Smart phone et Smart City le couple infernal  

Le terme de Smart City est étrange, à première vue, nous aurions pu penser qu’il s’agissait tout simplement d’un nouveau concept d’automobile, d’une nouvelle technologie embarquée dans un véhicule. En fait nous n’en sommes pas très loin, il s’agit bien en effet de technologies, de dispositifs, de capteurs numériques qui envahissent non pas les innovations dont font l’objet les véhicules contemporains, mais de procédés qui s’intègrent dans la conception des villes aujourd’hui, d’applicatifs qui s’intègrent à toute la vie urbaine. Technologies qui font partie de notre quotidien sans que nous l’ayons nécessairement réalisé !

Pour immédiatement comprendre ce terme de Smart City que nous habitions une petite ville ou une grande ville comme Zurich, Bruxelles ou Paris, chaque jour nous sommes amenés à emprunter les voies urbaines, or c’est toute une organisation quasi automatisée qui vient réguler les flux, les trafics, la circulation automobile. La ville devient donc intelligente pour assurer de façon harmonieuse la circulation automobile via notamment les feux tricolores. Or ce concept de ville intelligente va encore beaucoup plus loin et sera amené à réguler encore davantage notre vie sociale…

En effet le monde de l’intelligence artificielle et ses applicatifs numériques font leur entrée dans la ville, celle-ci est de plus en plus confrontée à l’urbanisation galopante, à des problèmes croissants de pollution, de criminalité, de cohésion sociale. La ville de demain va dès lors devoir repenser en profondeur et administrer les périls du futur en raison des enjeux environnementaux, des contraintes énergétiques, des problèmes de sécurité, de vie culturelle et d’écologie urbaine.  Nous évoquions précédemment les technologies qui caractérisent aujourd’hui les téléphones portables, la technologie embarquée dans ces  « smart phone » autorise de plus en plus la géolocalisation de nos déplacements, or dès demain ce sont les connexions citoyens et ville qui vont s’intriquer, s’accentuer, s’amplifier. C’est bel et bien toute une architecture quasi organique qui se dessine intriquant demain les usagers et le système numérisé de la ville, unifiant connectant, reliant toutes les composantes de la ville, associant habitants et habitat au risque de piétiner l’écologie, en prétendant artificiellement la défendre via ses artefacts promouvant de soit disant énergies durables.

Ainsi si d’ores et déjà nous pouvons organiser nos sorties selon le taux de pollution dans la ville, programmer nos sorties selon les manifestations organisées, ou rester calfeutré dans nos quatre murs face à un grave dysfonctionnement qui perturberait la vie sociale, inévitablement nous entrons dans cette ère du tout numérique vers une société de type big brother.

En effet cette belle machine urbaine, qui est de nature à résoudra tous les problèmes grâce à la diffusion de bornes publiques, d’applicatifs innovants assurant les services toujours plus performants, la vie harmonieuse au sein de la ville,  s’achemine cependant vers une ville sous contrôle, une ville sous l’emprise des capteurs numériques qui demain nous placeront tous sous surveillance, pilotés tels des automates pour réguler nos allées et venues, nos sorties, nos déplacements, accordant les autorisations nécessaires pour emprunter tel ou tel circuit dans la ville, pour y effectuer ou non nos achats. Or vous le savez ces connexions numériques ville et citoyens doivent être bien regardées demain comme une menace potentielle pour nos libertés si les curseurs jalonnant leurs usages n’ont pas été mis en place.

La mixité des données, des smart phone et smart city représentent bien et inévitablement un vrai risque en termes de liberté. Même si l’utilisation des données personnelles est devenue très réglementée, il sera de plus en plus difficile, au vu de l’explosion du volume de données et des applications dans le Cloud, de garantir l’intégrité des données personnelles dans ces entrepôts virtuels qui gèrent l’ensemble des data issues de notre vie sociale, de nos usages et pratiques liées aux réseaux sociaux et à toutes les empreintes bancaires, marchandes que nous laissons tels des petits poucets dans ce quotidien socialement contrôlé.

Pour aller plus loin, lire l’article qui a inspiré cette courte chronique…
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/la-ville-intelligente-est-devenue-une-sorte-de-mythe-salvateur-27-05-2018-2221700_56.php
Lire également cet  autre article
https://usbeketrica.com/article/les-smart-cities-au-service-de-l-usager

BABYLONE la civilisation du nombre

Comme l’ont écrit l’éminent spécialiste d’assyriologie Jean Botéro et le philosophe des sciences Roger Caratini, la civilisation Babylonienne était de plus, “très en pointe dans de nombreux domaines, capables d’édifier des ouvrages démontrant ainsi une haute maîtrise technique comme en témoigne la construction des grands bâtiments babyloniens, la réalisation de gigantesques travaux de canalisation”.

C’est au sein de cette civilisation sumérienne que l’idée d’un État qui dirige, contrôle, planifie, bureaucratise, naquit. Cette dernière comprenait un nombre important de “scribes calculateurs” qui constituaient l’essentiel des « fonctionnaires », le personnel bureaucratique et administratif de la cité mésopotamienne. Soulignons auprès de notre lecteur que les Babyloniens furent en outre les premiers à payer des taxes et des impôts, ce qui tend à démontrer l’organisation sophistiquée et administrative de la cité près de 3500 ans avant Jésus-Christ.

Un système administratif et bureaucratique fondé sur le contrôle qui n’envie rien à celui qui caractérise la modernité de notre époque qui est entré dans une nouvelle dimension normative et formelle, plus liberticide que jamais.   

La civilisation du nombre.

Si aujourd’hui notre monde au cours de ce XXI siècle, est entré dans une nouvelle révolution industrielle, celle de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle, cette dernière nous amènera probablement à basculer des rapports sociaux aux personnes vers des rapports sociaux aux choses; déshumanisant l’homme en le réduisant à un nombre, un numéro (de compte, attribué dès la naissance avec toutes les données administratives de la personne, par exemple)…

Cependant la mathématisation du monde s’est largement accentuée puis développée au XXe siècle et a désormais un impact indéniable sur toute la vie humaine .  

Cette mathématisation de notre monde au XXème siècle puis la révolution numérique au XXIème siècle modifieront probablement en profondeur et structurellement toute la vie sociale. Cette révolution civilisationnelle est sans doute une mutation comparable à la révolution agricole (période néolithique) qui a permis aux hommes de sortir des premiers âges de l’humanité marquée par le nomadisme, la chasse et la cueillette pour les faire entrer dans une civilisation urbaine et davantage codifiée.

Ainsi la première révolution agricole au quatrième millénaire avant notre ère et sa transition vers un environnement radicalement différent, vit l’apparition des premières villes, la maîtrise de l’écriture et des nombres mais également les premières administrations, la première bureaucratie. La maîtrise de l’écriture et des chiffres a progressivement modifié notre lecture du monde, a façonné littéralement nos univers. Avec l’apparition de la bureaucratie, l’historien Yuval Noah Harari indiquait dans la Homo Sapiens que “l’homme a cessé de penser en humain pour penser en comptable, en bureaucrate” et que dire aujourd’hui ?.

Plusieurs millénaires plus tard, nous avons également assisté à l’émergence des révolutions industrielles (charbon, pétrole, électricité), dont l’impact successif et majeur a totalement métamorphosé et réorganisé la société, les rapports sociaux et humains déstructurant notamment le socle traditionnel d’une société qui était davantage à hauteur d’hommes. De nouvelles mutations sont encore en cours de nos jours , nous faisant passer d’un monde de la matière, à un monde plus “dématérialisé” et virtuel, déshumanisant.

Un nouveau paradigme se déroule sous nos yeux, et est en passe de modifier l’ensemble des règles politiques, sociales, géopolitiques techniques. Ainsi en quelques millénaires, nous sommes également passés du quatrième millénaire (le néolithique) marqué par la science des nombres, au monde de l’économie numérique. Cette  autre révolution en marche, bouleverse à nouveau l’ensemble des rapports humains, transformant les règles sociales. Ces règles seront marquées par la prégnance considérable de l’économie numérique et marchande sur la sphère sociale, la gouvernance du monde, et sur les modes de vie.

Cette révolution numérique sans précédent nous fera entrer dans une nouvelle configuration sociale, une mise en réseau planétaire de l’humanité. Cette mise en réseau aboutira à la conversion de toutes les data de consommation qui comprendront toutes les informations sociales voire sociétales sur les milliards d’individus, des informations en données chiffrables. Cette nouvelle révolution “atomisera” ainsi les hommes en les isolant, en les aliénant sans doute et en les transformant en unités de valeurs, c’est à dire en données numériques.

Cette civilisation sera dès lors celle du nombre. Or l’histoire de l’humanité montrait selon nous, déjà plusieurs siècles plus tôt, les prémices de cette civilisation, Babylone la science des nombres.

Pour comprendre la dimension énigmatique qui entoure la civilisation babylonienne décrite par l’apôtre Jean, il me semblait important de s’intéresser à la révolution néolithique, la civilisation sumérienne, et à la ville de Babylone (la porte des dieux), la fameuse cité antique de Mésopotamie (fin du IVème millénaire – 3500 ans avant Jésus-Christ).

La révolution néolithique conduisit à une mutation culturelle et sociale favorisée par la science des nombres

La transition de tribus et communautés de chasseurs cueilleurs vers l’agriculteur et la sédentarisation au quatrième millénaire avant notre ère plaça l’humanité sur le chemin d’une nouvelle vie sociale, urbaine et culturelle. Cette révolution s’est peu à peu caractérisée en effet par le développement sédentaire sans précédent, qui fut aussi une véritable révolution sur le plan de la pensée théorique. Cette révolution singulière est à la fois caractérisée par la maîtrise des sciences techniques et celles de la science des nombres.

Cette science des nombres favorisa notamment le traitement des données sans précédent. Cette science permit l’éclosion et le développement, d’un appareil d’état complexe, des économies de commerce, de structures administratives et politiques centralisées, de formalismes bureaucratiques. La première manifestation éclatante de toute la période néolithique s’est accomplie au cours des 3000 ans avant notre ère dans les villes sumériennes du Proche-Orient, dont l’émergence inaugure la fin du Néolithique préhistorique et le commencement de l’ère historique.

De nombreuses fouilles et explorations archéologiques autour du bassin sumérien couvrant une vaste plaine parcourue par le Tigre  et l’Euphrate, bordée, au sud-est, par le golfe persique ont permis de découvrir et de mettre à jour une civilisation prodigieusement avancée sur le plan mathématique, et dont on ignorait pour beaucoup la dimension sophistiquée des formules algébriques.

Babylone était l’aboutissement, l’épilogue d’une culture fondée sur la maîtrise du nombre, une mégapole également marchande, rayonnant sur l’ensemble de la Mésopotamie. Babylone fut aussi une ville aux proportions gigantesques, aux monuments grandioses, aux systèmes de canalisation élaborés, et également,  une ville religieuse polythéiste.

Babylone en Mésopotamie était en effet une cité extrêmement avant gardiste sur le plan de l’abstraction mathématique; les tables trigonométriques n’avaient pas de secret pour les Sumériens babyloniens.  

Yuval Noah Harari professeur d’histoire Israélien auteur de Sapiens une brève histoire de l’humanité mentionne à ce propos que “Les scribes anciens apprirent non seulement à lire, mais aussi à utiliser les catalogues des dictionnaires, des calendriers, de formulaires et des tableaux. Ils étudièrent et assimilèrent des techniques de catalogage, de récupération et de traitement de l’information …”

Comme l’ont écrit l’éminent spécialiste d’assyriologie Jean Botéro et le philosophe des sciences Roger Caratini, la civilisation Babylonienne était de plus, “très en pointe dans de nombreux domaines, capables d’édifier des ouvrages démontrant ainsi une haute maîtrise technique comme en témoigne la construction des grands bâtiments babyloniens, la réalisation de gigantesques travaux de canalisation”.

C’est au sein de cette civilisation sumérienne que l’idée d’un État qui dirige, contrôle, planifie, bureaucratise, naquit. Cette dernière comprenait un nombre important de “scribes calculateurs qui constituaient l’essentiel des « fonctionnaires », le personnel bureaucratique et administratif de la cité mésopotamienne. Soulignons auprès de notre lecteur que les Babyloniens furent en outre les premiers à payer des taxes et des impôts, ce qui tend à démontrer l’organisation sophistiquée et administrative de la cité près de 3500 ans avant Jésus-Christ.

Un système administratif et bureaucratique fondé sur le contrôle qui n’envie rien à celui qui caractérise la modernité de notre époque qui est entré dans une nouvelle dimension normative et formelle, plus liberticide que jamais.   

Pour revenir à la cité mésopotamienne, les Sumériens Babyloniens entre autres, ont conçu l’écriture cunéiforme pour écrire leurs lois. C’est de cette écriture que d’autres sociétés se sont inspirées. Ils ont en outre maîtrisé de nombreuses techniques et ont notamment inventé la roue. Les sumériens babyloniens ont également maîtrisé l’association, la combinaison du cuivre et de l’étain pour obtenir du bronze. Nous devons à cette civilisation sumérienne le calendrier de 12 mois et 30 jours, le cadran solaire.

L’historien Jean Bottéro dans le livre Babylone et la Bible[1] relate les caractéristiques de la vie sociale et politique du régime totalitaire qui caractérisait la cité babylonienne. Hammurabi qui fut le sixième roi de Babylone est connu pour avoir écrit le Code de Hammurabi, l’un des textes de lois les plus anciens jamais retrouvés. Ce roi était à la tête de l’économie entière du Pays, « et dans sa correspondance », nous indique Jean Bottéro, « ce roi surveillait tout, décidait de tout, il était aussi le juge suprême, suppléé par des juges professionnels délégués ». Le libéralisme économique ne caractérisait pas en effet les règles de fonctionnement de l’Etat.

La culture du nombre caractéristique de la civilisation babylonienne

Dans son livre remarquable “les mathématiques de Babylone” de Roger Caratini, le Philosophe des sciences, décrit que des centaines de milliers de tablettes, de briques recouvertes de signes cunéiformes mises au jour par les archéologues sont en réalité des supports de textes dont on a découvert qu’ils étaient de caractère mathématique et concernaient plus particulièrement l’arithmétique et l’algèbre des équations. C’est notamment Thureau-Dangin assyriologue, archéologue qui joua un rôle majeur dans l’étude du sumérien qui s’est attelé à découvrir le système de numération assyro babylonien, fondé sur le système sexagésimal.

Le système sexagésimal, est un système de fraction particulièrement sophistiqué (60 est le nombre le plus petit à compter autant de diviseurs). Le système sexagésimal est l’origine certaine de numérations que nous employons aujourd’hui dans les mesures des arcs de circonférences, des angles et des temps, et leurs dérivés en astronomie et géographie. Ce système numérique étonnant, est basé sur le 60 d’où 60 minutes, 60 secondes et le cercle de 360 degrés.

Le mathématicien australien Daniel Mansfield a fait part récemment en 2017, de son admiration et son enthousiasme quant à la qualité des formules trigonométriques, des formules logarithmes, des racines cubiques, des valeurs de fonctions exponentielles découvertes sur les tables d’argile, évoquant « des travaux mathématiques qui font preuve d’un génie indubitable ». Celles-ci ont même selon le professeur de potentielles applications qui pourraient bien concerner notre époque en raison de la grande précision de ces formules.

Nous pouvons en conclure comme l’écrit[2] Roger Caratini que « le calcul faisait institutionnellement partie de la culture numéro-babylonienne tout comme l’apprentissage de l’écriture au même titre que la religion chez les Egyptiens ».

C’est ainsi que tout la vie sociale était régie par les mathématiques babyloniennes et leurs fameuses tables trigonométriques. La vie sociale parfaitement organisée et bureaucratique, s’articulait autour d’un dispositif de numération témoignant d’un formalisme et d’une structuration sociale sans égal à l’époque.

« Les mathématiques de Babylone »

Dans la Bible, le livre de Daniel évoque le savoir et les connaissances  avancées des sages de Babylone. Toute la période suméro-babylonienne, était liée à la divination et l’astrologie, les sciences astronomiques de l’époque étant indissociablement liées à l’astrologie.

Nous ne pouvons également ni imaginer, ni soupçonner à quel point les Babyloniens étaient une société particulièrement avancée. Nous suspectons à peine   comme le décrit le professeur de mathématiques, Daniel Mansfield, l’immense savoir qui caractérisait la cité mésopotamienne dans le domaine trigonométrique… Les Babyloniens théoriciens et pères fondateurs de la science des « Nombres » faisaient preuve en effet d’un haut niveau combinatoire, ils étaient entre autres les créateurs d’un système algébrique  particulièrement élaboré, singulièrement sophistiqué.

Ils avaient découvert entre autres une résolution des équations de premier degré de la forme ax + b =0 et des équations de second degré en partant d’une formule que connaissent en principe nos Lycéens, ils étaient en quelque sorte les initiateurs de l’algèbre des équations.

Les dernières découvertes ont de plus démontré que 1500 ans avant les Grecs, les mathématiciens vivant à Babylone maîtrisaient le calcul des angles et des distances comme nous l’indiquions précédemment.  Les architectes babyloniens utilisaient probablement un système de mesure des relations entre distances et angles pour construire leurs bâtiments, leurs temples, leurs palais et leurs canaux.

Et ce, quinze siècles avant Hipparque de Nicée, le mathématicien et astronome, tenu jusqu’ici comme le seul inventeur de la trigonométrie. Babylone en avance sur son temps, est ainsi la cité science des nombres, préfigurant la civilisation des mathématiques ou la mathématisation du monde. Or quand l’apôtre Jean évoque Babylone, il ne fait nullement référence à l’usage des mathématiques, en revanche il parle bien d’une économie du nombre, d’un marqueur numérique comme d’une empreinte indélébile qui rend corvéables ceux qui achètent et vendent. Du fait des brassages culturels entre le monde hellénistique et l’Orient, cette image de Babylone tendrait à démontrer l’empreinte mathématique, la mémoire scientifique laissée par la cité dans l’ensemble de l’empire romain.

La Babylone mésopotamienne « civilisation du nombre », préfiguration du monde algorithmique qui régira la civilisation moderne et son économie.

A tout point de vue, Babylone la civilisation mésopotamienne, la cité science des nombres, préfigurait notre monde contemporain, la nouvelle Babylone qui se dessine au XXIème siècle de notre ère est celle de la science des algorithmes numériques.

Les algorithmes numériques sont consacrés à la résolution de problèmes arithmétiques, puis ont été formalisés avec l’avènement de la logique mathématique. C’est en effet l’apparition de l’outil informatique et sa logique binaire (0;1) qui a permis la mise en œuvre des algorithmes. Toute l’économie numérique contemporaine s’appuie sur l’outil informatique, celui-ci produisant des fonctions et des valeurs trigonométriques en ayant recours à des bibliothèques de codes mathématiques. Le parallèle entre le monde moderne et l’histoire scientifique de Babylone la sumérienne nous semble de facto saisissant !

Ainsi de la trigonométrie au monde des algorithmes nous découvrons que le monde mathématique, a considérablement influencé les époques, sera à nouveau déterminante pour notre futur.    

La science mathématique, l’émergence d’un modèle occulte devant permettre à l’homme de reculer indéfiniment ses limites

Concernant le développement des mathématiques depuis l’époque suméro-babylonienne, comment alors ne pas rappeler le propos quasi prémonitoire du Philosophe Condorcet qui écrivait plusieurs millénaires plus tard, dans le livre « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain » : « la science mathématique est l’émergence d’un modèle devant permettre à l’homme de reculer indéfiniment ses limites « L’invention (et donc, le progrès) est une combinaison nouvelle d’idées disponibles ».

Ici est la clef du progrès. L’arithmétique en offre le modèle : « Sa fécondité consiste dans le « moyen heureux de représenter tous les nombres avec un petit nombre de signes, et d’exécuter par des opérations techniques très simples, des calculs auxquels notre intelligence, livrée à elle-même, ne pourrait atteindre. C’est là le premier exemple de ces méthodes qui doublent les forces de l’esprit humain, et à l’aide desquelles il peut reculer indéfiniment ses limites, sans qu’on puisse fixer un terme où il lui soit interdit d’atteindre ».

Nous prenons conscience alors que la société Babylonienne quatre millénaires avant Jésus-Christ avait su tirer parti de cette science des nombres pour bâtir une civilisation finalement moderne et avant gardiste “doublant les forces de l’esprit humain” et “reculant indéfiniment ses limites”..

Depuis et plusieurs millénaires plus tard, la révolution numérique a commencé, elle relève bien plus que d’une innovation majeure, d’un événement technique fascinant, cette révolution touchera en réalité toute la vie sociale d’abord en la décryptant puis en l’organisant. Si le lien social à l’heure numérique est « fabriqué » par les ordinateurs, la numérisation du monde franchira un nouveau pas, en emmagasinant toutes les données concernant notre vie, notre quotidien puis en contrôlant une vie sociale intégralement numérisée. Graduellement et par capillarité, nous sommes sur le point de transférer notre vie à un nombre.

Le premier pas semble avoir été franchi avec l’intelligence artificielle qui est devenue une ressource “ensorcelante”, suppléant les limites de l’être humain en termes de calcul, de prédictions. Le “dataïsme”  nouvelle religion des données est ainsi en passe de devenir la nouvelle dévotion virtuelle de l’homme relayant demain les religions surnaturelles de la Babylone Mésopotamienne. Nous voyons ainsi sur Face Book, des hommes et des femmes plus nombreux à consulter les prédictions numériques qui dessinent le passé ou l’avenir des individus assoiffés de connaissance d’eux mêmes.  Les cartomanciennes sont en passe de disparaître, remplacées par la fulgurance de ces nouveaux devins ou voyants numériques.

Nous sommes sur le point de lui échanger une partie de notre être à ce monde numérique, à qui nous léguons de l’information sur nous-même ;  croyant gagner la liberté, la fluidité, la facilité, le gain de temps. Or nous sommes sur le point de lui céder notre vie, notre âme, et ce : contre un nombre, afin de pouvoir acheter ou vendre pour un bonheur fugace, une satisfaction éphémère. Nous serons ainsi dépossédés de nous même, entrant dans un univers d’aliénation, où l’objet numérique prendra le pouvoir sur l’être.

Avec le monde numérique nous accédons à un monde « serviciel » et dématérialisé où tout est construit pour offrir la plus large palette de services, donnant l’illusion de combler la totalité des besoins dérivés de l’être humain, l’ensemble de ses désirs.

Au-delà de la marchandisation numérique des biens et des services, nous voyons le jour d’un nouveau commerce ; c’est aujourd’hui la marchandisation de tous les processus vitaux qui représente une nouvelle phase de la mondialisation et de la globalisation – concernant au premier chef le corps. C’est en effet Bernard Chazelle mathématicien et informaticien, professeur à Princeton, qui indiquait lors d’une séance inaugurale au Collège de France:    » Le grand défi est que biologistes, physiciens et informaticiens travaillent ensemble pour bâtir des ponts entre l’algorithmique et les processus du monde vivant. »

Ainsi l’ensemble des univers économiques mais également le monde du vivant sont aujourd’hui impactés par le phénomène numérique. De la matière à la vie, des biens aux services, du commerce, à la presse, de l’agriculture  à la santé, c’est désormais des pans entiers de l’économie, du divertissement et du vivant qui deviennent numériques.

De nouveaux modèles d’affaires émergent, portés par de puissants effets de réseau; l’exploitation des données à grande échelle, bousculent désormais l’information les réglementations, les relations humaines et notre modèle social. Et tout cela s’opère bien souvent par l’intermédiaire de notre téléphone portable, où en nous connectant à un “réseau” internet. Nous sommes ainsi suivis, scrutés, tracés et étudiés de près pour connaître nos habitudes d’achats, de consommation, de lecture, de fréquentation etc…tout cela dans le but de vendre ( des biens et des informations, des publicités et des espaces de communication pour des annonceurs …).  

Le monde numérique génère dès lors des problématiques nouvelles, typiques parce que nous sommes face à de nouveaux géants mondiaux (Google, Facebook, Apple, Amazon…) qui cumulent des caractéristiques leur conférant un pouvoir sur les marchés économiques sans égal au monde. Les géants du numérique ont ainsi une parfaite maîtrise des algorithmes. La maîtrise liée à la gestion des data (données sur nos usages, nos opinions, nos humeurs, leur confère à ce jour la détention de données comportementales, touchant à nos représentations, croyances, convictions, sans équivalent dans le monde. Mais le risque à venir, c’est celui du franchissement d’un nouveau « Rubicon », croisant les « data » de notre vie sociale et les « data » de consommations gérées par le monde bancaire.

Les livres de la Bible, notamment le livre de l’Apocalypse ainsi que le le livre de Daniel de caractère largement prophétique, évoquent à plusieurs reprises la ville de Babylone. Le dernier livre écrit par l’apôtre Jean fait ainsi mention de la dimension marchande et mondialiste de cette entité et mentionne une caractéristique : “le nombre”.

Babylone, clairement dans le livre de l’Apocalypse, rayonne sur toute la surface de la terre, la ville est assise sur les grandes eaux, le sens des grandes eaux nous est révélé dans le même livre de l’Apocalypse au chapitre 17, verset 15 : « Les eaux que tu as vues où la prostituée est assise, ce sont les peuples et des foules et des nations, et des langues. »

Babylone est une entité dominatrice qui soumet l’ensemble de l’humanité, assujettit  les peuples, gouverne les foules, tyrannise les nations. Véritable empire consumériste, universaliste, absorbant les autres cultures, Babylone s’empare de toute l’organisation économique mondiale. Rappelons à cette effet et dans ce monde dystopique que le monde numérique se traduira par une mise en réseau planétaire de l’humanité. Ce sont clairement les intentions exprimées par la société Google et Facebook. L’internet n’était-il pas appelé déjà le 6e continent, tant son étendue était immense, sa taille virtuelle dépasse déjà toute étendue connue…

Dans ce contexte le livre Homo Deus laisse une conclusion magistrale, qui questionne l’ensemble de l’humanité. Une question simple que je fais profondément mienne. L’auteur Yuval Noah Harari nous interroge sur un choix celui de la conscience ou de l’intelligence à l’ère des data, des algorithmes, d’une science toute puissante … ? Il questionne et met en évidence ses doutes sur les scenarii du futur de cette brève histoire de l’avenir. : “Qu’adviendra-t-il de la société, de la politique et de la vie quotidienne quand des algorithmes non conscients mais hautement intelligents nous connaîtront mieux que nous ne nous connaissons ?”

Ce livre “Homo Deux” de Yuval Noah Harari est le pendant de son premier livre “Homo Sapiens” lorsque l’homme découvre l’écriture et organise le monde à partir de la codification des données, les fameuses tables trigonométriques. 6000 années plus tard nous utilisons des tablettes avec cette science qui converge selon les mots de l’historien, “sur un dogme universel suivant lequel les organismes vivants sont des algorithmes et la vie se réduit au traitement des données”… ainsi l’intelligence sans âme finit-elle par se “découpler de la conscience”, cette science sans la conscience pour plagier Rabelais ne deviendra-t-elle dès lors que ruine de l’âme, ruine de l’humanité…

Si l’homme ne se ressaisit pas et si sa conscience ne se laisse pas interpeller,  les écritures prédisent les lamentations des marchands au moment où cette entité s’écroulera, “tous ceux qui ont fait commerce avec [Babylone] se lamenteront ”.

Telle sera la fin de Babylone, la cité de la science du nombre. Cependant comme me l’écrivait un ami “Puisse notre spiritualité ne pas se dissoudre dans le numérique, dans le divertissement et les plaisirs du  consumérisme. Il est temps de prôner le caractère unique et irremplaçable de chaque individu, de résister à la puissance totalisante du nombre, de sortir de Babylone…” Or n’oublions pas pour conclure, le propos de Victor Hugo indiquant que  «Le monde”, œuvre de Dieu, est le canevas de l’homme. Tout borne l’homme” Or ajouta Victor Hugo   “rien n’arrête l’homme. Il réplique à la limite par l’enjambée, l’impossible est une frontière toujours reculante. ».

[1] Babylone et la Bible entretiens avec Hélène Monsacré Editions Pluriel page 193

[2] Les mathématiques de Babylone de Roger CARATINI page 156 (Paragraphe Naissance de la pensée théorique)

Eric LEMAITRE

La nouvelle vision économique du monde numérisé

L’économie numérique via les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle entend dessiner une forme de société vertueuse et idyllique, cachant en réalité la volonté d’intégrer l’ensemble des données qui caractérisent la vie humaine 

Ce nouveau texte écrit par Eric LEMAITRE est consacré à la vision instaurée peu à peu l’économie numérique dans les rapports qui se tissent transformant les informations en services et applications mercantiles visant sans aucuns scrupules à exploiter puis à monétiser l’ensemble de nos comportements, à favoriser de nouveaux gisements financiers.

La vision de ce capitalisme numérique nous fait entrer dans une forme d’âge d’or qui entend personnaliser à outrance les réponses apportées individuellement à chaque consommateur. Ce capitalisme se donne également les habits d’une forme de grande communauté numérique, une forme de communisme vertueux, de société de partages avec l’émergence de services apparemment gratuits ou à des coûts marginaux. Mais cette offre numérique opère en réalité une conquête insidieuse, sournoise de l’esprit humain, c’est une conquête absolue de la vie humaine jusqu’à nous rendre dépendant, addicte en nous suggérant des réponses aux besoins et aux attentes qui s’expriment dans le quotidien. Les variables changent, le monde économique est en train de muter à toute vitesse vers le tout numérique, vers la dématérialisation. Cette mutation se traduisant par moins de travail pour les hommes, par des discriminations et des exclusions possibles, ceux socialement jugés indignes. Les mutations vécues via ce monde numérique se traduisent ainsi comme un changement de modèle radical, un bouleversement de paradigme, avec des implications sociales équivalentes à celles de la révolution industrielle.

Pour être appréhendé par le plus grand nombre, ce monde en mutation incessante nécessite de nouvelles grilles de lecture, pour les citoyens, les usagers d’un service, les consommateurs. Le monde numérique n’offre aucune assistance en face à face, mais une pléiade d’intelligences artificielles et de services, en changement permanent, suivant des modes et des tendances, à la merci de marchés à conquérir, ou de parts de marchés.

Que dire de tous ceux qui n’ont pas accès à ce type de services, qui sont donc de facto « exclus » des data. Seront-ils représentés ailleurs ? Comment et par qui ? Pas de téléphone, pas de place de ciné ; pas de courses, pas de commandes ; pas de smartphone lié à un compte, pas de livraisons etc…

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Nous assistons à l’émergence d’un nouveau modèle à la fois civilisationnel et économique.  L’économie numérique via les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle entend dessiner une forme de société vertueuse et idyllique, cachant en réalité la volonté d’intégrer l’ensemble des données qui caractérisent la vie humaine

Ce nouveau texte est consacré à la vision qu’instaure peu à peu l’économie numérique dans les rapports qui se tissent transformant les informations en services et applications mercantiles visant sans aucuns scrupules à exploiter puis à monétiser l’ensemble de nos comportements, à favoriser de nouveaux gisements financiers.

La vision de ce capitalisme numérique nous fait entrer dans une forme d’âge d’or qui entend personnaliser à outrance les réponses apportées individuellement à chaque consommateur. Ce capitalisme se donne également les habits d’une forme de grande communauté numérique, une forme de communisme vertueux, de société de partages avec l’émergence de services apparemment gratuits ou à des coûts marginaux. Mais cette offre numérique opère en réalité une conquête insidieuse, sournoise de l’esprit humain, c’est une conquête absolue de la vie humaine jusqu’à nous rendre dépendant, addicte en nous suggérant des réponses aux besoins et aux attentes qui s’expriment dans le quotidien.

Cette hyper personnalisation est sous tendue par le développement de capteurs de données qui se nichent dans toutes les dimensions de la vie incluant l’intime, les déplacements, les relations. Ces capteurs que sont les smartphones, les téléviseurs, les véhicules embarquant elles-mêmes des capteurs numériques, jusqu’aux compteurs d’énergie, en passant par les montres les bracelets numériques qui encerclent toutes les dimensions du quotidien du domicile à l’usage de sa voiture, de sa vie professionnelle à ses loisirs.

Ce modèle économique est également entrain de refondre le capitalisme moderne en déconstruisant la verticalité des circuits de production et de distribution, en développant également des services dématérialisés sans qu’il soit nécessaire d’avoir besoin de rapport avec un agent, c’est ainsi que le monde des assurances et de la banque se développeront sans qu’il soit nécessaire de s’appuyer sur des guichets ; les guichets seront virtuels, les contacts désincarnés.  La médiation qui s’incarnait à travers l’existence d’agents humains en contact, en relation, de succursales se manifestant au travers de contacts humains, tendra ainsi à se réduire puis sans doute à disparaitre.

Ce modèle économique déconstruit le rapport à la proximité et modifie substantiellement le rapport à la valeur dans un rapport à l’autre, nous devenons chacun d’entre nous une valeur « dématérialisée » et monétisée.

Le monde numérique est en train de façonner l’économie mondiale

Les chiffres publiés par l’UIT montrent que les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont connu « un essor sans précédent au cours des 15 dernières années, ouvrant ainsi de vastes perspectives pour le développement socio-économique »[1]. Les perspectives annoncées d’ici les quinze prochaines années, promettent également une expansion galopante des univers numériques embrassant d’autres domaines de notre existence, touchant à la santé, la sécurité, les déplacements, les rencontres.

La création de données numériques[2] n’a jamais été aussi féconde, l’augmentation est exponentielle. Plus de 40% de la population mondiale fait aujourd’hui usage d’Internet[3].

Entre 2000 et 2015, le taux de pénétration du web a été multiplié par sept, passant de 6,5 à 43% de la population mondiale.

Selon les estimations d’un rapport de l’UIT, 29% des 3,4 milliards de personnes dans le monde qui vivent dans des zones rurales seront desservies par un réseau mobile large bande 3G d’ici à la fin de 2015″

La proportion de ménages qui a accès à l’Internet au domicile a ainsi considérablement progressé, passant de 18% en 2005 à 46% en 2015.

Les ambitions des géants mondiales du web (Facebook, Google) sont également de numériser le monde entier[4]. Leurs projets sont de démultiplier les satellites ou les ballons stratosphériques pour se passer des opérateurs télécoms traditionnels afin de connecter les 4 milliards d’habitants n’ayant pas encore accès à Internet.

La révolution du digital se répand à la vitesse de l’éclair à l’échelle de l’histoire de l’humanité et de manière bien plus rapide que les précédentes révolutions industrielles de l’électricité et des télécommunications. Le monde entier est ainsi sur le point d’être connecté, aucun habitant de cette planète à terme ne sera oublié. Dans cette démultiplication exponentielle des connexions, l’univers numérique se confondra de plus en plus avec l’économie et pour l’ensemble des sphères de l’économie. En d’autres termes le monde numérique est en train de façonner le monde et ses conséquences doivent être appréhendées, analysées pour comprendre un autre aspect de la déconstruction de l’homme.   

L’homme comblé au sein d’un nouvel eldorado  

Dans des contextes de révolution digitale mondiale, souvenons-nous que le XIXème siècle consacra le primat de la matière sur l’esprit, le XXIème siècle lui entérinera en quelque sorte le règne du virtuel sur la matière, le règne des connexions internet sur les relations, le règne des robots sur l’outil comme prolongement du travail accompli par l’homme.

Il n’est pas contestable que la société consumériste qui accompagne les changements technologiques introduit un changement dans les rapports aux autres, promouvant outrancièrement leurs quêtes respectives du désir de s’accomplir, de se réaliser.

Le rêve de l’homme est toujours poussé à aller plus loin jusqu’à créer des réponses virtuelles ou matérielles de bonheur artificiel, le libérant des corvées, des servitudes, de la « sueur ».

Alain Ledain auteur du livre Chrétien dans la cité aborde « Le rapport narcissique de la société à la consommation ». L’auteur professeur de mathématiques décrit, comment d’une manière artificielle l’homme consumériste construit une représentation de soi, une idéalisation de l’égo… mais d’un soi déraciné, un narcissique arraché à sa réalité.

Il ajoute : « C’est comme si le monde cherchait à créer, non l’identité par ce que l’on est, mais « d’être » par ce que l’on possède. Les objets que l’on porte sur soi deviennent ainsi les marqueurs de cette identité, transcendant l’être dans ses émotions, sa culture, ses croyances.

L’idolâtrie des temps modernes, c’est le consumérisme qui joue à fond sur le plaisir de consommer, de posséder. Nous consommons, non seulement par utilité, mais pour combler des désirs. Il y a une véritable quête de plaisir ; plaisir qui favorise certains secteurs : les loisirs et les nouvelles technologies notamment. »

Au cours d’un discours prononcé à l’assemblé nationale[5], Victor Hugo ce géant de la littérature parlant de son siècle, le XIXème, soulignait déjà la tentation consumériste et mettait ainsi en exergue un même mal qui au fil de l’histoire de l’humanité ronge l’homme, lamine, broie, atrophie son esprit, la conscience du bien, du beau et du vrai.

Dans ce discours, Victor Hugo évoquera un mal « un mal moral, un mal moral profond nous travaille et nous tourmente ; ce mal moral, cela est étrange à dire, n’est autre chose que l’excès des tendances matérielles » puis plus loin il ajoute « Eh bien, la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission […] relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. ». Que dire alors des tentations consuméristes associées à ce monde virtuel qui caractérise la société contemporaine, le discours de Victor Hugo aurait été identique à celui prononcé il y a un peu plus d’un siècle.

Dans texte admirable de Charles Péguy[6], texte qui fait écho à Victor Hugo, Charles Péguy souligne la Babylone matérialiste et consumériste qui se dessine et souligne ce mal chronique et puissant d’une société soumise au veau d’or :

« Pour la première fois dans l’histoire du monde, les puissances spirituelles ont été toutes ensemble refoulées non point par les puissances matérielles mais par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l’argent. Et pour être juste, il faut même dire : Pour la première fois dans l’histoire du monde toutes les puissances spirituelles ensemble et du même mouvement et toutes les autres puissances matérielles ensemble et d’un même mouvement qui est le même ont été refoulées par une seule puissance matérielle qui est la puissance de l’argent. Pour la première fois dans l’histoire du monde toutes les puissances spirituelles ensemble et toutes les autres puissances matérielles ensemble et d’un même mouvement ont reculé sur la face de la terre. Et comme une immense ligne elles ont reculé sur toute la ligne. Et pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est maître sans limitation ni mesure. Pour la première fois dans l’histoire du monde l’argent est seul en face de l’esprit… »

Gilles Lipovetsky dans son livre Le bonheur paradoxal décrivant la modernité, évoque à propos de cette société matérialiste quant à lui, l’idée d’une société dopante flattant la performance construite autour « des idéaux de compétition et de dépassement ». C’est l’impératif de l’optimisation de soi en toute situation, à tout âge et ce par tous les moyens. Gilles Lipovetsky dénonce ainsi cette société de la prouesse, cette société qui pousse les individus de façon continue à idéaliser les savoir-faire, les savoir être. Il faut se construire, se surpasser, toujours exceller, briller. « La société de performance tend ainsi à devenir l’image d’une nouvelle prévalence résultant de l’hyper modernité. »

La marchandisation numérisée et généralisée de la vie.

Dans ces contextes nous entrons dans une marchandisation totale et globale de toutes les parcelles de la vie sociale et des besoins qui l’accompagnent.

Cet extrait d’un article du monde[7] est tout à fait éclairant « Derrière les bonnes intentions déclarées des GAFA[8], l’objectif est bien de marchandiser toutes les parcelles de nos existences. La libération promise par les technologies est aussi notre prison ». C’est ce que le philosophe Eric Sadin souligne : « le modèle dominant développé par l’industrie du numérique consiste à offrir une infinité de « solutions » à l’égard de tous les moments du quotidien. Nous assistons actuellement à une « servicisation » généralisée de la vie ».

Nous « infiltrons » comme nous l’avons par ailleurs écrit dans un monde « serviciel » et dématérialisé ou tout est construit pour offrir la plus large palette de services, donnant l’illusion de combler la totalité des besoins dérivés de l’être humain, l’ensemble de ses désirs.

Au-delà de la marchandisation numérique des biens et des services, nous voyons le jour d’un nouveau commerce c’est aujourd’hui la marchandisation de tous les processus vitaux qui représente une nouvelle phase de la mondialisation et de la globalisation – concernant au premier chef le corps. Le corps humain constitue également et de nos jours une « matière première essentielle au déploiement de l’industrie biomédicale » et « destinataire des innovations biotechnologiques ». Ce corps en morceaux, en pièces détachées pourrait être demain achalandé dans les rayons du web. Cette marchandisation touchera non seulement le corps mais également la commercialisation du sperme et d’ovocytes, l’eugénisme « high tech », cette pratique d’achat en ligne du sperme semble avoir déjà eu lieu[9].

Il est impossible de ne pas songer dans cette réflexion sur la marchandisation généralisée de la vie au livre de Saint Jean Apocalypse 18, un passage au verset 11 aborde littéralement la vente des corps et des âmes d’hommes comme objets de commerce de la Grande Babylone.

L’eldorado numérique un leurre social et économique

L’eldorado numérique brosse l’idée d’une économie florissante, d’un nouvel âge d’or, libéré des astreintes de l’économie issue du monde réel. Les axiomes posés promettent un changement des paradigmes, promettant un monde libéré de toute attache, une liberté des consommateurs sans cesse augmentée, promettant à chacun du moins en apparence de n’obéir qu’à sa seule « autonomie », sa propre volonté. En fait le consommateur « autonome » sera assujetti à de nouvelles normes sociales encadrant son vouloir et son faire. Les normes sociales sans cesse codifieront les gestes, remplaceront les lois de l’ancien monde. La « disparition des lois » donneront l’illusion de la liberté, en réalité les normes s’avéreront être de véritables carcans, encartant la liberté de penser, de mouvement. Certes l’homme se considérera comme autonome mais non libre, libre de sa mobilité mais sans cesse surveillé.

L’eldorado numérique ne sera pas accompagné en réalité d’un plein emploi et risque bien, sinon avec certitude de créer de nouveaux fossés entre les riches et les pauvres. L’eldorado économique sera un leurre, une tromperie, l’économie numérique n’effacera et n’endiguera nullement le chômage. La croissance économique comme nous le savons n’est pas nécessairement associé à l’emploi, mais elle peut être adossé à des efforts de rationalisation et d’économie d’échelle avec la volonté drastique de toujours réduire le coût des ressources humaines dans la seule optique de satisfaire les investisseurs spéculateurs.

Comme l’écrivait Jacques Ellul dans son livre le Bluff technologique « Est-ce que les techniques de pointe nouvelles, ne seraient pas à l’origine de la crise économique (exactement l’inverse de ce que croient les politiques) ? L’hypothèse (qui est plus qu’une hypothèse, puisqu’elle reçoit un début de démonstration) avait été soutenue entre les deux guerres par des économistes comme Kondratieff et Schumpeter. Elle reparait aujourd’hui en reprenant la thèse essentielle de Schumpeter : le progrès technique représente le principal facteur dynamique caractérisant le développement économique, mais il a un effet déstabilisant en raison de son moment d’apparition, de sa vitesse de diffusion et de la multiplication de ses applications qui sont toutes perturbantes. Chaque grande innovation met en question des secteurs entiers des activités économiques, traditionnelles… »[10]

Ecrivain américain, futuriste et auteur de romans de science-fiction Ramez Naam dit que nous devons absolument prendre conscience du potentiel « chômage technologique » susceptible d’être engendré par l’économie numérique et robotique, par l’économie de l’automatisation. Ce non emploi des êtres humains sera créé par le déploiement sauvage de l’automatisation des technologies numériques et robotiques qui remplaceront demain le travail humain.   Pour conforter notre propos, nous renvoyons notre lecteur à son usage des autoroutes, s’il est un « vieux » conducteur, il se souvient sans doute, des aires d’autoroutes équipées de cabines dans lesquelles des hommes et des femmes effectuaient l’encaissement des paiements. Ces personnels des aires d’autoroutes ont finalement fini par totalement disparaitre, remplacés par l’automatisation des péages.

Ainsi l’auteur de romans de sciences fiction Ramez Naam, précise les enjeux prospectifs liés aux développement d’une société devenue hyper technique, numérisée et robotisée, en précisant les conséquences et les ravages d’un monde dominé par l’automatisation, l’« ordinisation » le pouvoir technicien.  L’un des enjeux décrit par le romancier est celui concernant « le taux de chômage potentiel des chauffeurs de taxi, les conducteurs de poids lourds, suscité vraisemblablement par des véhicules demain sans conducteurs, des voitures autonomes ».

Ce phénomène de destruction de l’emploi n’est certes pas nouveau, la problématique date des siècles, et a souvent galvanisé les transformations sociales les plus radicales. Un tel mouvement de transformation sociale tendra à s’amplifier avec la révolution numérique et transhumaniste. Pour éclairer notre propos et aller au-delà de la simple assertion, prenons quelques exemples issus de secteurs en pleine mutation, le textile, l’agriculture, la logistique e. commerce, le transport…

Jadis la fabrication des textiles était initialement un art manuel pratiqué soit par des fileurs ou des tisseurs qui exerçaient leur activité à domicile. Or en quelques siècles les progrès techniques, la révolution technologique dans le monde du textile ont fait naître de grandes entreprises textiles économiquement plus performantes.   Ainsi, les progrès techniques accomplis au cours des XVIIIe et XIXe siècles n’ont pas seulement donné le coup d’envoi à l’industrie textile moderne, mais ont été à l’origine de mutations considérables issues de cette révolution industrielle, révolution industrielle accompagnée de transformations familiales et sociales profondes.

De nouveaux changements ont lieu aujourd’hui, puisque les entreprises textiles les plus importantes se délocalisent vers les pays en voie de développement offrant une main-d’œuvre et des ressources moins onéreuses, tandis que la bataille concurrentielle suscite des développements techniques incessants tels que la robotisation, l’informatisation. Ces avancées technologiques permettent de réduire drastiquement les effectifs et d’améliorer sans cesse la productivité, hélas les conséquences sociales sont vécues comme une fatalité quasi programmée dans ce monde où la rationalité et l’efficience technique deviennent les règles d’une nouvelle gouvernance du monde marchand.

L’autre révolution touche également le monde paysan, l’image passéiste du paysan jardinier de nos campagnes se ringardise. Enfant j’arpentais et sillonnais les champs avec mon Père qui me faisait découvrir toute la biodiversité, et me sensibilisait à la terre, au monde des végétaux. Aussi loin que remonte mes souvenirs, je me souviens de chevaux qui tiraient une herse, c’était dans le début des années 60. La ferme de mes grands-parents occupait alors plus d’une dizaine de personnes vaquant à toutes les tâches agricoles y compris l’élevage.

Enfant, puis adolescent, J’étais le témoin d’une mécanisation progressive de la terre et d’une réduction drastique des personnels. La mécanisation de la terre se poursuit et au cours d’un échange avec mon père qui fut lui-même paysan, ce dernier me confia que pour viabiliser l’exploitation agricole, cette dernière devait être adossée à la fois à une gestion nettement plus techniciste et à la gestion d’une terre comprenant au moins deux cents hectares, demain probablement 400 hectares. En l’espace de 40 années de vie agricole, le monde paysan a vu le départ d’un nombre important d’agriculteurs et parfois même le suicide de nombreux paysans n’étant plus en mesure d’assurer leurs charges.

Or le monde agricole est en train de franchir un nouveau cap, l’agriculture comme l’univers industriel est en passe de vivre une profonde mutation[11], ces champs qui étaient l’espace du réel, une image d’un monde évoquant la nature sera lui aussi envahi par les drones, les robots, de nouvelles applications du génie génétique et du monde numérique, les GPS[12] qui constitueront demain les guides de machines sans chauffeurs.

Yves Darcourt Lézat dans un article le paysage une question de société souligne cette mutation qui se déroule à grands pas : « Le développement techno-scientifique qui prévaut depuis la fin du XVIIIeme siècle a changé la donne : la fonctionnalisation des espaces agricoles, l’industrialisation de l’agriculture, l’expansion des villes, le foisonnement des périphéries urbaines, la propension à “grossir coûte que coûte”, les spéculations à outrance… se conjuguent pour percuter des trames structurantes et leur substituer, trop souvent, l’exhibition spectaculaire d’une modernité conquérante et hégémonique, la gestion des flux et des temps primant sur la qualité et la singularité des territoires. »

L’agriculture vit sans doute la plus importante mutation de son histoire après celle du tracteur apparu à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans le monde agricole, les technologies toujours plus perfectionnées envahissent d’ores et déjà les exploitations. Les engins deviennent de super véhicules high-techs, les agriculteurs sont de plus en plus des hommes connectés, rivés sur leurs écrans et pilotant sans doute dans un très proche avenir de leurs bureaux, leurs « machines high tech » sans chauffeurs. D’ailleurs aura-t-on encore besoin de superviseurs humain pour contrôler un tel dispositif technique qui pourrait être contrôlé par lui-même.

La logistique « e. commerce » est également sur le point de connaitre une profonde mutation et l’exemple vient de l’une des quatre grandes entreprises du WEB, la société AMAZON qui a engagé une évolution majeure de son organisation, l’articulant autour de la robotisation de l’entreprise. L’enjeu pour l’entreprise est d’augmenter constamment l’efficience, ses cadences, ses marges, son efficacité et de remplacer l’humain par la machine effectuant les tâches de gestion logistique, de préparation des commandes.

La robotique n’est qu’un des aspects de l’innovation logistique made in Amazon.  Toutes les tâches liées aux contacts clients, à la vente des produits font l’objet des dernières applications techniques qui sont des concentrés de savoir-faire numérique, et de gestion des données.[13]

Dans le domaine du transport, c’est également là, l’autre révolution technologique qui n’est pas pour demain, mais qui est bel et bien amorcé. La « google car [14]» a été le premier prototype de véhicule de transport, piloté sans chauffeur grâce à de nombreux applicateurs, adossé à un système de guidage particulièrement sophistiqué.

Aujourd’hui c’est dans le domaine du transport collectif et également dans le transport de frets que les changements s’opèrent avec des expérimentations déjà mises en œuvre, y compris en France. Ces transports collectifs ou transports de marchandises sont aujourd’hui parfaitement en mesure de détecter les obstacles statiques et dynamiques, d’adapter et de synchroniser la conduite à l’environnement, en fonction également des flux routiers en journée.

Aujourd’hui, le remplacement des ressources humaines par l’automatisation, les systèmes de guidage, la robotisation s’étend au-delà de la production industrielle.

Dans les années 86, au début de ma carrière professionnelle, je menais une étude de marché sur la gestion automatisée des files d’attente et je fus conduis à rencontrer les administrations, les banques et les hypermarchés.

Un directeur d’hypermarché m’avait indiqué en 1987 lorsque je lui exposais le concept de caisse automatisée (produits auto-scannés par les clients sans l’intervention d’une caissière), que cette idée avait certainement un grand avenir et il pronostiquait l’avènement des caisses entièrement automatisées dans les cinquante prochaines années. Aujourd’hui et au début de ce XXIème siècle, dans les supermarchés, les caissières sont peu à peu remplacées par une série de machines enregistreuses en self-service qui permettent aux clients de transcrire leurs achats sous la surveillance d’un seul employé, ce qui est d’ailleurs le cas dans les enseignes IKEA.

Pour ceux qui appréhendent la menace que l’automatisation fait peser sur les travailleurs non qualifiés, la première réponse qui vient à l’esprit est d’adapter les ressources humaines, de former les salariés. Mais voilà inéluctablement le progrès technologique commence également à détruire, anéantir les emplois qualifiés, y compris les emplois hautement qualifiés, et il n’y a probablement aucune sphère qui ne soit demain impactée par la conquête technique celle de la digitalisation, robotisation, de l’automatisation et de l’« ordinisation ».

La déshumanisation de la société est dès lors bel et bien en marche et cette marche est incontestablement violente et augure d’une prochaine barbarie à visage économique.

Vers l’ubérisation[15] de la société

La question à ce jour est d’appréhender la capacité de l’homme à s’adapter à un monde en perpétuel changement, à des changements qui se dessinent avec la mutation révolutionnaire de l’économie numérique susceptible d’engendrer de nouvelles crises sur l’emploi. C’est « l’uberisation » de la société qui est en route, un phénomène social récent dans le domaine de l’économie numérique qui se traduit par l’utilisation de services permettant ainsi aux professionnels comme à leurs clients de construire des transactions commerciales directes, de manière quasi-instantanée, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies. La mutualisation de la gestion administrative et des nouveaux systèmes de l’économie numérique réduit de facto le coût de revient de ce type de service mais cette ubérisation n’est pas sans conséquence sur la vie sociale des artisans qui légitimement s’inquiètent des développements et des avancées du monde numérique, d’un monde transhumaniste.

Dans ce contexte de bouleversements introduits par l’industrie numérique, la robotique et l’intelligence artificielle, il importe de prendre conscience du leurre numérique, fossoyeur social des temps modernes et des desseins qui se dessinent dans un monde qui chancelle, dont les fondations au fur et à mesure des avancées de la technique fragilisent les ressources issues de la vie relationnelle, les rapports entre les hommes, les équilibres des écosystèmes dans lesquels l’humain est fondamentalement inscrit. Inévitablement les bouleversements conduiront les salariés dans l’ensemble des secteurs économiques à des situations anxiogènes, des troubles résultant de taux massifs de chômage, d’effondrements sociaux et de crises déconstruisant les liens au sein même des familles.

Le client consommateur sous contrôle de l’intelligence artificielle

Nous sommes nombreux à avoir effectué des achats sur des sites Internet, nous ignorons sans doute que pendant l’achat, des robots assistants peuvent guider le client en comprenant et interprétant ses besoins et en enrichissant l’expérience client. L’intelligence artificielle est devenue de façon quasi incontournable, l’outil informatique intrusif mobilisé par les plateformes des grandes enseignes d’achat du monde numérique. L’Intelligence artificielle est devenue ainsi un outil capable de fouiller les habitudes, de suggérer, d’adapter les réponses, capables même d’empathie envers le client.

Pour Catherine Michaud[16] ; l’intelligence artificielle est devenue l’instrument de la relation client permettant de comprendre les modalités d’achat et d’interpréter les données de l’achat client[17]: « L’intelligence artificielle offre une capacité de connaissance qui devient infinie. Non seulement c’est de la connaissance en temps réel mais elle apporte en prime une information précise et puissante dans la relation client ». Elle inaugure aussi une nouvelle ère dans la relation client car elle est adaptative. Elle permet en amont du parcours d’achat d’aller chercher et interpréter des données dans le monde ouvert.

 Le monde de la finance régulée par la machine[18]

Le monde des transactions boursières manifeste un appétit marchand de plus en plus dévorant. Ce monde de la finance est aujourd’hui au pouvoir des algorithmes et des logiciels les plus sophistiqués. Les transactions boursières s’effectuent au moyen de robots, surnommés les robots de trading.  Les démarches spéculatives et organisées au moyen d’algorithmes et de techniques élaborées permettent d’engranger des revenus substantiels mais totalement immoraux puisque fondés sur des gains spéculatifs et virtuels.

Ainsi l’ensemble des volumes de transactions sur les marchés de la bourse sont désormais traités par de nouveaux acteurs non humains mais des traders technologiques appelés « les traders à haute fréquence ». Pour l’expliquer en des termes simples, le trading à haute fréquence consiste à recourir de façon automatisée à des algorithmes et des technologies sophistiqués pour repérer et exploiter les mouvements de marché avec une échelle de temps d’une dizaine de millisecondes, un temps qui ne saurait être maitrisé par l’homme.

Citons le journaliste suisse François Pilet[19] « On est passé d’une seconde à une microseconde [un millionième de seconde qu’on peut appeler la nouvelle seconde puisque c’est la nouvelle unité de temps du fonctionnement des marchés : c’est un million de fois plus petit. Un exemple : si vous prenez une journée et que vous l’agrandissez un million de fois ça fait 4000 ans de transaction boursière et durant ce temps, il se passe beaucoup de choses. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui dans une seconde il se passe énormément de choses. »

Les transactions menées au moyen des logiciels sophistiqués totalisent désormais plus de la moitié des échanges sur les marchés de la bourse. Ces transactions traduites en ordres de bourses (acheter ou vendre) se réalisent dans des temps qui ne peuvent être gérés par l’être humain puisque les transactions s’opèrent en millième de seconde.

Or ces transactions, ces ordres de bourses confiées aux algorithmes ont été la cause de dysfonctionnements graves, d’un mini krach le 6 mai 2010[20] et les problématiques posées aujourd’hui par l’intervention de ces traders non humains inclinent largement à penser qu’une régulation de leur usage est devenu absolument nécessaire.

La révolution numérique est aussi une révolution sociale et économique effeuillant l’individu

La révolution numérique a commencé, elle relève bien plus que d’une innovation majeure, d’un événement technique fascinant, cette révolution touchera en réalité toute la vie sociale d’abord en la décryptant puis en l’organisant. SI le lien social à l’heure numérique est « fabriqué » par les ordinateurs, la numérisation du monde franchira un nouveau pas, en emmagasinant toutes les données concernant notre quotidien puis en contrôlant une vie sociale intégralement numérisée. Avec ce monde numérique à qui nous léguons de l’information sur nous-même ; nous sommes sur le point de lui troquer une partie de nous-même croyant gagner la liberté, la fluidité, la facilité, le gain de temps, or nous sommes sur le point de lui céder notre âme contre un nombre.

Nous sommes comme chacun le sait, environnés d’objets numériques, nous nous en accommodons depuis trois décennies. Nous sommes également usagers de cartes de paiement contenant un microprocesseur (une puce) capable de traiter une information. Chaque fois que nous faisons usage d’internet, que nous réalisons une commande sur un site commercial, laissons un commentaire sur un réseau social, effectuons un achat avec notre carte bancaire, nous laissons une trace, nous abandonnons une information, nous communiquons une partie de nous-même.

Cette trace est une donnée, elle constitue un support d’informations, propagée dans l’environnement du WEB mais également exploitée par les réseaux bancaires. Ces données, associées à nos usages d’internet, nos usages de paiements numérisés sont immédiatement consignés. Toutes ces données indexées, enregistrées, autorisent de fait une lecture de nos pratiques, de nos habitudes d’achat, de nos façons d’utiliser les réseaux sociaux.

Peu à peu notre personnalité numérique s’affiche, nous devenons un livre ouvert (là où un livre ne donne accès qu’à des connaissances, votre personnalité numérique ouvre les portes de votre intimité), une forme de tableau qui restitue peu à peu une image et au-delà même une identité. Nous constituons peu à peu un matériel d’informations pour les géants du WEB et pour l’ensemble des acteurs du monde bancaire. Aujourd’hui ces acteurs, ceux du WEB et du monde bancaire sont conscients de posséder une mine de renseignements.

Or, posséder cette double information touchant simultanément les registres des comportements sociaux et de consommation, constitue le rêve d’une société totalisante qui pourrait de fait posséder une forme de pouvoir et de contrôle sur les individus. Dans ce nouveau chapitre, nous vous invitons à regarder avec nous comment ce processus est devenu possible. Nous vous convions à comprendre pourquoi notre monde est en train de basculer, de dériver vers une forme d’asservissement des êtres humains.

La numérisation du secteur bancaire

La numérisation du secteur bancaire est en marche : « La numérisation pousse les banques vers la plus grande transformation de leur histoire », de nombreuses banques se sont d’ores et déjà lancées dans le monde digital. Cette révolution est également inquiétante, elle augure une nouvelle fois une déshumanisation du monde dans lequel nous entrons inévitablement.

Le constat de cette révolution numérique est sans appel, les agences dans le secteur bancaire sont de moins en moins sollicitées, fréquentées. En effet, dans des proportions de plus en plus importantes, les usagers déjà largement familiarisés au monde numérique, ont pris l’habitude, de consulter leurs comptes à partir de leurs écrans tablettes, ordinateurs, smartphones…

C’est l’organisation de la banque de détail qui a maillé autrefois les territoires qui est remise en cause radicalement. Cette transformation que le monde numérique opère, n’affecte pas seulement le monde bancaire : nous n’évoquerons pas ici la disparition des services dans certaines zones de nos territoires, tels que les services sociaux, la Poste, les points de distribution s alimentaires, les écoles, les maternités etc. qui sont autant d’agoras, de lieux désormais inopérants.

Aujourd’hui le modèle économique bancaire (la banque de détails) est confronté à des crises successives, à une baisse implacable des fréquentations de clientèles.  L’accélération et la conversion de la banque de détails au modèle d’organisation numérique de la banque digitale se sont littéralement imposées.  Cette mutation numérique est un couperet net en matière de nombre d’emplois.  Pourtant le consommateur lambda ne se lamente pas de la disparition de son guichetier, il voit à travers ses opérations effectuées sur son smartphone, un gain de temps extraordinaire, fini pour lui les files d’attente interminable et ses rendez-vous ratés.

Face à ce phénomène touchant les nouvelles pratiques de ses clients, les banques sont conduites à faire évoluer leurs services, elles seront à terme amenées à diminuer physiquement le nombre de succursales. Nous pourrions d’ailleurs parier la disparition prochaine des agences bancaires de proximité. Cette disparition se fera au profit du monde des portables téléphoniques, ces smartphones deviendront ainsi le premier guichet pour bon nombre d’usagers.

Le monde bancaire deviendra digital, c’est l’autre révolution qui est en marche. Le client pourra éventuellement rencontrer son conseiller sur écran avec « Skype », ou échanger avec une intelligence artificielle sur d’éventuels conseils financiers, des transactions ou des demandes de prêts. Les conséquences pour les salariés seront évidemment dramatiques, l’emploi dans le secteur bancaire subira les effets de la numérisation. Cette numérisation de la banque aggravera, accentuera la baisse tendancielle des effectifs déjà connue dans le monde bancaire. Cette tendance mondiale ne touche pas seulement le monde bancaire. La recherche du profit via la numérisation du monde économique n’est que le facteur d’une transformation majeure de nos sociétés : le travail n’est plus ainsi le seul outil de répartition des richesses.

C’est cette fragilité du monde bancaire qui pourrait bien constituer le socle des ambitions des géants du WEB, de leurs velléités à vouloir franchir un nouveau cap dans la gestion des profits en exploitant au mieux les « datas » de leurs clients.

L’intrusion du monde bancaire dans la vie privée des consommateurs

Comme nous l’avons déjà largement appréhendé dans le livre « La déconstruction de l’homme », les nouveaux services déclinés par les géants du WEB apportés aux consommateurs seront de nature à chambouler la donne des grands équilibres économiques actuels. À terme ces bouleversements seront inévitablement destructeurs de valeurs.

L’autre réalité du monde numérique, c’est celui d’avoir fait émerger un média (le WEB) qui a généré de multiples marchés sans équivalent dans le monde, cassant certains monopoles de la distribution et du commerce physique. Demain, il est à parier que c’est l’ensemble du monde bancaire dans sa forme traditionnelle, qui sera remis en cause.

Ce monde numérique génère dès lors des problématiques nouvelles, typiques parce que nous sommes face à de nouveaux géants mondiaux (Google, Facebook, Apple, Amazon…) qui cumulent des caractéristiques leur conférant un pouvoir sur les marchés économiques sans égal au monde. Les géants du numérique ont ainsi une parfaite maîtrise des algorithmes. La maîtrise  liée à la gestion des data (données sur nos usages, nos opinions, nos humeurs, leur confère à ce jour la détention de données comportementales, touchant à nos représentations, croyances, convictions, sans équivalent dans le monde. Mais le risque à venir, c’est celui du franchissement d’un nouveau « Rubicon », croisant les « data » de notre vie sociale et les « data » de consommations gérées par le monde bancaire.

Il n’est pas inimaginable de concevoir l’émergence au sein même de l’économie numérique de nouvelles alliances, entre les géants du WEB et le secteur bancaire. Les géants de l’Internet ne font plus mystère de leurs ambitions de développement dans les services bancaires et notamment dans le domaine des paiements, de monnaies électroniques (Facebook serait en passe de réfléchir à de nouvelles modalités d’échanges entre consommateurs, permettant aux usagers du réseau social de procéder à des transferts d’argent entre eux). Votre téléphone scanne les codes-barres et peut permettre déjà dans de nombreux pays, d’effectuer des paiements de factures, de les effectuer chez les commerçants. Dans ce monde totalement numérisé à terme, les banques et les opérateurs de téléphonie mobile ne feront plus qu’un dans l’émergence de ce nouveau marché.

Nous le savons bien , les moyens de paiement transitant par la banque est une des sources de revenus du monde bancaire. Comment alors ne pas se saisir pour les géants du WEB, d’une telle aubaine et telle une pieuvre, agripper une nouvelle proie augmentant ainsi sa soif intarissable de puissance et de domination.  La connaissance du client et la possibilité de gérer le risque prédictif le concernant, sont sans doute l’investissement à venir. La capitalisation des données clients pour adapter les services et générer des sources de revenus est sans doute l’autre enjeu.

Comme me le confiait le cadre d’une très grande banque française, le client n’a plus de secret pour sa banque. La monétisation numérisée de nos moyens de paiement (5,9 milliards de transactions par an sont effectuées en France) nous rend soudainement totalement transparent aux yeux de notre banque. Grâce à ses algorithmes en un clic, la banque est en effet en capacité aujourd’hui, d’analyser le profil des comptes de ses clients. Le client est mis à nu, effeuillé, la banque sonde les data des achats effectués, l’intégrité et la plénitude du portrait de son client se dessinent.

Sur l’écran, le banquier a immédiatement connaissance des caractéristiques des dépenses et du profil risque que représente le client. La banque croise, analyse, recoupe les données, établit des corrélations, structure les informations touchant les dépenses, les mouvements des comptes. Une véritable intrusion s’organise. Une connaissance fine et détaillée du client se déploie sous les yeux du banquier. Le client devient prévisible, il est possible de le catégoriser, de le caser dans des typologies de client Pépère, client Flambeur, client Prometteur, client sans Avenir.

C’est toute la vie du client qui se confesse devant ses yeux, même si ce dernier s’imagine qu’il n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Aucune autre entreprise, comme la banque ne détient ainsi autant de données sur ses clients : revenus, propension à dépenser ou au contraire à épargner, enseignes fréquentées, habitudes alimentaires, dépenses santé. Le client est dévisagé, totalement dévisagé. Dans ce jeu des data, la banque est en mesure d’apprécier les évolutions, les changements intervenus, les rythmes de consommation, y compris l’intime du client ce que lui-même n’oserait confier à ses amis, sa banque, elle en revanche le sait. Le client ne saurait alors tricher, mentir, les demi-vérités n’existent pas pour le banquier.

Le client est en quelque sorte en train de devenir un livre ouvert, un livre que toutes les entreprises aimeraient pouvoir lire, que des organisations étatiques, que les géants du WEB, pourraient bien vouloir sonder, si les mesures touchant à la sécurité des citoyens devaient se développer. D’ores et déjà ces big data bancaires savent localiser les déplacements, les lieux que vous fréquentez, les habitudes, les récurrences de ces achats.

Le mariage quasi diabolique du secteur bancaire et des GAFA

Mais le plus inquiétant est à venir, face à la puissance financière des big data, nous pourrions dans un proche avenir, imaginer sans peine les fusions des majors de la finance mondiale et des entreprises comme Google et Facebook.

Le souci de la connaissance client est en effet un axe de développement primordial pour le secteur bancaire et d’ailleurs cela est aussi vrai pour l’économie numérique, qui peut espérer l’emploi et l’usage des nouvelles formes d’interactivité offertes par les réseaux sociaux. Les mondes des réseaux sociaux et des data exploités dans le secteur bancaire, inéluctablement et inévitablement s’intriqueront et se croiseront.

Dans ce monde déjà dystopique, les partenariats  entre les secteurs bancaires et les géants du WEB se renforcent. La collaboration entre les banques et les géants du numérique, œuvre pleinement en ce sens. Ces collaborations s’appuient sur une nouvelle gouvernance des rapports clients, construite autour d’une feuille de route nécessairement commune celui de la connaissance du client. Mais au-delà des ententes possibles et envisageables, il est tout à fait concevable que les géants du WEB, disposeront demain de leurs propres moyens de paiement comme nous l’avons indiqué en préambule en évoquant cette possibilité par Facebook de permettre à ses internautes de transférer de l’argent numérique entre eux.

Les géants du WEB disposent de moyens financiers colossaux et sont en mesure de déstabiliser les banques traditionnelles, de faire demain irruption non seulement sur les marchés des moyens de paiement mais également de l’épargne.

Notons, pour illustrer notre propos, ce service de paiement en ligne appelé PayPal qui permet de payer des achats, de recevoir des paiements, d’envoyer et de recevoir de l’argent. PayPal a été créé en 1998 par la fusion de deux start-ups : Confinity et X.com. En 2002 PayPal a été racheté par la société eBay pour 1,5 milliard de dollars US, ce rachat était expliqué par l’usage important du site d’enchère lié aux transactions utilisant ce service de paiement en ligne.  Nous voyons bien dès lors l’intrusion de sociétés spécialistes du WEB investissant le monde bancaire et la possibilité immense d’exploiter allégrement les données clients pour augmenter le pouvoir d’informations sur les clients.

Le secteur bancaire est sur le point de connaître  des bouleversements sans précédent quand on sait aujourd’hui à quel point les consommateurs sont devenus si familiers avec l’usage de leur smartphone, dont la convivialité d’usage est devenue si intuitive. Le smartphone devenant à terme le concurrent de la banque de proximité, du guichet bancaire, qui pourrait à terme disparaître. Rappelons ce chiffre, 67 % des détenteurs de smartphone (étude TNS Sofres) se servent de leur téléphone mobile pour effectuer des opérations bancaires. Les Banques se doivent dès lors de suivre en permanence les performances de leurs supports on line de manière à les faire évoluer afin de s’adapter aux nouvelles pratiques consuméristes de leurs clients.

Mais au-delà de la disparition plus que probable du guichet bancaire, le plus inquiétant n’est sans doute pas cette transformation inévitable des modalités de vente, d’achat, d’emprunts bancaires mais bien l’utilisation intrusive des données touchant les comportements de consommation et les croyances des consommateurs. Il deviendrait donc aisé en numérisant les connaissances des comportements et les connaissances des croyances de tracer, de suivre, d’ausculter, de surveiller chaque consommateur. Le consommateur ne devenant ainsi qu’un nombre.

Nous comprenons alors beaucoup mieux la dimension prémonitoire que nous trouvons dans le livre de l’apocalypse 13.17 : « personne ne pût acheter ni vendre, sans avoir la marque, le nom de la bête ou le nombre de son nom ».

Les perspectives discriminantes du monde numérique

Les variables changent, le monde économique est en train de muter à toute vitesse vers le tout numérique, vers la dématérialisation. Cette mutation se traduisant par moins de travail pour les hommes, par des discriminations et des exclusions possibles, ceux socialement jugés indignes. Les mutations vécues via ce monde numérique se traduisent ainsi comme un changement de modèle radical, un bouleversement de paradigme, avec des implications sociales équivalentes à celles de la révolution industrielle.

Pour être appréhendé par le plus grand nombre, ce monde en mutation incessante nécessite de nouvelles grilles de lecture, pour les citoyens, les usagers d’un service, les consommateurs. Le monde numérique n’offre aucune assistance en face à face, mais une pléiade d’intelligences artificielles et de services, en changement permanent, suivant des modes et des tendances, à la merci de marchés à conquérir, ou de parts de marchés.

Que dire de tous ceux qui n’ont pas accès à ce type de services, qui sont donc de facto « exclus » des data. Seront-ils représentés ailleurs ? Comment et par qui ? Pas de téléphone, pas de place de ciné ; pas de courses, pas de commandes ; pas de smartphone lié à un compte, pas de livraisons etc…

Nous parlions dans un précédent article du vol de données, nous reposons la question, tout en voulant bien accepter le bond en avant que constituent toutes ces avancées, il est plus facile aujourd’hui de pirater un téléphone que de cambrioler une banque : avantage ou inconvénient du numérique… ?

Enfin pour terminer cet article, nous aimerions donner une illustration à l’ensemble de notre propos, cette illustration nous vient de Chine. L’état chinois entend en effet utiliser les fameux big data pour mieux évaluer ses citoyens dans leurs actes sociaux et citoyens, leurs bonnes conduites par exemple comme automobiliste, leurs comportements vis-à-vis du parti unique. Sur quelques zones tests la chine met ainsi en place, un dispositif d’évaluation qui permettra aux personnes les mieux évaluées d’accéder à tels ou tels services, d’autoriser ou non ses citoyens à voyager hors de chine. Cette information nous l’avons relevé dans un article écrit dans la revue la Tribune publié le 24 octobre 2016 dont nous vous proposons un extrait :

« Prévu pour 2020, ce dispositif dénommé « Système de crédit social »[21] doit collecter les données des 700 millions d’internautes chinois. Du respect du code de la route aux discours tenus sur les réseaux, tout élément pouvant décrire le comportement d’un citoyen est comptabilisé. Il suffit donc d’un feu rouge grillé pour voir sa note s’abaisser. »

[1] http://www.itu.int/net/pressoffice/press_releases/2015/17-fr.aspx

[2] 90% des données numériques ont été créées durant ces deux dernières années

[3] Données issus d’un rapport de la Banque Mondiale.

[4] http://www.numerama.com/sciences/188251-les-ballons-stratospheriques-de-google-une-opportunite-pour-le-cnes.html

[5]http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/victor_hugo/discours_fichiers/seance_11novembre1848.asp

[6]  Charles Péguy – L’argent (1913) Éditions des Équateurs parallèles, 1992, p. 29-37.

[7] Le Monde du 14.02.2016.  citation extrait d’un article rédigé par Lionel Meneghin (Rédacteur en chef du magazine « Dirigeant »)

[8] GAFA est l’acronyme de Google, Amazon, Facebook et Apple

[9] http://www.e-sante.fr/achat-sperme-en-ligne/actualite/1454

[10] Citation de Jacques ELLUL reprise du livre le Bluff technologique Page 465 Pluriel.

[11] Lire l’article de Romain Charbonnier Demain l’agriculteur sera encore-t-il dans le pré : http://acteursdeleconomie.latribune.fr/territoire/attractivite/2015-10-08/demain-l-agriculteur-sera-t-il-encore-dans-le-pre.html

[12] GPS : « Global Positioning System ». « Système de positionnement par satellite ». Système qui permet de se repérer et de se mouvoir par guidage satellite.

[13] Nous vous renvoyons à l’article des échos, qui décrit la révolution technologique engagée par la société AMAEON

http://www.lesechos.fr/16/10/2015/LesEchosWeekEnd/00003-009-ECWE_amazon-danse-avec-les-robots.htm#SRQFjikaGUxEGJOi.99

[14] La Google Car est un système de pilotage automatique pour automobile aidé de radars, caméras vidéo et GPS lancé en octobre 2010 par la société Google devenu Alphabet

[15] Ubérisation est un néologisme un terme provient de l’entreprise Uber qui a généralisé à l’échelle planétaire un service de voiture de tourisme avec chauffeur entrant directement en concurrence avec les taxis.  Ce service se caractérise par la mutualisation des ressources et la faible part d’infrastructure lourde (bureaux, services supports, etc.) dans le coût du service, ainsi que la maîtrise des outils numériques.

[16] Catherine Michaud est CEO d’Integer et administrateur à l’AACC.

[17]Extrait d’un commentaire paru sur le web e.marketing :  http://www.e-marketing.fr/Thematique/general-1080/Breves/Intelligence-artificielle-quelles-opportunites-marques-308916.htm#lbH6mDwoSU5xtW0z.99

[18] http://www.creg.ac-versailles.fr/la-regulation-de-la-finance-et-ses-limites

[19] Citation de François Pillet extraite du site France Inter

[20] https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete/l-enquete-08-avril-2016

[21] Extrait de l’article lu dans la tribune : http://www.latribune.fr/economie/international/chine-le-big-data-pour-noter-les-citoyens-et-sanctionner-les-deviants-610374.html

 [Auteur in1]smartphones (tout pluriel)

 [Auteur in2]distributions

 [Auteur in3]valeurs

 [Auteur in4]maîtrise

 [Auteur in5], (virgule)

 [Auteur in6]Entre les

 [Auteur in7]connaître