrent de toutes parts, les hommes s’établissent dans les mégapoles : São Paulo, Mumbai, Séoul, New York. Le secteur de la construction caracole à des niveaux d’activité sans précédent[2]. Les mégapoles s’affrontent dans les classements et essaient de se faire un nom. Elles érigent des tours dont le sommet atteint les cieux, et chaque nouveau record de hauteur annonce une nouvelle crise économique[3]… Mais nous poursuivons, éperonnés par la cupidité, ivres d’orgueil. Tout est possible, the sky is the limit!

Depuis l’Antiquité, philosophes et urbanistes ont réfléchi à la taille des villes. À différentes époques et pour différentes raisons, Hippodamos de Milet, St Thomas More, Sir Ebenezer Howard, Lewis B. Keeble et bien d’autres ont tenté de limiter leur croissance. Qu’elle fût le lieu du succès ou de la perdition, la grande ville était l’exception et non la norme. Aujourd’hui, grâce à la technologie, les mégapoles paraissent capables de s’affranchir de toute limite de taille d’une manière qui, auparavant, n’était pas concevable. Nous savons bien qu’elles sont des géants aux pieds d’argile, à la merci d’un accident naturel, technologique, énergétique… Mais nous espérons que le progrès palliera ces risques, nous ouvrant monde d’opportunités.

Mais qu’en est-il dans la réalité ? Lorsque j’enseignais à Abu Dhabi, j’avais été atterrée d’apprendre que certains ouvriers du bâtiment ignoraient dans quelle ville ou pays ils se trouvaient. Puis je me pris à songer à mon voisin, l’homme d’affaires accoudé au bar du Hilton. Finalement, que sait-il de l’endroit où il se trouve ? Délesté de son smartphone et de son portefeuille, il n’irait pas bien loin… Et nous ? Que connaissons-nous vraiment, dans les métropoles que nous habitons ?

Nous vivons dans des archipels. Nos îles de résidence, de travail, de loisirs sont séparées de vastes océans inconnus. Sortis de quelques lieux familiers, nous sommes perdus : rien d’étonnant à ce que les promoteurs nous promettent tous les havres de paix auxquels nous aspirons. Mais, au bout du compte, que ce soit dans les ‘‘petites boîtes faites en ticky-tacky’’ de la chanson de Reynolds, dans d’arrogants gratte-ciels, dans les courbes lourdes du post-modernisme, dans les pastiches éclectiques de l’urbanisme néo-traditionnel, ils reproduisent la même erreur, la fameuse ‘‘Unité d’Habitation’’ de Le Corbusier : un ‘‘module’’, fragment de cité relié à d’autres fragments lointains, mais déconnecté de son environnement. Et, désormais, protégé par des clôtures et des caméras de reconnaissance faciale.

Inlassablement, nous ajoutons de nouveaux modules à nos métropoles. La cité et sa communauté d’habitants sont remplacées par ‘‘l’urbain’’, un univers en expansion permanente qui n’appartient plus à personne. Son gigantisme affecte nos relations aux lieux et aux personnes. Dans le métro, je ressens de la compassion pour le premier mendiant, mais lorsque je suis sollicitée pour la cinquième fois, je suis seulement contrariée. Nous n’avons pas la capacité d’absorber le torrent d’hommes, d’événements, d’informations, de stimuli charriés par la vie métropolitaine.

Dans l’anonymat de grands nombres, les stéréotypes remplacent les personnes et les slogans de tolérance, de justice et de fraternité sonnent creux. Des silhouettes sans visage habitent les métropoles dystopiques des films de science-fiction : des travailleurs athlétiques et anonymes dans la Metropolis de Fritz Lang (1927), des policiers et des gangs de malfaiteurs dans la ville de Gotham, des « réplicant » androïdes dans Blade Runner de Ridley Scott (1982). Ce dernier prend pour décor Los Angeles en… 2019. En sommes-nous arrivés là ? Par l’intelligence artificielle et par l’eugénisme, nous essayons bien de produire des androïdes. Et notre société est en train de devenir de plus en plus dure. Sur mon trajet quotidien, au cœur de Paris, je croise des personnes hurlant dans le métro, des comportements agressifs, des personnes sans domicile dormant à même le pavé, des rats courant en plein jour dans les rues. Il y a seulement cinq ans, ce n’était pas ainsi.

Bâtissons des villes pour les hommes, des villes où l’on peut vivre et travailler. Des villes aux distances courtes, aux rues invitant à la déambulation, aux jardins accueillants ; des villes préservées des panneaux publicitaires criards, des haut-parleurs hurlants et de l’Internet ; des cités en harmonie avec leur arrière-pays ; des cités riches de toute leur histoire ; des cités bâties autour d’une église, et non d’une usine, d’une banque, d’une attraction touristique ou d’un centre commercial.

En Europe, ces villes existent. Nous avons un réseau unique de villes et de bourgs historiques. Elles offrent toutes ces qualités et participent d’un aménagement harmonieux du territoire. Mais beaucoup sont en déclin, concurrencées par les métropoles, ces territoires gagnants de la mondialisation. Nous sommes à un tournant. Comme au lendemain de la chute de Rome, sans politique volontaire en termes d’emploi, d’infrastructures, de soutien aux services, beaucoup de villes petites et moyennes vont dépérir. Mais la volonté politique fait défaut, comme nous l’avons vu lorsque la déclaration de Riga[4] fit long feu.

Plus que jamais, des travaux de recherche et des propositions politiques clairvoyantes sont nécessaires. Retroussons nos manches et prenons soin de nos petites villes – ainsi, nous aurons un refuge lorsque la tour de Babel s’effondrera ».

J’ai été frappée par les convergences entre les propos sur la ville tenus par Éric Lemaître dans le cadre d’une réflexion sur le transhumanisme, et la mise en garde que j’adresse aux urbanistes dans le cadre d’une revue de référence dans ce champ.

L’un comme l’autre, nous dressons le constat d’une ville financiarisée, au service d’un néolibéralisme débridé, avec des possibilités de contrôle de la vie privée digne des rêves les plus fous des dictateurs communistes ou d’un 1984 de George Orwell (1949).

Derrière ce tableau se dessine également la préoccupation de l’homme asservi à la machine, coupé de la nature et isolé de ses semblables… Soumis à la “dictature du bruit” dont parle remarquablement le Cardinal Robert Sarah[5], noyé sous une déferlante de sons, d’images, d’écrans, happé par la vitesse, le consumérisme, la course au profit, l’homme peine à se trouver lui-même – et à rencontrer Dieu.

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Car au-delà de la question de la ville, c’est bien de notre relation à Dieu qu’il s’agit. Comment ne pas nous reconnaître dans les propos de l’Apôtre Saint Paul :

« Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. » (2Tm, 4,3-4).

« Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge ; ils ont vénéré la création et lui ont rendu un culte plutôt qu’à son Créateur, lui qui est béni éternellement. Amen. » (Rm 1,25)

Il en va du salut des âmes, mais il en va également de nos sociétés :

« Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde dépourvu de sens. Car sinon, d’où vient tout ce qui est ? En tout cas, il n’y aurait pas de fondement spirituel. C’est simplement là, sans véritable but ni sens. Il n’y a alors pas de notion de bien ou de mal. Celui qui est plus fort que l’autre s’impose. Le pouvoir est alors l’unique principe. La vérité ne compte pas, elle n’existe d’ailleurs pas. C’est seulement quand les choses ont un fondement spirituel, qu’elles sont voulues et pensées — seulement quand il y a un Dieu créateur qui est bon et qui veut le Bien — que la vie de l’homme peut également avoir un sens. (…)

Une société sans Dieu — une société qui ne Le connaît pas et qui Le considère comme inexistant — est une société qui perd son équilibre. Notre époque a vu l’émergence de la formule coup de poing annonçant la mort de Dieu. Quand Dieu meurt dans une société, elle devient libre, nous assurait-on. En réalité, la mort de Dieu dans une société signifie aussi la mort de la liberté, parce que ce qui meurt, c’est le sens, qui donne son orientation à la société. Et parce que la boussole qui nous oriente dans la bonne direction en nous apprenant à distinguer le bien du mal disparaît. La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a plus rien à y dire. Et c’est pour cela que c’est une société dans laquelle l’équilibre de l’humain est de plus en plus remis en cause. » (Benoît XVI, 2019).[6]

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Les atours dont se pare le soi-disant progrès ne résistent pas à l’analyse. C’est pour cela qu’il nous est présenté dans le registre compassionnel, incantatoire, agrémenté de force ‘‘likes’’ – il paraît qu’ils sont addictifs. La tentative de remplacement de la conscience humaine par une ‘‘conscience humanisée’’ n’attendra pas la greffe de puces dans le cerveau. Elle est déjà en cours : l’usage massif du digital, sous toutes ses formes, affecte le cerveau et les processus de cognition, entraînant addictions, pertes de mémoire, dépressions, anxiétés, difficultés à communiquer… Depuis une dizaine d’années, les travaux sur ce sujet se multiplient parmi les psychologues, les psychiatres, les spécialistes en neurosciences et en imagerie du cerveau. Une synthèse très exhaustive publiée en 2019 par une équipe de chercheurs conclut que l’ensemble de ces conséquences n’est pas pleinement connu ni maîtrisé.[7] En d’autres termes, nous jouons aux apprentis-sorciers.

La ‘‘conscience mécanisée’’ est un phénomène de nature totalitaire. Ce n’est pas le premier, dans la longue histoire de l’humanité. J’ai eu l’immense honneur, sous la dictature communiste, de rencontrer le bienheureux Père Jerzy Popiełuszko. Le vendredi 19 octobre 1984, quelques instants avant son enlèvement, il conduisait la méditation des mystères douloureux du chapelet :

« Depuis des siècles, le combat contre la vérité dure sans cesse. Mais la vérité est immortelle, tandis que le mensonge meurt d’une mort rapide. Voilà pourquoi, selon les mots du défunt Cardinal Wyszyński, il n’y a pas besoin d’un grand nombre de personnes pour dire la vérité. Le Christ a choisi un petit nombre de disciples pour annoncer la vérité. Le mensonge doit se parer de beaucoup de mots, car il est épicier : il doit sans cesse se renouveler, comme la marchandise dans les rayons. Il doit toujours sembler nouveau, il doit avoir beaucoup de serviteurs qui apprendront son programme, pour un jour ou un mois. Puis, rapidement, on inculquera un autre mensonge. Il faut beaucoup de personnes pour diffuser le mensonge. Il n’en faut pas autant pour dire la vérité. Les hommes trouveront, les hommes viendront de loin pour trouver les paroles de vérité car Dieu a mis, au fond de l’homme, un désir naturel de vérité. »

Merci à Éric Lemaître de nous alerter sur les dangers de la ‘‘conscience mécanisée’’, qui cherche à se substituer au désir de vérité inscrit dans le cœur de l’homme.

L’avertissement contenu dans le livre d’Éric Lemaître arrive à point nommé. Car nous ne sommes pas condamnés à subir, nous ne sommes pas réduits au rang de simples observateurs. Dans le périmètre de notre devoir d’état, nous pouvons agir. Depuis 2011, constatant pragmatiquement les dégâts qu’ils effectuent sur l’apprentissage, j’ai interdit à mes étudiants le recours au numérique, et j’ai moi-même banni de mes cours les PowerPoint et autres supports passant par les écrans. Jusqu’à présent, c’est un réel succès.[8] Cela ne transformera pas le monde entier, mais est-ce ce qui m’est demandé ? Sous l’effet d’une étrange inflation, la ‘‘conscience mécanisée’’ nous porte à croire que nous sommes liés à tout, que tout dépend de nous… Quelle illusion !

Prions et travaillons. La lecture de ce livre peut nous aider à agir en nous fournissant des arguments. Ne doutons pas de la victoire : L’église écrasera la tête du Serpent. Quant à nous, puissions-nous dire un jour, comme Saint Paul : J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. (2Tm, 4,7)

[1] Geppert Anna. 2019. « The Tower of Babel. » disP – The Planning Review, 55(3), pp. 4-5. DOI : 10.1080/02513625.2019.1670980 Original en anglais, traduit par moi-même.

[2]GlobalData (2019): Global Construction Outlook to 2023 – Q2 2019 Update. Lien: https://www.globaldata.com/store/report/gdcn0015go–global-construction-outlook-to-2023-q2-2019-update/ (consulté 23 Août 2019)

[3]L’économiste Andrew Lawrence a illustré de manière amusante et convaincante cette correspondance entre records de construction et crises économiques à travers son ‘‘skyscraper index’’. cf.  Lawrence, A. (1999): The Skyscraper Index: Faulty Towers. Property Report. Dresdner Kleinwort Wasserstein Research

[4]En 2015, la Lettonie assurait la présidence du Conseil de l’Union européenne : elle a promu cette déclaration qui appelait à une politique de revitalisation des villes petites et moyennes. Signée par tous les états-membres, elle n’a pas été suivie d’effet.

[5]Sarah, Card. Robert. 2016. La force du silence: contre la dictature du bruit. Fayard.

[6]Note du Pape émerité Benoît XVI sur les abus sexuels de février 2019, traduction française site Aleteia: https://fr.aleteia.org/2019/04/12/document-lintegralite-du-texte-du-pape-emerite-benoit-xvi-sur-les-abus-sexuels/ consulté le 21/12/2019

[7]Firth, Joseph, John Torous, Brendon Stubbs, Josh A. Firth, Genevieve Z. Steiner, Lee Smith, Mario Alvarez-Jimenez, John Gleeson, Davy Vancampfort, Christopher J. Armitage and Jerome Sarris (2019). « The ‘online brain’: How the Internet may be changing our cognition. » World Psychiatry, 18 (2), pp.119-129.

[8]    Je rends compte de cette expérience dans l’article suivant, paradoxalement accessible… en ligne. Geppert Anna (2019). « Let us teach for real ! A plea for traditional teaching. » Transactions of the Association of European Schools of Planning • 3 (2019) doi: 10.24306/TrAESOP.2019.01.001

Vision urbaine, sociale et économique dans une perspective biblique

« Le système technicien » s’est constitué selon Jacques Ellul comme véritable milieu, comme déterminant en regard d’un environnement de plus en plus déshumanisant. L’homme s’est affranchi au fil de son histoire, de son jardin, de ce modèle social dans lequel il est né pour aller conquérir tour à tour la matière et fonder la ville. Peu à peu l’homme s’est asservi à la technique en perdant de vue le sens de l’autre, de sa proximité avec la nature, en embrassant le monde technique.

C’est tout une dimension de l’être qui s’est alors trouvée aliénée. Les préjudices de la techno science et du système technicien n’affectent pas seulement la nature mais les préjudices sont également et avant tout d’ordre relationnel.

Ainsi La ville , est le lieu même où la technique devient au fil de ses progrès un méga système entremêlant capteurs, intelligence artificielle, robots, bornes reliant usagers et urbanisme, détournant l’homme de sa vraie vocation d’homme fait à l’image de son créateur en lien avec les autres.

 

« Le système technicien » s’est constitué selon Jacques Ellul comme véritable milieu, comme déterminant en regard d’un environnement de plus en plus déshumanisant. L’homme s’est affranchi au fil de son histoire, de son jardin, de ce modèle social dans lequel il est né pour aller conquérir tour à tour la matière et fonder la ville. Peu à peu l’homme s’est asservi à la technique en perdant de vue le sens de l’autre, de sa proximité avec la nature, en embrassant le monde technique.

C’est tout une dimension de l’être qui s’est alors trouvée aliénée. Les préjudices de la techno science et du système technicien n’affectent pas seulement la nature mais les préjudices sont également et avant tout d’ordre relationnel.

Ainsi La ville est le lieu même où la technique au fil de ses progrès, devient un méga système entremêlant capteurs, intelligence artificielle, robots, bornes reliant usagers et urbanisme, détournant l’homme de sa vraie vocation d’homme fait à l’image de son créateur en lien avec les autres.

Au lieu de cela tout est fait pour l’atomiser et l’isoler comme pour le rendre dépendant à cette machinerie de la « Smart City », de la ville intelligente.  Or dans un futur proche comme je l’écrivais sur mon blog à propos de la ville intelligente, ce sont les connexions citoyens et ville qui vont s’intriquer, s’accentuer, s’amplifier. C’est bel et bien toute une architecture quasi organique qui se dessine intriquant demain les usagers et le système numérisé de la ville, unifiant connectant, reliant toutes les composantes de la ville, associant habitants et habitat au risque de piétiner l’écologie, en prétendant artificiellement la défendre via ses artefacts promouvant de prétendues énergies durables. Outre cet aspect que je souligne dans ce préambule, il convient aussi de relever les dimensions toujours croissantes de la ville dont l’ambition demeure l’expansion impliquant a fortiori l’étalement urbain et l’éloignement de tout cet espace vital que constitue la nature.

Dieu avait pourtant dans sa sagesse donner des bornes à la ville

La ville est ainsi devenue une création de l’homme à l’envers du jardin où l’homme avait été pourtant placé, or ce projet d’urbanisme préfigure l’éloignement de l’homme de tout projet en contact avec la création, de tout projet en relation avec son créateur, pourtant dans les écritures, il convient de relever ce passage étonnant et méconnu par beaucoup indiquant que Dieu préconisa de fixer, de borner la ville d’une « ceinture verte ».

Il est ainsi explicitement recommandé aux Hébreux de créer des lieux ouverts à la périphérie de la ville, un espace pour tout ce qui est vital en dehors de l’habitat humain « Ordonne aux fils d’Israël de donner aux Lévites, sur leur part de leurs possessions, des villes pour y habiter outre un espace ouvert autour de ces villes, vous en donnerez aux Lévites. Les villes leur serviront pour l’habitation et leur espace ouvert sera pour leurs animaux et pour leurs biens et pour tout ce qui est vital. » (Nombres 35 :2-3)

Il faut également souligner ce passage comme une autre recommandation à l’endroit des habitants prescrivant l’inaliénabilité de cet espace ouvert « Et l’espace ouvert aux abords de leurs villes ne peut être vendu ; elle est leur propriété inaliénable’ (Lévitique 25 :34). Ceci devait constituer un modèle fondamental pour préserver les qualités d’une échelle urbaine à hauteur d’homme. Toute augmentation d’habitants supposait de fait la nécessité d’une migration vers d’autres espaces pour créer de nouvelles villes toujours à hauteur d’hommes.

Ainsi toujours selon l’enseignement de la Torah, les cités doivent permettre à leurs habitants d’être en proximité avec la nature et leur donner l’occasion de cultiver la terre, de disposer d’un espace vital. Les habitants de la cité se devaient de mettre en pratique la bénédiction messianique suivante : « Et chacun demeurera sous sa vigne et sous son figuier. » (Michée 4 :4)

Or de nos jours les villes sont confrontées à l’artificialisation des sols à l’étalement. Les nombreux problèmes que ce phénomène cause (insécurisation des villes du fait de l’accroissement des populations, de l’allongement des distances entre habitat et travail ou toute autre vie sociale, pertes de terres agricoles, destructions des milieux naturels et de la biodiversité…).

Tout progrès est vain, sans vision solidaire et collective

Or les mutations profondes associées à ce système technicien, amènent de nombreux dysfonctionnements économiques et sociaux, obligent ainsi à repenser le monde, la cité, selon d’autres perspectives et dans une vision de proximité, la vision du prochain.

Ces dysfonctionnements ne s’arrangent pas avec la montée en puissance de la codification au sein de la cité, la vie économique et de la vie sociale (la législation de plus en plus pesante, les normes), la fragmentation ou l’hyperspécialisation des tâches qui rend possible l’avènement des robots et des IA, l’effacement des responsabilités individuelles se reportant sur d’autres et sur des dimensions toujours plus collectives, la multiplication d’outils formatés et artificiels du dialogue social, substitut de la rencontre, de l’échange, de l’ouverture aux autres.

Comment de fait créer les conditions de l’épanouissement dans sa cité et sa vie sociale ? Quelles alternatives économiques sont possibles ? Existe-t-il des modèles qui prennent leur source dans une réelle dimension spirituelle et revalorise l’homme au sein de la cité, de son quartier et d’une plus grande proximité se rapprochant de l’échelle du jardin ?

Ainsi le progrès est vain, sans vision solidaire et collective, sans la vision de la proximité…Il n’y a d’enchantement que dans la dimension spirituelle, l’enrichissement croisé, partagé, fertilisé dans une communion de services que donne la capacité à un corps pleinement proche et solidaire de s’épanouir et d’inventer pour le bien-être de tous au-dedans et à l’extérieur…

L’essence de cette dimension sociale est à trouver dans les Évangiles, les écritures dans leur totalité, les promesses d’une incarnation de Dieu dans la réalité quotidienne…

La crise qui ne limite pas à l’économie est endémique, elle s’étend aujourd’hui à toute la planète, à toutes les nations riches ou pauvres. La crise sociale vécue par le monde urbain n’est-elle pas la résultante finalement de multiples transgressions, violations de lois fondées sur la compassion, la justice, sur la miséricorde fondement d’une économie de partages. Or j’entends trop souvent des prédications qui dénoncent le monde, or nous sommes le monde et nous l’alimentons si nous ne changeons pas nos habitudes, si nous ne le modifions pas en les construisant à partir d’un nouveau souffle qui nous transforme de l’intérieur et de facto changera notre environnement. N’oublions jamais que nos gestes ont une part de responsabilité dans la déconstruction de notre humanité, je le rappelle chaque fois qu’une personne à table qui plutôt de parler à son proche, se connecte à son portable.

La Bible est une source d’inspiration pour la vie sociale et économique

Sans vouloir se livrer à une exégèse fouillée et à des développements théologiques, la profondeur de quelques textes bibliques, mettent en évidence des réponses concernant l’éthique de la vie économique et sociale qui touche à de multiples dimensions comme l’urbanisme, production, les dettes, les emprunts, la propriété foncière, les échanges, de distribution équilibrée, de la répartition des richesses, d’exploitation même de la terre, dans une perspective d’équité, de justice sociale pour répondre aux besoins de tous et notamment des plus pauvres, des plus démunis.

Même le développement durable y est abordé, ce qui signifie que « rien n’est nouveau sous le soleil » et que bon nombre d’enseignements bibliques feraient bien d’inspirer les nations de ce monde. Ainsi toute culture intensive est proscrite dans le premier testament (Lévitique 25), les israélites sont encouragés à vivre exactement comme des intendants économes, des gérants habités par l’éthique, l’amour du prochain.

Lorsque les textes des écritures, notamment du premier testament sont analysés, mis en perspective, apposés et comparés entre eux, nous voyons se dessiner ou poindre l’existence bien réelle, d’une économie normative (la règle biblique), un ensemble de recommandations relativement à la bonne conduite économique et de facto à la bonne gestion qui devrait découler d’une gouvernance juste de la nation.

La lecture du Livre de Genèse évoque un épisode de crise qui plonge toute l’Égypte dans la famine et de l’intelligence dont a fait preuve Joseph dans sa gouvernance pour organiser une réponse anticipée et préventive afin d’affronter la famine. Ce texte en référence se trouve dans Genèse 41.56.

À la suite de l’interprétation d’un rêve, Joseph va déduire que sept années de surproduction vont précéder sept années de crise.

Il conseille alors au Pharaon de prélever une certaine proportion sur les surproductions des récoltes emmagasinées et accumulées en Égypte (La vision des sept vaches grasses).

« La famine régnait dans tout le pays. Joseph ouvrit tous les lieux d’approvisionnements, et vendit du blé aux Egyptiens… »

Joseph avait su à l’époque anticiper et avait organisé des lieux de stockage pour faire face, avait organisé la logistique de stockage, créé des lieux d’approvisionnement… Or nous voyons bien les caractéristiques d’une économie qui n’épargne plus et qui est prise en défaut par la dévastation sans précédent qu’impacte l’endettement abyssal des nations…

Il y a une attention toute particulière que portent les écritures à la situation des plus précaires… Ainsi les écritures révèlent un véritable code de bonne gestion, de gouvernance économique… Si nous lisons les textes d’Exode 23 (v. 10 à 11) et le Lévitique 25.22. Nous avons là un enseignement sur la prévention de la pauvreté. Un théologien évoque à propos de ce livre « Une solution rationnelle que propose le livre du lévitique pour sauver la prospérité d’Israël de l’âpreté au gain, de l’avarice et de la cupidité de ceux qui savent mieux que les autres tirer profit des produits de la grâce auxquels chacun, même le plus endetté, contribue et peut encore contribuer par son activité. Faute de cela, l’or s’accumule dans les coffres, le blé pourrit dans les greniers et il n’y a plus personne pour renforcer les digues le jour où la tempête menace de les emporter. ».

Lévitique 25.22 « …Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel, votre Dieu »… Ce texte de Lévitique révèle l’économie normative et codifiée, l’économie juste et en quelque sorte compatissante.

Outre la mise en Jachère des terres et la mise à disposition de ce reste aux plus démunis « tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner », le texte de Deutéronome 15 (1-2) aborde toute la dimension de la dette « 1 …Au bout de sept ans tu feras remise. Voici en quoi consiste la remise. Tout détenteur d’un gage personnel qu’il aura obtenu de son prochain, lui en fera remise ; il n’exploitera pas son prochain ni son frère, quand celui-ci en aura appelé à l’Éternel pour remise. 2 Tu pourras exploiter l’étranger, mais tu libéreras ton frère de ton droit sur lui. Qu’il n’y ait donc pas de pauvre chez toi. Car l’Éternel ne t’accordera sa bénédiction dans le pays que ton Dieu te donne en héritage pour le posséder. »

Les écritures encouragent la vie sociale et la solidarité envers tous

Concernant la vie sociale, Il y a dans le discours biblique une manière pressante de ne pas fermer notre cœur à notre prochain, les écritures notamment les Évangiles donnent la même exhortation et invite à pratiquer la miséricorde.

Ainsi dans les proverbes il est fait mention dans les domaines qui touchent la précarité, du traitement fait aux plus démunis « Celui qui opprime le pauvre pour réaliser un gain, ou qui fait des cadeaux aux riches, finira dans la pauvreté » (22.16). Deux dimensions dans ce verset qui nous sont ainsi révélées, d’une part celui qui opprime le pauvre le fait dans le but de s’enrichir encore, comme Il semble insensé de donner davantage au riche à rebours de la miséricorde. La sanction est immédiate pour ces postures qualifiées d’absurdes, elles aboutissent à la déchéance matérielle de celui qui pratique de manière insensée de tels actes.

Dans la tradition de l’église, Basile un des pères et docteurs de l’Église proscrit la pratique du prêt à intérêt, il condamne franchement une forme de cupidité, en dénonçant comme comble d’inhumanité le fait de ne point se « contenter du capital » et « de profiter de la détresse de ce qui est dépourvu du nécessaire pour recueillir, revenus et ressources… » Basile évêque de Césarée était entre autre très engagé contre la famine qui sévissait à son époque, il s’était inscrit littéralement dans les recommandations du lévitique 25 ; « Quand un de vos compatriotes, tombé dans la misère, ne pourra plus tenir ses engagements à votre égard, vous devrez lui venir en aide, afin qu’il puisse continuer à vivre à vos côtés….Vous agirez de cette manière même envers un étranger, un hôte résidant votre pays. Vous ne lui demanderez pas d’intérêt sous quelques formes que ce soit… Montrez par votre comportement que vous me respectez et permettez-lui ainsi de vivre à vos côtés… »

Je suis également frappé par cette autre dimension de justice sociale, d’équité et de non-gaspillage, très présent dans l’ancien Testament, ces règles d’équité, d’égalité, de juste traitement, de non-gaspillage, d’éthique sociale. Examinons ce texte étonnant d’Exodes 16 versets 14-15.  » Le soir, il survint des cailles qui couvrirent le camp ; et, au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp. Quand cette rosée fut dissipée, il y avait à la surface du désert quelque chose de menu comme des grains, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la terre. Les enfants d’Israël regardèrent et ils se dirent l’un à l’autre : Qu’est-ce que cela ? Car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : C’est le pain que L’Éternel vous donne pour nourriture. Voici ce que l’Éternel a ordonné : Que chacun de vous en ramasse ce qu’il faut pour sa nourriture, un omer par tête, suivant le nombre de vos personnes ; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente. Les Israélites firent ainsi ; et ils en ramassèrent les uns plus, les autres moins. On mesurait ensuite avec l’omer; celui qui avait ramassé plus n’avait rien de trop, et celui qui avait ramassé moins n’en manquait pas. Chacun ramassait ce qu’il fallait pour sa nourriture. Moïse leur dit : Que personne n’en laisse jusqu’au matin. »

Ainsi l’économie normative inspirée des écritures prenant sa source dans une loi de justice, manifeste une forme de prévention contre les effets liés à l’accumulation des richesses, des phénomènes de thésaurisation contre-productive, d’inégalité et d’exploitation qui en résultent – « Malheur, s’écrie Isaïe, à ceux qui ajoutent maison à maison et joignent champ à champ, au point de prendre toute la place et de rester les seuls habitants du pays » (Isaïe 5, 8).  L’expropriation spéculative dont la cupidité est ici l’enjeu est clairement dénoncée, condamnée dans les écritures.

Cette règle d’égalité prévaut également dans le nouveau Testament, ainsi nous lisons dans Romains 8.13-15 : « … Car il s’agit, non de vous exposer à la détresse pour soulager les autres, mais de suivre une règle d’égalité : dans la circonstance présente votre superflu pourvoira à leurs besoins, afin que leur superflu pourvoie pareillement aux vôtres, en sorte qu’il y ait égalité, selon qu’il est écrit : Celui qui avait ramassé beaucoup n’avait rien de trop, et celui qui avait ramassé peu n’en manquait pas. »

En conséquence l’économie normative telle qu’elle est affichée et décrite dans le premier testament a également ses prolongements dans les débuts de l’église comme le confirme par ailleurs Actes 2.48… « La mise en commun des ressources, en termes de travail comme de rétribution directe ».

La mise en commun n’est-elle pas aussi la mise en commun des talents, des intelligences. Comme nous le rappelions plus haut, le progrès est vain, sans l’aventure humaine et collective…Il n’y a d’enchantement que dans la dimension spirituelle, l’enrichissement croisé, partagé, fertilisé dans une communion de services que donne la capacité à un corps pleinement solidaire de se performer et d’inventer pour le bien-être de tous au-dedans et à l’extérieur… Ainsi cette conclusion est également à mettre en perspective avec ce texte de Corinthiens, pour faire de nos entreprises ces communautés de talent inspirées par le souffle des écritures…

1 Corinthiens v12-27 : « Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ. Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres. Si le pied disait : Parce que je ne suis pas une main, je ne suis pas du corps, ne serait-il pas du corps pour cela ? Et si l’oreille disait : Parce que je ne suis pas un œil, je ne suis pas du corps, ne serait-elle pas du corps pour cela ? Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout ouïe, où serait l’odorat ? Maintenant Dieu a placé chacun des membres dans le corps comme il a voulu. Si tous étaient un seul membre, où serait le corps ? Maintenant donc il y a plusieurs membres, et un seul corps.

L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni la tête dire aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous. Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires ; et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d’un plus grand honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes reçoivent le plus d’honneur, tandis que ceux qui sont honnêtes n’en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d’honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. Vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. »