Auteur
Eric LEMAITRE
Ce n’est pas dans le monde virtuel que nous instaurons la rencontre, mais c’est bien en allant dans les ruelles de nos quartiers, sur l’aréopage, les places, sur l’asphalte, à la rencontre du prochain, de la personne malade, de l’étranger, de la personne isolée que nous manifestons la présence auprès des autres, celui que nous appelons le prochain.
Les mots compassionnels que nous laissons sur les réseaux sociaux ne valent en réalité rien, ces épigraphes, ces pathos ou ces louanges artificielles nous dédouanent finalement de notre réalité à aller vers l’autre.
Cet autre, ce prochain qui attend de nous un geste, une parole qui l’englobe, qui l’embrasse dans toute la dimension de sa réalité. Le monde glacial et technologique de nos réseaux sociaux est en réalité un épais rideau, un mur subterfuge nous empêchant de rencontrer le prochain, car ce réseau virtuel et non social vient nous priver, s’il n’y a pas hélas de suites, de rencontres vécus nous reliant à la table de l’autre. Nous sommes foncièrement des êtres relationnels, nous défendons au fil de nos articles, cette anthropologie de l’échange incarné, nous soutenons l’homme grégaire et valorisons cette nature relationnelle qui est l’essence même d’une identité reçue. Cette nature est aujourd’hui malmenée, marquée par une anthropologie recentrée sur l’individu.
Nous sommes ainsi passés de l’anthropologie relationnelle, à celle d’un être plus isolé que jamais noyé dans les subterfuges de la technologie, les artifices des objets numériques nous connectant au monde et nous dissociant des autres. Cette anthropologie de l’individu est en passe de fabriquer une contre-culture héritée de l’échange vécu ou parfois conflictuel, cette anthropologie de l’individu est celle de l’être atomisé et isolé qui est transformé en avatar, un avatar qui a l’illusion de vivre alors qu’il est enfermé dans un écran.
La vie sociale est en réalité, celle qui est incarnée, car essentielle, elle définit en effet ce que nous sommes par rapport aux autres, la technique virtuelle (le réseau social) dans sa dimension fantasmatique est en revanche ce qui exprime le désir d’une relation sociale refoulée qui n’est en réalité que l’expression d’un égocentrisme se souciant des autres sans pour autant les aimer. Alors ami lecteur va faire de ce pas un brin de causette avec ton voisin, et invite le à boire une tasse de café ou une bonne bière fraîche. Redonnons du sens à la vie relationnelle vraie et partagée.