Auteur Eric LEMAITRE
Le XXe siècle a été le témoin de tragédies meurtrières. Témoins de ces désastres, les deux guerres mondiales qui ont agrégé ensemble des pertes humaines, avoisinant, 77 millions de morts, sans doute beaucoup plus. Ces fléaux apocalyptiques ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire de l’humanité y compris dans la suite des générations. Les commémorations entretiennent depuis la mémoire de ces fléaux dévastateurs. Les nations dominantes ont longtemps cru que l’arme atomique suffisait à paralyser définitivement les intentions bellicistes, mais pour combien de temps ? Comme pour effacer les ravages de leurs conquêtes ; ces mêmes nations se sont ensuite engouffrées dans une autre forme de colonisation du monde, celle des affaires, du business, du commerce. Un commerce pacifique, mais qui s’en prend aujourd’hui aux ressources de la Terre. Après s’en être pris à la chair de l’homme, le monde s’en prend désormais à la Terre comme pour achever ce cycle infernal commencé avec Caïn[1] le forgeron devenu meurtrier de son frère. Mais pour échapper à de nouveaux conflits sanglants et destructeurs, la technologie savante s’est inventé l’arme fatale capable d’éloigner d’éventuelles nations farouches tentées d’en découdre à nouveau. Fort d’un arsenal atomique capable d’éliminer l’humanité, les états se sont investis par la suite sur d’autres champs de conquêtes, imaginant sans doute plus subtil de s’employer à posséder l’âme des hommes, plutôt que d’écraser les corps.
Ensuite de quoi, je suis persuadé que l’arme atomique est en soi dépassée ; cette arme destructrice qui en voulant imposer la terreur ou une simple menace ne constitue plus une arme stratégique suffisamment puissante et dissuasive. La machine soi-disant pensante est en réalité cette nouvelle arme à la fois dissuasive et offensive qui permettra demain de régner sur les peuples et avec ce monde hyperconnecté de contrôler y compris la folie humaine. Le but de ce système est bien in fine de soumettre les peuples, un but qui est en fin de compte commun avec le milieu belliqueux qui emploie la force guerrière pour imposer ou imprimer sa loi. S’il est vrai que la machine pensante n’a pas finalement l’aspect coercitif que revêt la force mécanique d’une division militaire, il n’en demeure pas moins que la finalité de l’IA sera la même ; discipliner les peuples puis les contraindre en manipulant les âmes. Nonobstant la stratégie pour atteindre ce but passera par le divertissement, les gens seront sommés de se distraire, mais cela ne leur sera pas imposé puisque c’est l’habitude addictive qui les conduira à la servitude.
La Silicon Valley de l’oncle Sam’s ou celle de « l’Empire du Milieu » ont ainsi un seul rêve, ce rêve n’est pas celui de conquérir des territoires, mais bien d’exercer leur emprise sur les consciences. L’enjeu est d’assujettir les comportements et d’habiter les âmes plutôt que d’envahir les espaces géographiques. Le nouvel affrontement qui se livre de cette façon au sein même de notre postmodernité relève davantage d’une conquête de la conscience de l’homme, plutôt que la mise au pas, des nations subissant le joug de l’oppresseur. Chers amis les nouveaux maîtres du monde sont bien les algorithmes qui orientent la vie des consommateurs qui n’ont pas eu besoin ni de la terreur ni des armes de guerre pour imposer leurs lois et asservir les peuples. La technologie des algorithmes est la nouvelle artillerie numérisée au service de l’ambition des Silicon Valley pour imposer son joug et son système digital afin de civiliser l’homme prédateur et assurer un règne de « volupté », de « paix » et de « sécurité ». Mais pour combien de temps ?
[1] Le mot hébreu : קין Qáyin signifie « javelot », mais aussi par métonymie « forgeron ». Ce qui nous rapproche ici au Mythe de Prométhée.