Préface de Anna Geppert Professeure des universités

Disons-le d’emblée : le livre d’Éric Lemaître sur la ‘‘conscience mécanisée’’ est un cadeau offert à nos contemporains. Il participe au débat concernant les effets des ‘‘progrès’’ technologiques fulgurants dont nous sommes témoins. Certains s’émerveillent, se voient déjà tout puissants, universellement savants, immortels. D’autres s’inquiètent des menaces qui pèsent, sur nous, sur la nature trafiquée, sur la société hypercontrôlée, sur l’homme dit ‘‘augmenté’’, mais en réalité diminué, amputé dans son humanité.

Ces dernières années, les ouvrages se sont multipliés sur ces sujets. Mais le livre que nous avons entre les mains remet ces interrogations dans la seule perspective qui, finalement, a du sens : celle de la foi. Lorsque, dans leur orgueil, les hommes se détournent de Dieu, les ténèbres emplissent leurs cœurs. Ils font alors leur propre ruine :

« Ces soi-disant sages sont devenus fous. » (Rm 1,22).

Or, en fin de compte, c’est bien de cela qu’il s’agit : derrière les défis du soi-disant progrès se joue un combat plus profond, plus grave, ultime : celui pour la conscience de l’homme.

A propos du livre ; Transhumanisme : La conscience mécanisée 

       Couverture - Eric Lemaitre - 1

Le bon combat

Anna Geppert

Professeur des Universités en Urbanisme et Aménagement, Sorbonne Université

Avant d’aller plus loin, j’aimerais dire comment j’ai rencontré Éric Lemaître. En 2005, l’agence d’urbanisme cherchait à remettre sur le métier un sujet ancien, la collaboration entre Reims et les villes voisines. Les tentatives précédentes avaient fait long feu, faute de volonté politique. Le directeur de l’agence eût l’idée de confier une étude à la collaboration de deux personnes différentes, un consultant socioéconomiste, Éric, et une universitaire spécialiste de l’aménagement du territoire, moi-même.

Pour rencontrer les maires concernés, nous devions sillonner les routes champenoises, ardennaises, picardes. Des voyages riches d’échanges, au cours desquels naissait une complicité intellectuelle. Il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour en découvrir la source : notre foi. Il y a des différences entre celle d’Éric, protestant évangélique, et la mienne, catholique romaine. Mais, plus grand que nos différences, il y a le Christ :

« En tous, il est tout » (Col 3,11).

Par la suite, nous nous sommes croisés, de loin en loin. Le hasard, cet autre nom de la Providence, nous a réunis ces derniers jours sur un terrain plus politique. Éric m’a adressé son livre en me proposant de le préfacer. En lisant sa Conscience humanisée, j’ai retrouvé l’ancienne connivence : dans les changements accélérés qui se sont produits au cours des dix dernières années, nous avions mené des réflexions qui se faisaient, à maints égards, écho. C’est donc un réel plaisir que d’écrire les quelques mots qui suivent.

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Disons-le d’emblée : le livre d’Éric Lemaître sur la ‘‘conscience mécanisée’’ est un cadeau offert à nos contemporains. Il participe au débat concernant les effets des ‘‘progrès’’ technologiques fulgurants dont nous sommes témoins. Certains s’émerveillent, se voient déjà tout puissants, universellement savants, immortels. D’autres s’inquiètent des menaces qui pèsent, sur nous, sur la nature trafiquée, sur la société hypercontrôlée, sur l’homme dit ‘‘augmenté’’, mais en réalité diminué, amputé dans son humanité.

Ces dernières années, les ouvrages se sont multipliés sur ces sujets. Mais le livre que nous avons entre les mains remet ces interrogations dans la seule perspective qui, finalement, a du sens : celle de la foi. Lorsque, dans leur orgueil, les hommes se détournent de Dieu, les ténèbres emplissent leurs cœurs. Ils font alors leur propre ruine :

« Ces soi-disant sages sont devenus fous. » (Rm 1,22).

Or, en fin de compte, c’est bien de cela qu’il s’agit : derrière les défis du soi-disant progrès se joue un combat plus profond, plus grave, ultime : celui pour la conscience de l’homme.

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L’urbaniste que je suis est interpellée par les passages du présent ouvrage qui concernent la ville digitale. Je ne résiste pas au plaisir de rapporter ici un éditorial que j’ai publié très récemment dans la très revue nommée disP- The Planning Review, et intitulé… La tour de Babel[1]:

Toute la terre avait alors la même langue et les mêmes mots. Au cours de leurs déplacements du côté de l’orient, les hommes découvrirent une plaine en Mésopotamie, et s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Fabriquons des briques et mettons-les à cuire ! » Les briques leur servaient de pierres, et le bitume, de mortier. Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, pour ne pas être disséminés sur toute la surface de la terre. » (Genèse 11 : 1-4).

Nous y voilà, à nouveau. Toute la terre a une même langue : le pidgin English. Peu de mots, pas de grammaire, une prononciation saccadée : une langue tout juste bonne pour les affaires, sans subtilité ni culture, ne permettant pas une communication profonde. Et, tandis qu’ils migrent de toutes parts, les hommes s’établissent dans les mégapoles : São Paulo, Mumbai, Séoul, New York. Le secteur de la construction caracole à des niveaux d’activité sans précédent[2]. Les mégapoles s’affrontent dans les classements et essaient de se faire un nom. Elles érigent des tours dont le sommet atteint les cieux, et chaque nouveau record de hauteur annonce une nouvelle crise économique[3]… Mais nous poursuivons, éperonnés par la cupidité, ivres d’orgueil. Tout est possible, the sky is the limit!

Depuis l’Antiquité, philosophes et urbanistes ont réfléchi à la taille des villes. À différentes époques et pour différentes raisons, Hippodamos de Milet, St Thomas More, Sir Ebenezer Howard, Lewis B. Keeble et bien d’autres ont tenté de limiter leur croissance. Qu’elle fût le lieu du succès ou de la perdition, la grande ville était l’exception et non la norme. Aujourd’hui, grâce à la technologie, les mégapoles paraissent capables de s’affranchir de toute limite de taille d’une manière qui, auparavant, n’était pas concevable. Nous savons bien qu’elles sont des géants aux pieds d’argile, à la merci d’un accident naturel, technologique, énergétique… Mais nous espérons que le progrès palliera ces risques, nous ouvrant monde d’opportunités.

Mais qu’en est-il dans la réalité ? Lorsque j’enseignais à Abu Dhabi, j’avais été atterrée d’apprendre que certains ouvriers du bâtiment ignoraient dans quelle ville ou pays ils se trouvaient. Puis je me pris à songer à mon voisin, l’homme d’affaires accoudé au bar du Hilton. Finalement, que sait-il de l’endroit où il se trouve ? Délesté de son smartphone et de son portefeuille, il n’irait pas bien loin… Et nous ? Que connaissons-nous vraiment, dans les métropoles que nous habitons ?

Nous vivons dans des archipels. Nos îles de résidence, de travail, de loisirs sont séparées de vastes océans inconnus. Sortis de quelques lieux familiers, nous sommes perdus : rien d’étonnant à ce que les promoteurs nous promettent tous les havres de paix auxquels nous aspirons. Mais, au bout du compte, que ce soit dans les ‘‘petites boîtes faites en ticky-tacky’’ de la chanson de Reynolds, dans d’arrogants gratte-ciels, dans les courbes lourdes du post-modernisme, dans les pastiches éclectiques de l’urbanisme néo-traditionnel, ils reproduisent la même erreur, la fameuse ‘‘Unité d’Habitation’’ de Le Corbusier : un ‘‘module’’, fragment de cité relié à d’autres fragments lointains, mais déconnecté de son environnement. Et, désormais, protégé par des clôtures et des caméras de reconnaissance faciale.

Inlassablement, nous ajoutons de nouveaux modules à nos métropoles. La cité et sa communauté d’habitants sont remplacées par ‘‘l’urbain’’, un univers en expansion permanente qui n’appartient plus à personne. Son gigantisme affecte nos relations aux lieux et aux personnes. Dans le métro, je ressens de la compassion pour le premier mendiant, mais lorsque je suis sollicitée pour la cinquième fois, je suis seulement contrariée. Nous n’avons pas la capacité d’absorber le torrent d’hommes, d’événements, d’informations, de stimuli charriés par la vie métropolitaine.

Dans l’anonymat de grands nombres, les stéréotypes remplacent les personnes et les slogans de tolérance, de justice et de fraternité sonnent creux. Des silhouettes sans visage habitent les métropoles dystopiques des films de science-fiction : des travailleurs athlétiques et anonymes dans la Metropolis de Fritz Lang (1927), des policiers et des gangs de malfaiteurs dans la ville de Gotham, des « réplicant » androïdes dans Blade Runner de Ridley Scott (1982). Ce dernier prend pour décor Los Angeles en… 2019. En sommes-nous arrivés là ? Par l’intelligence artificielle et par l’eugénisme, nous essayons bien de produire des androïdes. Et notre société est en train de devenir de plus en plus dure. Sur mon trajet quotidien, au cœur de Paris, je croise des personnes hurlant dans le métro, des comportements agressifs, des personnes sans domicile dormant à même le pavé, des rats courant en plein jour dans les rues. Il y a seulement cinq ans, ce n’était pas ainsi.

Bâtissons des villes pour les hommes, des villes où l’on peut vivre et travailler. Des villes aux distances courtes, aux rues invitant à la déambulation, aux jardins accueillants ; des villes préservées des panneaux publicitaires criards, des haut-parleurs hurlants et de l’Internet ; des cités en harmonie avec leur arrière-pays ; des cités riches de toute leur histoire ; des cités bâties autour d’une église, et non d’une usine, d’une banque, d’une attraction touristique ou d’un centre commercial.

En Europe, ces villes existent. Nous avons un réseau unique de villes et de bourgs historiques. Elles offrent toutes ces qualités et participent d’un aménagement harmonieux du territoire. Mais beaucoup sont en déclin, concurrencées par les métropoles, ces territoires gagnants de la mondialisation. Nous sommes à un tournant. Comme au lendemain de la chute de Rome, sans politique volontaire en termes d’emploi, d’infrastructures, de soutien aux services, beaucoup de villes petites et moyennes vont dépérir. Mais la volonté politique fait défaut, comme nous l’avons vu lorsque la déclaration de Riga[4] fit long feu.

Plus que jamais, des travaux de recherche et des propositions politiques clairvoyantes sont nécessaires. Retroussons nos manches et prenons soin de nos petites villes – ainsi, nous aurons un refuge lorsque la tour de Babel s’effondrera ».

J’ai été frappée par les convergences entre les propos sur la ville tenus par Éric Lemaître dans le cadre d’une réflexion sur le transhumanisme, et la mise en garde que j’adresse aux urbanistes dans le cadre d’une revue de référence dans ce champ.

L’un comme l’autre, nous dressons le constat d’une ville financiarisée, au service d’un néolibéralisme débridé, avec des possibilités de contrôle de la vie privée digne des rêves les plus fous des dictateurs communistes ou d’un 1984 de George Orwell (1949).

Derrière ce tableau se dessine également la préoccupation de l’homme asservi à la machine, coupé de la nature et isolé de ses semblables… Soumis à la “dictature du bruit” dont parle remarquablement le Cardinal Robert Sarah[5], noyé sous une déferlante de sons, d’images, d’écrans, happé par la vitesse, le consumérisme, la course au profit, l’homme peine à se trouver lui-même – et à rencontrer Dieu.

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Car au-delà de la question de la ville, c’est bien de notre relation à Dieu qu’il s’agit. Comment ne pas nous reconnaître dans les propos de l’Apôtre Saint Paul :

« Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. » (2Tm, 4,3-4).

« Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge ; ils ont vénéré la création et lui ont rendu un culte plutôt qu’à son Créateur, lui qui est béni éternellement. Amen. » (Rm 1,25)

Il en va du salut des âmes, mais il en va également de nos sociétés :

« Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde dépourvu de sens. Car sinon, d’où vient tout ce qui est ? En tout cas, il n’y aurait pas de fondement spirituel. C’est simplement là, sans véritable but ni sens. Il n’y a alors pas de notion de bien ou de mal. Celui qui est plus fort que l’autre s’impose. Le pouvoir est alors l’unique principe. La vérité ne compte pas, elle n’existe d’ailleurs pas. C’est seulement quand les choses ont un fondement spirituel, qu’elles sont voulues et pensées — seulement quand il y a un Dieu créateur qui est bon et qui veut le Bien — que la vie de l’homme peut également avoir un sens. (…)

Une société sans Dieu — une société qui ne Le connaît pas et qui Le considère comme inexistant — est une société qui perd son équilibre. Notre époque a vu l’émergence de la formule coup de poing annonçant la mort de Dieu. Quand Dieu meurt dans une société, elle devient libre, nous assurait-on. En réalité, la mort de Dieu dans une société signifie aussi la mort de la liberté, parce que ce qui meurt, c’est le sens, qui donne son orientation à la société. Et parce que la boussole qui nous oriente dans la bonne direction en nous apprenant à distinguer le bien du mal disparaît. La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a plus rien à y dire. Et c’est pour cela que c’est une société dans laquelle l’équilibre de l’humain est de plus en plus remis en cause. » (Benoît XVI, 2019).[6]

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Les atours dont se pare le soi-disant progrès ne résistent pas à l’analyse. C’est pour cela qu’il nous est présenté dans le registre compassionnel, incantatoire, agrémenté de force ‘‘likes’’ – il paraît qu’ils sont addictifs. La tentative de remplacement de la conscience humaine par une ‘‘conscience humanisée’’ n’attendra pas la greffe de puces dans le cerveau. Elle est déjà en cours : l’usage massif du digital, sous toutes ses formes, affecte le cerveau et les processus de cognition, entraînant addictions, pertes de mémoire, dépressions, anxiétés, difficultés à communiquer… Depuis une dizaine d’années, les travaux sur ce sujet se multiplient parmi les psychologues, les psychiatres, les spécialistes en neurosciences et en imagerie du cerveau. Une synthèse très exhaustive publiée en 2019 par une équipe de chercheurs conclut que l’ensemble de ces conséquences n’est pas pleinement connu ni maîtrisé.[7] En d’autres termes, nous jouons aux apprentis-sorciers.

La ‘‘conscience mécanisée’’ est un phénomène de nature totalitaire. Ce n’est pas le premier, dans la longue histoire de l’humanité. J’ai eu l’immense honneur, sous la dictature communiste, de rencontrer le bienheureux Père Jerzy Popiełuszko. Le vendredi 19 octobre 1984, quelques instants avant son enlèvement, il conduisait la méditation des mystères douloureux du chapelet :

« Depuis des siècles, le combat contre la vérité dure sans cesse. Mais la vérité est immortelle, tandis que le mensonge meurt d’une mort rapide. Voilà pourquoi, selon les mots du défunt Cardinal Wyszyński, il n’y a pas besoin d’un grand nombre de personnes pour dire la vérité. Le Christ a choisi un petit nombre de disciples pour annoncer la vérité. Le mensonge doit se parer de beaucoup de mots, car il est épicier : il doit sans cesse se renouveler, comme la marchandise dans les rayons. Il doit toujours sembler nouveau, il doit avoir beaucoup de serviteurs qui apprendront son programme, pour un jour ou un mois. Puis, rapidement, on inculquera un autre mensonge. Il faut beaucoup de personnes pour diffuser le mensonge. Il n’en faut pas autant pour dire la vérité. Les hommes trouveront, les hommes viendront de loin pour trouver les paroles de vérité car Dieu a mis, au fond de l’homme, un désir naturel de vérité. »

Merci à Éric Lemaître de nous alerter sur les dangers de la ‘‘conscience mécanisée’’, qui cherche à se substituer au désir de vérité inscrit dans le cœur de l’homme.

L’avertissement contenu dans le livre d’Éric Lemaître arrive à point nommé. Car nous ne sommes pas condamnés à subir, nous ne sommes pas réduits au rang de simples observateurs. Dans le périmètre de notre devoir d’état, nous pouvons agir. Depuis 2011, constatant pragmatiquement les dégâts qu’ils effectuent sur l’apprentissage, j’ai interdit à mes étudiants le recours au numérique, et j’ai moi-même banni de mes cours les PowerPoint et autres supports passant par les écrans. Jusqu’à présent, c’est un réel succès.[8] Cela ne transformera pas le monde entier, mais est-ce ce qui m’est demandé ? Sous l’effet d’une étrange inflation, la ‘‘conscience mécanisée’’ nous porte à croire que nous sommes liés à tout, que tout dépend de nous… Quelle illusion !

Prions et travaillons. La lecture de ce livre peut nous aider à agir en nous fournissant des arguments. Ne doutons pas de la victoire : L’église écrasera la tête du Serpent. Quant à nous, puissions-nous dire un jour, comme Saint Paul : J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. (2Tm, 4,7)

[1] Geppert Anna. 2019. « The Tower of Babel. » disP – The Planning Review, 55(3), pp. 4-5. DOI : 10.1080/02513625.2019.1670980 Original en anglais, traduit par moi-même.

[2]GlobalData (2019): Global Construction Outlook to 2023 – Q2 2019 Update. Lien: https://www.globaldata.com/store/report/gdcn0015go–global-construction-outlook-to-2023-q2-2019-update/ (consulté 23 Août 2019)

[3]L’économiste Andrew Lawrence a illustré de manière amusante et convaincante cette correspondance entre records de construction et crises économiques à travers son ‘‘skyscraper index’’. cf.  Lawrence, A. (1999): The Skyscraper Index: Faulty Towers. Property Report. Dresdner Kleinwort Wasserstein Research

[4]En 2015, la Lettonie assurait la présidence du Conseil de l’Union européenne : elle a promu cette déclaration qui appelait à une politique de revitalisation des villes petites et moyennes. Signée par tous les états-membres, elle n’a pas été suivie d’effet.

[5]Sarah, Card. Robert. 2016. La force du silence: contre la dictature du bruit. Fayard.

[6]Note du Pape émerité Benoît XVI sur les abus sexuels de février 2019, traduction française site Aleteia: https://fr.aleteia.org/2019/04/12/document-lintegralite-du-texte-du-pape-emerite-benoit-xvi-sur-les-abus-sexuels/ consulté le 21/12/2019

[7]Firth, Joseph, John Torous, Brendon Stubbs, Josh A. Firth, Genevieve Z. Steiner, Lee Smith, Mario Alvarez-Jimenez, John Gleeson, Davy Vancampfort, Christopher J. Armitage and Jerome Sarris (2019). « The ‘online brain’: How the Internet may be changing our cognition. » World Psychiatry, 18 (2), pp.119-129.

[8]    Je rends compte de cette expérience dans l’article suivant, paradoxalement accessible… en ligne. Geppert Anna (2019). « Let us teach for real ! A plea for traditional teaching. » Transactions of the Association of European Schools of Planning • 3 (2019) doi: 10.24306/TrAESOP.2019.01.001

Le nouveau monde

La cité de Babel modernisée et rêvée par la nouvelle « civilisation » transhumaniste concentre toutes les envies de bien-être faisant vivre en harmonie une organisation sociale singulière fondée sur le progrès dont la matrice est la cybernétique et dont la reine mère est le léviathan, l’homme artificiel ou « l’intelligence artificielle ». La cybernétique comme nous le rappelions dans le premier chapitre de ce livre, est cette science des contrôles, une science qui contrôle les hommes, les systèmes, les écosystèmes, cette science qui surveille [ra] l’ensemble de nos écosystèmes dans ces contextes de crises notamment climatique, et régulera les harmonies planétaires, ce sera la bonne déesse, la déesse Maïa assurant la fertilité et le printemps de l’humanité.

Mais afin que toute ceci fonctionne, il faudra non pas s’en remettre à une organisation humaine dépassée par la complexité, l’enchevêtrement des galaxies qui touchent à toutes les formes de fonctionnement de la vie sociale mais à une organisation sophistiquée dominée par la mathématisation et le pouvoir des algorithmes. Ce changement de paradigme concernant la gestion des pouvoirs résulte de toute cette complexité et il conviendra en effet de la gérer, d’arbitrer, d’orienter, de la réguler, cela ne pourra être possible que par l’entremise d’un homme artificiel plutôt d’une intelligence artificielle, laquelle sera chargée d’assurer l’harmonie, la sécurité des humains en échange de leur domestication, de leur soumission, de leur obéissance, formant ainsi un pacte social et politique, harmonisant les rapports sociaux.

Auteur Eric LEMAITRE

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Pour introduire ce nouveau texte, permettez-moi de citer Pascal Ruffenache auteur du roman NEVERSAY, cette citation est extraite de son livre publié en 2018 et illustrera le cœur même de notre sujet dans la mouvance de la toute-puissance des algorithmes informatiques, de l’omnipotence et de la suprématie numérique qui sont sur le point d’envahir l’ensemble de nos écosystèmes, toute la dimension de l’écologie intégrale l’homme et son milieu. Pour illustrer cet avant-propos je vous invite à vous laisser interpeller par le texte de l’écrivain Pascal Ruffenache qui écrit un roman intitulé Never Say dans les contextes de l’affaire Snowden ancien agent de la CIA et de la NSA qui révéla à l’opinion publique la surveillance quasi mondialisée de millions de citoyens qui consultent Internet. C’est à la suite de ce scandale planétaire, de surveillance généralisée que Pascal Ruffenache écrivit ce roman.

De ce livre « Never Say » nous avons extrait ce texte le plus symptomatique du roman qui nous semble le mieux introduire la réflexion que nous engageons autour de la société transhumaniste qui est à venir : « De l’homme transparent à l’homme tout puissant Gus (Gus Hant) inquiétant directeur d’une agence de surveillance généralisée), avait presque naturellement glissé vers les recherches menées par RAY Kurzweil, le pape du transhumanisme. Vie éternelle, fin des maladies, oubli du passé, brûlé par la lumière incandescente d’un présent continu. Kurzweil promettait de construire Babel, une cité sans souffrance, sans fragilité et sans mémoire. L’immortalité était son étendard. Une immortalité dégagée de l’histoire, sans récit. Et la promesse de corps trafiqués à l’infini pour accéder à l’éternelle jeunesse des Dieux ».

Le propos de Pascal Ruffenache évoque les deux dimensions de ce livre « de l’homme déchu à l’homme Deus ». La première de ces dimensions est celle de la toute-puissance de l’homme, la toute-puissance rêvée par la pensée transhumaniste qui traverse le nouveau siècle « inquiétant » dans lequel nous sommes aujourd’hui entrés, la seconde dimension aborde la cité sans souffrance, indolente, molle et sans relief d’un monde aseptisé aux couleurs de Gattaca, c’est la promesse d’une ruche fourmillante d’idées et d’innovations, monde aspiré par le progrès sans fin et à la conquête de ces deux infinis, les deux pôles d’un monde où tout reste à découvrir en dépassant autant que possible les frontières du réel. Pascal Ruffenache dans ce roman « Never Say », annonce que le projet de Ray Kurzweil est bel et bien la construction [qu]antique de la nouvelle Babel, la construction d’une cité rationnelle, l’incarnation de l’utopie concentrant les fantasmes d’un monde ravagé par l’envie de croissance, d’expansion, et le prolongement indéfini de la vie humaine « sans souffrance, sans fragilité et sans mémoire ».

La cité de Babel modernisée et rêvée par la nouvelle « civilisation » transhumaniste concentre toutes les envies de bien-être faisant vivre en harmonie une organisation sociale singulière fondée sur le progrès dont la matrice est la cybernétique et dont la reine mère est le léviathan, l’homme artificiel ou « l’intelligence artificielle ». La cybernétique comme nous le rappelions dans le premier chapitre de ce livre, est cette science des contrôles, une science qui contrôle les hommes, les systèmes, les écosystèmes, cette science qui surveille [ra] l’ensemble de nos écosystèmes dans ces contextes de crises notamment climatique, régulera les harmonies planétaires, ce sera la bonne déesse, la déesse Maïa assurant la fertilité et le « printemps de l’humanité ».

Mais afin que toute ceci fonctionne, il faudra non pas s’en remettre à une organisation humaine dépassée par la complexité, l’enchevêtrement des galaxies qui touchent à toutes les formes de fonctionnement de la vie sociale mais à une organisation sophistiquée dominée par la mathématisation et le pouvoir des algorithmes. Ce changement de paradigme concernant la gestion des pouvoirs, résulte de toute cette complexité qu’il conviendra en effet de gérer, d’arbitrer, d’orienter, de réguler. Cette complexité ne pourra être gérée que par l’entremise d’un homme artificiel plutôt d’une intelligence artificielle, laquelle sera chargée d’assurer l’harmonie, la sécurité des humains en échange de leur domestication, de leur soumission, de leur obéissance, formant ainsi un pacte social et politique, harmonisant la totalité des rapports sociaux.

Nous brossons là, le portrait de la « singularité technique[1] », celle d’un monde qui aura basculé entre les mains de la puissance technique, la puissance technique qui se verra déléguer bien entendu notre incapacité de gérer nos relations conflictuelles. Le léviathan technologique n’a-t-il pas le meilleur profil pour réguler le tempérament humain, et puisque aucun humain n’est franchement à sa hauteur, il prendra alors le relais, l’humanité se « machinisera » docilement. Le léviathan technologique et ses instruments de navigation préviendront et anticiperont les risques, établiront ou imposeront sous forme d’injonctions, l’itinéraire que nous devrons emprunter afin de ne pas déroger aux règles qui présideront l’harmonie établie, de ne pas enfreindre les principes normatifs qui guideront la vie quotidienne, la vie des citoyens seront ainsi assujettis au pouvoir de la « machine mathématisée ».  La mathématisation de la société, est une expression que j’avais déjà utilisé dans le premier essai « la déconstruction de l’homme » pour évoquer ce monde qui se métamorphose en formules algorithmiques.  Ces formules qui exprimeront dans la matrice cybernétique les liaisons causales générales, et les lois garantissant l’harmonie, celles qui préviendront les dérives et les conflits.

Il convient pour tous, de nous questionner sur ce phénomène qui subrepticement est sur le point d’envahir clandestinement toutes les sphères de la vie. Ces sphères de la vie, associées à tous les écosystèmes de l’existence sont en quelque sorte colonisées par une forme de mécanique matérialiste qui nous distrait de toute vie intérieure.  L’écrivain Bernanos auteur entre autres, du livre la France contre les robots a dit un jour « que l’on ne comprend rien au monde moderne tant que l’on ne perçoit pas que tout est fait pour empêcher l’homme d’avoir une vie intérieure ». Aujourd’hui ajoute le philosophe Bertrand Vergely « il importe d’aller plus loin, et de se rendre compte que l’on ne comprend rien à la postmodernité si l’on ne prend pas conscience que tout est fait pour faire disparaître l’homme ». En effet ce que le progrès technologique a détruit selon le Philosophe et urbaniste Paul Virilio « c’est l’humble préférence du proche et du prochain, le savoir être soi-même dont Montaigne nous entretenait comme la plus grande chose au monde ».

Dans ces contextes de vie sociale et des changements qui vont s’opérer sur la vie humaine, toutes les sphères de notre « vie intérieure » seront ainsi concernées, colonisées, vampirisées par ces objets du futur que nous avons déjà pour la plupart d’entre-nous soit dans la veste ou la poche. Tous ces objets du futur envahiront la totalité des étendues non seulement de notre vie intérieure mais celle de notre vie sociale, de la vie économique : l’agriculture, le transport, la santé, la justice, l’urbanisme, la finance, la consommation, la logistique. Pour les transhumanistes, le salut de la « vie » [l’humanité] passera par la technologie. Dans ces contextes d’un monde demain gouverné par la mathématisation, c’est Kepler qui a dit que la différence entre Dieu et l’homme, « c’est que Dieu connaît tous les théorèmes depuis toute l’éternité alors que l’homme ne connait pas tout…enfin pas encore … », mais la question est bien de savoir ce que l’homme prétendra faire de cette science et de la techniques si elle sont respectivement sans conscience et donc sans limites.

Notre humanité s’est ainsi prise d’ivresse et de passion pour la technique au sens où Jacques Ellul le définit. Cette technique se modernise et a le vent en poupe avec l’impulsion des convergences technologiques et par capillarité est sur le point de façonner l’homme nouveau, l’homme domestiqué, l’homme sous l’étau des algorithmes qui le surveillent, le contrôlent, le consomment même.

La technique dans cet univers de la modernité est englobante et va au-delà de la technologie, quand Jacques Ellul[2] emploie le terme de technique, il l’associe à la dimension à la fois de phénomène et de système.  Selon Jacques Ellul la technique c’est avant tout « rechercher en toute chose la méthode absolument la plus efficace ». Or, c’est bien la méthode la plus efficace qui est recherchée depuis la nuit des temps, et c’est bien l’approche de la modernité de s’en remettre au pouvoir de la technique pour penser rationnellement le monde, et trouver les solutions rationnelles pour le gérer. Or aujourd’hui penser la technique à l’échelle d’un pays ou du monde, c’est imaginer la mise en place d’un système assurant l’efficacité ou la capacité afin de réduire les problématiques, les tensions, les conflits, les disputes qui se dessinent.

Dans les contextes de modernité et de la suprématie de la technique, comme le précise par ailleurs le théologien et penseur de la modernité Jacques Ellul, la technique renforce nécessairement l’État : « une société technicienne est [une société qui pensera globalement] nécessairement une société de surveillance et de contrôle ». Et de cette dimension de contrôle à la contrainte, ce n’est l’affaire que de quelques paliers, nous sommes en train de franchir et sans doute, nous sommes sur le point de franchir la dernière marche pour basculer dans un monde incertain, celui de la singularité technique « déclenchant des changements imprévisibles sur la société humaine ».

Or cela pourrait bien être un monde sans état, c’est-à-dire sans organisation humaine ; cela pourrait bien être la suppression de l’état et des corps intermédiaires, la fin des institutions humaines, le léviathan technologique prenant le relais de « la nouvelle civilisation ». Si notre monde débouche vers cette forme nouvelle d’organisation dont « les sujets devront agir comme la technique le leur imposera » c’est-à-dire la singularité technologique dont la figure pourrait bien être une nouvelle super intelligence qui poursuivra l’augmentation et l’amélioration technologique en encartant l’humanité sous le marteau de ses algorithmes et l’étau de ses normes rationnelles.

Jacques Ellul n’exprime pas autrement cette pensée que nous exprimons : « La technique conduit à deux conséquences : la suppression du sujet [Le marteau] et la suppression du sens [l’étau].». La technique conduit à la suppression du sujet, à son aliénation. « Le sujet ne peut pas se livrer à des fantaisies purement subjectives : dans la mesure où il est entré dans un cadre technique, le sujet doit agir comme la technique l’impose. Cette suppression du sujet par la technique est acceptée par un certain nombre d’intellectuels, Michel Foucault par exemple, qui estiment que l’on peut très bien abandonner le sujet ». La technique c’est également la fin de la dimension du sens. « Les finalités de l’existence semblent progressivement effacées par la prédominance des moyens. La technique, c’est le développement extrême des moyens. Tout, dans le développement technique, est moyen et uniquement moyen, et les finalités ont pratiquement disparu. La technique ne se développe pas en vue d’atteindre quelque chose, mais parce que le monde des moyens s’est développé. En même temps, il y a suppression du sens, du sens de l’existence dans la mesure où la technique a développé considérablement la puissance. La puissance est toujours destructrice de valeur et de sens. Là où la puissance augmente indéfiniment, il y a de moins en moins de significations.» Au total, la suppression du sujet et la suppression du sens sont des conséquences importantes de la technique et contribuent au malaise et au malheur de l’humanité. »

Dans la réflexion de cette deuxième partie de l’ouvrage, j’hésitais sur l’emploi du mot civilisation, il était tentant d’utiliser le terme civilisationnel ; puis au cours d’une émission radio, mon ami Dominique qui m’interrogeait sur un des aspects du transhumanisme me reprit sur le terme de « nouvelle civilisation ». Si la vie technologique devient notre milieu, notre environnement, si le monde est gouverné par la puissance des algorithmes, ; pourra-t-on en effet parler de civilisation ?

Pourtant la civilisation définie par les philosophes des lumières est centrée sur l’idée de progrès, un terme qui caractérisait la pensée des lumières et qui s’oppose au sauvage, au non civilisé. De fait parler de civilisation transhumaniste n’est pas en soi entachée d’un problème particulier. Sauf à penser que la civilisation est celle qui est dominée par l’homme, mais si l’homme n’était plus le sujet de cette civilisation et si l’inverse se produisait ? Autrement dit le règne de la technologie ! Un tel basculement amènerait de facto un changement de paradigme, conduirait à des changements de contours de la société humaine, celle-ci serait régulée et surveillée par l’ère des machines et des cyborgs, ce ne serait une civilisation au sens où nous l’entendions.

Rappelons que la civilisation est définie comme cette culture qui embrasse tous les phénomènes de la vie humaine.  Le terme civilisation ne se départit pas de l’histoire, des confluences de l’histoire, la civilisation est en soi liée à des dimensions multiples touchant la morale, le progrès, les religions. Au sein des civilisations humaines, les arrières plans, les croyances pluriformes irréductibles les uns aux autres qui ont façonné bien ou mal l’humanité. Mais comme nous le formulions précédemment, est-ce qu’en soi la civilisation qui se définit comme une caractéristique humaine sera toujours une civilisation si c’est la technique gère demain l’humain ?

Mais quand viendra l’avènement de la communauté technique, l’ère de la singularité technologique, pourra-t-on encore parler de fait de civilisation ? Pourra-ton encore parler de civilisation si la modernité s’emploie à supprimer le récit passé ? Si l’histoire a été gommée pour reprendre la citation extraite du livre « Never Say » et commentée précédemment nous ne pourrons plus ainsi utiliser le concept de civilisation, car une ère nouvelle serait alors née, celle d’un monde sans transcendance, qui a fait l’éviction de la mort !

Vous me rétorquerez poliment je présume, mais ce que vous racontez là, c’est de la pure fantaisie, vous élucubrez, vous divaguez sur un avenir qui n’adviendra pas ! Alors j’aimerais dire à cette personne, commencez donc par ne plus tapoter sur vos écrans et ne pas vous y plonger quand vos enfants vous parlent, quand votre épouse veut avoir un moment d’intimité avec vous ! Vous enchaînerez en m’indiquant mais quel est le rapport Monsieur ? Le rapport est que le monde technique a progressé lorsque la dimension relationnelle a fini par être occulté comme celle de la proximité !

[1] Source Wikipédia : La singularité technologique (ou simplement la singularité) est l’hypothèse selon laquelle l’invention de l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique qui induirait des changements imprévisibles sur la société humaine

[2] Pour retrouver toute la pensée de Jacques Ellul, nous vous renvoyons à ce document PDF qui résume les échanges entre Bernard Charbonneau et Jacques Ellul. Jacques Ellul y aborde la technique Selon Jacques Ellul  la technique n’est pas l’équivalent du mot machine, alors que la technologie en est le terme voisin puisque la technologie est le discours sur la machine, a contrario la technique pour Jacques Ellul, « c’est rechercher en toute chose la méthode absolument la plus efficace »https://lesamisdebartleby.files.wordpress.com/2017/01/bcje-toile.pdf

Babel : l’IA peut-elle abattre les barrières linguistiques ?

Du mythe de la tour de Babel à la conception de l’espéranto, l’humanité a toujours rêvé d’une communication universalisée. À défaut d’inventer une nouvelle langue, l’intelligence artificielle se met au service de la traduction automatique. L’IA peut-elle abattre les barrières linguistiques et reformer ainsi Babel ?

Du mythe de la tour de Babel à la conception de l’espéranto, l’humanité a toujours rêvé d’une communication universalisée. À défaut d’inventer une nouvelle langue, l’intelligence artificielle se met au service de la traduction automatique. L’IA peut-elle abattre les barrières linguistiques et reformer ainsi Babel ?

Dès les origines de l’informatique moderne, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les informaticiens se sont engagés dans le développement de nouvelles formes de communication en donnant naissance aux langages de programmation.

De nos jours, les géants des nouvelles technologies mettent l’intelligence artificielle au service de la traduction. À défaut de créer une langue unique, le projet est bien de traduire toutes les langues instantanément de sorte qu’elles ne fassent plus obstacle à la communication universelle.

Alors, l’intelligence artificielle va-t-elle véritablement effacer les barrières linguistiques ? Échappera-t-on à l’enfermement sur soi-même et aux particularismes ? Le plurilinguisme finira-t-il par nous être implémenté pour enfin faire régner la concorde et la fraternité ?

 

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https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/guerillas-linguistiques-44-de-babel-a-google-traduction-vers-un-nouveau-langage-universel#xtor=EPR-2-%5BLaLettre21032019%5D