Auteur Eric LEMAITRE
Réveiller la conscience est bien l’enjeu de ce siècle, mais pour la réveiller, il convient de donner à notre conscience une nourriture culturelle et spirituelle. Bien entendu je crois que la dimension spirituelle au sens où nous le comprenons comme chrétien, c’est-à-dire naître d’en haut est l’essence même de notre vie, l’essence primordiale faut-il le souligner. L’essence de cette dimension spirituelle qui nous permet ce passage d’un cœur vide, à un cœur rempli par l’amour de Dieu. Mais tous ne se sentent pas concernés par cette dimension, nous devons l’entendre, car par-dessus tout, nous comprenons que le libre arbitre est une nécessité, une exigence. Cependant le futur essai qui sera publié d’ici Octobre 2019 s’est appuyé sur une démonstration qu’un processus d’aliénation de l’âme humaine est bel et bien engagé. Partageant à des amis ce processus et lors d’une rencontre un dimanche après-midi, des amis m’interrogeaient sur mon activité de réflexions. Je les tenais ainsi informer du dernier livre que j’avais corédigé avec Gérald Pech et je leur rappelais le titre du livre : « La déconstruction de l’homme ». Tous m’ont fait répéter le titre du livre car tous avaient compris « La destruction de l’âme ». Au fond leur ai-je dit, vous avez sans doute entendu ce qu’il fallait entendre « Destruction de l’âme », de fait vous avez pleinement raison, car il s’agit bel et bien d’une entreprise d’anéantissement de la part intérieure de notre existence. Le livre ami lecteur que vous avez maintenant entre vos mains, s’est employé à démontrer ce lent processus engagé depuis l’aube de notre histoire humaine jusqu’à cette post modernité. Ce processus est notamment fondé sur l’envie du « mieux », le désir du « encore et encore », d’une soif insatiable de « plus et davantage » et surtout ce processus est focalisé à répondre à toutes les formes de fantasmes nous libérant du corps, de la finitude.
Aussi notre époque est bel et bien bouleversée par une modification radicale de l’espèce humaine, ce nouveau siècle est bel et bien entré dans une nouvelle ère, celle du post humain, un changement de paradigme traversé par une transformation radicale amenée par une démarche technique et de mathématisation de la vie dont le sommet est le transhumanisme. Ce changement est également illustré par cette nouvelle métaphysique qui redéfinit l’homme autour de conceptions anthropologiques qui sont l’expression d’une forme d’émeute contre l’ancienne anthropologie, cette émeute aura des incidences redoutables qui peuvent peser demain sur notre libre arbitre comme homme, comme personne habitée par des convictions spirituelles ou simplement philosophiques.
Or nous savons que la conscience ne se réduit pas à la matière ou à une matière mécanisée [nous le répétons encore et encore ], à une seule sensation d’existence mais elle est constituée d’une profondeur relationnelle, d’une dimension sensible, cognitive qui est essentiellement adossée à la culture, aux émotions intimes, aux aléas d’une vie traversée par les joies et les épreuves, mais notre conscience n’existe en soi que parce que nous avons le sentiment de l’amour, de nous savoir aimé, or inversement une personne non aimée est une personne isolée et désolée.
En conséquence cette dimension cognitive de la conscience, de la vie intérieure le libre arbitre de l’homme, nourrie par les savoirs est sans aucun doute en péril. Nous avançons dans ce texte l’hypothèse d’une convergence d’éléments interagissant entre eux, altérant la vie intérieure, atomisant la dimension de la conscience, cette capacité à penser la société, cette capacité à s’échapper à la spirale des addictions qui consomment l’âme. Ces menaces s’articulent autour du nivellement de la culture, du divertissement, de la crise, de l’idéologie, facteurs qui participent en s’intriquant à la déconstruction de l’être. Les avancées sociétales ont largement nourri cette thématique de la libre conscience, conscience qui dans sa dimension ontologique est depuis violemment malmenée dans les dimensions anthropologiques fondatrices de notre humanité, c’est ainsi que l’altérité sexuée est assez largement bousculée, remise en cause avec des conséquences qui seront bioéthiques comme changer la programmation de l’ADN humain, inventer l’utérus artificiel, hybrider l’homme et la machine. Or un tel processus engagé sera d’autant plus facile que la conscience sera malléable, qu’une nouvelle culture s’installera pour remplacer l’ancienne, que le divertissement sera l’occupation des âmes asservies, que l’on limogera l’économie du réel au profit d’une économie dématérialisée et servicielle, que l’on diffusera à l’école la pensée post humaniste familiarisant les enfants avec l’appétence des objets transhumanistes