De quoi les hommes ont-ils aujourd’hui peur ? En fait pas depuis aujourd’hui mais depuis toujours. Les hommes appréhendent la mort, la maladie, les fléaux naturels, les crises sociales ou économique, les pandémies, ah si aujourd’hui ils ont peur du Coronavirus comme ils avaient peur hier du choléra ou de la peste.
Aujourd’hui, l’humanité craint surtout les dégâts irréversibles que leur activité consumériste et mondialiste fait subir à la planète. Cette même humanité appréhende autant les dérives de l’exploitation outrancière des ressources de notre sol, des impacts et conséquences sur le climat. L’humanité redoute également la prochaine crise financière à la suite de la mise en quarantaine de la chine et des effets potentiellement explosifs.
Face à ces crises qui devraient tous nous faire réfléchir, paradoxalement l’élite de la technoscience, une élite techniciste et insouciante à la limite puérile (pour reprendre l’expression de Jacques Testart) se donne des pouvoirs prodigieux auxquels les avancées de la science pourraient lui donner accès dans un avenir dont l’horizon temps est très proche de nous : manipulations génétiques, augmentations cognitives, mutation de l’espèce humaine.
C’est donc à cette rencontre avec l’homme mutant « l’homme de demain » que je vous convie dans mon dernier essai Transhumanisme : La conscience mécanisée…
Pourtant, jamais l’homme n’a été autant confronté à ce sentiment de fragilité et de finitude, jamais notre jeunesse n’a autant pris conscience de l’impérieuse nécessité de s’emparer des thèmes de l’écologie. Malgré cela une frange de notre humanité se refuse toujours à toute idée d’alarmisme, de défaitisme et continue de livrer inconsciemment un combat titanesque contre une fin inéluctable, se persuadant qu’elle est en mesure de réécrire notre avenir et de mettre fin à tous les fléaux qui la menacent.
En entrant dans la postmodernité, le transhumaniste qui je définis comme une forme de VRP, est le représentant symbolique de l’économie numérique, des GAFAM. Ces GAFAM qui entendent être la mesure de toutes choses. Ce VRP du nouveau monde se persuade qu’il est en capacité de dépasser la mort et finalement de s’auto transcender pour projeter notre humanité vers un nouvel âge d’or.
Le transhumanisme n’est ainsi en réalité que le résumé d’un vieux fantasme enfoui dans la mémoire inconsciente de notre humanité.
Le transhumanisme est effet une histoire construite depuis l’aube de l’humanité dès les récits sumériens (Gilgamesh) et les mythologies grecques (Calypso, Pygmalion) et qui continue de s’écrire au fil des progrès de la technoscience. Le transhumanisme est une obsession, envoûtée par l’idée de mettre fin à la mort et de récrire aujourd’hui « l’Alphabet » du vivant.
Le transhumanisme est finalement habité par un slogan, il faut vaincre la mort et il faut en finir avec le récit de la mort qui a jalonné toute la civilisation humaine.
Or pour solder cette civilisation ancienne, il faut finalement en finir avec les vieux oripeaux philosophiques ou religieux agitant les chiffons rouges. Ces chiffons rouges souvent agités afin d’empêcher l’homme de franchir une nouvelle fois, le fameux Rubicon du fruit interdit.
Le courant idéologique transhumaniste n’en reste pas moins en perpétuelle évolution, du fait des bouleversements techniques et de nouvelles perspectives offertes par les découvertes dans les domaines de la génétique et de la science informatique notamment quantique. Et paradoxalement ce courant progresse de façon vertigineuse avec la vacuité montante qui gagne ce siècle, avec le vide de la pensée qui devient la fabrique du mal.