La conscience spirituelle et le cœur : enjeu de ce siècle

« j’aimerais vous évoquer que cette voix intérieure que nous appelons conscience est plus savante que Pascal, plus éloquente que Winston Churchill, plus perspicace que Saint Augustin, plus réformatrice que Calvin et elle s’adresse à plus de monde et avec plus de puissance que n’importe quel homme. Son auditoire se limite au nombre de gens qui habitent sur cette terre. Elle n’est jamais lasse d’interpeller, elle éprouve constamment le besoin d’importuner, elle se fait entendre de façon permanente. Si nous agissons avec égard, elle peut devenir notre meilleure amie. Si nous la traitons sans égard, elle peut être alors notre pire ennemie et cela pour notre plus grand malheur. Cette voix, c’est la Conscience ».

Auteur Eric LEMAITRE

 

Extrait de mon prochain livre : Transhumanisme : Le réveil de la conscience ?

 

Ni une religion faite de rites, ni une institution, ni enfermé entre des murs ou les bastions des chapelles, de toutes sortes, le christianisme est d’abord l’incarnation d’une vie en nous, la manifestation d’une vie dont le reflet est Christ en nous-même Nous ne le nierons pas, le christianisme a pourtant une histoire, une filiation spirituelle, mais le christianisme est avant tout un corps vivant, un corps agrégeant des consciences toutes reliées par la dimension de celui qui vit en nous, de celui qui est ressuscité Dans cette vision d’une vie incarnée Les écrits des apôtres comme ceux appelés Pères de l’église évoquent tous la nécessité d’être régénéré dans la conscience de ce « roseau pensant », de cet homme fini et fragile, cette conscience qui forme comme une lampe à nos pieds. La conscience dans la Bible est un « souffle qui pénètre jusqu’au fond des entrailles », une lampe qui est mise dans le cœur de l’homme La conscience n’est pas seulement une sensation d’existence, mais c’est avant le discernement en soi, la faculté d’entrevoir que notre vie dépasse la condition d’un homme enfermé dans la chair et livré à tous ses instincts, au relativisme du bien et du mal et au déterminisme de l’existence. Saint Paul dans une lettre écrite à son disciple Timothée, parle d’une bonne conscience et d’un cœur pur, l’apôtre signifie ici l’attente d’une conscience détachée des influences exercées par un monde qui nous éloigne de l’adoration d’un Dieu créateur des cieux et de la terre. Or le nouveau monde qui se prépare façonné par l’idéologie transhumaniste est le contre-pied de l’idéal chrétien, quand le monde transhumaniste, parle de progrès, d’homme augmenté, de projet prométhéen, le christianisme nous évoque celle de la transformation des cœurs, celle d’une transformation radicale et personnelle et non d’un projet collectif. La foi embrasse, le cœur, l’interpelle à un changement intérieur et non à une forme de mutation de soi et non plus à une forme d’adhésion à un projet collectif, il s’agit avant tout et pour soi, d’une transformation qui touche à la dimension de l’âme qui ne se laisse plus et définitivement assujettir par l’appétit ou l’appétence d’une vie focalisée sur la satisfaction des besoins de la chair et aujourd’hui d’une chair qui aspire à être augmentée. L’évangile annoncé par Jésus-Christ est d’abord une exhortation adressée non pas à quelques hommes, quelques mystiques, mais c’est un message adressé à toute l’humanité, c’est une convocation de la conscience, la conscience appelée à surmonter ce qui en lui-même appartient à l’homme déchu, pour passer à son être restauré, reconstruit en Christ, l’homme nouveau, l’homme régénéré. Vous noterez au passage ce contre-pied qui s’érige contre la philosophie des lumières qui utilise la même expression « Viel homme et homme régénéré », qui moque la foi Chrétienne, dénonçant son archaïsme et l’illusion de l’intemporel.  Dans la dimension de la foi Chrétienne, chacun d’entre nous est appelé à se rendre disponible et présent au Royaume de Dieu, capable de recevoir la libération de sa conscience et d’accueillir dans la conscience d’un homme libre, le salut qui ne viendra pas d’un hypothétique âge d’or terrestre, d’une forme de communisme numérique ou d’un millénaire promis par le nouveau Prométhée issu du monde des algorithmes et qui nous refait le coup de réinventer le monde de Babel, d’une Babel horizontale et non verticale, une Babel sans Dieu et non plus comme pour défier Dieu, car l’homme a choisi de l’ignorer et de considérer son inexistence comme un fait, le monde n’existant que par lui-même, une mécanique absurde qui s’est auto-créée. A l’inverse de ce monde prométhéen, de ce messie numérique, la conscience du royaume de Dieu, c’est avant tout une relation incarnée, c’est l’assurance de recevoir une pleine libération spirituelle dans sa chair, dans l’entièreté de ce corps, âme et esprit. A l’heure des injonctions de la machine, de ces nouveaux navigateurs de la conscience, je trouve dans ce questionnement de Saint Paul, une dimension pleine de lumière, de sagesse « [1]Pourquoi, en effet, ma liberté serait-elle jugée par une conscience étrangère ? », oui pourquoi nous laisser domestiquer, coloniser par les objets et ces artefacts qui simulent l’esprit de l’homme ?

Dans ces contextes de possession de notre âme, de déconstruction de l’âme, l’homme prométhéen ou transhumaniste est un réalité un homme déchu qui ne s’en remet qu’à son seul salut, espérant que la technoscience le libérera de la servitude d’un corps qui l’enferme dans la mort. Le christianisme à l’opposé, sollicite la conscience, le cœur de l’homme pour revenir de tout son cœur au sens de la vie qui se fonde dans une espérance inébranlable. Jésus évoque dans l’évangile de Saint Mathieu[2] la conscience de l’homme comme d’un œil qui est en quelque sorte la lampe du corps et si cet œil est en bon état, l’être sera éclairé, mais si inversement cette conscience est en mauvais état, tout notre être sera dans les ténèbres. La conscience est à l’heure où la nuit avance, le véritable enjeu spirituel de notre siècle et il me semble qu’il serait contreproductif de proposer un modèle sociétal si le cœur de l’homme n’est pas en soi transformé par la lumière de Christ. Il serait vain d’avoir un quelconque engagement sur un modèle, si nous ne réformons pas notre propre vie, en renaissant finalement d’en haut. Pour illustrer mon propos, Je me suis ici inspiré du propos[3] lumineux du Pasteur Fernand Legrand qui éclaire la conclusion de ce livre, dont je reprends ici sommairement l’idée : « j’aimerais vous évoquer que cette voix intérieure que nous appelons conscience est plus savante que Pascal, plus éloquente que Winston Churchill, plus perspicace que Saint Augustin, plus réformatrice que Calvin et elle s’adresse à plus de monde et avec plus de puissance que n’importe quel homme. Son auditoire se limite au nombre de gens qui habitent sur cette terre. Elle n’est jamais lasse d’interpeller, elle éprouve constamment le besoin d’importuner, elle se fait entendre de façon permanente. Si nous agissons avec égard, elle peut devenir notre meilleure amie. Si nous la traitons sans égard, elle peut être alors notre pire ennemie et cela pour notre plus grand malheur. Cette voix, c’est la Conscience ». Cette voix la conscience a ainsi éclairé les consciences de John Newton, pasteur Anglican mais qui jadis fut impliqué dans le trafic d’esclaves et qui plus tard fut un partisan de l’abolition de l’esclavage, John Newton fut littéralement saisi par la dimension de la grâce et tous nous connaissons ce cantique merveilleux dont il est l’auteur « Amazing Grace » « Grace merveilleuse, quel son si doux. Qui a sauvé un malheureux tel que moi. J’étais perdu, mais je suis maintenant trouvé. J’étais aveugle, mais maintenant je vois », la lumière intérieure, ce souffle qui pénètre jusqu’au fond des entrailles a touché finalement le cœur de John Newton. Je pense aussi à d’autres figures comme l’abbé Pierre, Jean Vanier, Sœur Emmanuelle, Martin Luther King, Mère Teresa. Cette conscience qui nous dit que si nous savons faire le bien et que nous ne le faisons pas, nous commettons un péché[4]. Ces hommes et ces femmes qui se sont employées à reconnaitre leur propre fragilité et la fragilité de leurs semblables pour s’employer à transformer leur cœur pour offrir une oasis de vie comme à Beer Shéba, un véritable éden à ces personnes exclues, abandonnées, fragilisée par les aléas parfois la brutalité de l’existence. A l’heure où les idéologies du progrès imposent au monde leurs systèmes de valeur et leurs valeurs morales, à l’heure où l’on désire ne plus entendre ces lois qui ont formé ce que nous appelons les interdits, touchant l’anthropologie humaine, la technoscience s’impose comme le nouveau messie chargé de construire la nouvelle éthique du bien faire et non l’éthique de faire du bien, plus que jamais la conscience et le cœur deviennent l’enjeu de ce siècle pour interpeller et être la voix qui crie dans ce nouveau désert, le vide finalement de cette conscience qui a besoin de ressourcer et de trouver l’eau qui jaillit comme une fontaine de vie dans les cœurs assoiffés, puisse ce livre trouver un écho auprès de vous lecteur.

[1] 1 Corinthiens 10 : 29

[2] Mt 6 :22 L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé ; et Mt 6 :23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !

[3] Citation inspirée par le pasteur Fernand Legrand et extraite de son blog : https://www.info-bible.org/legrand/3.5.htm

[4] Jacques 4.17 Si donc quelqu’un sait faire ce qui est bien et ne le fait pas, il commet un péché.

Auteur : Eric Lemaître

Passionné par les questions économiques, sociales ... engagé dans la vie de sa cité et marqué par le désir d'incarner sa foi chrétienne... Egalement Essayiste et Blogueur https://deconstructionhomme.com/category/actualites/

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