Serons-nous demain « biopucés » ?


Auteur

Eric LEMAITRE

Il y a quelques années de cela, je publiais sur un réseau social un texte portant sur l’émergence possible d’un identifiant cutané susceptible demain d’opérer une forme de contrôle des populations. Ce texte avait alors surpris un de mes amis, persuadé que je me laissais conquérir, voir même vampirisé par un quelconque site complotiste.

Mais il n’en était rien, j’avais eu tout simplement une conversation avec ma nièce qui revenait de la « Singularity University », université fondée par le directeur de Google AI et futuriste Ray Kurzweil.

Nous échangions des réflexions sur les progrès accomplis dans les domaines des techno-sciences et susceptibles d’opérer de véritables changements de paradigmes concernant la vie sociale notamment sur les possibilités de « traquage » de possesseurs de smartphone, de géolocalisations des usagers de cette prothèse numérique à laquelle nous sommes devenus tous addicts, j’oserai ici écrire attachés au sens fort, même du terme. Addict, le terme utilisé me semble si approprié au vu de ces visages que nous croisons quotidiennement, composant une foule innombrable rivée sur l’écran, attendant le bus, le tram ou le métro. Visages passifs, ignorant le voisin d’à côté mais d’ores et déjà domestiqués, asservis par la technologie, technologie qui les possède en soi.

Interpellé par ces échanges avec ma nièce, je songeais bien entendu à ces innombrables articles sur ces puces, véritables technologies d’identification susceptibles d’être implémentées et intégrées à même la peau animale ou à celle d’un être humain. Ces radio marqueurs sous-cutanées qui ont été également conçues pour la traçabilité des animaux, peuvent également être utilisées sur des êtres humains.

Notre Chat Noé fait de la résistance

Il y a quelque temps de cela, notre famille a recueilli un chat errant, nous nous sommes employés de retrouver son propriétaire et après avoir informé notre proche environnement, nous nous sommes mis en quête d’aller trouver un vétérinaire pour identifier les propriétaires de ce chat abandonné. Après avoir ausculté le chat, le vétérinaire, vérifia s’il n’était pas « pucé » afin d’éventuellement le scanner pour retrouver son origine et connaître son propriétaire !

Lors de la consultation et en échangeant avec le vétérinaire j’apprenais que le tatouage électronique de ce chat était obligatoire avant la réalisation de tout transfert de propriété. Mais l’idée de tatouer électroniquement Noé notre chat, me rendait circonspect puis m’horrifiait même si j’en comprenais les motifs. Ma réticence tenait en réalité aux raisons rationnelles qui pourraient être promues pour tracer l’ensemble du genre humain. De fait ce chat, nous l’avons adopté, mais nous l’avons épargné d’être tracé, bien qu’il soit chat d’appartement mais le féliné de compagnie est également partagé par l’envie de fréquenter le jardin de l’un de nos voisins et d’y rencontrer ses autres coreligionnaires, à ce stade précisons que Noé est eunuque.

Holmes mène son enquête

auprès de l’Union Européenne

Pourtant au-delà de cette amusante « anecdote domestique », subrepticement l’idée d’une puce électronique semble faire son chemin en Europe et n’avait besoin d’aucun site complotiste pour en faire sa promotion. De nombreuses entreprises l’ont en effet adopté, certaines entreprises ont même proposé à leurs salariés d’implanter volontairement une puce RFID dans la paume de leur main, les reportages se sont multipliés dans les médias accompagnés d’une vraie réflexion sur les conséquences éthiques que revêtirait le développement des recherches comme de la promotion sociale d’une technologie intrusive susceptible de tracer, de traquer, de fliquer demain les individus.

Or nous constatons que l’idée même de tracer les populations fait largement son chemin y compris en Europe en proie aux flux migratoires. L’Europe qui pourrait bien demain articuler de nouveaux mécanismes de régulation, de contrôle et de surveillance des migrants à l’aune de contextes terroristes et de flux migratoires qui semblent l’inquiéter.

A ce propos l’Europe via la politique de la Commission Européenne (CE) vise également de faire accepter l’usage des technologies y compris les RFID[1] basées sur des puces implantables sous la peau. En effet, depuis une quinzaine d’années déjà, des recherches et des projets se développent et vont dans ce sens. La CE a financé des études prospectives sur les technologies RFID très vite après l’apparition des premières puces à la fin des années « 1990 », dont la plus connue est VeriChip.

Sans doute certains lecteurs réagiront avec une certaine défiance ou scepticisme et s’étonneront qu’une telle affirmation soit ici énoncée. Nous les renvoyons donc à l’étude prospective financée par la commission Européenne[2] que nous insérons à notre blog (RFID Technologies : Emerging Issues, Challenges and Policy Options). Le portail de l’industrie archivé en 2012[3] soulignait déjà en 2012 la création d’un environnement politique encouragé par l’Union Européenne, favorable à l’usage des technologies RFID. Or si dans les déclarations et les recommandations de l’Union Européenne, celle-ci préconise voire même somme les fabricants de puces RFID, d’évaluer l’impact sur la vie privée, nous sommes persuadés qu’à terme, l’éthique Européenne risque bel et bien de céder aux nouvelles évolutions sociétales touchant à la marchandisation de la vie et demain à des impératifs touchant à la sécurité des citoyens européens.

Mettre la Puce à l’Oreille

Dans d’autres contextes corroborant l’intuition d’une avancée incontestable des moyens de suivi de nos usages ou de « tracking » de nos comportements, le traçage électronique, au moyen des empreintes biométriques ou internet, s’est aujourd’hui largement et profusément diffusé et ne manque pas de surcroît de susciter quelque crainte du point de vue de l’aliénation possible de nos libertés individuelles.

Ce traçage pourtant est de plus en plus familier, n’évoque-t-on pas dans de nombreux pays, la mise en place de carte d’identité biométrique ce qui suppose le recueil des empreintes digitales, à cela d’ajouter le contrôle des déplacements de passagers lors de leur embarquement afin d’anticiper les risques de piratage aérien ou de terrorisme.

Plusieurs d’entre nous, lecteurs de ce texte ont sans doute entendu l’évocation de la biométrie concernant l’accès à une cantine scolaire, aujourd’hui très largement répandue, or ce qui est devenu affolant c’est qu’aucune famille ne semble réagir face à la diffusion de ce procédé. Le sénateur socialiste Gaëtan Force[4] s’en est même ému en écrivant sur son blog cette réflexion profondément pertinente « Cette dérive est lourde de menaces dans la mesure où elle conduit à admettre qu’un élément tiré du corps humain (les empreintes digitales, l’iris de l’œil, etc.) puisse servir d’instrument de contrôle. Cette banalisation du recours à la biométrie induira aussi l’acceptation de nouveaux comportements jusqu’alors exigés par les seuls services de police. C’est à une domestication de l’individu par la technologie que nous sommes malheureusement en train d’assister« .

Les procédés qui permettent aujourd’hui ou permettront demain de reconnaître facialement, d’identifier toute personne physique, sont de plus en plus sophistiqués et développés. En effet les empreintes digitales ou génétiques, reconnaissance de l’iris, les radars équipés d’algorithmes flashant également toutes les connexions sur les ordinateurs. Ces radars numériques et ceux à venir, seront autant de moyens pour reconnaître et « filer ou tracer » à l’empreinte même tous les individus « connectés » et agissant dans leur vie quotidienne, évoluant sur les réseaux sociaux ou addicts de contacts avec leur smartphone, faisant usage de tablettes ou de tout autre clavier numérisant un indice de leur passage.

Nul besoin comme le suggèrent Jacques Testart et Agnès Rousseaux[5] d’être technophobe pour s’inquiéter de la prolifération des modalités de traçage des individus et des risques afférents induits par ce nouvel environnement appelant à la définition de nouvelles normes sociales auxquels tous les individus seront appelés à se conformer ou bien inversement contrôlés et nous l’ajoutons par ces institutions ou administrations d’État qui auront mandat de le faire pour des raisons sanitaires ou bien en s’appuyant sur un prétendu contrôle sécuritaire pour surveiller les populations y compris les opinions émises.

La puce fait son chemin

La possibilité d’être biopucé (émergence d’un corps connecté) fait ainsi inextricablement son chemin et les campagnes médiatiques orchestrées finement et intelligemment, obligeront finalement toutes les populations à se conformer, s’appuyant nécessairement sur toutes les campagnes médiatiques qui seront relayées puis promues par vos assureurs, vos banques, les enseignes de la grande distribution. Enfin tous les acteurs dans toutes les sphères de la vie sociale, marchande et politique, trouveront leur compte pour vous faire avaler avec force et séduction, la fameuse pilule, la biopuce, cette nouvelle forme d’IP indexée à votre patrimoine génétique, un identifiant personnalisé dont vous percevrez évidemment toutes les utilités sociales et les avantages « marketés ».

Les slogans ou devrais-je plutôt écrire la propagande tambourinera puis martèlera le fait que vous n’ayez plus besoin en effet de vous embarrasser de votre carte d’identité, de carte bancaire, de carte de fidélité, de carte vitale, « Et si … [Réflexion d’un journaliste du Point] … la puce était le meilleur allié de la lutte contre le déficit de l’Assurance-maladie ? ».

Dans ce contexte de généralisation de la Biopuce, les récalcitrants et réfractaires seront les laissés pour compte, ils seront marginalisés puis désocialisés et ne pourront plus profiter des offres alléchantes, bénéficier des primes offertes par leurs assureurs, assureurs qui se donneront, a contrario le droit de surveiller de près votre santé, des banques qui seront vigilantes sur vos dépenses, l’état qui aura un œil attentif sur toutes vos activités sociales et déplacements et évalueront même comme en Chine les citoyens conformes s’appliquant à vivre les normes sociétales imposées par le LA de la pensée totalisante.

La Puce continuera d’évoluer

Des tatouages ou des patchs d’un nouveau genre pourraient à nouveau révolutionner notre vie sociale : le tatouage électronique, une forme de patch[8] qui, placé sur la peau, donnera à distance, toutes sortes d’informations sur nos paramètres vitaux et sans doute au-delà des informations touchant notre identité. Une technologie impressionnante alliant électronique épidermique, miniaturisation et robotique développée par l’Université de l’Illinois à Chicago.

La puce RFID telle que nous la connaissons appartiendra sans doute et demain aux objets de la préhistoire, et c’est sans doute une erreur grossière de s’être à tort focalisée sur la forme même de l’objet. Il est évident que pour être acceptée par la population, la forme même de l’empreinte, le marquage devra nécessairement évoluer dans un format discret, un marquage qui lèvera de fait les peurs, « indolore », feutré, presque invisible, la nanotechnologie autorisera certainement ce type d’évolution. Des évolutions patentes en regard même des dernières recherches technoscientifiques mettent au point une forme de tatouage électronique conçu à partir de silicone flexible et d’électrodes ultra-fines grâce auquel le « bénéficiaire-usager » pourra faire l’emploi de son smartphone ou son ordinateur.

D’autres formes de tatouages électroniques sont ainsi apparues ces dernières années et transforment ainsi la peau en une interface tactile comme ces tatouages conçus à partir d’une encre électronique qui vient se fixer à même la peau[9].  Ces tatouages connectés prennent de facto des formes ludiques et moins inquiétantes que les puces insérées à même la peau, ce marquage sera de facto aussi facile à appliquer qu’un tatouage que s’auto administre un enfant. Il devient de fait évident que le marquage ne devra pas avoir une forme qui impressionnerait ses sujets pour que ses derniers se refusent à une forme de marquage collectif, marquage collectif relayé par les meilleures intentions et les promesses d’un monde meilleur.  Il est notamment intéressant dans ces contextes de noter l’usage et l’emploi du mot grec dans le livre de l’apocalypse (13.16 ; 13.17 ; 14.9 ; 20.4)  pour désigner la marque, en grec le terme utilisé pour Marque est le mot Charagma  [khar’-ag-mah] ce qui signifie entre autre une marque imprimée, un timbre mais aussi dans un second sens gravé, rayure, éraflure ou gravure, la marque sera surtout un signe et surtout une forme de « griffe » identifiant ceux qui seront socialement autorisés à acheter ou à vendre en raison de leur appartenance à un système dont ils ont accepté les règles et les principes despotiques. Le QR Code, pour Quick Response Code en prend le chemin, qui était à l’origine un outil de traçage logistique créé par Masahiro Hara, ingénieur de l’entreprise japonaise Denso-Wave, en 1994 pour suivre le chemin des pièces. Ses usages et applicatifs à d’autres domaines de la vie sociale et consumériste se sont aujourd’hui  largement imposés, Il y a autour de ce produit un véritable engouement et on aura pas fini de le flasher. La puce RFID fera son temps, mais voici maintenant le QR Code, personne en soi ne s’en était vraiment méfié, comme quoi, serait-il possible que ce soit ce produit qui soit gravé sur notre peau de façon invisible ou presque !  

La fenêtre d’Overton, une ouverture pour la Puce

Sur l’agora d’une place publique où les veilleurs ont pris l’habitude de se rencontrer, Edmond entame la lecture d’un texte de Luis Segura brillant universitaire espagnol, à propos d’une théorie politique nommée la fenêtre d’Overton. Une théorie développée par Joseph P. Overton diplômé en génie électrique de la Michigan Technological University.

Joseph P.Overton était également un essayiste du courant libéral membre particulièrement investi dans divers think tanks libéraux comme l’Institute for Justice et le centre Makinac. La théorie développée par Overton a été conçue comme un outil pédagogique postulant que toute idée politique comprend « une gamme de mesures » considérées comme politiquement plus ou moins acceptables dans le climat qui caractérise l’opinion publique à un instant T.

La fenêtre d’Overton illustre également ce que l’on appelle la fenêtre d’un discours, un mécanisme « par paliers », une série étagée d’idées,  que le public sera à même d’accepter au fil de l’eau et des contextes sociétaux susceptibles de s’ajuster ou d’évoluer. Selon la théorie développée par l’essayiste politique, la « fenêtre » comprend une gamme d’idées en cinq étapes, considérées comme politiquement irrecevables, puis radicales, irrémédiablement raisonnables enfin convenables et finalement populaire. La fenêtre d’Overton est ainsi une évolution non figée mais ajustée de l’opinion publique existante. Ainsi au regard de l’opinion évolutive, un politicien peut donc proposer une idée sans être considéré comme trop extrême, pour gagner demain la faveur des suffrages alors que préalablement cette idée était tout à fait révoltante. L’idée de l’Euthanasie était ainsi rejetée par toutes les opinions publiques après la seconde guerre mondiale, or dans les faits aujourd’hui il n’en est rien, sans être populaire, l’idée d’euthanasier n’est plus une idée radicale, mais relativement acceptée par l’opinion publique notamment dans le cas des grandes souffrances, mais le passage d’une idée raisonnable au politique dans le cas de l’euthanasie n’est pas encore d’actualité, mais cela ne saurait tarder selon la théorie d’Overton. Nous pourrions également citer l’eugénisme, idée inacceptable mais bel et bien légalisée quand il s’agit d’avorter les êtres humains atteints de trisomie 21.

Il existe de fait socialement et dans les contextes de fabrication d’une opinion, une forme de graduation d’une idée, à l’origine insoutenable, dans un temps donné selon les contextes du moment, pouvant ensuite évoluer pour devenir plus ou moins politiquement acceptable au regard de l’opinion forcément changeante.

Dans les contextes quasi Orwellien qui touchant aux mutations de notre époque, la fenêtre d’Overton me fait également songer à une stratégie des petits pas ou à la fable de la grenouille qui s’accoutumant à l’eau douce, n’a su prendre conscience et à temps que cette dernière était tout simplement entrain de bouillir.

Pour revenir à notre « puce », l’approbation d’un contrôle aujourd’hui massif, de la population est une idée en soi, parfaitement inacceptable, inadmissible. La pratique qui consisterait à surveiller les citoyens via une technologie sophistiquée, est une idée a priori qui révulserait la plupart des citoyens occidentaux bien que cette pratique de surveillance soit déjà diffusée et répandue dans les pays totalitaires comme la chine. Or cette fenêtre, c’est à dire l’idée même de surveiller les citoyens européens reste encore une fenêtre étroite, pour ne pas dire verrouillée en l’état par nos Institutions étant donné que la société considère cette action de surveillance comme contraire à l’éthique, à nos normes sociales actuelles, à la morale publique.

La fenêtre semble donc verrouillée, mais elle n’est qu’apparemment fermée, car à ce jour cette fenêtre est en réalité entrebâillée et l’idée de surveillance généralisée de la population a trouvé l’aubaine de s’engouffrer subtilement, dans les habitudes sociales, du fait même de cette domestication à grande échelle qu’exerce les technologies en cours; œuvrant à la fois dans le monde numérique et l’intelligence artificielle.  Nous nous sommes ainsi familiarisés à des objets qui ont pris en réalité un relatif contrôle sur nos vies à commencer par la géolocalisation de nos usages et pratiques en termes de vie sociale.

Cette fenêtre d’Overton, concernant l’idée d’une main mise de nos données personnelles est apparemment fermée, mais subrepticement et par capillarité, l’idée de disposer de nos données est devenue acceptable, la banque ne vous effeuille-t-elle pas ainsi sur vos pratiques concernant vos usages en matière de dépenses, vos données de santé ne sont-elles pas aujourd’hui numérisées, ne laissez-vous pas des empreintes et des traces concernant vos achats chez les distributeurs du NET.

Or dans cette dernière étape, le mécanisme législatif de légalisation du phénomène est en cours de préparation. Il est évident que les lobbies exerceront une forme de pression morale pour mieux vous identifier et cela l’est déjà pour bon nombre d’entre vous, alors vous patcher il n’y aura demain qu’un pas, dans cette stratégie des petits pas.

Ainsi, une idée qui, en principe, était hier invraisemblable et inimaginable dans tous ses aspects est devenue socialement acceptable dans la conscience collective ! A partir d’un simple postulat qui se résume à activer dans un contexte orwellien, une « fenêtre d’Overton » il est devenu ainsi possible de modifier la perception publique d’une idée révulsive au départ et finir par conquérir et séduire le public, tant et si bien que ce dernier ne soit plus en mesure de réagir. Un exemple ici : nous l’illustrons avec la biométrie dans nos cantines parfaitement acceptée par les parents et demain d’une griffe « une marque » imposée ou naturellement acceptée par tous… la fenêtre d’Overton est un outil de compréhension, nous permettant de mieux appréhender les mécanismes de manipulation publique, mécanisme peu connu et qui méritait cette réflexion que nous vous partageons.

La puce se métamorphosera-t-elle demain en hydre ?

De fait dans ces contextes d’évolution sociale et d’évolution inquiétante de la technoscience la puce (autrement dit la Marque) pourrait bien être également l’instrument de contrôle d’un nouveau totalitarisme ? » comme l’écrivait en 2015 le Journaliste du Point Guillaume Grallet[2] se moquant pourtant d’un verset biblique écrit par Saint Jean, d’une grande portée prophétique et qui n’est pas loin de faire sens dans un monde technophile et prêt à se laisser asservir par les idéologies transhumanistes. A l’instar de Jacques Testart « Ainsi les promesses de bien vivre grâce aux progrès de la technoscience ne sont que des illusions mortifères »[11]. Illusions mortifères illustrées par ces versets bibliques prémonitoires.

L’apocalypse de Saint Jean Chapitre 13 versets 13-17 :  Elle opérait aussi de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes, et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, persuadant les habitants de la terre de dresser une image à la bête qui porte la blessure de l’épée et qui a repris vie. Et il lui fut donné d’animer l’image de ta bête, de façon à la faire parler et à faire tuer tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête. Elle fit qu’à tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, on mit une marque sur la main droite ou sur le front, et que nul ne pût acheter ou vendre, s’il n’avait pas la marque du nom de la bête ou le nombre de son nom.

Mais alors que faire, nous laisser domestiquer ou bien résister ?  Le premier acte chers amis est d’éveiller notre propre conscience, le second est socialement de s’organiser pour renouer avec son prochain en quittant son écran pour favoriser les relations incarnées et solidaires et surtout abandonner cette lecture immanente du monde pour revenir à l’essentialisme biblique.

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Lire le rapport Commission Européenne concernant les technologies RFID  :

RFID_Technologies_EC_2007

[1] Explications sur le RFID voir le site https://www.droit-technologie.org/actualites/societe-implante-puces-rfid-peau-de-employes/Le RFID désigne un couple balise/lecteur échangeant des informations en utilisant la radiofréquence. La balise contient une information et est équipée d’une mini-antenne ; le lecteur détecte le signal de la balise et lit l’information qu’il peut ensuite transmettre à un système de traitement de l’information. Les premières applications ont consisté à remplacer le code-barre bien connu par une puce qui remplit le même rôle mais permet une automatisation plus efficace.

[2] European Commission Joint Research Centre Institute for Prospective Technological Studies. Rapport 2007 Institute for Prospective Technological Studies

[3] http://www.industrie.gouv.fr/tic/rfid/union-europeenne.html

[4] http://gorce.typepad.fr/blog/2016/07/communique-de-presse.html

[5] Jacques Testart et Agnès Rousseaux : Au péril de l’humain, éditions Seuil page 157.

[6] http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/une-semaine-avec-une-puce-sous-la-peau-27-06-2015-1940461_47.php

[7] Péril de l’Humain de Jacques Testart et Agnès Rousseaux citation extraite de l’essai page 216. Editions Seuil

[8] https://www.lesechos.fr/15/02/2013/lesechos.fr/0202570803143_un-tatouage-electronique-pour-surveiller-le-corps.htm

[9] https://www.stayawake.fr/Actualites/high-tech/tatouage-connecte-le-debut-de-la-biotechnologie/

[10] https://www.courrierinternational.com/article/surveillance-le-reseau-celeste-version-chinoise-de-big-brother

[11] http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/une-semaine-avec-une-puce-sous-la-peau-27-06-2015-1940461_47.php

[11] Péril de l’Humain de Jacques Testart et Agnès Rousseaux citation extraite de l’essai page 216. Editions Seuil

Surveillance : le réseau français « intelligent » d’identification par caméras arrive

La reconnaissance faciale « intelligente » est annoncée comme une nécessité pour le ministère de l’Intérieur. Le modèle chinois de contrôle et surveillance de la population par des caméras et des algorithmes d’identification des personnes semble inspirer le gouvernement et l’administration française qui lance des expérimentations et des partenariats. Explications.

 

INFO

Surveillance : le réseau français « intelligent » d’identification par caméras arrive

Copie d’écran d’une vidéo promotionnelle pour le logiciel de détection et identification de visages » Morpho argus », vendu à la police néerlandaise. Un autre logiciel de « détection de suspects », « Morpho Video Investigator » a été lui vendu en 2016 à la police nationale française par l’entreprise française leader en biométrie : Safran. Le principe d’intelligence artificielle d’analyses des visages à capacités prédictives est au cœur de ce type de logiciels.

La reconnaissance faciale « intelligente » est annoncée comme une nécessité pour le ministère de l’Intérieur. Le modèle chinois de contrôle et surveillance de la population par des caméras et des algorithmes d’identification des personnes semble inspirer le gouvernement et l’administration française qui lance des expérimentations et des partenariats. Explications.

Lire la suite de l’article….

https://information.tv5monde.com/info/surveillance-le-reseau-francais-intelligent-d-identification-par-cameras-arrive-242520

 

Smart phone et Smart City le couple infernal  

Le terme de Smart City est étrange, à première vue, nous aurions pu penser qu’il s’agissait tout simplement d’un nouveau concept d’automobile, d’une nouvelle technologie embarquée dans un véhicule. En fait nous n’en sommes pas très loin, il s’agit bien en effet de technologies, de dispositifs, de capteurs numériques qui envahissent non pas les innovations dont font l’objet les véhicules contemporains, mais de procédés qui s’intègrent dans la conception des villes aujourd’hui, d’applicatifs qui s’intègrent à toute la vie urbaine. Technologies qui font partie de notre quotidien sans que nous l’ayons nécessairement réalisé !

Pour immédiatement comprendre ce terme de Smart City que nous habitions une petite ville ou une grande ville comme Zurich, Bruxelles ou Paris, chaque jour nous sommes amenés à emprunter les voies urbaines, or c’est toute une organisation quasi automatisée qui vient réguler les flux, les trafics, la circulation automobile. La ville devient donc intelligente pour assurer de façon harmonieuse la circulation automobile via notamment les feux tricolores. Or ce concept de ville intelligente va encore beaucoup plus loin et sera amené à réguler encore davantage notre vie sociale…

En effet le monde de l’intelligence artificielle et ses applicatifs numériques font leur entrée dans la ville, celle-ci est de plus en plus confrontée à l’urbanisation galopante, à des problèmes croissants de pollution, de criminalité, de cohésion sociale. La ville de demain va dès lors devoir repenser en profondeur et administrer les périls du futur en raison des enjeux environnementaux, des contraintes énergétiques, des problèmes de sécurité, de vie culturelle et d’écologie urbaine.  Nous évoquions précédemment les technologies qui caractérisent aujourd’hui les téléphones portables, la technologie embarquée dans ces  « smart phone » autorise de plus en plus la géolocalisation de nos déplacements, or dès demain ce sont les connexions citoyens et ville qui vont s’intriquer, s’accentuer, s’amplifier. C’est bel et bien toute une architecture quasi organique qui se dessine intriquant demain les usagers et le système numérisé de la ville, unifiant connectant, reliant toutes les composantes de la ville, associant habitants et habitat au risque de piétiner l’écologie, en prétendant artificiellement la défendre via ses artefacts promouvant de soit disant énergies durables.

Ainsi si d’ores et déjà nous pouvons organiser nos sorties selon le taux de pollution dans la ville, programmer nos sorties selon les manifestations organisées, ou rester calfeutré dans nos quatre murs face à un grave dysfonctionnement qui perturberait la vie sociale, inévitablement nous entrons dans cette ère du tout numérique vers une société de type big brother.

En effet cette belle machine urbaine, qui est de nature à résoudra tous les problèmes grâce à la diffusion de bornes publiques, d’applicatifs innovants assurant les services toujours plus performants, la vie harmonieuse au sein de la ville,  s’achemine cependant vers une ville sous contrôle, une ville sous l’emprise des capteurs numériques qui demain nous placeront tous sous surveillance, pilotés tels des automates pour réguler nos allées et venues, nos sorties, nos déplacements, accordant les autorisations nécessaires pour emprunter tel ou tel circuit dans la ville, pour y effectuer ou non nos achats. Or vous le savez ces connexions numériques ville et citoyens doivent être bien regardées demain comme une menace potentielle pour nos libertés si les curseurs jalonnant leurs usages n’ont pas été mis en place.

La mixité des données, des smart phone et smart city représentent bien et inévitablement un vrai risque en termes de liberté. Même si l’utilisation des données personnelles est devenue très réglementée, il sera de plus en plus difficile, au vu de l’explosion du volume de données et des applications dans le Cloud, de garantir l’intégrité des données personnelles dans ces entrepôts virtuels qui gèrent l’ensemble des data issues de notre vie sociale, de nos usages et pratiques liées aux réseaux sociaux et à toutes les empreintes bancaires, marchandes que nous laissons tels des petits poucets dans ce quotidien socialement contrôlé.

Pour aller plus loin, lire l’article qui a inspiré cette courte chronique…
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/la-ville-intelligente-est-devenue-une-sorte-de-mythe-salvateur-27-05-2018-2221700_56.php
Lire également cet  autre article
https://usbeketrica.com/article/les-smart-cities-au-service-de-l-usager