La révolution anthropologique

L’anthropologie transhumaniste « percute » l’idée chrétienne d’un Dieu souverain qui a créé le premier couple humain (l’altérité), premier couple qui transgresse l’ordre divin qui fut de ne pas goûter au fruit de la connaissance du bien et du mal et se revêt par conséquent d’une nature mortelle.

Dans son livre « La nouvelle idéologie dominante », le sociologue Shmuel Trigano rend compte de « cette reconsidération (métaphysique et anthropologique) du vivant et de l’humain qui aboutit nécessairement à la redéfinition de la personne post-humaine, non plus dans son essence mais dans son incarnation individuelle. »

Ainsi le manifeste transhumaniste résumé par ces mots « Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles » prend le contrepied de l’anthropologie biblique et définit de facto une nouvelle conception de l’homme et de son corps : 

Le transhumanisme, repose à la fois sur « un mélange assez hétéroclite d’ésotérisme religieux et de scientisme laïc » débouche sur une « certaine négation de la création, c’est-à-dire de la finitude de l’homme créé ». « Le transhumanisme percute l’incarnation, le corps créé dans sa dimension finie. Il s’agit de contre carrer la nature, en modifiant l’ADN, en transmutant le corps humain, en revendiquant sa plasticité.

Le transhumanisme est ainsi marqué par la volonté de s’inscrire dans la transformation du réel aux frontières d’un monde désincarné ou tous les rêves de mutation deviennent possibles

 

Une révolution culturelle ?

Qu’est-ce qui se cache derrière ces mots « révolution anthropologique » ?

Notre monde est en mutation, nous l’avions déjà évoqué dans un chapitre précédent. La première mutation est l’homme lui-même (le terme embrasse la femme dans ce propos), certes il ne s’agit « pas encore » d’une mutation génétique mais culturelle, cette mutation[1] concerne en premier lieu le rapport à l’altérité, au corps, aux autres, à soi.

  • Le rapport à l’altérité, au prétexte de l’égalité homme/femme, c’est l’idée même de complémentarité et de différences sexuées qui est remise en question, en prétextant l’interchangeabilité, la plasticité des êtres, « le je ne suis pas mon corps». Dans ce rapport à l’altérité, il faut être libéré des stéréotypes et des environnements culturels qui déterminent les représentations, figent l’homme dans une identité non choisie[2], cette recherche d’égalité absolue et non la complémentarité annonce la fin ni plus ni moins de la femme.
  • Le rapport au corps, ce sont ces notions de finitude et de l’homme déchu qui sont progressivement et proprement contestées dans une époque matérialiste résolument tournée vers l’idée de progrès.
  • Le rapport aux autres, la notion même de prochain ne saurait faire sens chez les transhumanistes, puisque l’idée même de compassion et de charité est supplantée par l’idée d’un état ou d’une collectivité universelle bienveillante, un égrégore bienveillant, pour tous et bientôt la bienveillance d’un nouveau communisme numérique.
  • Le rapport à soi, c’est dans l’interaction aux autres que nous nous construisons, or ce monde virtuel ne construit pas des interactions, mais des interconnexions qui modifient également les représentations de soi comme sujet incarné.

Dans ces contextes de rapports à soi et aux autres, l’idéologie transhumaniste vient également heurter les conceptions anthropologiques de l’homme « tel qu’il est », c’est l’idée même de finitude, de limites naturelles que le transhumanisme entend percuter.

L’anthropologie transhumaniste « percute » l’idée chrétienne d’un Dieu souverain qui a créé le premier couple humain (l’altérité), premier couple qui transgresse l’ordre divin qui fut de ne pas goûter au fruit de la connaissance du bien et du mal et se revêt par conséquent d’une nature mortelle.

Dans son livre « La nouvelle idéologie dominante », le sociologue Shmuel Trigano rend compte de « cette reconsidération (métaphysique et anthropologique) du vivant et de l’humain qui aboutit nécessairement à la redéfinition de la personne post-humaine, non plus dans son essence mais dans son incarnation individuelle. »

Ainsi le manifeste transhumaniste résumé par ces mots « Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles » prend le contrepied de l’anthropologie biblique et définit de facto une nouvelle conception de l’homme et de son corps :

Le transhumanisme, repose à la fois sur « un mélange assez hétéroclite d’ésotérisme religieux et de scientisme laïc » débouche sur une « certaine négation de la création, c’est-à-dire de la finitude de l’homme créé ». « Le transhumanisme percute l’incarnation, le corps créé dans sa dimension finie. Il s’agit de contre carrer la nature, en modifiant l’ADN, en transmutant le corps humain, en revendiquant sa plasticité.

Le transhumanisme est ainsi marqué par la volonté de s’inscrire dans la transformation du réel aux frontières d’un monde désincarné ou tous les rêves de mutation deviennent possibles

[1] Ces dimensions concernant les mutations affectant la culture sociale nous les avons développées dans un livre co-écrit avec Alain LEDAIN Masculin/Féminin que faut-il choisir ? Editions FAREL, sur l’altérité je vous renvoie également à un article écrit par Éric LEMAITRE sur le Blog Ethiques Chrétiennes.

[2] Gender Trouble est un essai philosophique de Judith Butler qui a eu beaucoup d’influence sur la la théorie queer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Critique du progressisme

« Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance / Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion » avait écrit le philosophe des Lumières Voltaire, en 1756. Une pensée pleine de sagacité qui résume bien la vanité de la pensée progressiste qui déjà au XVIIIème, prétendait changer le monde en l’arrachant de l’obscurantisme religieux. Dans ce propos, pourtant nous sommes loin d’une posture nostalgique, d’une époque où la libre conscience fut bafouée et où nous serions à regretter une époque où les inégalités sociales étaient particulièrement criantes. Mais nous restons toutefois circonspects sur l’idée d’un progrès technique social et sociétal sans éthique et sans curseur.

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« Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance / Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion » avait écrit le philosophe des Lumières Voltaire, en 1756. Une pensée pleine de sagacité qui résume bien la vanité de la pensée progressiste qui déjà au XVIIIème, prétendait changer le monde en l’arrachant de l’obscurantisme religieux. Dans ce propos, pourtant nous sommes loin d’une posture nostalgique, d’une époque où la libre conscience fut bafouée et où nous serions à regretter une époque où les inégalités sociales étaient particulièrement criantes. Mais nous restons toutefois circonspects sur l’idée d’un progrès technique social et sociétal sans éthique et sans curseur.

Vers un processus de désolidarisation résultant d’une technologie atomisant la vie sociale

Nous adressons ce chapitre aux progressistes ouverts à la critique du progrès car nous prenons conscience que la modernité idéologique vantant l’affranchissement des codes culturels d’un ancien monde, soumet quant à elle subrepticement tous les aspects de la vie humaine au règne d’un nouveau monde soi-disant libéré du carcan culturel et appartenant à un monde ancien jugé dépassé.  Cette idéologie de la modernité techniciste et progressiste installe peu à peu un processus de dévitalisation humaine, d’une forme d’anesthésie sociale, engendrées par la modernité hautement technique sous l’emprise d’un empire numérique qui encourage chaque innovation technologique comme étant l’expression du bien-être, la source d’une liberté humaine à conquérir, le jaillissement du progrès humain.

Nous pourrions nous interroger dès lors sur le sens de la recherche technique et des résultats concernant les orientations sociales auxquelles elle nous conduit. Je m’interroge en effet sur les services que rend cet univers technique. L’univers numérique n’est-il pas finalement, responsable de l’atomisation sociale au détriment du collectif ; ne renforce-t-il pas l’individualisation au détriment de la personne. Finalement la science n’est-elle pas au service d’une auto divinisation de l’homme s’affranchissant de toute transcendance.

D’ailleurs en reprenant cette citation de Jacques ELLUL reprise de son livre « La Technique où l’enjeu du siècle, nous percevons l’acuité de son jugement porté sur la modernité « ce qui caractérise aujourd’hui notre société, ce n’est plus ni le capital ni le capitalisme mais le phénomène de la croissance technicienne ». La technique est devenue en soi comme le prédisait Jacques ELLUL un phénomène autonome en passe de nous échapper, d’échapper à tout contrôle, vampirisant l’homme devenu son sujet, faisant de l’homme son propre produit puisque devenu totalement dépendant de la technique.

Changer le monde « par d’autres mœurs et d’autres manières », vers un monde postchrétien

Ainsi le progressisme est une idéologie déjà très ancienne qui entendait déjà deux siècles plus tôt s’affirmer comme le tenant d’une vision de l’avenir ; les progressistes du XVIIIème étaient déjà habités par une forme de spiritualité humaniste se donnant comme faculté de déconstruire le monde ancien pour réinventer le présent et créer pour l’avenir humain une vision de progrès éclairé, il fallait aussi pour des économistes comme Adam SMITH libérer les marchés mieux à même de connaitre les besoins et les envies. Aujourd’hui nous voyons une puissante révolution des marchés guidés cette fois-ci, par l’intelligence artificielle en prise avec la connaissance des usages et des besoins de ses consommateurs.

A l’aube de cette nouvelle ère contemporaine, nous voyons ainsi l’étrange ressemblance avec ce qui motive le courant progressiste du XVIIIème siècle et celui du XXIème siècle.

Avec l’idée de progrès porté par les idéologues contemporains ceux de la modernité, nous relevons bien sur le plan philosophique, cette proximité entre l’idéologie progressiste du XXIème et la philosophie dite des Lumières.

Rappelons que le siècle des lumières a émergé dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Ce mouvement à l’époque se voyait déjà alors comme une élite avancée œuvrant pour une transformation radicale du monde, dénonçant la vision chrétienne du monde enfermée dans le péché et l’idée d’une transcendance qui s’est incarnée dans le monde pour le sauver. L’élite du XXIème siècle est celle de la technocratie car pour elle c’est la loi et l’éducation étatique qui doivent changer les mœurs, même si la république ne veut pas apparaitre tyrannique, elle s’emploie dès le plus jeune âge à former les esprits pour changer « les manières » comme le préconisait Montesquieu «  il suit que, lorsque l’on veut changer les mœurs et les manières, il ne faut pas les changer par les lois, cela paraîtrait trop tyrannique : il vaut mieux les changer par d’autres mœurs et d’autres manières… » MONTESQIEU – L’Esprit des lois, Livre XX, extrait du chapitre XIV. Nous discernons de fait les subtilités politiques employées de nos jours pour ne pas apparaitre brutal aux yeux de l’opinion mais la préparer à cette lente soumission et cette transformation de nos mœurs pour accepter un monde syncrétique, multiculturel et babylonien.

Nous saisissons bien, que l’idéologie progressiste s’inscrit radicalement dans le pathos de la modernité. Habilement dans une forme d’humanisme postchrétien, elle entend aussi se débarrasser des oripeaux de la religion Chrétienne en donnant des coups de butoir à cette dimension de la filiation, de l’altérité, en soutenant un capitalisme de la consommation, l’ubérisation de la société. Cette idéologie du progrès appelle de ses vœux l’ère du tout numérique qui détruira finalement le lien social, les solidarités et l’héritage culturel issu de l’annonce de l’Évangile. Nous entrons avec le progressisme dans une logique numérique, une logique horizontale celle de la consommation et du divertissement.

Ce mouvement dit des lumières au XVIIIe siècle à l’instar au XXIe siècle d’une république progressiste, se persuadait déjà de changer le monde à partir de la diffusion d’une nouvelle conception sociale nécessaire à la mise en cause et à la transformation de la société de l’ancien monde.

Cette philosophie entendait ainsi briser les codes, les structures politiques et culturelles héritées de plusieurs siècles de Christianisme. Or aujourd’hui nous observons les mêmes motifs de volonté de transformation de la vie politique, de sortir des divisions sociales, des clivages d’opinions ou idéologiques et des conflits culturels pour s’engager sur une nouvelle idéologie marxiste du progrès humaniste, d’égalité sociétale. Cette nouvelle idéologie marxiste est fondée sur la puissance technologique, cette nouvelle ère des robots qui libèrent enfin l’homme de l’asservissement des tâches. Cette nouvelle idéologie marxiste au plan sociétal s’inscrit dans la dimension de l’égalité et l’interchangeabilité des sexes qui devront être demain les nouvelles normes, les nouveaux codes et stéréotypes culturels. Il faut ainsi apprendre à l’enfant et le plus tôt possible que le masculin et le féminin sont de pures conventions, et qu’il lui appartient de s’en délier, de s’en défaire, tout cela s’impose de manière sournoise et subrepticement. Si vous le dénoncez, vous êtes alors invectivé, vilipendé comme de vieux ringards réactionnaires hostiles à toute idée de progrès.

Le progressiste ne veut donc plus ainsi les règles héritées d’un christianisme qu’il faut absolument dépoussiérer. Il faut ainsi casser les prescriptions d’une époque révolue, se libérer de la transmission des stéréotypes, se désaffilier, ouvrir les frontières du genre, jeter des passerelles vers un monde nouveau ou la confusion peut demain devenir le règne social partagé par une multitude d’hommes et de femmes sans repères.

Un monde postchrétien qui veut redonner à l’homme d’autres aspirations spirituelles

En d’autres termes, notre monde contemporain incarné dans cette nouvelle vision du progrès exprimerait alors le besoin d’un progressisme qui redonne sa place à de nouvelles aspirations spirituelles, et à de véritables emblèmes symboliques compris de tous ; en un mot, d’un nouvel humanisme, un nouvel évangile raisonné à une nouvelle sauce humaniste et éclairé tel qu’a cherché à le construire le Siècle des lumières qui n’a pas su achever au cours de la Révolution française, cette vision de l’humanisme sans Dieu. N’est-ce pas cette vision qu’incarna Maximilien de Robespierre, député de l’Artois, qui prononça ce discours à la Convention dans lequel il réaffirma ses valeurs révolutionnaires et républicaines : « L’homme est né pour le bonheur et pour la liberté, et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être, et partout la société le dégrade et l’opprime ! Le temps est arrivé de le rappeler à ses véritables destinées ; les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution ». Les progrès de la raison humaine ont préparé cette grande révolution, c’est ainsi la foi dans la raison humaine qui est au cœur de ce changement pour Robespierre et qui le conduira au progrès…

Le progressisme n’est pas seulement un courant philosophique et social mais c’est aussi une idéologie qui a su s’appuyer sur le libéralisme prôné par le capitalisme mondialiste s’adossant à ce monde consumériste et universaliste.

Nous entrons ainsi inévitablement et avec ce courant progressiste dans une nouvelle ère, une nouvelle époque. Je crains qu’elle ne soit funeste et chargée d’illusions…

Qui sont les responsables des grandes déstructurations sociales ?

N’apercevez-vous pas d’ores et déjà les résultats de cette idéologie progressiste, de cette vision mondialiste : des états affaiblis, des multinationales qui prennent le pouvoir sur tout, des migrations massives car les états riches dans leurs égoïsmes patentés n’ont jamais su développer, ni entrer dans des stratégies de coopération avec les nations africaines en crise, pire l’occident est largement responsable de la déstructuration des peuples d’Afrique et de l’entretien des illusions d’un monde d’opulence factice.

Les responsables de ces déstructurations ? Les multinationales, qui vont remplacer les lois des États à l’image des accords transatlantiques qui tôt ou tard reviendront sur le tapis, et remettront en cause les principes de subsidiarité, de souveraineté des nations. Cette démocratie des nations autour d’une dimension, locale et d’une relation institutionnelle de proximité vit sans doute ses derniers jours et sera dominée par le technicisme d’un monde fédéraliste et multipolaire, sans frontières plus ouvert mais sans humanité puisque sans cette relation de proximité et de contre-pouvoir au plan local.

Nous le voyons bien aujourd’hui des multinationales dominées par quelques hommes fortunés célébrant Mamon, qui exercent un monopole dévastateur et absolu sur les marchés. Comme c’est le cas dans le monde agricole dont les semences sont de plus en plus cadenassées de par le monde, comme c’est également le cas dans le monde des médias faiseurs d’opinions ; muselés par quelques empires financiers lobotomisant et manipulant allègrement la conscience. N’oublions jamais l’avertissement du prophète Ésaïe 5 8-9 « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, Et qui joignent champ à champ, Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, Et qu’ils habitent seuls au milieu du pays ! Voici ce que m’a révélé l’Éternel des armées : Certainement, ces maisons nombreuses seront dévastées, Ces grandes et belles maisons n’auront plus d’habitants… »

Finalement l’oublié de cette mondialisation, de ce « progressisme », c’est l’humanité, le grand perdant c’est la biodiversité. Les inégalités n’ont jamais été aussi importantes ; jamais la pollution n’a été aussi élevée, jamais les peuples des pays en voie de développement n’ont été autant dominés, dédaignés, niés, oubliés. Qui se soucie du Centre Afrique Chrétien qui subit les coupes d’assommoirs de la barbarie djihadiste, dont les maisons sont brûlées avec leurs habitants… Nous pleurons les victimes européennes et tout le monde déclame sa compassion sur les réseaux sociaux mais qui ose dire « je suis centre africain, nigérien, sénégalais ».

Nous entrons dans l’ère d’une république progressiste et multiculturelle, qui nous bercera d’illusions avec son monde humaniste mais qui laminera les plus fragiles en encourageant à la fois le développement d’un monde plus eugéniste que jamais et l’ubérisation de la société, en encourageant les investissements autour de l’économie numérique et en ouvrant la boîte de pandore de l’eldorado transhumaniste promettant l’homme nouveau, augmenté et performé.

Les nouveaux prêcheurs

Une nouvelle idéologie se façonne sous nos yeux portés par l’oraison des prêcheurs qui envahissent nos écrans cathodiques. Ce sont eux, ces prêcheurs télévangélistes de l’idéal progressiste, qui sont chargés de nous apporter la bonne nouvelle, ils ont ce pouvoir de conditionner les esprits pour l’avènement d’un monde ouvert, tournant la page à l’ancien monde baignant dans ses stéréotypes de souveraineté des peuples.

Ces prêcheurs qui occupent l’espace médiatique ont hélas le pouvoir, ils sont prêts à tout pour réussir l’entreprise, atomiser la personne libre, en la façonnant en individu corvéable. C’est bien là le projet de nouveau monde, passer, du monde de la personne à celle de l’individu puis passer de l’individu à celui d’un nombre numérisé.

Enfin pour conclure Je cite ici ce propos extrait d’un article d’agora vox du 21 mars 2016 dans lequel je me retrouve. Je cite ici l’extrait de cet article « Face à eux, des gens isolés, déstructurés, des personnes devenus travailleurs et consommateurs, à leurs ordres, soumis à leur pensée uniformisée, d’où ils croient que l’humanité en sera apaisée, grandie, quand elle en ressort laminée, détruite, et nullement pacifiée.

Leur œuvre, c’est une régression uniformisée, mondialisée de l’humanité, dont il sera difficile de se débarrasser.

Après les religions dont nous ne sommes toujours pas sortis, l’humanité, avec le nazisme, le communisme puis ce « progressisme » est-elle vouée à ne pas progresser intellectuellement ? A préférer la quantité à la qualité ? A prôner l’union uniforme et inculte ?

Depuis les premiers penseurs, l’humanité n’a pas évolué, ou si peu. Nos connaissances et nos technologies ont progressé de façon gigantesque, mais nous, nous n’avons pas évolué. Au fond, si ces idées, ces régimes, ces religions s’imposent, ne serait-ce pas parce que nous le désirons, n’est-ce pas parce que nous recherchons ce genre de facilités ? Une vie qu’on nous impose, aseptisée, uniformisée, ou l’on se croit supérieurs aux autres tout en étant identiques ?

Chers amis progressistes ouverts à la critique « Est-ce vraiment cela que vous voulez ? »

Notre espérance à l’envers des promesses d’un monde ou le progrès est sans curseur

Pourtant la lettre qui vous est écrite, ne se veut nullement marquée par le désespoir concernant l’idéologie que vous portez, car l’histoire nous apprend toujours la temporalité des idées qui déconstruisent l’homme. Tandis que l’église non la religion mais le corps vivant de Christ traverse elle les temps, les générations et reste une la lumière dans un monde ou le lien se délite.

Si la civilisation qui se construit devient plus impersonnelle et à l’envers de la proximité, souvenons-nous que le message de l’évangile, doit être marqué par la relation en face à face, la solidarité, empreint par la dimension de l’autre, le prochain.

Face à l’offensive depuis des siècles, d’un monde des idées et des techniques qui étiolent et dégradent notre humanité, l’église authentiquement façonnée par Christ, doit devenir sans aucun doute, un lieu ressource, une communauté ouverte sur les autres, un lieu de réparation, de restauration, de socialisation.

L’église comme communauté permanente et vivante, régénérée par l’esprit saint doit être un lieu d’espérance essentiel, vital pour le monde qui a soif de vérité, de justice, elle doit assurer à la personne la reconnaissance d’autrui, il n’y a plus ni juif, ni grec, ni étranger, ni autochtone mais une personne aimée de Christ qui a besoin de retrouver du sens et la vraie vie qui vient d’en haut. Les plus défavorisés doivent trouver dans l’église les services et les ressources pour tisser et entretenir des liens capables d’assurer une aide pour ouvrir des perspectives d’avenir.

Il est urgent sans doute de retrouver l’espérance et le sens de l’autre mais également la persévérance dans l’aide et l’entraide auprès de ceux qui ont soif et faim de justice. Soyons alors débonnaires et plein d’enthousiasme à servir notre communauté en incarnant notre service auprès du prochain.

Un monde social en mutation

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Les contextes et les déterminants qui expliquent l’émergence des idéologies de déconstruction de l’homme.

Le développement économique est fondé depuis deux siècles sur l’exploitation de ressources épuisables, non renouvelables (minerais, engrais, pétrole…) la prétention aujourd’hui est de promettre la croissance sur des ressources durables (vent, soleil, algues, etc.) sur « les rails d’un nouvel âge d’or » sans rien changer à nos habitudes consuméristes.

Nous sommes également confrontés à un important métabolisme urbain, 70 % de la population humaine devant bientôt vivre dans les grandes mégapoles, sachant que d’ores et déjà 12 villes dans le monde totalisent plus de 20 millions d’habitants chacune, dont Tokyo avec ses 42 millions d’habitants, Jakarta 28 millions d’habitants, Séoul 25 millions d’habitants.

L’enjeu étant d’imaginer de nouveaux modèles de vie sociale, économique et agricole face à l’étalement des villes et à la problématique qui touche à l’artificialisation des sols qui perdent leur qualité naturelle. Pour nourrir ainsi la ville, il conviendra d’imaginer l’agriculture de demain, par exemple en concevant des fermes dites verticales qui pousseraient sur les étages des grattes ciels ou en faisant pousser des salades sur les murs de sa maison ou des pieds de tomates aux balcons…

Les changements majeurs favorisant l’émergence « soudaine » des idéologies de déconstruction

Il nous semble que plusieurs facteurs constituent les principales clés de lecture d’un monde en mutation et ont été en quelque sorte des déterminants favorisant le développement des idéologies transhumanistes…

  • L’émergence d’une mondialisation accélérée et associée à l’accès de tous aux nouvelles technologies issues du monde numérique.
  • L’aspiration d’une humanité à la recherche de sens, confronté à sa fragilité en regard des crises majeures qu’elle traverse (migrations, économie, terrorisme, climats…).
  • La tentation aujourd’hui pour l’homme de se tourner activement vers des solutions drastiques pour assurer la pérennité de l’espèce humaine (société de contrôle et de surveillance).
  • La volonté de pallier les risques qui touchent à la vulnérabilité en engageant un nouveau processus réflexif qui déconstruisant l’homme.
  • Une universalisation de la culture consumériste néolibérale qui uniformise en fait les comportements et les regards. Les livres de la Bible évoquent à plusieurs reprises la ville de Babylone et font mention de la dimension marchande et mondialiste de cette entité. La Bible décrit les lamentations des marchands au moment où cette entité s’écroulera, « tous ceux qui ont fait commerce avec elle se lamenteront ».

Babylone clairement dans le livre de l’apocalypse rayonne sur toute la surface de la terre, la ville est assise sur les grandes eaux, le sens des grandes eaux nous est révélé dans le même livre de l’apocalypse au chapitre verset 15, « Les eaux que tu as vues ou la prostituée est assise, ce sont les peuples et des foules et des nations, et des langues ».

Babylone est une entité dominatrice qui domine sur l’ensemble de l’humanité, des peuples, des foules, des nations, un véritable empire consumériste, universaliste absorbant les autres cultures, elle s’empare de toute l’organisation économique mondiale, comme l’écrit le théologien Philippe PLET[1] dans son livre Babel et le culte du Bonheur.

  • La propension de l’homme d’aujourd’hui à uniformiser les méthodes de production agricoles via des cultures intensives voire hors sol (le transgénisme résultant de cette dynamique n’étant alors que le précurseur au « transhumanisme génétique »). Depuis des milliers d’années, la Bible donne le plan d’urbanisme idéal pour un équilibre entre les besoins de la ville en consommables végétaux et animaux et la capacité naturelle de la Terre à absorber les rejets de cette même ville…

Le péril de la libre conscience et l’effondrement de la culture

La conscience des individus représente un enjeu pour les sociétés qui soit poursuivent l’objectif de plénitude de l’individu soit a contrario entendent la contrôler ou pire l’atomiser pour anéantir toute révolte ou toute faculté rétive.

Toutes les sociétés totalitaires naissant du laxisme des individus, il suffit de les distraire, de les divertir. Hannah Arendt avait relevé cette problématique morale d’une société plongée dans une forme de nihilisme culturel, détachée de la recherche de sens. Rappelons cette citation de la philosophe, citation fulgurante : « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. »

Le refus de s’indigner, le renoncement de soi, ne plus dénoncer les formes d’injustices conduisent inévitablement à installer le caractère liberticide et tyrannique de l’état. Les sociétés totalitaires ont toujours pour démarche la volonté d’anéantir la fonction de penser, la capacité de réagir.

Les facultés de conscience, savoir appréhender, savoir analyser, savoir poser les problèmes ont toujours dérangé les gouvernances. Le changement de la conscience est engagé à l’aune d’une société galvanisée par la facilité d’accéder au plaisir des sens et aux promesses que lui font miroiter les temples de la consommation.

Dans de tels contextes, le délitement de la conscience est engagé, altération de la conscience qui puiserait son origine dans plusieurs sources : le nivellement de la culture, le divertissement, la crise économique qui épuise et déstructure l’homme et enfin l’idéologie de la laïcité et « idéologie » issues des études du genre diffusée dès le plus jeune âge par l’école…

Le nivellement de la culture

La culture n’est-elle pas la dimension d’un héritage qui aide à penser par soi-même ? Ne remplit-elle pas une fonction d’épanouissement de l’individu ? Or force est de constater que la dimension culturelle est de plus en plus contestée y compris dans certains milieux intellectuels.

L’homme est passé d’un statut de citoyen de la cité à celui de simple consommateur urbain devenu addict des temples de la marchandisation où la fonction de penser par soi-même n’est pas utile quand il suffit de satisfaire des besoins, des impulsions de consommation.

Un siècle plus tôt le discours de Victor Hugo énoncé à l’assemblée nationale est frappant, interpellant. Il sonne comme un avertissement en regard de cette puissance de la matérialité, du plaisir marchand qui appauvrit la recherche du bien commun dans sa dimension spirituelle et culturelle : « Eh bien, la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. Il importe, Messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission, relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. » 

La culture consumériste est finalement l’envers de la culture, une anti-culture, celle d’une forme d’anéantissement de la pensée, la construction d’une pensée unique comme le mentionne Nabil EL-HAGGAR Vice-président de l’Université Lille 1, pour qui « se pose la question de savoir si notre société et notre démocratie sont encore en mesure de faire face à la pensée unique et de sauver la citoyenneté de la marchandisation, ou si notre démocratie n’a pas besoin d’une bonne révolution culturelle pacifique qui la rende capable de préserver les valeurs pour lesquelles nos anciens ont fait la grande révolution. »

Poursuivant son propos Nabil EL-HAGGAR ajoute « force est de constater que, quelques siècles après Condorcet, le nivellement de la culture par le bas n’est plus une tentation mais une réalité quotidienne. C’est ainsi que la culture est réduite à l’anecdotique et qu’il n’est pas rare d’entendre des universitaires qualifier toute exigence culturelle et intellectuelle d’élitisme mal venu et antidémocratique. »

Nous sommes tous frappés par les éléments de langage des médias qui sont les « prêts à penser » de notre société et n’offrent que trop rarement une lecture différenciée du monde. Leurs discours « lissés » deviennent profondément uniformes ne parlant que d’une même lèvre.

L’appauvrissement de la culture, l’abaissement des niveaux d’apprentissage participent largement à l’uniformisation de la pensée, à l’arasement de toute réflexion qui épanouit l’homme.

Si la culture est une nécessité par l’ouverture d’esprit qu’elle suscite, le nivellement engagé et qui résulte de multiples facteurs se rapproche finalement des méthodes sectaires qui excluent la différence, toute pensée critique.

Notre monde est prêt à basculer dans l’idolâtrie contemporaine du progressisme et à se laisser fasciner par un « autre objet que lui-même ».

 Le matérialisme et la vacuité du monde occidental nous préparent à une mutation culturelle sans précédent et de grande ampleur, l’homme, ayant admiré ses producbackground-3228704_1920tions techniques en est venu à l’adorer : Dieu a créé l’homme à son image ; l’homme a créé l’homme technique puis un avatar, un humanoïde à sa propre image avec lequel il veut interagir car il sera un jour capable d’empathie et d’émotion.

La société consumériste d’une manière générale est à l’envers d’un monde ou la frugalité, la mesure seraient la règle de vie. L’hyperconsommation a été érigée en principe de vie, nous sommes venus à valoriser le monde extérieur, le monde des sens, plutôt que le monde intérieur, virtuellement recréé avec les objets numériques. Le matérialisme est devenu un socle social, un veau d’or en quelque sorte., Et le plus pauvre convoite les objets que possède le plus riche, au prix de sacrifices, d’endettements, de surendettements, il finit par les acquérir.

Lors de mes entretiens qualitatifs administrés dans le cadre d’évaluations de politiques publiques auprès de personnes estimées vivre dans la précarité, ces dernières n’entendaient nullement se priver d’objets interactifs ou ceux de la consommation numérique qui ne répondent strictement à aucun besoin vital mais qui contribuent à leur divertissement comme une nécessité, une nécessité devenue vitale.

Dans cette dimension matérialiste, de recherche de pseudo-confort à tout prix qui affecte notre monde occidental, nous ne sommes plus enclins à développer des comportements altruistes, de donner de notre générosité dans des gestes désintéressés, généreux et souvent traduits par des actes insignifiants comme l’écoute de l’autre, l’aimer en interagissant dans une réponse appropriée.

Nos comportements sont hélas de moins en moins « pros sociaux », nous ne savons plus considérer l’autre dans ses besoins, tellement acculés par le désir soi-même de rechercher une autre forme de conquête, celui de posséder un territoire, un territoire dérisoire, une matière, un objet. L’homme seul dans la matérialité de son époque appréhende d’être isolé, et le voilà comblé avec l’apparition de l’objet animé, de l’objet interactif. L’homme dans son monde virtuel quitte la planète Terre pour entrer dans la planète « Taire » qu’il se crée. L’homme à nouveau se dérobe derrière l’arbre[4] de son monde virtuel… pour ne pas être vu de son créateur tel qu’il est… !

L’une des grandes mutations vécues, est ainsi l’apparition dans cette modernité techniciste de l’objet interactif. L’objet interactif qui est devenu objet de culte, un objet de fascination, une forme d’idolâtrie contemporaine. Nous nous égarons aujourd’hui dans ces objets « culte », ces « images animées » ces nouveaux dieux qui occupent les espaces virtuels de nos moniteurs, de nos écrans cathodiques.

Par analogie, la Bible rapporte plusieurs siècles avant Jésus-Christ, dans les livres des prophètes Osée et Zacharie la vénération de statuettes[5]. À cette époque, les téraphim étaient devenus des objets de culte et de cléromancie (art de lire l’avenir par tirage au sort). Les peuples polythéistes dans les temps bibliques entretenaient une relation avec l’image, des représentations de faux Dieux. Ces faux Dieux les fascinaient et égaraient leurs esprits, ces représentations dénaturaient déjà la dimension transcendante et unique de la divinité, en la reléguant au rang des objets.

Si certes, l’homme occidental n’adore plus les « Dieux », il est fasciné par les images qui interagissent avec ses émotions et qui aujourd’hui sont même capables d’empathie. L’homme entre dans un monde ou la réalité de l’interaction augmentera au fur à mesure des progrès de la science et cette interaction le prépare à des formes nouvelles de substitution du prochain, d’un autre que lui-même.

La fascination pour l’objet numérique, animée avec les progrès de la science, interagissant avec l’usager nous conduit littéralement à devenir captifs, dépendants. Ne s’agit-il pas au fond d’une forme d’idolâtrie contemporaine.

L’environnement des objets numériques est venu ainsi combler le sentiment de déréliction, le sentiment de solitude qui accompagne celui qui possède l’extérieur mais n’a pas reçu ce qui est de nature à combler l’intérieur. Or le plus inquiétant résulte d’un monde d’humains de plus en plus guidés à interagir avec le monde des objets numériques. Des objets de la matérialité qui deviennent si familiers qu’ils se transforment peu à peu en compagnons, des substituts palliant l’absence de l’autre, mon vis-à-vis, « l’autre que moi-même » en quelque sorte.

La vacuité, le vide spirituel qui caractérise toute notre société font que la seule chose pouvant être considérée comme existante est la matière et si cette dernière interagit, elle vient alors m’apporter une forme de réponse à mon vide existentiel, un ersatz, un bonheur paradisiaque.

C’est dans ce contexte de vide spirituel, de déréliction morale que les dernières avancées technologiques montrant l’interaction croissante homme robot deviennent inquiétantes. En effet les dernières avancées technologiques laissent penser que la reconnaissance des capacités affectives et émotionnelles d’un autre objet que l’on appelle robot, est maintenant possible.

La science technologique considère que le robot est d’ores et déjà doué d’empathie, déjà capable de discerner des comportements humains, d’interagir avec lui, et même comprendre, d’interpréter les émotions humaines.

L’article que nous produisons est extrait du site Internet IBM et il fait allusion à notre précédent propos sur les capacités du robot d’épouser par mimétisme les comportements de l’homme. Ce robot porte le nom de Pepper « Il est le premier robot humanoïde à destination du grand public à être capable de comprendre les émotions de son propriétaire et de générer artificiellement les siennes en conséquence. Équipé d’un système de reconnaissance faciale, il repère une personne à plus de trois mètres. Il comprend des expressions basiques du langage verbal et corporel humain, comme le sourire, le froncement de sourcil et des émotions comme la surprise, la colère, la tristesse. Pepper est également capable d’analyser l’intonation de la voix de son interlocuteur, ainsi que son champ lexical.

Toutes ces données récoltées par le robot d’1 m 20 pour moins de 30 kg, lui permettent de déterminer l’attitude à adopter en fonction des circonstances. Ainsi, s’il détecte de la tristesse, il pourra vous proposer d’écouter une musique ou de raconter une blague pour vous remonter le moral. De plus son intelligence artificielle est cognitive. En d’autres termes, il apprend au fur et à mesure de ses interactions avec sa famille d’accueil. Au fil du temps il adaptera également ses réactions selon le caractère de son propriétaire ». 

Or dans un avenir très proche dans un horizon de temps très court, l’humanoïde sera en mesure de simuler des émotions, d’adapter des comportements, d’ajuster des types de dialogues interactifs.

Les ajustements de l’humanoïde se construiront à partir d’indices audio et visuels, le timbre de la voix, le profil d’utilisateur fera partie des niveaux d’interprétation permettant au robot de détecter l’émotion humaine et en conséquence le robot sera en mesure de faire usage d’une méthode comportementale.

Mais le plus inquiétant est à venir, Ces robots pourraient demain envahir le quotidien, devenir des humanoïdes de compagnie, remplaçant nos animaux. Des « êtres » domestiqués mais sans âmes et sans esprit, reproduisant artificiellement des comportements dans une apparence humaine. L’humanoïde pourrait ainsi, être à terme le compagnon d’une vieille dame isolée, le substitut pour un enfant d’une maman trop souvent absente, ou bien pire être une poupée sexuelle interactive, un partenaire interactif comblant les besoins émotionnels et affectifs de personnes isolées.

La dimension affective apportée par l’humanoïde est la conséquence du vide spirituel de l’être humain.

Ce vide spirituel que ne comblera pas un objet humanoïde conçu artificiellement qui interagira en l’absence de toute identité le reliant à la transcendance. Une machine dotée de l’apparence d’un corps mais sans réelle conscience humaine sans âme, sans vie réelle sans esprit « En supposant qu’on parvienne à construire un robot androïde dont la complexité s’approcherait de celle de l’homme il lui manquerait cette ouverture à la transcendance qui ne peut jaillir spontanément de l’interaction des causes immanentes ».

En revanche l’être humain se livrera en quelque sorte à une forme de démon humanoïde, il se livrera comme l’écrivait Baudelaire de manière quasi prémonitoire à Satan :

« Se livrer à Satan, selon Baudelaire, c’est croire qu’on en a fini avec lui et que l’on s’en tirera bien tout seul, grâce à ses bons sentiments et ses puissantes machines : « Nous périrons par là où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous la partie spirituelle que rien parmi les rêveries… antis naturelles des utopistes ne pourra être comparé à ses résultats positifs. « 

 

La déconstruction de l’Homme

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Le titre d’un livre doit au fond synthétiser la pensée de son auteur ou des auteurs puisqu’il s’agit d’un ouvrage collectif. Le titre doit être porteur de sens et traduire dans une forme de résumé  l’ensemble d’une réflexion.

Cette réflexion est sur l’homme, ce n’est certainement pas le premier ouvrage qui traite de cette question.

De multiples ouvrages philosophiques, théologiques, même sociologiques, ont traité de l’homme dans l’ensemble des dimensions anthropologiques et sociales. Dans ces ouvrages, la dimension contextuelle de l’homme a été considérée, également abordée comme sujet social, culturel dans toute son étendue éthique, morale, spirituelle.

Ce livre n’a cependant pas l’ambition de traiter l’homme sur ses aspects sociologiques, philosophiques, anthropologiques, même si cet ouvrage collectif le fait par ailleurs en évoquant en effet une idée de déstructuration de l’anthropologie que font peser à la fois la modernité virtuelle, la société des écrans, le monde numérique, la technicité de notre époque.

Notre titre peut paraître étrange puisque sans équivoque nous abordons la « déconstruction de l’homme » dans un contexte d’idéologie transhumaniste et de société numérique. La déconstruction de l’homme comme :

  • l’envie de dépassement du génome humain,
  • le désir de modifier l’être humain, d’en finir avec l’encerclement du corps,
  • l’aspiration à mettre fin à la finitude qui renvoie à une échelle de l’homme dans le temps et l’espace,
  • la volonté enfin de libérer l’homme des tâches corvéables, de la sueur de son front, à travers une nouvelle révolution industrielle sans précédent : l’économie numérisée et l’intelligence artificielle.

L’intitulé « Déconstruction de l’homme » pourrait faire penser à un ouvrage écrit par le philosophe Jean-François Maté, L’homme dévasté. Le philosophe postule, lui aussi, la déconstruction de l’homme dans toute sa dimension culturelle, comme un être finalement destitué, limogé et dénonce la place prise par le monde virtuel qui s’est substitué au monde réel.

Le philosophe Mattéi [1] dresse en effet un diagnostic bien sombre de notre époque : « La déconstruction a fêté un bal des adieux à tout ce à quoi l’homme s’était identifié dans son histoire (…). L’adieu à ce qui faisait la substance de l’humanité, cristallisée dans son idée, est en même temps l’adieu à l’humanisme et, en son cœur, l’adieu à la condition humaine. Rien ne semble résister au travail de la taupe qui a sapé les principes sur lesquels reposait la civilisation. »

Dans ce livre, si nous évoquons l’emprise et la fascination de l’homme pour le monde virtuel nous dénonçons le risque d’une humanité en mal de surnaturel qui a idolâtré littéralement l’objet technique sans prendre conscience que cet objet technique est en train de la vampiriser, de la remplacer, de la contrôler.

« Sommes-nous donc en train de confier nos vies à des puissances de calcul inhumaines, sortes de main invisibles qui dotées en apparence des meilleures intentions sèmeraient en réalité le chaos, troubleraient le débat démocratique, modifieraient le destin de nos enfants, et nous imposeraient de surcroît à notre insu une terrifiante transparence ? » – commentaires de Violaine de Montclos et Victoria Gairin, journalistes du Point. [2]

Une déshumanisation du monde s’organise sous nos yeux et, pire, l’économie virtuelle qui se dessine sera destructrice d’emplois. Les algorithmes [3] et la robotisation vont révolutionner le monde de l’emploi en affaiblissant la dynamique et les ressorts qui construisent le travail humain.

Ce sont sans doute les grands équilibres économiques qui sont à terme menacés, même si quelques-uns de nos lecteurs souhaitaient pondérer notre propos en soulignant l’impact numérique qui est forcément multiforme (positif comme négatif) et générera de l’emploi. La question est : pour qui ? Et qui sera sur la touche ?

Il y a quelques temps, je sortais d’une soirée d’entrepreneurs et dirigeants chrétiens, un banquier indiquait qu’il lui était demandé de réfléchir à la numérisation de la banque, ce qui signifiait pour lui, rationalisation et meilleure gestion des ressources, en d’autres termes réduction des effectifs, suppression de succursales bancaires, remise en question de la dimension de la banque de proximité.

En préparant ce livre, nous lisions récemment que l’institut européen Bruegel [4] a publié les résultats de l’enquête [5] menée par un économiste et un ingénieur d’Oxford. Leur constat est sans appel : c’est la moitié des effectifs, soit un emploi sur deux à l’échelle européenne, qui dans un avenir proche sera réduite ou profondément transformée par le numérique, en partie menacée par l’évolution des services numérisés, menacée par la robotisation de la société, et ce dans les prochaines décennies.

La révolution numérique, digitale, robotique de l’intelligence artificielle est ainsi en cours. Selon la même étude, l’impact sera conséquent sur l’emploi, en raison de l’automatisation des tâches, de la puissance des inférences bayésiens [6] qui permettront de gérer les fonctions même les plus compliquées occupées jusqu’à présent par des êtres humains, voire de résoudre des problèmes qui auraient été confiés jadis à des emplois dits qualifiés.

L’homme s’est pris de passion pour la science, ce qui n’est pas en soi un mal, mais sa passion est devenue une idole, le scientifique est devenu scientiste se persuadant que la science nous fera connaître la totalité des choses et répondra à toutes les formes d’aspirations et de délires prométhéens.

Dans ce livre nous abordons ces projets démiurgiques qui transforment la vie sociale et l’être humain dans la démesure sans que ce dernier ait pris conscience qu’il a ainsi ouvert la boîte de Pandore à un être technique, une forme de bête apocalyptique qui prendra possession de lui. Pourtant ce projet démiurgique n’a ni le souffle ni l’âme insufflée par l’Esprit de Dieu. La bête et son monde d’images faisant de nous des iconoclastes seront sans aucun doute terrassés par ceux dont la conscience s’éveillera pour ne pas succomber à la tentation d’être de leur nombre.

Ainsi la révolution numérique, qui se déploie aujourd’hui sous nos yeux, est sur le point de remodeler la société de demain. Sa dynamique propre et la vitesse à laquelle elle se déploie sont de nature à rebattre toutes les cartes de la vie et de l’organisation sociale. Chaque révolution industrielle s’est accompagnée autrefois d’une restructuration de la vie sociale, chaque révolution industrielle a imposé une forme de réadaptation de la vie et des rapports aux autres.

La rapidité avec laquelle les innovations du monde numérique se déploient ne laissera dès lors aucun répit, d’où une désorientation sociale et psychologique qui sera sans précédent dans l’histoire. Le monde numérique est en train de casser les repères culturels qui avaient été à présent les nôtres ; la société sous nos yeux est sur le point d’être recomposée avec de nouvelles règles, de nouveaux codes, une nouvelle normalisation, de nouvelles oligarchies (les scientistes) dont les projets autour de la technicité sont de nature à fragiliser, à déconstruire l’homme, à renverser les valeurs, les tables de l’ancien monde, leurs hiérarchies, leurs institutions.

C’est la verticalité de l’ancien monde qui risque de disparaître au profit de l’horizontalité, la fin des intermédiaires, y compris des élus ; l’on pourrait imaginer de nouvelles formes de démocraties « débarrassée de toute forme de représentation nationale, » ce qui n’est pas impossible compte tenu du désaveu dont les personnels politiques font l’objet pour une grande partie d’entre eux. Internet pourrait répondre à la crise de la représentation qui se manifeste aujourd’hui résultant d’une abstention électorale croissante.

Sans doute, il faudra oser sortir de l’indolence, exprimer le refus de laisser aller dans le vertige de l’innovation technologique qui est en réalité une puissance destructrice nous poussant à toujours consommer et à considérer que tout devient artificiellement obsolète, y compris la culture et les institutions.

Il faudra se dégager d’une forme d’apathie et de bienveillance vis-à-vis de la technique en menant une critique réfléchie, argumentative à l’instar de Jacques Ellul. Il faudra avoir le courage de déloger les poncifs, les lieux communs, tels que : la technique est neutre, elle nous libère de la servitude, elle améliore notre espérance de vie, elle nous affranchit de l’aliénation des outils industriels. Ce sont aujourd’hui de véritables clichés, bien sûr l’on nous targuera ce propos de type : « la technique est ce que nous en faisons. »

Soit, la technique « est ce que nous en faisons, » mais justement, quelle réflexion éthique a été faite à propos de la technique puisqu’elle a été auréolée de neutralité, puisque nous avons pris la précaution de relativiser le discours autour de l’objet, d’édulcorer, de tempérer la critique pour ne pas offenser le progrès ? Or aujourd’hui nous prenons la mesure que de tels discours n’ont pas permis de peser les orientations, de discerner les intentions cachées d’une technique sans conscience, nous subissons aujourd’hui les avatars idéologiques associés à la séduction du progrès !

C’est l’essayiste et chercheur Evgeny Morozov qui indiquait dans son livre Pout tout résoudre cliquez ici que les technocrates neutres aux postures bienveillantes et attentistes ne s’engagent en réalité pas dans des considérations réellement réalistes prenant la mesure de tous les effets induits par la puissance des nouvelles technologies. Pour illustrer son propos, l’auteur pointait les technologies de reconnaissance faciale susceptibles d’être utilisées à bon escient pour rechercher par exemple un enfant perdu, mais ne mesurant pas que ces mêmes technologies de reconnaissance faciale pourraient s’avérer à terme être de véritables mini Big Brother aux mains d’une nouvelle Stasi. [7] Pour Evgeny Morozov ces technocrates neutres sont « aveugles des multiples contextes dans lesquels les solutions pourraient être appliquées et les nombreuses manières imprévisibles par lesquelles ces contextes pourraient diminuer leur efficacité. »[8]

Refuser de coopérer avec cette puissance bienfaisante et invisible demandera sans doute du courage. Ce monde virtuel et numérique laissera demain une place à la machine dominante et écrasante, atomisant l’homme en lui donnant l’illusion du bonheur, le sentiment d’autonomie mais d’un être ni libre, ni affranchi puisqu’en permanence dépendant et guidé par la machine.

Au fil de ces pages, je songeais à ce texte de l’apôtre Paul décrivant le monde à venir et le mystère de l’iniquité : déjà au premier siècle le mystère du mal agissait et trouvera son épilogue dans ce système politique économique et religieux que décrira l’apôtre Jean.

Ainsi l’apôtre Paul, en écrivant aux Thessaloniciens, leur indiquait : « Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps. Car le mystère de l’iniquité agit déjà ; il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu. Et alors paraîtra l’impie, que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu’il anéantira par l’éclat de son avènement.… » [9]

Le mot « iniquité » ou « anomie » décrit la nature d’un monde caractérisé par l’apostasie, et dont l’apothéose sera l’avènement de l’impie, l’homme sans foi ni loi, qui rejette tout attachement à Dieu et toute norme. C’est une forme d’incrédulité extrême et de confusion qui caractérisera le mystère de l’iniquité. L’anomie est l’équivalent du mot iniquité, un terme qui fut introduit par le sociologue Emile Durkheim qui caractérise l’état d’une société dont les normes réglant la conduite de l’humain et assurant l’ordre social apparaîtront totalement inopérantes. Dans ces contextes de déstructuration des grands principes de la famille, de la religion, de la politique, du travail qui ont régi l’homme, les humains seront prêts à s’essayer à de nouvelles technologies, idéologies, doctrines sociales, à une nouvelle vie sociale en se libérant en quelque sorte des socles culturels qui ont précédé les générations passées.

Or aujourd’hui, il n’est pas contestable que l’humanité est arrivée à cette dimension de relativisation du bien et du mal, à une forme de désintégration sociale du fait de l’individualisation extrême dans laquelle peu à peu les humains cheminent, ce que Jacques Généreux décrivait comme la Dissociété, la société morcelée, la société fragmentée, l’émergence d’une société d’étrangers, d’hommes étrangers à la destinée des autres comme le dépeignait également  Alexis de Tocqueville. « Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. » N’est-ce pas là les prémisses de la société numérique qui se dessine, ces réseaux sociaux ou nous ne voyons pas, nous ne touchons pas, nous ne sentons pas, et nous n’existons qu’en nous-mêmes et pour nous seuls ? Je trouve cette réflexion d’Alexis de Tocqueville fabuleusement prémonitoire et prophétique. Ainsi, l’usage déséquilibrant du monde virtuel est une sorte d’avortement de la communauté humaine traditionnelle.

Sans doute, en nous lisant, vous aurez le sentiment que nous dressons une prospective bien sombre de l’avenir de notre humanité, mais il y a sans doute urgence aujourd’hui de réformer nos pratiques et de prendre conscience que nous pourrions inverser ce processus en marche par un acte de résistance, en ne nous laissant pas absorber par le monde digital, l’économie numérique, le monde des écrans, en retrouvant le chemin de la transcendance, le sens de l’autre et de notre relation respectueuse de la nature, en nous réconciliant en définitive avec toutes les dimensions du réel, du beau, du bien et du vrai ; d’être les hommes et les femmes du quotidien et non d’un futur fascinant mais en réalité sans espérance.

Éric LEMAITRE

Notes:

[1] Jean-François Mattéi, 1941-2014.  Professeur de philosophie grecque et de philosophie politique. Auteur du livre L’Homme dévasté, paru aux collections Grasset, 18 février 2015, 264 p.

[2] Article du Point de septembre 2016 : « Ces algorithmes qui nous gouvernent. »

[3] L’algorithme se définit comme une méthode suivant un mode d’emploi précis fondée sur une série d’instructions à exécuter, une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de solutionner un problème ou d’obtenir un résultat.

[4] L’institut européen Bruegel est un think tank, un observatoire d’experts de la vie quotidienne et économique européenne.

[5] Notre source est extraite de l’article paru dans :

http://www.itg.fr/portage-salarial/les-actualites/Robotisationnumerisationimpactemploisfutur. Autre source : rapport au gouvernement de Philippe LEMOINE, novembre 2014 : http://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/rapport_TNEF.pdf, page 11.

[6] Inférences bayésiennes : méthode d’inférence permettant de déduire la probabilité d’un événement à partir de celles d’autres événements déjà évalués. Dans le domaine de l’intelligence artificielle, les programmes sont conçus à partir de cette méthode, ce qui confère à la machine des capacités d’autonomie et d’apprentissage. C’est cette révolution de l’intelligence artificielle qui est en marche.

[7] Le ministère de la Sécurité d’État dit la Stasi : service de police politique, de renseignements, d’espionnage et de contre-espionnage de la République démocratique allemande (RDA) créé le 8 février 1950.

[8] Extrait du livre de Evgeny Morozov, Pour tout résoudre cliquez ici, Editions FYP, p. 173.

[9] Citation extraite du Nouveau Testament 2 Thessaloniciens 2:6, version Louis Segond.