Auteur Eric LEMAITRE
N’y a-t-il pas quelque chose d’anachronique à écrire un texte à propos des éoliennes sur un site qui évoque toute une dimension qui affecte l’identité de l’homme et qui touche à sa déconstruction.
Les éoliennes ne participent-elles pas au bien commun en s’inscrivant dans une dimension de développement durable, d’énergies renouvelables en plus d’être une nouvelle filière industrielle, génératrice d’emplois.
Dans son rapport l’ADEME présente l’éolien terrestre ou maritime, comme l’énergie renouvelable ayant le meilleur potentiel de développement à court terme. Les objectifs fixés par l’État au travers de la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) prévoient au moins 25 000 MW d’éolien terrestre et maritime installés en 2020. La production d’électricité renouvelable représente ainsi ces dernières années vingt % de l’électricité produite en France.
Alors pourquoi s’en prendre à des pylônes à hélices qui remplissent finalement une mission de salut public, mettre fin aux énergies fossiles ou limiter leurs usages. Ne suis-je pas en contradiction avec les idéaux défendus par ce site qui militent également pour une écologie intégrale réconciliant l’homme et la création. Or il est ici essentiel d’apporter des arguments à mon propos justifiant ce titre « vent debout » comme un jeu de mots mais qui signifie une franche opposition à ces moulins artificiels, ces moulins à vent d’un nouveau genre dont le cortège d’impacts environnementaux s’avère finalement négatif.
Le premier impact est celui de l’artificialisation des sols accompagné d’une dénaturation des paysages et de la beauté même des sites, comme nous l’évoquons dans le livre la déconstruction de l’homme « Aucun fait social humain, spirituel, n’a autant d’importance que le fait technique dans le monde moderne ».
La « Technique » dont l’éolienne est aussi une préfiguration a fini ici par envelopper littéralement le milieu naturel. Progressivement nos routes, nos itinéraires associés à nos déplacements sont gagnés par les éléments d’une civilisation orientée sur le développement de la technique. Au fil de son développement, ces pylônes à vents sont devenus un milieu environnant à part entière cassant l’harmonie et l’esthétique des paysages. Ainsi l’ancien environnement – la nature – est devenu secondaire, de moindre intérêt, tend à passer au second plan à l’instar de Jacques Ellul, tant le rapport de l’homme à la technique est devenu prégnant.
Oserais-je écrire finalement que le changement de paradigme en termes de climat est le signal d’une souffrance de plus affligée à la nature. Prétendre que la création de cette énergie durable via le développement de l’éolien est une vraie plus-value est à mon sens une supercherie de plus car combien de tonnes de ciments et d’aciers a-t-il fallu produire sans compter les déplacements de ces masses d’aciers et leurs pales sur les routes. Chacun devrait ainsi savoir que la conception des éoliennes impose la réalisation de socles de tonnes de béton (425 m3 de béton en moyenne par pylône). Selon un rapport de l’industrie canadienne l’industrie du ciment dépend essentiellement des combustibles fossiles à intensité carbonique. Le charbon (53 p. 100) et les produits dérivés du pétrole (29 p. 100) représentent plus de 82 p. 100 de la consommation d’énergie. Le gaz naturel (principalement utilisé comme un combustible de démarrage), les produits liquides du pétrole et les produits d’huile usagée répondent à 4 p. 100 des besoins totaux en énergie pour fabriquer du béton.
Les mats en acier (une tour en acier ne pèse pas moins 250 tonnes environ, sinon beaucoup plus), sans compter les matériaux utilisés pour les pales faits de plastique armé à la fibre de verre sont également consommateurs d’énergie.
Ainsi la fabrication des éoliennes nécessite une quantité d’énergie non renouvelable pour les produire, des coffrages qui mobilisent également un investissement énergétique. Or la promotion de ces éoliennes par les gouvernements successifs a montré un volet positif d’une énergie prétendument renouvelable mais masquant en réalité le déploiement paradoxal d’énergies non renouvelables déployées qu’il a fallu produire pour ériger les mâts d’une nouvelle civilisation dont l’étendard de la modernité n’en reste pas moins attaché à une économie qui reste profondément productiviste. Le bilan de cette énergie ne serait-elle pas en réalité effectivement, nul. Quel rapport oserait ici restituer une analyse incontestable des effets touchant la création d’une filière qui a sauvagement entaché la beauté des paysages et dénaturer au fil de ses conquêtes le milieu naturel et dont l’hyperconsommation énergétique dévoile la réalité d’un leurre de plus, un mensonge qu’il conviendra tôt ou tard de dénoncer.
En outre n’ont pas été évaluées les menaces que l’on fait aujourd’hui peser sur la faune comme les équilibres sur l’ensemble des écosystèmes. Mais alors que préconisez-vous ? Me targuera-t-on ! Au fil des publications nous dénonçons les dérives d’une économie productiviste et mondialiste qui n’est plus à l’échelle de l’homme, nous préconisons au contraire une économie de proximité, orientée sur la dimension du local non dépensière, non énergivore. Il faut ainsi favoriser la dimension de la proximité, car toute la logique de proximité favorise, encourage nécessairement les circuits courts, c’est en quelque sorte l’économie du prochain que nous encourageons ici et je précise ici quel que soit le prochain car il faut ici encourager les liens entre les habitants et les lieux de convivialités.