BABYLONE la civilisation du nombre

Comme l’ont écrit l’éminent spécialiste d’assyriologie Jean Botéro et le philosophe des sciences Roger Caratini, la civilisation Babylonienne était de plus, “très en pointe dans de nombreux domaines, capables d’édifier des ouvrages démontrant ainsi une haute maîtrise technique comme en témoigne la construction des grands bâtiments babyloniens, la réalisation de gigantesques travaux de canalisation”.

C’est au sein de cette civilisation sumérienne que l’idée d’un État qui dirige, contrôle, planifie, bureaucratise, naquit. Cette dernière comprenait un nombre important de “scribes calculateurs” qui constituaient l’essentiel des « fonctionnaires », le personnel bureaucratique et administratif de la cité mésopotamienne. Soulignons auprès de notre lecteur que les Babyloniens furent en outre les premiers à payer des taxes et des impôts, ce qui tend à démontrer l’organisation sophistiquée et administrative de la cité près de 3500 ans avant Jésus-Christ.

Un système administratif et bureaucratique fondé sur le contrôle qui n’envie rien à celui qui caractérise la modernité de notre époque qui est entré dans une nouvelle dimension normative et formelle, plus liberticide que jamais.   

La civilisation du nombre.

Si aujourd’hui notre monde au cours de ce XXI siècle, est entré dans une nouvelle révolution industrielle, celle de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle, cette dernière nous amènera probablement à basculer des rapports sociaux aux personnes vers des rapports sociaux aux choses; déshumanisant l’homme en le réduisant à un nombre, un numéro (de compte, attribué dès la naissance avec toutes les données administratives de la personne, par exemple)…

Cependant la mathématisation du monde s’est largement accentuée puis développée au XXe siècle et a désormais un impact indéniable sur toute la vie humaine .  

Cette mathématisation de notre monde au XXème siècle puis la révolution numérique au XXIème siècle modifieront probablement en profondeur et structurellement toute la vie sociale. Cette révolution civilisationnelle est sans doute une mutation comparable à la révolution agricole (période néolithique) qui a permis aux hommes de sortir des premiers âges de l’humanité marquée par le nomadisme, la chasse et la cueillette pour les faire entrer dans une civilisation urbaine et davantage codifiée.

Ainsi la première révolution agricole au quatrième millénaire avant notre ère et sa transition vers un environnement radicalement différent, vit l’apparition des premières villes, la maîtrise de l’écriture et des nombres mais également les premières administrations, la première bureaucratie. La maîtrise de l’écriture et des chiffres a progressivement modifié notre lecture du monde, a façonné littéralement nos univers. Avec l’apparition de la bureaucratie, l’historien Yuval Noah Harari indiquait dans la Homo Sapiens que “l’homme a cessé de penser en humain pour penser en comptable, en bureaucrate” et que dire aujourd’hui ?.

Plusieurs millénaires plus tard, nous avons également assisté à l’émergence des révolutions industrielles (charbon, pétrole, électricité), dont l’impact successif et majeur a totalement métamorphosé et réorganisé la société, les rapports sociaux et humains déstructurant notamment le socle traditionnel d’une société qui était davantage à hauteur d’hommes. De nouvelles mutations sont encore en cours de nos jours , nous faisant passer d’un monde de la matière, à un monde plus “dématérialisé” et virtuel, déshumanisant.

Un nouveau paradigme se déroule sous nos yeux, et est en passe de modifier l’ensemble des règles politiques, sociales, géopolitiques techniques. Ainsi en quelques millénaires, nous sommes également passés du quatrième millénaire (le néolithique) marqué par la science des nombres, au monde de l’économie numérique. Cette  autre révolution en marche, bouleverse à nouveau l’ensemble des rapports humains, transformant les règles sociales. Ces règles seront marquées par la prégnance considérable de l’économie numérique et marchande sur la sphère sociale, la gouvernance du monde, et sur les modes de vie.

Cette révolution numérique sans précédent nous fera entrer dans une nouvelle configuration sociale, une mise en réseau planétaire de l’humanité. Cette mise en réseau aboutira à la conversion de toutes les data de consommation qui comprendront toutes les informations sociales voire sociétales sur les milliards d’individus, des informations en données chiffrables. Cette nouvelle révolution “atomisera” ainsi les hommes en les isolant, en les aliénant sans doute et en les transformant en unités de valeurs, c’est à dire en données numériques.

Cette civilisation sera dès lors celle du nombre. Or l’histoire de l’humanité montrait selon nous, déjà plusieurs siècles plus tôt, les prémices de cette civilisation, Babylone la science des nombres.

Pour comprendre la dimension énigmatique qui entoure la civilisation babylonienne décrite par l’apôtre Jean, il me semblait important de s’intéresser à la révolution néolithique, la civilisation sumérienne, et à la ville de Babylone (la porte des dieux), la fameuse cité antique de Mésopotamie (fin du IVème millénaire – 3500 ans avant Jésus-Christ).

La révolution néolithique conduisit à une mutation culturelle et sociale favorisée par la science des nombres

La transition de tribus et communautés de chasseurs cueilleurs vers l’agriculteur et la sédentarisation au quatrième millénaire avant notre ère plaça l’humanité sur le chemin d’une nouvelle vie sociale, urbaine et culturelle. Cette révolution s’est peu à peu caractérisée en effet par le développement sédentaire sans précédent, qui fut aussi une véritable révolution sur le plan de la pensée théorique. Cette révolution singulière est à la fois caractérisée par la maîtrise des sciences techniques et celles de la science des nombres.

Cette science des nombres favorisa notamment le traitement des données sans précédent. Cette science permit l’éclosion et le développement, d’un appareil d’état complexe, des économies de commerce, de structures administratives et politiques centralisées, de formalismes bureaucratiques. La première manifestation éclatante de toute la période néolithique s’est accomplie au cours des 3000 ans avant notre ère dans les villes sumériennes du Proche-Orient, dont l’émergence inaugure la fin du Néolithique préhistorique et le commencement de l’ère historique.

De nombreuses fouilles et explorations archéologiques autour du bassin sumérien couvrant une vaste plaine parcourue par le Tigre  et l’Euphrate, bordée, au sud-est, par le golfe persique ont permis de découvrir et de mettre à jour une civilisation prodigieusement avancée sur le plan mathématique, et dont on ignorait pour beaucoup la dimension sophistiquée des formules algébriques.

Babylone était l’aboutissement, l’épilogue d’une culture fondée sur la maîtrise du nombre, une mégapole également marchande, rayonnant sur l’ensemble de la Mésopotamie. Babylone fut aussi une ville aux proportions gigantesques, aux monuments grandioses, aux systèmes de canalisation élaborés, et également,  une ville religieuse polythéiste.

Babylone en Mésopotamie était en effet une cité extrêmement avant gardiste sur le plan de l’abstraction mathématique; les tables trigonométriques n’avaient pas de secret pour les Sumériens babyloniens.  

Yuval Noah Harari professeur d’histoire Israélien auteur de Sapiens une brève histoire de l’humanité mentionne à ce propos que “Les scribes anciens apprirent non seulement à lire, mais aussi à utiliser les catalogues des dictionnaires, des calendriers, de formulaires et des tableaux. Ils étudièrent et assimilèrent des techniques de catalogage, de récupération et de traitement de l’information …”

Comme l’ont écrit l’éminent spécialiste d’assyriologie Jean Botéro et le philosophe des sciences Roger Caratini, la civilisation Babylonienne était de plus, “très en pointe dans de nombreux domaines, capables d’édifier des ouvrages démontrant ainsi une haute maîtrise technique comme en témoigne la construction des grands bâtiments babyloniens, la réalisation de gigantesques travaux de canalisation”.

C’est au sein de cette civilisation sumérienne que l’idée d’un État qui dirige, contrôle, planifie, bureaucratise, naquit. Cette dernière comprenait un nombre important de “scribes calculateurs qui constituaient l’essentiel des « fonctionnaires », le personnel bureaucratique et administratif de la cité mésopotamienne. Soulignons auprès de notre lecteur que les Babyloniens furent en outre les premiers à payer des taxes et des impôts, ce qui tend à démontrer l’organisation sophistiquée et administrative de la cité près de 3500 ans avant Jésus-Christ.

Un système administratif et bureaucratique fondé sur le contrôle qui n’envie rien à celui qui caractérise la modernité de notre époque qui est entré dans une nouvelle dimension normative et formelle, plus liberticide que jamais.   

Pour revenir à la cité mésopotamienne, les Sumériens Babyloniens entre autres, ont conçu l’écriture cunéiforme pour écrire leurs lois. C’est de cette écriture que d’autres sociétés se sont inspirées. Ils ont en outre maîtrisé de nombreuses techniques et ont notamment inventé la roue. Les sumériens babyloniens ont également maîtrisé l’association, la combinaison du cuivre et de l’étain pour obtenir du bronze. Nous devons à cette civilisation sumérienne le calendrier de 12 mois et 30 jours, le cadran solaire.

L’historien Jean Bottéro dans le livre Babylone et la Bible[1] relate les caractéristiques de la vie sociale et politique du régime totalitaire qui caractérisait la cité babylonienne. Hammurabi qui fut le sixième roi de Babylone est connu pour avoir écrit le Code de Hammurabi, l’un des textes de lois les plus anciens jamais retrouvés. Ce roi était à la tête de l’économie entière du Pays, « et dans sa correspondance », nous indique Jean Bottéro, « ce roi surveillait tout, décidait de tout, il était aussi le juge suprême, suppléé par des juges professionnels délégués ». Le libéralisme économique ne caractérisait pas en effet les règles de fonctionnement de l’Etat.

La culture du nombre caractéristique de la civilisation babylonienne

Dans son livre remarquable “les mathématiques de Babylone” de Roger Caratini, le Philosophe des sciences, décrit que des centaines de milliers de tablettes, de briques recouvertes de signes cunéiformes mises au jour par les archéologues sont en réalité des supports de textes dont on a découvert qu’ils étaient de caractère mathématique et concernaient plus particulièrement l’arithmétique et l’algèbre des équations. C’est notamment Thureau-Dangin assyriologue, archéologue qui joua un rôle majeur dans l’étude du sumérien qui s’est attelé à découvrir le système de numération assyro babylonien, fondé sur le système sexagésimal.

Le système sexagésimal, est un système de fraction particulièrement sophistiqué (60 est le nombre le plus petit à compter autant de diviseurs). Le système sexagésimal est l’origine certaine de numérations que nous employons aujourd’hui dans les mesures des arcs de circonférences, des angles et des temps, et leurs dérivés en astronomie et géographie. Ce système numérique étonnant, est basé sur le 60 d’où 60 minutes, 60 secondes et le cercle de 360 degrés.

Le mathématicien australien Daniel Mansfield a fait part récemment en 2017, de son admiration et son enthousiasme quant à la qualité des formules trigonométriques, des formules logarithmes, des racines cubiques, des valeurs de fonctions exponentielles découvertes sur les tables d’argile, évoquant « des travaux mathématiques qui font preuve d’un génie indubitable ». Celles-ci ont même selon le professeur de potentielles applications qui pourraient bien concerner notre époque en raison de la grande précision de ces formules.

Nous pouvons en conclure comme l’écrit[2] Roger Caratini que « le calcul faisait institutionnellement partie de la culture numéro-babylonienne tout comme l’apprentissage de l’écriture au même titre que la religion chez les Egyptiens ».

C’est ainsi que tout la vie sociale était régie par les mathématiques babyloniennes et leurs fameuses tables trigonométriques. La vie sociale parfaitement organisée et bureaucratique, s’articulait autour d’un dispositif de numération témoignant d’un formalisme et d’une structuration sociale sans égal à l’époque.

« Les mathématiques de Babylone »

Dans la Bible, le livre de Daniel évoque le savoir et les connaissances  avancées des sages de Babylone. Toute la période suméro-babylonienne, était liée à la divination et l’astrologie, les sciences astronomiques de l’époque étant indissociablement liées à l’astrologie.

Nous ne pouvons également ni imaginer, ni soupçonner à quel point les Babyloniens étaient une société particulièrement avancée. Nous suspectons à peine   comme le décrit le professeur de mathématiques, Daniel Mansfield, l’immense savoir qui caractérisait la cité mésopotamienne dans le domaine trigonométrique… Les Babyloniens théoriciens et pères fondateurs de la science des « Nombres » faisaient preuve en effet d’un haut niveau combinatoire, ils étaient entre autres les créateurs d’un système algébrique  particulièrement élaboré, singulièrement sophistiqué.

Ils avaient découvert entre autres une résolution des équations de premier degré de la forme ax + b =0 et des équations de second degré en partant d’une formule que connaissent en principe nos Lycéens, ils étaient en quelque sorte les initiateurs de l’algèbre des équations.

Les dernières découvertes ont de plus démontré que 1500 ans avant les Grecs, les mathématiciens vivant à Babylone maîtrisaient le calcul des angles et des distances comme nous l’indiquions précédemment.  Les architectes babyloniens utilisaient probablement un système de mesure des relations entre distances et angles pour construire leurs bâtiments, leurs temples, leurs palais et leurs canaux.

Et ce, quinze siècles avant Hipparque de Nicée, le mathématicien et astronome, tenu jusqu’ici comme le seul inventeur de la trigonométrie. Babylone en avance sur son temps, est ainsi la cité science des nombres, préfigurant la civilisation des mathématiques ou la mathématisation du monde. Or quand l’apôtre Jean évoque Babylone, il ne fait nullement référence à l’usage des mathématiques, en revanche il parle bien d’une économie du nombre, d’un marqueur numérique comme d’une empreinte indélébile qui rend corvéables ceux qui achètent et vendent. Du fait des brassages culturels entre le monde hellénistique et l’Orient, cette image de Babylone tendrait à démontrer l’empreinte mathématique, la mémoire scientifique laissée par la cité dans l’ensemble de l’empire romain.

La Babylone mésopotamienne « civilisation du nombre », préfiguration du monde algorithmique qui régira la civilisation moderne et son économie.

A tout point de vue, Babylone la civilisation mésopotamienne, la cité science des nombres, préfigurait notre monde contemporain, la nouvelle Babylone qui se dessine au XXIème siècle de notre ère est celle de la science des algorithmes numériques.

Les algorithmes numériques sont consacrés à la résolution de problèmes arithmétiques, puis ont été formalisés avec l’avènement de la logique mathématique. C’est en effet l’apparition de l’outil informatique et sa logique binaire (0;1) qui a permis la mise en œuvre des algorithmes. Toute l’économie numérique contemporaine s’appuie sur l’outil informatique, celui-ci produisant des fonctions et des valeurs trigonométriques en ayant recours à des bibliothèques de codes mathématiques. Le parallèle entre le monde moderne et l’histoire scientifique de Babylone la sumérienne nous semble de facto saisissant !

Ainsi de la trigonométrie au monde des algorithmes nous découvrons que le monde mathématique, a considérablement influencé les époques, sera à nouveau déterminante pour notre futur.    

La science mathématique, l’émergence d’un modèle occulte devant permettre à l’homme de reculer indéfiniment ses limites

Concernant le développement des mathématiques depuis l’époque suméro-babylonienne, comment alors ne pas rappeler le propos quasi prémonitoire du Philosophe Condorcet qui écrivait plusieurs millénaires plus tard, dans le livre « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain » : « la science mathématique est l’émergence d’un modèle devant permettre à l’homme de reculer indéfiniment ses limites « L’invention (et donc, le progrès) est une combinaison nouvelle d’idées disponibles ».

Ici est la clef du progrès. L’arithmétique en offre le modèle : « Sa fécondité consiste dans le « moyen heureux de représenter tous les nombres avec un petit nombre de signes, et d’exécuter par des opérations techniques très simples, des calculs auxquels notre intelligence, livrée à elle-même, ne pourrait atteindre. C’est là le premier exemple de ces méthodes qui doublent les forces de l’esprit humain, et à l’aide desquelles il peut reculer indéfiniment ses limites, sans qu’on puisse fixer un terme où il lui soit interdit d’atteindre ».

Nous prenons conscience alors que la société Babylonienne quatre millénaires avant Jésus-Christ avait su tirer parti de cette science des nombres pour bâtir une civilisation finalement moderne et avant gardiste “doublant les forces de l’esprit humain” et “reculant indéfiniment ses limites”..

Depuis et plusieurs millénaires plus tard, la révolution numérique a commencé, elle relève bien plus que d’une innovation majeure, d’un événement technique fascinant, cette révolution touchera en réalité toute la vie sociale d’abord en la décryptant puis en l’organisant. Si le lien social à l’heure numérique est « fabriqué » par les ordinateurs, la numérisation du monde franchira un nouveau pas, en emmagasinant toutes les données concernant notre vie, notre quotidien puis en contrôlant une vie sociale intégralement numérisée. Graduellement et par capillarité, nous sommes sur le point de transférer notre vie à un nombre.

Le premier pas semble avoir été franchi avec l’intelligence artificielle qui est devenue une ressource “ensorcelante”, suppléant les limites de l’être humain en termes de calcul, de prédictions. Le “dataïsme”  nouvelle religion des données est ainsi en passe de devenir la nouvelle dévotion virtuelle de l’homme relayant demain les religions surnaturelles de la Babylone Mésopotamienne. Nous voyons ainsi sur Face Book, des hommes et des femmes plus nombreux à consulter les prédictions numériques qui dessinent le passé ou l’avenir des individus assoiffés de connaissance d’eux mêmes.  Les cartomanciennes sont en passe de disparaître, remplacées par la fulgurance de ces nouveaux devins ou voyants numériques.

Nous sommes sur le point de lui échanger une partie de notre être à ce monde numérique, à qui nous léguons de l’information sur nous-même ;  croyant gagner la liberté, la fluidité, la facilité, le gain de temps. Or nous sommes sur le point de lui céder notre vie, notre âme, et ce : contre un nombre, afin de pouvoir acheter ou vendre pour un bonheur fugace, une satisfaction éphémère. Nous serons ainsi dépossédés de nous même, entrant dans un univers d’aliénation, où l’objet numérique prendra le pouvoir sur l’être.

Avec le monde numérique nous accédons à un monde « serviciel » et dématérialisé où tout est construit pour offrir la plus large palette de services, donnant l’illusion de combler la totalité des besoins dérivés de l’être humain, l’ensemble de ses désirs.

Au-delà de la marchandisation numérique des biens et des services, nous voyons le jour d’un nouveau commerce ; c’est aujourd’hui la marchandisation de tous les processus vitaux qui représente une nouvelle phase de la mondialisation et de la globalisation – concernant au premier chef le corps. C’est en effet Bernard Chazelle mathématicien et informaticien, professeur à Princeton, qui indiquait lors d’une séance inaugurale au Collège de France:    » Le grand défi est que biologistes, physiciens et informaticiens travaillent ensemble pour bâtir des ponts entre l’algorithmique et les processus du monde vivant. »

Ainsi l’ensemble des univers économiques mais également le monde du vivant sont aujourd’hui impactés par le phénomène numérique. De la matière à la vie, des biens aux services, du commerce, à la presse, de l’agriculture  à la santé, c’est désormais des pans entiers de l’économie, du divertissement et du vivant qui deviennent numériques.

De nouveaux modèles d’affaires émergent, portés par de puissants effets de réseau; l’exploitation des données à grande échelle, bousculent désormais l’information les réglementations, les relations humaines et notre modèle social. Et tout cela s’opère bien souvent par l’intermédiaire de notre téléphone portable, où en nous connectant à un “réseau” internet. Nous sommes ainsi suivis, scrutés, tracés et étudiés de près pour connaître nos habitudes d’achats, de consommation, de lecture, de fréquentation etc…tout cela dans le but de vendre ( des biens et des informations, des publicités et des espaces de communication pour des annonceurs …).  

Le monde numérique génère dès lors des problématiques nouvelles, typiques parce que nous sommes face à de nouveaux géants mondiaux (Google, Facebook, Apple, Amazon…) qui cumulent des caractéristiques leur conférant un pouvoir sur les marchés économiques sans égal au monde. Les géants du numérique ont ainsi une parfaite maîtrise des algorithmes. La maîtrise liée à la gestion des data (données sur nos usages, nos opinions, nos humeurs, leur confère à ce jour la détention de données comportementales, touchant à nos représentations, croyances, convictions, sans équivalent dans le monde. Mais le risque à venir, c’est celui du franchissement d’un nouveau « Rubicon », croisant les « data » de notre vie sociale et les « data » de consommations gérées par le monde bancaire.

Les livres de la Bible, notamment le livre de l’Apocalypse ainsi que le le livre de Daniel de caractère largement prophétique, évoquent à plusieurs reprises la ville de Babylone. Le dernier livre écrit par l’apôtre Jean fait ainsi mention de la dimension marchande et mondialiste de cette entité et mentionne une caractéristique : “le nombre”.

Babylone, clairement dans le livre de l’Apocalypse, rayonne sur toute la surface de la terre, la ville est assise sur les grandes eaux, le sens des grandes eaux nous est révélé dans le même livre de l’Apocalypse au chapitre 17, verset 15 : « Les eaux que tu as vues où la prostituée est assise, ce sont les peuples et des foules et des nations, et des langues. »

Babylone est une entité dominatrice qui soumet l’ensemble de l’humanité, assujettit  les peuples, gouverne les foules, tyrannise les nations. Véritable empire consumériste, universaliste, absorbant les autres cultures, Babylone s’empare de toute l’organisation économique mondiale. Rappelons à cette effet et dans ce monde dystopique que le monde numérique se traduira par une mise en réseau planétaire de l’humanité. Ce sont clairement les intentions exprimées par la société Google et Facebook. L’internet n’était-il pas appelé déjà le 6e continent, tant son étendue était immense, sa taille virtuelle dépasse déjà toute étendue connue…

Dans ce contexte le livre Homo Deus laisse une conclusion magistrale, qui questionne l’ensemble de l’humanité. Une question simple que je fais profondément mienne. L’auteur Yuval Noah Harari nous interroge sur un choix celui de la conscience ou de l’intelligence à l’ère des data, des algorithmes, d’une science toute puissante … ? Il questionne et met en évidence ses doutes sur les scenarii du futur de cette brève histoire de l’avenir. : “Qu’adviendra-t-il de la société, de la politique et de la vie quotidienne quand des algorithmes non conscients mais hautement intelligents nous connaîtront mieux que nous ne nous connaissons ?”

Ce livre “Homo Deux” de Yuval Noah Harari est le pendant de son premier livre “Homo Sapiens” lorsque l’homme découvre l’écriture et organise le monde à partir de la codification des données, les fameuses tables trigonométriques. 6000 années plus tard nous utilisons des tablettes avec cette science qui converge selon les mots de l’historien, “sur un dogme universel suivant lequel les organismes vivants sont des algorithmes et la vie se réduit au traitement des données”… ainsi l’intelligence sans âme finit-elle par se “découpler de la conscience”, cette science sans la conscience pour plagier Rabelais ne deviendra-t-elle dès lors que ruine de l’âme, ruine de l’humanité…

Si l’homme ne se ressaisit pas et si sa conscience ne se laisse pas interpeller,  les écritures prédisent les lamentations des marchands au moment où cette entité s’écroulera, “tous ceux qui ont fait commerce avec [Babylone] se lamenteront ”.

Telle sera la fin de Babylone, la cité de la science du nombre. Cependant comme me l’écrivait un ami “Puisse notre spiritualité ne pas se dissoudre dans le numérique, dans le divertissement et les plaisirs du  consumérisme. Il est temps de prôner le caractère unique et irremplaçable de chaque individu, de résister à la puissance totalisante du nombre, de sortir de Babylone…” Or n’oublions pas pour conclure, le propos de Victor Hugo indiquant que  «Le monde”, œuvre de Dieu, est le canevas de l’homme. Tout borne l’homme” Or ajouta Victor Hugo   “rien n’arrête l’homme. Il réplique à la limite par l’enjambée, l’impossible est une frontière toujours reculante. ».

[1] Babylone et la Bible entretiens avec Hélène Monsacré Editions Pluriel page 193

[2] Les mathématiques de Babylone de Roger CARATINI page 156 (Paragraphe Naissance de la pensée théorique)

Eric LEMAITRE

Un monde social en mutation

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Les contextes et les déterminants qui expliquent l’émergence des idéologies de déconstruction de l’homme.

Le développement économique est fondé depuis deux siècles sur l’exploitation de ressources épuisables, non renouvelables (minerais, engrais, pétrole…) la prétention aujourd’hui est de promettre la croissance sur des ressources durables (vent, soleil, algues, etc.) sur « les rails d’un nouvel âge d’or » sans rien changer à nos habitudes consuméristes.

Nous sommes également confrontés à un important métabolisme urbain, 70 % de la population humaine devant bientôt vivre dans les grandes mégapoles, sachant que d’ores et déjà 12 villes dans le monde totalisent plus de 20 millions d’habitants chacune, dont Tokyo avec ses 42 millions d’habitants, Jakarta 28 millions d’habitants, Séoul 25 millions d’habitants.

L’enjeu étant d’imaginer de nouveaux modèles de vie sociale, économique et agricole face à l’étalement des villes et à la problématique qui touche à l’artificialisation des sols qui perdent leur qualité naturelle. Pour nourrir ainsi la ville, il conviendra d’imaginer l’agriculture de demain, par exemple en concevant des fermes dites verticales qui pousseraient sur les étages des grattes ciels ou en faisant pousser des salades sur les murs de sa maison ou des pieds de tomates aux balcons…

Les changements majeurs favorisant l’émergence « soudaine » des idéologies de déconstruction

Il nous semble que plusieurs facteurs constituent les principales clés de lecture d’un monde en mutation et ont été en quelque sorte des déterminants favorisant le développement des idéologies transhumanistes…

  • L’émergence d’une mondialisation accélérée et associée à l’accès de tous aux nouvelles technologies issues du monde numérique.
  • L’aspiration d’une humanité à la recherche de sens, confronté à sa fragilité en regard des crises majeures qu’elle traverse (migrations, économie, terrorisme, climats…).
  • La tentation aujourd’hui pour l’homme de se tourner activement vers des solutions drastiques pour assurer la pérennité de l’espèce humaine (société de contrôle et de surveillance).
  • La volonté de pallier les risques qui touchent à la vulnérabilité en engageant un nouveau processus réflexif qui déconstruisant l’homme.
  • Une universalisation de la culture consumériste néolibérale qui uniformise en fait les comportements et les regards. Les livres de la Bible évoquent à plusieurs reprises la ville de Babylone et font mention de la dimension marchande et mondialiste de cette entité. La Bible décrit les lamentations des marchands au moment où cette entité s’écroulera, « tous ceux qui ont fait commerce avec elle se lamenteront ».

Babylone clairement dans le livre de l’apocalypse rayonne sur toute la surface de la terre, la ville est assise sur les grandes eaux, le sens des grandes eaux nous est révélé dans le même livre de l’apocalypse au chapitre verset 15, « Les eaux que tu as vues ou la prostituée est assise, ce sont les peuples et des foules et des nations, et des langues ».

Babylone est une entité dominatrice qui domine sur l’ensemble de l’humanité, des peuples, des foules, des nations, un véritable empire consumériste, universaliste absorbant les autres cultures, elle s’empare de toute l’organisation économique mondiale, comme l’écrit le théologien Philippe PLET[1] dans son livre Babel et le culte du Bonheur.

  • La propension de l’homme d’aujourd’hui à uniformiser les méthodes de production agricoles via des cultures intensives voire hors sol (le transgénisme résultant de cette dynamique n’étant alors que le précurseur au « transhumanisme génétique »). Depuis des milliers d’années, la Bible donne le plan d’urbanisme idéal pour un équilibre entre les besoins de la ville en consommables végétaux et animaux et la capacité naturelle de la Terre à absorber les rejets de cette même ville…

Le péril de la libre conscience et l’effondrement de la culture

La conscience des individus représente un enjeu pour les sociétés qui soit poursuivent l’objectif de plénitude de l’individu soit a contrario entendent la contrôler ou pire l’atomiser pour anéantir toute révolte ou toute faculté rétive.

Toutes les sociétés totalitaires naissant du laxisme des individus, il suffit de les distraire, de les divertir. Hannah Arendt avait relevé cette problématique morale d’une société plongée dans une forme de nihilisme culturel, détachée de la recherche de sens. Rappelons cette citation de la philosophe, citation fulgurante : « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. »

Le refus de s’indigner, le renoncement de soi, ne plus dénoncer les formes d’injustices conduisent inévitablement à installer le caractère liberticide et tyrannique de l’état. Les sociétés totalitaires ont toujours pour démarche la volonté d’anéantir la fonction de penser, la capacité de réagir.

Les facultés de conscience, savoir appréhender, savoir analyser, savoir poser les problèmes ont toujours dérangé les gouvernances. Le changement de la conscience est engagé à l’aune d’une société galvanisée par la facilité d’accéder au plaisir des sens et aux promesses que lui font miroiter les temples de la consommation.

Dans de tels contextes, le délitement de la conscience est engagé, altération de la conscience qui puiserait son origine dans plusieurs sources : le nivellement de la culture, le divertissement, la crise économique qui épuise et déstructure l’homme et enfin l’idéologie de la laïcité et « idéologie » issues des études du genre diffusée dès le plus jeune âge par l’école…

Le nivellement de la culture

La culture n’est-elle pas la dimension d’un héritage qui aide à penser par soi-même ? Ne remplit-elle pas une fonction d’épanouissement de l’individu ? Or force est de constater que la dimension culturelle est de plus en plus contestée y compris dans certains milieux intellectuels.

L’homme est passé d’un statut de citoyen de la cité à celui de simple consommateur urbain devenu addict des temples de la marchandisation où la fonction de penser par soi-même n’est pas utile quand il suffit de satisfaire des besoins, des impulsions de consommation.

Un siècle plus tôt le discours de Victor Hugo énoncé à l’assemblée nationale est frappant, interpellant. Il sonne comme un avertissement en regard de cette puissance de la matérialité, du plaisir marchand qui appauvrit la recherche du bien commun dans sa dimension spirituelle et culturelle : « Eh bien, la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. Il importe, Messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission, relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. » 

La culture consumériste est finalement l’envers de la culture, une anti-culture, celle d’une forme d’anéantissement de la pensée, la construction d’une pensée unique comme le mentionne Nabil EL-HAGGAR Vice-président de l’Université Lille 1, pour qui « se pose la question de savoir si notre société et notre démocratie sont encore en mesure de faire face à la pensée unique et de sauver la citoyenneté de la marchandisation, ou si notre démocratie n’a pas besoin d’une bonne révolution culturelle pacifique qui la rende capable de préserver les valeurs pour lesquelles nos anciens ont fait la grande révolution. »

Poursuivant son propos Nabil EL-HAGGAR ajoute « force est de constater que, quelques siècles après Condorcet, le nivellement de la culture par le bas n’est plus une tentation mais une réalité quotidienne. C’est ainsi que la culture est réduite à l’anecdotique et qu’il n’est pas rare d’entendre des universitaires qualifier toute exigence culturelle et intellectuelle d’élitisme mal venu et antidémocratique. »

Nous sommes tous frappés par les éléments de langage des médias qui sont les « prêts à penser » de notre société et n’offrent que trop rarement une lecture différenciée du monde. Leurs discours « lissés » deviennent profondément uniformes ne parlant que d’une même lèvre.

L’appauvrissement de la culture, l’abaissement des niveaux d’apprentissage participent largement à l’uniformisation de la pensée, à l’arasement de toute réflexion qui épanouit l’homme.

Si la culture est une nécessité par l’ouverture d’esprit qu’elle suscite, le nivellement engagé et qui résulte de multiples facteurs se rapproche finalement des méthodes sectaires qui excluent la différence, toute pensée critique.

Notre monde est prêt à basculer dans l’idolâtrie contemporaine du progressisme et à se laisser fasciner par un « autre objet que lui-même ».

 Le matérialisme et la vacuité du monde occidental nous préparent à une mutation culturelle sans précédent et de grande ampleur, l’homme, ayant admiré ses producbackground-3228704_1920tions techniques en est venu à l’adorer : Dieu a créé l’homme à son image ; l’homme a créé l’homme technique puis un avatar, un humanoïde à sa propre image avec lequel il veut interagir car il sera un jour capable d’empathie et d’émotion.

La société consumériste d’une manière générale est à l’envers d’un monde ou la frugalité, la mesure seraient la règle de vie. L’hyperconsommation a été érigée en principe de vie, nous sommes venus à valoriser le monde extérieur, le monde des sens, plutôt que le monde intérieur, virtuellement recréé avec les objets numériques. Le matérialisme est devenu un socle social, un veau d’or en quelque sorte., Et le plus pauvre convoite les objets que possède le plus riche, au prix de sacrifices, d’endettements, de surendettements, il finit par les acquérir.

Lors de mes entretiens qualitatifs administrés dans le cadre d’évaluations de politiques publiques auprès de personnes estimées vivre dans la précarité, ces dernières n’entendaient nullement se priver d’objets interactifs ou ceux de la consommation numérique qui ne répondent strictement à aucun besoin vital mais qui contribuent à leur divertissement comme une nécessité, une nécessité devenue vitale.

Dans cette dimension matérialiste, de recherche de pseudo-confort à tout prix qui affecte notre monde occidental, nous ne sommes plus enclins à développer des comportements altruistes, de donner de notre générosité dans des gestes désintéressés, généreux et souvent traduits par des actes insignifiants comme l’écoute de l’autre, l’aimer en interagissant dans une réponse appropriée.

Nos comportements sont hélas de moins en moins « pros sociaux », nous ne savons plus considérer l’autre dans ses besoins, tellement acculés par le désir soi-même de rechercher une autre forme de conquête, celui de posséder un territoire, un territoire dérisoire, une matière, un objet. L’homme seul dans la matérialité de son époque appréhende d’être isolé, et le voilà comblé avec l’apparition de l’objet animé, de l’objet interactif. L’homme dans son monde virtuel quitte la planète Terre pour entrer dans la planète « Taire » qu’il se crée. L’homme à nouveau se dérobe derrière l’arbre[4] de son monde virtuel… pour ne pas être vu de son créateur tel qu’il est… !

L’une des grandes mutations vécues, est ainsi l’apparition dans cette modernité techniciste de l’objet interactif. L’objet interactif qui est devenu objet de culte, un objet de fascination, une forme d’idolâtrie contemporaine. Nous nous égarons aujourd’hui dans ces objets « culte », ces « images animées » ces nouveaux dieux qui occupent les espaces virtuels de nos moniteurs, de nos écrans cathodiques.

Par analogie, la Bible rapporte plusieurs siècles avant Jésus-Christ, dans les livres des prophètes Osée et Zacharie la vénération de statuettes[5]. À cette époque, les téraphim étaient devenus des objets de culte et de cléromancie (art de lire l’avenir par tirage au sort). Les peuples polythéistes dans les temps bibliques entretenaient une relation avec l’image, des représentations de faux Dieux. Ces faux Dieux les fascinaient et égaraient leurs esprits, ces représentations dénaturaient déjà la dimension transcendante et unique de la divinité, en la reléguant au rang des objets.

Si certes, l’homme occidental n’adore plus les « Dieux », il est fasciné par les images qui interagissent avec ses émotions et qui aujourd’hui sont même capables d’empathie. L’homme entre dans un monde ou la réalité de l’interaction augmentera au fur à mesure des progrès de la science et cette interaction le prépare à des formes nouvelles de substitution du prochain, d’un autre que lui-même.

La fascination pour l’objet numérique, animée avec les progrès de la science, interagissant avec l’usager nous conduit littéralement à devenir captifs, dépendants. Ne s’agit-il pas au fond d’une forme d’idolâtrie contemporaine.

L’environnement des objets numériques est venu ainsi combler le sentiment de déréliction, le sentiment de solitude qui accompagne celui qui possède l’extérieur mais n’a pas reçu ce qui est de nature à combler l’intérieur. Or le plus inquiétant résulte d’un monde d’humains de plus en plus guidés à interagir avec le monde des objets numériques. Des objets de la matérialité qui deviennent si familiers qu’ils se transforment peu à peu en compagnons, des substituts palliant l’absence de l’autre, mon vis-à-vis, « l’autre que moi-même » en quelque sorte.

La vacuité, le vide spirituel qui caractérise toute notre société font que la seule chose pouvant être considérée comme existante est la matière et si cette dernière interagit, elle vient alors m’apporter une forme de réponse à mon vide existentiel, un ersatz, un bonheur paradisiaque.

C’est dans ce contexte de vide spirituel, de déréliction morale que les dernières avancées technologiques montrant l’interaction croissante homme robot deviennent inquiétantes. En effet les dernières avancées technologiques laissent penser que la reconnaissance des capacités affectives et émotionnelles d’un autre objet que l’on appelle robot, est maintenant possible.

La science technologique considère que le robot est d’ores et déjà doué d’empathie, déjà capable de discerner des comportements humains, d’interagir avec lui, et même comprendre, d’interpréter les émotions humaines.

L’article que nous produisons est extrait du site Internet IBM et il fait allusion à notre précédent propos sur les capacités du robot d’épouser par mimétisme les comportements de l’homme. Ce robot porte le nom de Pepper « Il est le premier robot humanoïde à destination du grand public à être capable de comprendre les émotions de son propriétaire et de générer artificiellement les siennes en conséquence. Équipé d’un système de reconnaissance faciale, il repère une personne à plus de trois mètres. Il comprend des expressions basiques du langage verbal et corporel humain, comme le sourire, le froncement de sourcil et des émotions comme la surprise, la colère, la tristesse. Pepper est également capable d’analyser l’intonation de la voix de son interlocuteur, ainsi que son champ lexical.

Toutes ces données récoltées par le robot d’1 m 20 pour moins de 30 kg, lui permettent de déterminer l’attitude à adopter en fonction des circonstances. Ainsi, s’il détecte de la tristesse, il pourra vous proposer d’écouter une musique ou de raconter une blague pour vous remonter le moral. De plus son intelligence artificielle est cognitive. En d’autres termes, il apprend au fur et à mesure de ses interactions avec sa famille d’accueil. Au fil du temps il adaptera également ses réactions selon le caractère de son propriétaire ». 

Or dans un avenir très proche dans un horizon de temps très court, l’humanoïde sera en mesure de simuler des émotions, d’adapter des comportements, d’ajuster des types de dialogues interactifs.

Les ajustements de l’humanoïde se construiront à partir d’indices audio et visuels, le timbre de la voix, le profil d’utilisateur fera partie des niveaux d’interprétation permettant au robot de détecter l’émotion humaine et en conséquence le robot sera en mesure de faire usage d’une méthode comportementale.

Mais le plus inquiétant est à venir, Ces robots pourraient demain envahir le quotidien, devenir des humanoïdes de compagnie, remplaçant nos animaux. Des « êtres » domestiqués mais sans âmes et sans esprit, reproduisant artificiellement des comportements dans une apparence humaine. L’humanoïde pourrait ainsi, être à terme le compagnon d’une vieille dame isolée, le substitut pour un enfant d’une maman trop souvent absente, ou bien pire être une poupée sexuelle interactive, un partenaire interactif comblant les besoins émotionnels et affectifs de personnes isolées.

La dimension affective apportée par l’humanoïde est la conséquence du vide spirituel de l’être humain.

Ce vide spirituel que ne comblera pas un objet humanoïde conçu artificiellement qui interagira en l’absence de toute identité le reliant à la transcendance. Une machine dotée de l’apparence d’un corps mais sans réelle conscience humaine sans âme, sans vie réelle sans esprit « En supposant qu’on parvienne à construire un robot androïde dont la complexité s’approcherait de celle de l’homme il lui manquerait cette ouverture à la transcendance qui ne peut jaillir spontanément de l’interaction des causes immanentes ».

En revanche l’être humain se livrera en quelque sorte à une forme de démon humanoïde, il se livrera comme l’écrivait Baudelaire de manière quasi prémonitoire à Satan :

« Se livrer à Satan, selon Baudelaire, c’est croire qu’on en a fini avec lui et que l’on s’en tirera bien tout seul, grâce à ses bons sentiments et ses puissantes machines : « Nous périrons par là où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous la partie spirituelle que rien parmi les rêveries… antis naturelles des utopistes ne pourra être comparé à ses résultats positifs. «