Le Golem caractérise le fantasme d’engendrer sa créature à son image qui résulte tout simplement du délitement d’une conscience humaine détournée de l’autre et du prochain, ce que nous appelons une dérive de la « socialisation » des êtres humains qui ne se construisent plus dans un rapport à l’autre.. L’achèvement de cette absence de lien dans un « système technicien », c’est au fil de l’eau une extinction de cette relation de face à face, de rencontres incarnées qui aboutit de facto à la création d’univers virtuels ou la compassion s’exprime seulement sur des claviers privés d’un vrai geste (aller au devant de l’autre). Dans ce système technicien l’autre folie est en effet de dériver vers la création d’un autre soi désincarné, l’animation d’une image faite à l’image de l’homme déchu qui rêve d’être lui même « homo Deus » …
Avec la résurgence des mythes qui ont jalonné l’histoire de notre humanité, nous touchons à la dimension de l’homme qui aspire à parfaire sa quête de mettre fin à sa finitude, en transcendant ses limites, en gommant l’imperfection ou en la corrigeant. Ce post humanisme qui rêve l’homme aux pouvoirs décuplés s’accomplit dans le fantasme d’un créature qui sera faite à son image, une créature auto divinisée, une forme de Golem. Le Golem figure très ancienne, n’a en réalité pas d’âge si j’osais l’écrire, c’est en réalité une autre figure du transhumanisme. L’homme « Deus » tel un un démiurge fabriquant une forme dématérialisée de sa propre image….
Je reprends ici le passage d’une thèse de doctorat qui aborde le mythe de cette entité, une forme de simulacre d’un être divinisé. Le texte de l’auteur est fascinant. En effet l’auteur de cette thèse décrit le golem comme « le serviteur idéal de son créateur… Le serviteur idéal de son créateur humain, voilà la forme que prend actuellement l’Intelligence Artificielle , une forme de serviteur demi dieu ou dieu pro créé qui est idéalisé par l’homme enfantant un être susceptible de lui échapper dont on se flatte de l’autonomie possible, de ses facultés d’apprentissage.
Le mythe du Golem puise sa source dans la tradition talmudique, cet avatar d’argile correspond en effet à une entité artificielle dont la ressemblance humaine épouse ses caractéristique, les sages initiés concepteur de cette créature auraient eu le pouvoir d’animer son image (notons la correspondance avec le livre de l’apocalypse) à l’aide de rituels ésotériques et de combinaisons de lettres hébraïques…. en quelque sorte sont insufflés des symboles et des codes pour animer la machine…. Cette notion d’animation est le terme emprunté dans le livre de l’apocalypse de Jean qui évoque la figure de la bête….
Pour poursuivre cette réflexion sur cette Entité « Golem », je vous invité à aller sur le blog Phileo Sophia et à lire le texte très brillant de :
Etienne OMNES
L’un des articles les plus brillants écrit par l’un des mes amis Etienne OMNES qui aborde la particularité des mythes afin d’aborder les profondeurs de la réalité sous le voile des histoires. « Le mythe du Golem est l’un d’entre eux, et un des plus fertile »
Il y a souvent plus de vérité dans les mythes que dans n’importe quel étude scientifique. Ou plus exactement, la vérité qu’enseignent les mythes a plus de valeur que celle des sciences physique parce que, comme le disait Aristote: « un peu de connaissance sur les choses plus hautes a plus de valeur qu’une connaissance très certaines des choses moindres ». Et la particularité des mythes est de parler des profondeurs de la réalité sous le voile des histoires. Le mythe du Golem est l’un d’entre eux, et un des plus fertiles d’entre eux.
C’est de la tradition juive que nous vient cette histoire: le rabbi Loew de Prague, homme sage et versé dans la kabbale créa à partir de l’argile un golem afin de défendre sa communauté contre les progroms. Il façonna un humanoïde en argile, et écrit sur son front un des noms de Dieu, ce qui communiqua la vie à cette création d’humain. Au départ, le golem fut un bon et fidèle serviteur, mais il manifesta très vite une volonté contraire à celle de son maître ou en tout cas indépendante. Pris de frayeur, le rabbin lui demanda un jour de lacer les noeuds de ses chaussures, et d’un geste de manche effaça le nom divin sur le front de la créature d’argile. La créature s’écroula alors à terre, redevenue simple poussière.
Il existe beaucoup de variations de ce récit. Dans certains cas, la créature échappe au contrôle de son créateur et va massacrer avant d’être finalement contrée. La descendance de ce mythe est très fertile, que ce soit à travers des récits comme celui de Frankenstein, ou bien tous les films dont l’histoire raconte une créature humaine qui échappe à tout contrôle humain et contre laquelle il faut lutter pour anéantir ou regagner le contrôle… Et le golem omniprésent ces dernières années est toujours informatique. On pensera par exemple à Skynet dans Terminator, ou bien la Matrice de Matrix, ou bien encore Ultron dans les Avengers. Toujours ce motif de la création humaine qui échappe au contrôle de l’humain, et ce n’est pas sans raison que j’appelais la peur du robot tueur d’Elon Musk la « peur du golem » dans un épisode des Fils d’Issacar.
La créature de la créature finit toujours par faire la même chose que la créature du Créateur.
Pour lire la suite, je vous invite à découvrir le texte écrit par l’une des personnes les plus brillantes que je connaissance….
Une réflexion sur « Le mythe du golem, ou les relations houleuses de l’homme à ses créations »